La Confédération Paysanne vent debout contre les accords de libre-échange
La Confédération Paysanne - syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs - avait invité le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) à se rendre à son stand du Salon de l’agriculture, entre le 24 février et le 4 mars 2018, afin d’échanger sur le futur de l’agriculture, de l’alimentation et du monde rural.
Cette invitation faisait suite à la rencontre qui avait eu lieu le 29 février 2016 entre Bastien Faudot - alors candidat à l’élection présidentielle 2017 - et des responsables de la Confédération Paysanne, lors du Salon, il y a deux ans.
Extrait de la lettre d’invitation :
« Les Etats généraux de l’alimentation ne répondent pas encore à la détresse paysanne et la loi qui va en découler ne permet pas d’assurer de réelles avancées. La situation dans laquelle se trouvent les paysans, pris en tenaille entre les grandes surfaces et les industries agro-alimentaires, est insupportable et empêche toute transition à grande échelle de notre agriculture, pourtant voulue par les citoyens. Enfin, les accords de libre-échange et notamment le Mercosur, font planer une sombre menace sur notre agriculture ».
Il y avait le choix entre les nombreuses tables rondes programmées pendant ces journées. Mandaté par le secrétariat national du MRC, j’ai participé à deux tables rondes, les après-midi des 26 février et 2 mars, et échangé avec Laurent Pinatel, porte-parole et responsable de la CP, le 2 mars en matinée.
De plus, je me suis rendu au stand de FaireFrance pour participer le 2 mars à midi à la présentation à la presse par les responsables de l’organisation de producteurs de lait European Milk Board: EMB de l’étude réalisée par le cabinet allemand BAL sur le coût de production du lait en France.
J’y ai rencontré les présidents de EMB Romuald Schäber (Allemagne), de FaireFrance Jean-Luc Pruvot, de l’APLI (Association des producteurs de lait indépendants) Boris Gondouin, et le vice-président de OPL (Organisation des producteurs de lait, liée à la Coordination Rurale) Joseph Sabin.
Au stand de FaireFrance, j’ai eu une discussion approfondie avec le président Jean-Luc Pruvot le 2 mars au matin et rencontré des éleveurs qui proposaient la dégustation de lait. Au cours du déjeuner, les conversations avec des éleveurs, femmes et hommes de la Meuse et de l’Aisne, ont été fort intéressantes et chaleureuses.
Comment résumer ce que j’ai entendu pendant cette douzaine d’heures passées au Salon International de l'Agriculture ?
Je commencerai par la table ronde du 2 mars au stand de la Confédération Paysanne sur le thème « Accords de libre-échange : stop à la destruction de notre agriculture ! ».
Les intervenants étaient :
- Emilie, jeune agricultrice de Côte-d’Or, qui siège pour la Confédération Paysanne à l’inter-profession viande bovine et est très préoccupée par les accords de libre-échange qui se multiplient, ce qui signifie davantage d’importation de viande sans savoir comment elle a été produite.
- Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’agriculture de l’île de La Réunion, qui voit tout le travail sur le sucre de canne garanti sans OGM détruit par l’accord de libre-échange incluant le Brésil. La Réunion ne pourra plus vendre son sucre.
- Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch, qui défend la transparence et les droits de l'homme, notamment sur les questions de droit à l'alimentation et de sécurité alimentaire. Ces nouveaux accords de libre-échange, à la demande des multinationales, sont beaucoup plus que des accords commerciaux. Ils contestent les normes qui font obstacle au commerce et sont négociés en toute opacité - c’est le pouvoir donné aux technocrates. L’impact sur l’Europe et la démocratie sera important. Tout le contraire d’une Europe qui protège.
- Lora Verheecke, chargée de recherche pour Corporate Europe Observatory (CEO). Elle est spécialiste des questions de lobbying sur les politiques européennes. Ces accords de libre-échange augmentent la capacité d’intervenir de multinationales sur les Etats. La France va devoir dépenser des frais d’avocat pour se protéger par rapport au droit commercial qui ne prend pas en considération les lois nationales. Lactalis Canada pourra attaquer la France. Les multinationales ont fait payer 185 millions de dollars au Mexique. La législation sur les perturbateurs endocriniens sera remise en cause par les tribunaux d’arbitrage. Mais la France, dans le cadre du Conseil européen, peut dire non à ce traité avec les pays du Mercosur.
La suite dans un second article...
Cet article est le 3061 ème sur le blog MRC 53 - le 442ème, catégorie AGRICULTURE et PAC