Réflexion après un article de presse soulignant la valorisation des résidus viticoles
Le bioéthanol est-il écologique ? Après la publication des articles de Sud Ouest (1) au sujet de l’entreprise de Coutras (33) qui valorise ainsi les résidus des vendanges (Rafle…), Patrick Nivet - qui est médecin hospitalier, conseiller municipal délégué (MRC) de Libourne et conseiller communautaire (CALI) - a voulu essayer de comprendre l’utilité et surtout le rapport à l’écologie des carburants au bio éthanol.
En fait, après discussion avec les spécialistes de ce type de production, plusieurs constatations s’imposent:
1° La fabrication de Bioéthanol serait plus chère que le gasoil si elle était taxée de la même manière.
2° Cet éthanol fait au moins autant de CO2 que le gasoil d’autant qu’il faut plus en consommer pour le même nombre de Km parcourus ( 50% en plus).
3° Le Bioéthanol tiré des résidus des vendanges n’est utilisable que pour les cars et les camions.
Pour ce qui concerne les bio carburants tirés d’autres cultures ( betterave...), ils sont certes utilisables pour les voitures mais leur développement ne peut prendre de l’ampleur que si, effectivement, on utilise beaucoup de sols sans garanties vraies quand aux manières de les cultiver ( utilisation notamment des produits phytosanitaires…) et si l’Etat ne leur applique pas les taxes classiques sur les carburants.
Pour le CO2 et les particules fines, il n’y a pas semble-t-il d’avantage versus utilisation du gasoil et/ou de l’essence.
Pour ce qui concerne l’utilisation d’huile de palme, il semble que ce soit le résultat de la volonté de l’Etat de mélanger le gasoil avec du bio carburant pour diminuer l’importation de pétrole mais, en conséquence, il prend le risque de l’importation d’huile de palme et de la déforestation des pays producteurs comme la Malaisie…
En fait, à propos du CO2, les producteurs de bio carburants s’appuient sur le fait qu’il y aurait une production d’O2 compensatoire dans les cultures qui permettent de produire les déchets de la vigne ou même les plantes dont ils sont issus (betterave…).
C’est la même idée qui sous-tend le chauffage au bois… qui produit plus de CO2 que les autres formes d’énergie, à l'exception du charbon (2)
Au total il n’y a pas d’avantage écologique évident à l’utilisation des biocarburants, l’avantage économique n’étant lié qu’à l’absence de taxes.
Par contre, c’est vrai que le valorisation des déchets de la viticulture est incomparablement plus rentable que celle qui était traditionnellement faite par les entreprises du secteur (alcool et dérivés…).
De la même façon, le débouché des biocarburants est sans doute utile pour les agriculteurs du secteur des oléagineux qui doivent assurer une rotation des cultures( blés, betteraves… jachères)
En fait, même si je ne conteste pas que les déchets de la vigne puissent être utilisés à faire rouler quelques cars dans la région ou telle ou telle agglomération, il n’y a pas lieu d’en faire un acte d’un écologisme avéré.
Disons que cela économise des achats de pétrole mais à condition de se passer des taxes qui y sont afférentes...
Quant au développement éventuel des bio carburants à partir de cultures spécifiques, il y a un risque de larges utilisations de territoires retirés à la biodiversité, l’exemple du Brésil est sans doute de ce point de vue exemplaire.
1) Journal Sud ouest du 5 Novembre 2019
2) Les forêts sont effectivement, grâce à la photosynthèse, un puits à carbone qu’il faut entretenir mais, sur la planète, elles ont bien du mal puisque la production de CO2 est telle que le bilan est aujourd’hui largement négatif .Or le chauffage au bois produit plus de co2 que le pétrole et surtout le gaz, mais moins que le charbon….
Je conteste donc l’utilisation industrielle du chauffage au bois comme n’ayant pas d’avantage écologique.
Le caractère renouvelable d’une énergie n’est à mon sens pas suffisant pour en faire un modèle écologique convaincant.
Cet article est le 3142 ème sur le blog MRC 53 - le 456ème, catégorie AGRICULTURE et PAC