C'est la clé de voûte des réformes Macron
Le bulletin de REsistance SOciale est l'ami des militants de la République sociale.
Dans le Bulletin RESO - février 2020 - Résistance Sociale, on trouve des articles de fond sur la réforme des retraites, dont celui-ci de Jean-Claude Chailley.
LA REFORME DES RETRAITES, CLE DE VOUTE DES REFORMES MACRON
Les réformes de Macron sont convergentes, complémentaires.
La réforme des retraites n’a pas seulement pour buts de réduire les « dépenses publiques », de travailler de plus en plus vieux pour une pension de plus en plus faible, de développer la capitalisation : nos gouvernements ont amplement montré qu’ils savent le faire par des réformes paramétriques.
La raison de ce conflit majeur est plus profonde : la réforme des retraites non seulement complète l’ensemble des réformes public – privé, mais elle est nécessaire à leur mise en œuvre intégrale.
Les retraites, composante de la baisse des « dépenses publiques ».
Les « dépenses publiques »(*) ,1 320 milliards en 2018, représentent 56 % du montant du PIB en France contre 46,8 % dans la zone euro, 45,6 % dans l’UE.
Elles vont de 26 % en Irlande à 56 % en France en passant par 43,9 % en Allemagne (Eurostat).
Les retraites avec 325 milliards représentent le quart des « dépenses publiques ». Les dépenses publiques ont baissé de 4,4 points depuis 2009 dans l’UE, mais de 1,2 point en France. Elles sont 10 points au-dessus de la moyenne européenne, soit 250 milliards (PIB 2020 : 2 480 milliards).
2 points de vue opposés :
Pour le mouvement social :
C’est grâce aux luttes que malgré les contre-réformes la régression n’a pas été encore plus importante. Aucun peuple ne doit se voir imposer la régression (cf. la Grèce). L’harmonisation européenne ou mondiale, c’est par le haut.
Pour l’UE, notamment la zone euro, les gouvernements, le MEDEF :
- L’euro, une monnaie unique, ne peut se perpétuer durablement avec de telles inégalités, dont le SMIC qui va de 286 € à 2071 €. Il faut réduire les écarts, « converger », pour l’essentiel à la baisse.
- Il faut achever le marché intérieur : compétitivité, baisse du « cout du travail », privatisations, externalisations, réduction du rôle des Etats vers l’Europe des régions - L’égalité républicaine est menacée : réforme du bac, projet de loi 3D (Décentraliser /Différencier / Déconcentrer)… - Le périmètre de l’Etat, des services publics, de la Sécu, doit donc être drastiquement réduit. Ils doivent être orientés vers les besoins des entreprises, du « marché », au lieu des besoins fondamentaux de la population.
Les gouvernants français, le MEDEF, s’inscrivent dans cette logique libérale. Les 56 % de dépenses publiques doivent être sévèrement rabotés, dont les 14 % des retraites.
Plusieurs axes :
Baisser le « coût du travail » dans le privé comme le public : les effectifs, les salaires dont les cotisations sociales – même insuffisants - sont une composante importante des budgets. D’où pour rester dans une actualité récente :
- Dans le privé, au nom de la « compétitivité », les lois El Khomri, les ordonnances Pénicaud…
- Dans le public, le gel du point d’indice des fonctionnaires, la privatisation – destruction de la SNCF, la loi de transformation de la fonction publique,…
- La mise à mort du SMIC avance discrètement (remplacement du salaire minimum par revenu minimum,…)
De nouveau, 2 points de vue sur le « coût du travail ».
- Pour les gouvernements et le MEDEF, les salaires, les cotisations sociales, le SMIC, sont trop élevés.
- Pour le mouvement social, le travail est le seul producteur de richesses. Il faut augmenter les salaires et le SMIC. L’insuffisance des salaires et des effectifs détruit les services publics, la protection sociale. Les étudiants s’en détournent, par exemple dans l’enseignement. Les professionnels démissionnent, par exemple dans l’hôpital public.
Baisser les « dépenses publiques ».
o La réforme des retraites permettrait à l’Etat de faire des dizaines de Md d’économies sur les cotisations et pensions des fonctionnaires.
o Coupes dans le budget de la Sécu (branches santé – ONDAM, fermetures de lits,,..-, retraites,…), coupes brutales de l’assurance chômage,
o La plupart des privatisations de grandes entreprises a déjà eu lieu: Renault, les PTT, Saint-Gobain, Elf Aquitaine, Air France, EDF – GDF, la SNCF, les banques,…
o Maintenant la pression s’accentue sur la fonction publique de plus en plus gérée sur le modèle de la SNCF devenue « société anonyme à capitaux publics » ou La Poste.
- Transferts au privé de missions, services,,..: lois Bachelot, Touraine, Buzyn, (la majorité des actes chirurgicaux a lieu dans le privé lucratif), loi de transformation de la fonction publique, enseignement privé,…
- 100 % des actes administratifs par Internet, poursuite des fermetures (trésoreries, lignes et gares, guichets SNCF, Postes, centres de Sécu, hôpitaux et maternités, tribunaux,..)
- 120 000 suppressions de postes d’ici 2022 (Macron est en retard sur son plan mais tous les éléments sont en place pour rattraper et poursuivre après 2022, – sauf si… -). Fillon 500 000.
Ce sont les décisions politiques qui déterminent les budgets et non l’inverse.
La lettre dite de compromis d’Édouard Philippe sur les retraites ne nie pas qu’il y a des alternatives pour le financement des retraites. Édouard Philippe ne nie pas qu’on peut faire autrement. Il est imperméable aux propositions des opposants par décision politique non soumise au débat : maintien de la réforme à points, refus de tout ce qui augmente le « coût du travail ».
Disciples de Kessler, Macron et LRem (+ des soutiens indirects) ont décidé la rupture définitive avec notre modèle social :
Emmanuel Macron et Agnès Buzyn :
« Le progrès social, c’est celui qu’on se paie soi-même » -> La retraite à points a pour principe la seule capitalisation de ses points. Elle n’a aucune solidarité dans son principe. De même pour les services publics de plus en plus marchandisés : on a les services qu’on peut se payer, sinon on s’en passe.
« Il faut mettre la protection sociale au service des entreprises » -> l’opposé de la Sécu d’Ambroise Croizat : « Garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature ».
« Un système de santé à bout de souffle, pensé à la sortie de la 2ème guerre mondiale…Nous sommes arrivés au bout». -> Nous étions classés 1ers par l’OMS en 2000. Si on est au bout, c’est d’une destruction inouïe en une vingtaine d’années.
Agnès Buzyn lors du lancement de la réforme des retraites au Sénat: «la réforme des retraites ce n’est pas un problème technique, c’est un choix de société». Le projet de loi sur les retraites a pour objectif de « contribuer à la construction de la protection sociale du XXIe siècle ».
Agnès Buzyn: « Il faut construire autrement notre protection sociale»….« Aller vers un filet de sécurité sociale » -> C’est le modèle Banque mondiale, UE, France, généralisant celui des Etats-Unis.
Gérald Darmanin :
« Nous allons interroger en profondeur le périmètre de l’action publique »…
Cet article est le 3152 ème sur le blog MRC 53 - le 59ème sur ce blog dans la catégorie Les retraites