Lait, porc : les ministres régulateurs prendront-ils le dessus sur les libéraux ?
Il y aurait une opportunité de renversement du rapport de force entre libéraux et régulateurs au sein du Conseil des ministres de l'agriculture de l'Union européenne, qui se réunira à Bruxelles le 15 février 2016.
C'est ce que Stéphane Le Foll a mis en avant en présentant à la presse le memorandum - contenant des pistes de régulation des marchés pour sortir de la crise de l’élevage - qu'il a transmis à ses homologues de l'UE.
Voici le texte de l'article publié par La France Agricole le 8 février et signé Elsa Casalegno :
Crise de l'élevage - Stéphane Le Foll veut faire bouger les lignes européennes
La France propose notamment de :
• « Lever l’embargo sanitaire russe sur le porc (mis en place depuis janvier 2014 après des cas de peste porcine en Pologne), qui aggrave l’embargo politique lié au conflit ukrainien. Une action diplomatique énergique doit être engagée rapidement par la Commission en ce sens », explique le site du gouvernement.
• « Débattre de nouveaux outils de régulation des marchés, notamment dans les secteurs du lait et de la viande de porc, afin de limiter la production quand le marché est saturé ». Pour le lait, Stéphane Le Foll proposera des mécanismes de régulation des volumes (sans pour autant revenir aux quotas), éventuellement assortis de compensations financières. En revanche, espérer réguler un secteur aussi dérégulé que le porc semble une mission difficile.
• « Mettre en place des mesures ponctuelles de soutien des marchés (poursuite du dispositif de stockage privé, mesure d’indemnisation pour réduction de cheptel, relèvement temporaire du prix d’intervention sur la poudre de lait/beurre) ».
• « Développer un véritable outil de crédit export européen qui faciliterait la recherche de débouchés ». Sur le porc en particulier, la recherche de débouchés à l’export vers les pays tiers soulagerait le marché européen.
• « Créer un groupe à haut niveau sur le secteur laitier afin de revoir les mécanismes d’intervention, de favoriser la maîtrise de la production en période de prix bas ou encore d’aider à la modernisation du secteur ».
• La directive européenne sur les travailleurs détachés est aussi en ligne de mire. Le ministère de l’Agriculture y travaille avec le ministère du Travail. Leur objectif : une révision de cette directive « afin de faire cesser le dumping social sur les coûts salariaux », explique le Cabinet du ministre.
• Enfin, sur la traçabilité de la viande, Stéphane Le Foll souhaite faire bouger les lignes concernant l’étiquetage de l’origine des viandes dans les plats préparés. Mais ça bloque au niveau de l’Europe, tous les États membres n’ayant pas la même définition de l’origine. En particulier l’Allemagne, qui abat des animaux nés et élevés dans des pays frontaliers. En France, un décret sur l’origine des viandes (avec étiquetage volontaire des viandes fraîches et dans les plats préparés) sera malgré tout déposé et notifié à Bruxelles
Voir aussi, sur le site Alim'agri (ministère de l'agriculture) :
- Crise de l'élevage - Voir l'intervention de Manuel Valls (vidéo)
Cet article est le 426ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC