Des organisations de producteurs de lait proches des consommateurs
La Confédération Paysanne - syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs - avait invité le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) à se rendre à son stand du Salon International de l'Agriculture, entre le 24 février et le 4 mars 2018, afin d’échanger sur le futur de l’agriculture, de l’alimentation et du monde rural.
J’ai rendu compte de mes visites au Salon les 26 février et 2 mars dans un premier article - voir Salon de l'agriculture 2018 (1) - notamment des travaux de la table ronde du 2 mars sur le thème « Accords de libre-échange : stop à la destruction de notre agriculture ! ».
Je vais compléter cette première partie en rendant compte de la table ronde organisée par la Confédération Paysanne le 26 février sur le thème « Lait : quelles initiatives pour rémunérer les producteurs ? »
Confédération paysanne « Lait : quelles initiatives pour rémunérer les producteurs ? »
La table ronde est animée par Nicolas Girod, responsable Elevage à la Confédération Paysanne. Les quatre intervenants commencent par présenter leur organisation, l’origine de l’initiative puis ils parlent de la relation avec les consommateurs et répondent aux questions.
- Jean-Luc Pruvot, président de FaireFrance, est éleveur en Thiérache (nord de l’Aisne). Il représente 500 agriculteurs répartis sur tout le territoire français, qui sont propriétaires de la marque commerciale FaireFrance (Fair = équitable).
La structure, créée en 2012, est une SAS (société par actions simplifiée), forme de société récente qui permet de s’organiser librement. Elle achète du lait collecté puis conditionné par la laiterie St-Denis-de-l’Hôtel dans le Loiret. Elle le commercialise dans 7500 magasins selon le principe suivant : le lait vendu par Faire France doit rémunérer les producteurs au niveau du coût de production moyen d’1 litre de lait, estimé actuellement à 45 centimes. Soit 10 centimes à 12 centimes de plus par rapport au prix payé en moyenne dans les laiteries. Dans les rayons, le prix de vente conseillé est de 99 centimes la brique de lait UHT demi-écrémé. 500 producteurs ont souscrit des parts dans la société, qui vont de 1000 € minimum à 5000 € maximum par producteur. Une partie des recettes leur est reversée.
Après le lait UHT en brique, FaireFrance commercialise désormais du lait en bouteille d’1 l et de 50 cl, de la crème fraîche et depuis fin 2017 du lait bio. Le volume de lait progresse régulièrement.
Il est demandé à chaque producteur FaireFrance de consacrer à la promotion des produits entre 2 et5 jours par an dans les magasins ou dans des foires, car il est important de parler directement aux consommateurs pour qu’ils comprennent la démarche. Celle-ci existe aussi dans six autres pays européens.
- Nicolas Chabanne, originaire de Bresse, a créé la Société des consommateurs - chapeautée par « C’est qui le patron ? » - à partir d’une idée simple, en 2014, partant du constat qu’il manquait environ 0,08 € par litre aux producteurs pour vivre normalement.
Sachant que chaque Français boit en moyenne 50 litres de lait par an, cela faisait 4 € par an à ajouter au prix du lait pour que les producteurs s’en sortent. Le prix de la brique a été laissé à l’appréciation des 7850 internautes qui ont soutenu le projet. Ils ont décidé de le mettre à 0,99 €/litre alors qu’il est à 0,69 dans les rayons, ce qui ne permet pas de rémunérer les producteurs. En 16 mois, il en a été vendu 40 millions de litres. Cela fait vivre 250 éleveurs avec une dépense supplémentaire de 4 € par an pour les consommateurs.
- Rémy Lalevée, éleveur bio dans les Hautes Vosges, représente la Coopérative Biolait.
C’est l’histoire de six producteurs, au départ, qui ne voulaient plus subir l’asservissement des grandes laiteries (transformateurs de lait, coopératives y compris) et qui voulaient produire du lait dans des conditions équitables. Vingt ans plus tard, la SAS (société par actions simplifiée) a grandi : 800 fermes y adhèrent, soit près de 2.000 producteurs ; elle collecte 160 millions de litres de lait bio, ce qui représente 28 % du marché bio français, compte 54 salariés, distribue 200 produits et a noué des partenariats avec Biocoop et Système U.
- Julie Stoll est déléguée de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable.
Tout récemment, le 6 décembre 2017, le collectif a changé de nom, à l’occasion de ses 20 ans et s’appelle désormais Commerce Équitable France. Les produits commercialisés sont bio à plus de 70 %. Leur origine est de plus en plus française. Il est demandé un engagement dans la durée (minimum 3 ans). Le chiffre d’affaires était de 275 millions d’euros en 2016. C'est le résultat de longues années de mobilisation des militants, qui tentent de faire comprendre aux Français les conséquences du commerce inéquitable, et du pouvoir que peuvent avoir les consommateurs en choisissant de consommer différemment.
La suite dans un 3ème article...
Cet article est le 3062 ème sur le blog MRC 53 - le 443ème, catégorie AGRICULTURE et PAC