Revenir avec la gauche aux combats pour la République, laïque et sociale
Marinette BACHE préside REsistance Sociale.
Voir Journal REsistance SOciale n° 167 - Février 2018 et l’édito sur son blog Marinette Bache.
Les mois se suivent et se ressemblent. Le gouvernement poursuit méthodiquement sa casse des services publics. Après le code du travail, après la diminution drastique des emplois aidés, après les réductions de personnels dans les hôpitaux, après les menaces contre l’ensemble de la fonction publique, c’est maintenant au tour de la SNCF de faire les frais de la politique ultra-libérale de Macron et de son gouvernement.
Dans le droit fil des décisions de Margareth Thatcher en Grande-Bretagne il y a vingt ans, Edouard Philippe et son gouvernement veulent mettre en place la privatisation des chemins de fer en France, revenant ainsi 80 ans en arrière. Le prétexte : la mise en concurrence du transport « voyageurs » voulue par la Commission européenne avec l’aval des gouvernements. Et pourtant, comme le reconnaît le rapport Spinetta lui-même, la SNCF fonctionne bien malgré des retards pour certains trains et des défaillances du réseau qui a besoin d’être modernisé à grande échelle puisque son entretien a été -on peut le penser : intentionnellement- négligé depuis des années. Tout cela dans le contexte d’un endettement important.
Pourtant, comme on l’a vu outre-manche, ce n’est pas la privatisation qui va pouvoir remédier à cette situation, bien au contraire. Comme on l’a vu pour d’autres services publics, la mise en concurrence a pour première conséquence de renchérir les coûts des opérateurs historiques qui perdent des parts de marchés sur les lignes les plus rentables et ne peuvent plus pratiquer une péréquation suffisante, permettant d’éviter un coût exorbitant pour les usagers des lignes locales qui n’ont le plus souvent pas d’autre moyen de transport. Et pour toute réponse à ce problème, le gouvernement envisage la fermeture de ces lignes. Mais, on l’a vu en Grande-Bretagne, même les voyages sur les lignes les plus fréquentées sont de plus en plus chers et pour un service de moins en moins performant, la sécurité étant elle-même en jeu. Non, la mise en concurrence, la privatisation ne sont pas les meilleures solutions pour améliorer le service. Au contraire ! (...)
Marinette Bache était parmi les premiers signataires de l’Appel Combat Laïque Combat Social - Fédérer Le Peuple. Voici le texte de son intervention lors de la première Rencontre nationale.
La gauche est en mauvais état. La laïcité aussi. J’ai le sentiment que ce n’est pas sans rapport. Je ne parle pas de l’état électoral de la gauche, je parle de ses débats internes qui me paraissent si peu à la hauteur des enjeux. Aussi, moi qui ai toujours situé mon engagement militant dans la suite et de la Révolution française et du Mouvement ouvrier, c’est ce lien enfin fait entre le combat laïque et le combat social qui m’a attirée à signer cet appel. Nous voulons porter ensemble, malgré nos différences, une exigence de Liberté, d’Egalité, de Fraternité. Pour toutes et tous. Une telle exigence ne peut s’exprimer pleinement qu’au sein d’une République sociale et laïque et qui s’assume comme telle. Il fût un temps où cela était naturel, où chacun connaissait notre Histoire, où la gauche était indissociable du combat républicain, du combat pour l’égalité, du combat pour la liberté de penser. Ce combat pour la République, il a été mené frontalement face à l’Eglise catholique. Il était alors porté par toute la gauche clairement, sans ambiguïté, fièrement ; et conjointement avec celui de l’Ecole publique. Il s’agissait de permettre à la pensée de se libérer du dogme. Il s’agissait, « en même temps », ☺ de permettre l’épanouissement de tous –en particulier des classes populaires, abandonnées jusqu’alors aux mains des « ignorantins », tout un programme ! La gauche savait que la République laïque, non seulement protégeait les plus faibles, mais était leur seule garantie de pouvoir s’élever, de devenir pleinement citoyens. Citoyennes !
Alors que s’est-il passé ? Il s’est passé que pour des raisons économiques et sociales mais aussi parce que la culture du « différentialisme » anglo-saxon s’est installée aux dépens de l’Universel, notre société fait de moins en moins « Nation » au sens de Renan. Le « Vivre ensemble » est devenu, au mieux, vivre les uns à côté des autres et trop souvent les uns contre les autres. Le drame de la République absente ne se joue pas dans les beaux quartiers. Là-bas, le mot « laïcité » est travesti pour servir d’alibi au rejet du pauvre. Ces pourvoyeurs de « manif pour tous » nient l’universalité de l’être humain que seule reconnaît la laïcité : même droits –dont le droit à l’indifférence !- quels que soient l’origine, le sexe, la religion, réelle ou supposée, ou l’orientation sexuelle. Le drame de la République absente saccage la vie de nos banlieues et de nos quartiers populaires. Les premières victimes en sont les femmes. C’est étrange de constater qu’une forme de néocolonialisme conduit une partie de la gauche à ne pas savoir traiter chacun –surtout chacune- comme un (une) Egale-e. Et refuse de débattre avec une autre tradition et surtout de s’y affronter, allant jusqu’à magnifier les racialistes, à soutenir le P.I.R. (le pire ! vous l’entendez comme vous voulez). C’est inquiétant que cette gauche présuppose spontanément qu’une femme issue de l’immigration maghrébine ait envie de porter le voile. Comme les catholiques d’il y a un siècle pensaient que la place des femmes étaient à la maison, qu’elles y trouvaient leur bonheur en élevant les enfants… C’est désespérant que le rapport de pouvoir des hommes sur les femmes et la pression de la bien-pensance soient évacués. Car enfin les fondamentalistes d’aujourd’hui donnent au hijab la même fonction que St Paul il y a 2000 ans. Il disait : «L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l'image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance».
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