Le Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen était réuni le 12 avril pour débattre de la préparation du congrès qui aura lieu à Paris-Bercy les 13 et 14 juin 2015. Des textes d'orientation (motions) et contributions ont été enregistrés, tout en laissant un délai de trois jours aux signataires pour compléter la présentation de leurs documents et préciser les signataires des motions qui seront soumises au vote des adhérents.
Voir (16 avril) : Congrès MRC 2015 : la direction face à deux autres motions d'orientation
Les signataires du projet de motion Maupouet-Sorin se sont exprimés.
Voir (17 avril) : Congrès MRC 2015 : l'intervention de Michel Sorin au Conseil national
Voir (18 avril) : Congrès MRC 2015 : Serge Maupouet est intervenu au Conseil national
Hugo Prod'homme, signataire du projet de motion intitulé « Le Courage d'Avancer », était intervenu en début de séance. Voici le texte de son intervention.
Camarades conseillers, conseillères
Nous sommes réunis aujourd'hui pour préparer notre Congrès de juin, et j'interviens pour vous présenter le projet de motion « Courage d'Avancer ».
La situation politique, économique et sociale de notre pays nous impose d'avoir une discussion franche non seulement sur les causes de cette situation désastreuse, mais aussi sur les solutions que nous, à notre échelle, pouvons proposer et mettre en œuvre.
Notre société, je ne vous l'apprends pas, n'est pas devenue l'eden du tertiaire qualifié, ancré dans une mondialisation heureuse, où les hommes en plus d'être superbement qualifiés, sont libérés du diable travail à travers une liberté individuelle du temps de travail.
À la place de ce rêve post-industriel, que je caricature à peine, notre société s'est peu à peu retrouvée dans une situation d'extrêmes inégalités. Le chômage de masse, la paupérisation des travailleurs via un alignement sur le SMIC, l'insécurité de l'emploi, avec de plus en plus de contrats précaires (CDD, stages, emplois d'avenir, services civiques) contribuent à recréer une classe sociale de dominés, qui ne profitent pas de la mondialisation, sont extrêmement touchés par la compétition du moins-disant social en Europe et dans le monde ; Des « dominés » qui sont caractérisés par un manque de sécurité (économique, sociale, culturelle) qui les fait se replier parfois sur des identités individuelles ou communautaires, plutôt que sur la volonté commune et l'intérêt général.
L'offre politique n'a jamais paru aussi faible. D'ailleurs, les citoyens ne s'y trompent pas, les chiffres de l'abstention et des bulletins blancs ou nuls l'attestant.
À droite et au centre, aucun projet, aucune idée neuve, aucune solution. Les postures d'opposant sont mises à mal par le fait que la politique suivie ne diffère pas vraiment de celle des dix dernières années, quand la droite gouvernait.
À gauche, le parti socialiste, schizophrène, qualifie d'extrême gauche les idées qu'il a pu défendre en 1981. Nationalisations, droits des salariés et conquêtes sociales sont des mots qui donnent de l'urticaire au gouvernement, et en premier lieu au ministre de l'économie et au Premier Ministre. Les postures de gauche fondent comme neige au soleil. Les masques n'en finissent plus de tomber. Un exemple : en 1992, elle avait promis que l'Europe, ce serait « plus d'emplois, plus de protection sociale, et moins d'exclusion » ; en 1999, elle soutenait sans sourciller le traité d'Amsterdam ; en 2005, elle nous disait que le non au référendum était du « populisme qui avait déjà mené l'Italie à ce que l'on sait ». Cela fait plus de 20 ans que Martine Aubry continue de montrer qu'elle n'est pas de gauche. Aujourd'hui, son soutien à la majorité du PS n'est en rien une nouvelle, une surprise. Il faut que les militants PS soient aveugles ! Ou qu'ils se cachent les yeux...
À gauche encore, il y a les écologistes, totalement divisés, illisibles et inaudibles sur des sujets qui méritent pourtant de meilleurs défenseurs.
Plus à gauche, le Front de gauche ! Réelle capture par Jean-Luc Mélenchon de l'appareil, de la force organisationnelle et du maillage territorial du PCF. Perclus de divisions entre pro et anti nucléaires, étatistes et associativistes, productivistes et décroissants, c'est aussi une résurgence de la bataille entre les deux gauches. C'est aussi devenu une réunion d'élites « bobo-ïsantes » tout aussi coupées des réalités que leurs adversaires PS. Ils n'ont toujours pas compris les exigences du peuple, qui ne sont pas de dévaloriser le travail et la force productive.
Enfin, à l'extrême droite, on tue le père. Et la rupture semble n'être que personnelle. L'extrême droite traditionnelle semble rester au sein du FN, auprès de la petite fille. Marine Le Pen va peut-être réussir son pari et abordera 2017 dans l'optique de son « rassemblement des patriotes » qui pourrait, après l'exclusion JM Le Pen, faire venir à eux une certaine frange de la droite. Il ne faut pas oublier que Nicolas Dupont Aignan avait dit que le seul obstacle qui s'opposait à une alliance avec le FN était Jean-Marie Le Pen ! Cet obstacle levé, il nous faudra observer leur comportement, alors que des rapprochements se font déjà à la base, comme à Béziers.
L'offre politique est dès lors bien maigre. De plus, la rupture entre les élites politiques et le peuple est bi-la-té-rale ! Si les élites ont oublié, méprisent le peuple, ce dernier n'a plus aucune confiance en ses élites ! La désaffection est profonde, et irrémédiable. La solution ne pourra pas venir d'une énième alliance d'appareils. Elle ne pourra venir que des citoyens, et d'un mouvement populaire qui défende les valeurs de notre République : Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité. Le MRC doit mettre en œuvre ce mouvement citoyen. Nous en sommes capables ! Nous avons un discours qui parle aux citoyens. Nous avons la responsabilité, en tant que républicains, de maintenir notre discours dans le débat public !
Cela fait trop longtemps que le MRC n'apparaît plus dans ce débat public. 2002 est loin ! En 2004, 2009 et 2014, nous n'avons pas su profiter des campagnes électorales pour transmettre notre discours sur l'Union Européenne. Nos campagnes pédagogiques de 2007 et 2012 n'ont jamais connu de succès populaire. D'estime, oui, mais pas populaire.
Et notre alliance avec le PS ne fait que brouiller notre positionnement. Le PS n'est même plus sur la ligne politique de notre accord commun. Nous devons finir la soumission librement consentie à un PS qui n'a plus les honneurs de ses débuts. Le PS est comme un fleuron industriel français, dont on a conservé la marque, mais qui décide sa stratégie dans son siège social bruxellois, et qui ne produit plus rien en France ! L'illusion ne perdure que par l'effet de marque. Nous ne pouvons plus nous allier avec le Parti Socialiste, car le PS n'est plus le parti socialiste.
Alors que la crise économique et sociale est la plus forte, où la France est au bord d'un double précipice : le Front National, ou l'abandon de souveraineté au profit d'une technocratie libérale. Deux voies qui nous emmènent dans une chute vertigineuse ! Aujourd'hui, nous ne devons pas être timides. Il nous faut nous présenter aux citoyens. Et cela passe certainement par 2017, et l'élection la plus suivie, et la plus populaire, au vu de la participation.
Mais pour être prêts à toute éventualité en 2017, il nous faut travailler dès maintenant. Le danger est présent au sein de notre parti, que nous fassions comme pour toutes les échéances électorales précédentes : que nous fixions un calendrier lointain, qu'il ne soit même pas respecté, et que, deux, trois mois avant l'élection, nous disions : nous ne sommes pas prêt, il faut trouver une autre solution.
Nous ne devons pas répéter nos échecs passés. La campagne pour les présidentielles doit commencer dès aujourd'hui, par des prises de contacts avec les nouveaux maires par la production de discours de proximité. Nous ne devons pas attendre. Les fédérations, les unions régionales doivent être encouragées, incitées à contacter les maires de leurs départements, de leurs régions. Les membres de la direction nationale doivent se déplacer, dans les comités locaux, pour organiser conférences, colloques, cafés-citoyens qui nous permettront une visibilité politique locale, mais aussi de transmettre à des invités de choix (les citoyens et les élus) les valeurs du MRC.
Camarades, ne cherchons pas à nous diviser pour nous diviser. Sans fuir le débat, il faut rassembler le parti pour qu'il soit uni. Les querelles personnelles n'ont pas lieu d'être. Il nous faut une direction nationale unie, mais surtout offensive et dynamique ! Nous avons intitulé notre motion le Courage d'Avancer parce que nous souhaitons donner à notre parti ce courage. Nous avons les armes. Fourbissons-les !
Cet article est le 157ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national