L’incertitude après la défaite des pro-européens Renzi et Berlusconi
En Italie, une réforme des modalités électorales - baptisée « Rosatellum », du nom du président Rosato du groupe du parti démocrate - a été faite en 2017 afin de favoriser les coalitions parlementaires facilitant la mise en place et la stabilité des gouvernements. Venant du parti démocrate au pouvoir, cette réforme visait clairement à pénaliser le Mouvement 5 étoiles, majoritaire mais refusant d’entrer dans quelque coalition que ce soit. Voir Wikipédia : Élections générales italiennes de 2018
Le scrutin du 4 mars 2018 a déjoué les pronostics, puisque le parti démocrate (centre gauche) est le grand perdant de cette élection - son leader Matteo Renzi a décidé de laisser la place non sans ambiguité - et aucune coalition parlementaire ne s’impose pour former un gouvernement, ce qui est possible à partir de 40 %, environ, des suffrages.
- Le Mouvement 5 étoiles (M5S) a obtenu 32 %, ce qui est une grande performance mais insuffisant sans l’appoint de partenaires dans le cadre d’une coalition, ce qui est le cas pour le moment. Voir (Francetvinfo, 5 mars 2018) : Législatives en Italie : quels sont les différents scénarios après les élections ?
- La droite est en coalition - mais aussi en compétition - entre Forza Italia (Berlusconi) et la Ligue du Nord (en fait Lega depuis qu’elle s’étend sur toute l’Italie) a obtenu 37 %, en y intégrant les conservateurs nationalistes de Frères d’Italie (FdI), ce qui ne suffit pas à atteindre 40 %. La Lega de Salvini a pris le dessus sur sa rivale, ce qui va contraindre Berlusconi à s’effacer définitivement.
- La gauche qui est au pouvoir (gouvernement dirigé par le parti démocrate) n’est plus en situation pour former une coalition majoritaire. Renzi va continuer à jouer un rôle politique au Sénat mais il ne peut plus prétendre au pouvoir national. La minorité de ce parti pourrait être tentée de s’allier au Mouvement 5 étoiles pour former un gouvernement. Voir (lesoir.be, 6 mars 2018) : Élections en Italie: le Parti démocrate se déchire
Le Président de la République italienne intervient dans la formation d’un gouvernement dans les situations de crise. Il peut faciliter le rapprochement des personnalités et partis politiques. Ainsi pourrait-il chercher à faire exister une majorité de centre gauche sur les bases de rénovation du système politique, de relance de l’économie italienne dans le cadre d’une adhésion modérée à l’Union européenne et à ses dogmes libéraux...
L’Italie n’est pas au bord de l’abîme. Toutefois, elle vit une période démocratique agitée et incertaine, principalement pour deux raisons :
- Les citoyens italiens souffrent des conséquences de politiques économiques et monétaires néolibérales imposées par les institutions européennes avec le consentement des dirigeants italiens de centre gauche et de centre droit (Renzi et Berlusconi) pro-européens. Ce n’est pas propre à l’Italie mais les effets de ces politiques se font sentir davantage dans les pays du sud de l’UE (pays qui dévaluaient leur monnaie avant l’installation de la monnaie unique) et encore plus au sud de l’Italie, là où les atouts économiques sont moins nombreux.
- Les conséquences des arrivées de migrants africains - et le manque de solidarité des autres pays de l’UE - ont été utilisés dans la campagne électorale par les partis en désaccord avec le « système » européen, principalement la Lega (ex Ligue du Nord) mais aussi le M5S sur des positions plus modérées.
Pour information, ces liens :
- (Le Vent Se Lève, 25 février 2018) : L'Italie est condamnée au déclin
- (Le Monde, 5 mars) : Elections en Italie : « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on repart de zéro »
- (Le Monde, 5 mars) : Au lendemain du scrutin en Italie, l’heure des démissions et des tractations a sonné
- (Le M, 6 mars, Marc Lazar) : Italie : « L’un des pays les plus europhiles est devenu euromorose et eurosceptique »
- (Les-crises.fr, 6 mars, Jacques Sapir) : Séisme politique en Italie
- (Le Figaro, 6 mars) : Législatives en Italie : la défaite de Bruxelles
Cet article est le 3060 ème sur le blog MRC 53 - le 65ème dans la catégorie Etats Union européenne