Cette économie, non juridiquement cadrée, peut aussi asservir les citoyens
Le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) prépare son projet en vue de l'élection présidentielle. Voir (23 décembre 2015) : Le MRC sera présent en 2017 pour reconstruire une force républicaine
Le 20 décembre, il a adopté un texte intitulé « Vers la République souveraine », qui n'a pas été rendu public, car il doit être suivi de discussions complémentaires.
Parmi les nombreuses interventions qui ont précédé l'adoption de ce texte - et avant celle de Michel Sorin qui a parlé au nom du MRC 53 - voici celle de Martine Souvignet, secrétaire nationale à la citoyenneté, à l’égalité et à la laïcité :
Pour une république souveraine, réguler l’économie dite collaborative
Le MRC doit se préoccuper de la numérisation rapide et inéluctable de secteurs entiers de l’économie, dans les services en particulier immobilier, transports, tourisme… Cette « économie dite collaborative ou partagée » ignore les lois fiscales, contourne le code du travail et le salariat.
14% du total des emplois sont « ubérisables » dans le secteur des services et mettent en danger les services publics classiques…Pas négligeable, même si d’autres emplois sont créés mais souvent hors droit du travail.
Des fortunes favorisées par l’économie numérique, les GAFA , se sont construites en 5, 10 ans, alors qu’il fallait 2 ou 3 générations pour faire une dynastie de maîtres de forges ou …les Peugeot ou Michelin…
« Une poignée d’individus détient une puissance financière qui dépasse celle de beaucoup d’Etats… Des entités capables sur une échelle mondiale de développer des actions coordonnées plus efficaces que bien des politiques publiques » écrit Olivier Babeau, professeur à l’Université de Bordeaux, évoquant le don faramineux soi disant philanthropique de Zuckerberg…
Ce type d’économie numérisée s’inscrit dans la financiarisation de l’économie et les Etats-nations doivent pouvoir réagir, réguler, fiscaliser ces développements…
Il s’agit aussi pour les militants politiques que nous sommes de dénoncer l’attractivité trompeuse de cette économie numérique hyper ( ou post ?) libérale qui séduit les nouvelles générations car de nouveaux domaines semblent s’ouvrir à la rentabilité capitalistique sans investissements matériels importants et portent l’idée de l’accès mondial et libre de tous à tous les services…
La République ne sera souveraine que si elle régule aussi ce type d’activités qui, en période de chômage massif, donne à tout jeune, fasciné par ces acteurs non gouvernementaux (Facebook, Amazon), l’idée d’une création d’entreprise et de richesse hors normes, hors la loi, hors sol, hors droit du travail, hors la République…
« En donnant à des intérêts privés le pouvoir d’outrepasser les règles locales et d’interagir directement avec les populations, le numérique crée en effet les conditions d’un affaiblissement inouï des entités politiques traditionnelles », dit M.Babeau…
« L’alliance des productifs » peut-elle inclure l’économie immatérielle qui ne produit pas mais financiarise des services par un non-salariat qui se développe hors droit du travail ?
Le MRC dans son projet présidentiel doit pouvoir être à l’avant-garde de cette réflexion et ne pas se cantonner à une réflexion classique sur des secteurs économiques classiques de grandes entreprises.
C’est un combat idéologique autant qu’économique car il s’agit de convaincre la nouvelle génération que la République, la loi, l’intérêt général, l’égalité des citoyens, ne sont pas des valeurs anachroniques et que faire de la politique, c’est pouvoir peser et combattre cette vision libérale apparemment collaborative, dite sympathique et novatrice (voir Blabla car…et son capital accumulé en 5 ans…).
Or, cette économie numérisée non juridiquement cadrée peut asservir le citoyen à terme : retour au travail du journalier sans droits sociaux, libre certes, libre dans la jungle de services numérisés mondialisés non régulés… Le contraire de la République souveraine.
Cet article est le 180ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national