L’objectif : restructurer le paysage politique à gauche
Le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) a tenu son congrès les 1er et 2 décembre 2018 à Paris. Voir (17 décembre 2018) : Congrès MRC 2018 : rassembler la gauche républicaine et populaire
Le texte d’orientation adopté engage les dirigeants du MRC pour les deux ans à venir. Voir cette motion adoptée par 73 % des délégués : Notre fil rouge : la République, sociale et souveraine.
En voici un extrait significatif.
(…) En premier lieu, l’alliage d’une nouvelle gauche républicaine
Le MRC dispose d’un corpus intellectuel, d’une compréhension du monde beaucoup plus puissante que ne le sont ses forces militantes et son réseau d’élus. Ce handicap rend de fait singulièrement difficile la perspective de trouver un écho au sein de la société d’abord, jusqu’à la sphère médiatique qui est un support incontournable pour s’adresser aux citoyens.
En revanche, nous avons la capacité de mettre notre force idéologique et notre légitimité historique, au service d’une nouvelle étape. Celle-ci a été engagée dès décembre 2017, le Conseil national avait alors adopté un appel à la construction d’une « majorité de transformation». Dans un premier temps, l’objectif de rassemblement des familles de la gauche républicaine doit être considéré comme prioritaire à partir de trois considérations : la souveraineté populaire comme source de la légitimité politique, la Nation citoyenne et laïque comme espace de la démocratie et l’internationalisme comme horizon.
Au-delà, la gauche républicaine, sociale et souverainiste que nous incarnons est disponible pour contribuer à l’émergence d’une force politique nouvelle qui doit avoir pour ambition de rassembler toute la gauche. Nous appelons tous les citoyens révoltés par les injustices d’un monde conçu par et pour les puissants, les militants politiques fatigués par la sclérose des vieilles boutiques, les responsables et élus conscients de l’impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui la gauche, à ouvrir enfin une ère nouvelle sans laquelle les citoyens resteraient privés de perspective pour longtemps.
La première étape doit donc consister à agir pour rassembler les composantes aujourd’hui dispersées de la gauche républicaine.
Elles existent en particulier au sein du courant l’Union et l’Espoir porté par Emmanuel Maurel au congrès qui défendait une orientation politique proche de la nôtre. Nous avons pu le vérifier en particulier avec le lancement de la plateforme Nos Causes Communes lors du colloque du 9 juin organisé au Sénat et plus encore avec l’organisation de nos Universités de rentrée communes en septembre à Marseille. Dans le prolongement de l’intérêt qui a été constaté par ces initiatives, il est décidé de structurer Nos Causes Communes en association avec des antennes départementales et un conseil scientifique pour en faire un outil de débat ouvert à toute la gauche et la réarmer idéologiquement.
Elles existent également chez nos amis de République et Socialisme qui nous ont fait part de leur disponibilité pour participer à l’initiative de Nos Causes Communes. Elles existent peut-être aussi au sein du Parti Communiste Français avec lequel nous avons livré certains combats communs depuis le Traité de Maastricht en 1992 puis lors du référendum de 2005. Elles existent encore ailleurs, de façon plus diffuse, chez les nombreux militants qui ont choisi de prendre des distances avec l’engagement politique mais avec lesquels nous avons conservé des liens.
Cette perspective d’un alliage de la gauche républicaine suppose que le MRC se rende dès aujourd’hui disponible pour préparer un dépassement qui trouverait tout son sens dans la construction de la maison commune de la gauche républicaine. Le MRC doit être co-fondateur de cette dynamique.
La longue marche entamée il y a 25 ans avec la création du MDC a permis de maintenir vivant l’idéal républicain au sein d’une gauche qui s’en était majoritairement détourné. La résilience du MRC a été rendue possible par l’abnégation de nombreux militants déterminés à ne pas abandonner un combat que nous avons trop souvent livré seuls. La crise politique que nous traversons et l’évolution favorable de nos partenaires peut nous permettre de briser cette solitude et de redonner une jeunesse organique à nos idées.
Le travail entamé avec les amis d’Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann peut s’orienter vers la construction d’une force neuve qui sera demain en capacité de restructurer le paysage politique à gauche. Le MRC est en capacité de jouer un rôle clé dans cette étape fondatrice. C’est le choix que nous invitons les militants du MRC à faire avec nous pour que notre congrès soit un congrès de mutation au service de nos idées et in fine, de toute la gauche, et non une séquence d’attentisme qui conduirait à faire de notre solitude un isolement.
Concrètement, il est proposé d’engager le processus de création d’une nouvelle force politique à parité avec nos partenaires d’APRèS, dont le congrès fondateur pourrait se tenir en 2019 où les participants décideront du nom, des statuts, du mode d’organisation et de fonctionnement et fixeront les orientations.
Le MRC sera quoi qu’il arrive maintenu pendant les deux années suivantes. Les adhérents du MRC seront parties prenantes de ce processus et souverains pour prendre toutes les décisions. Ils seront consultés au moment du congrès fondateur de cette nouvelle force politique et lors du prochain congrès ordinaire du MRC qui aura lieu en décembre 2020 et qui décidera de la suite à donner au dispositif. Durant ces deux années, l’adhésion au MRC vaut adhésion à la nouvelle force politique. Le Conseil National est chargé avec la direction nationale de la mise en œuvre de ces décisions.
Avec ce projet de mutation, le combat du MRC ne disparaît pas. Il ne se dissout pas. Il s’intègre dans une aventure politique nouvelle en mesure d’impulser la refondation républicaine dont la gauche a depuis si longtemps besoin. Nous en avons formulé le souhait depuis bien longtemps. Nos amis y sont prêts. Il nous revient de répondre présents (...).
Conclusion
La gauche est au milieu du gué. Elle doit faire des choix pour les échéances de demain, parce qu’elle ne peut plus se permettre d’échouer dans les urnes si elle veut espérer se relever, elle doit aussi les faire en pensant à plus long terme, car nous devons collectivement construire aujourd’hui ce que nous voudrons être demain en nous adressant aux Français.
Dans la « grande chaudière » de notre nation, dont parlait Renan, la gauche républicaine et sociale, si elle veut un jour gagner, doit théoriser et mettre en pratique ce dont elle a eu peur ces vingt dernières années : la fierté d’elle-même, la confiance en ses ressources et en ses idées.
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