Tout faire pour limiter la casse économique et sociale
Patrick NIVET était conseiller municipal à Libourne (Gironde), où il n'est pas tout à fait retraité en tant que médecin au Centre hospitalier. Actuellement conseiller municipal de Saint-Christophe-des-Bardes (33), il est par ailleurs responsable du Mouvement Républicain et Citoyen en Gironde et membre du bureau national du MRC.
Il y a six mois, il m'avait transmis un texte concernant la pandémie, que j'avais publié le 20 avril 2020. Voir L'opinion de Patrick Nivet (MRC 33) sur la gestion de la crise sanitaire
Ce 16 octobre, il me demande de publier son point de vue, que voici :
Lutter contre le COVID aujourd’hui, limiter la crise sanitaire et sociale, imaginer et construire le monde d’après…
Depuis le printemps, l’épidémie virale frappe le monde entier. Assez vite, des pays ont réussi à mettre à l’abri leur population. Bien sûr, la Chine, mais aussi un certain nombre d’autres qui ont réussi l’exploit à ce jour de la contenir à leurs frontières. Pays aussi divers que le Vietnam, Taïwan, l’Uruguay ou le Paraguay…..et même la nouvelle Calédonie en France.
Ces pays se sont surtout appuyés sur des mesures épidémiologiques appliquées avec beaucoup de vigueur (dépistage notamment aux frontières, isolement drastique des contaminés, recherche et mise en quatorzaine des contacts); bien sûr, ils ont soigné les malades, éventuellement en structures hospitalières spécialisées et, dès le début, ils ont appliqué les mesures barrières avec beaucoup de discipline.
Certains comme la Chine ont même, qui plus est, confiné les populations les plus menacées…
En Europe certains pays ont dans un premier temps mieux fait que d’autres, notamment les pays du nord ou de l’est de l’Europe. Par contre, la Grande Bretagne, l’Italie, l’Espagne et la France ont été durement touchés. Ces pays, et notamment le nôtre, n’étaient absolument pas préparés que ce soit matériellement (absence de masques, de tests...) que conceptuellement (peu de notion des mesures épidémiologiques...), stratégie de mise à l’hôpital des patients très symptomatiques et à domicile des patients qui l’étaient moins mais qui évidemment étaient contaminants.
Dès lors, l’épidémie a très vite menacé de submerger nos hôpitaux conduisant ces derniers à des plans blancs avec arrêt général des activités non programmées, dans le cadre d’un confinement drastique des populations qui a duré deux mois.
L’épidémie a été largement maîtrisée mais pas éteinte, conduisant le gouvernement, au mois de mai, à un déconfinement progressif qui a commencé par les écoles primaires, les enfants paraissant les moins exposés aux symptômes du Covid et peut-être à la contamination et à la transmission de la maladie.
L’été est arrivé et de toute évidence dans les pays les plus exposés au brassage des populations, notamment par le tourisme de relative proximité, mais aussi socialement contrariés dans leurs habitudes relationnelles par les mesures barrières trop vite oubliées, l’épidémie est repartie au début de l’automne, notamment dans les régions peu exposées lors du printemps (Bouches-du-Rhône, Aquitaine…).
Par ailleurs, l’épidémie devenue pandémie frappe toujours durement de grands pays à forte population qui ont échoué à la maîtriser pour des raisons diverses mais où l’inconséquence politique des décideurs (USA, Brésil...) et la structure sociale et économique des pays concernés ont joué un rôle accélérateur (Iran, Inde…). L’Afrique restant curieusement un peu à l’écart, sans l’être tout à fait….
A l’heure actuelle, l’épidémie progresse et ou reprend, nous la percevons mieux grâce à l’élargissement des diagnostics, elle touche des populations plus jeunes, peu symptomatiques. Pour autant, la courbe des hospitalisations se fait de nouveau menaçante même si la mortalité est moindre qu’au printemps, en partie sans doute grâce à l’amélioration des prises en charge médicales, ce qui laisse entendre qu’elles n’étaient pas optimales…
Confronté à la crise économique provoquée par la crise sanitaire et à la reprise de l’épidémie, le gouvernement essaie de nouveau de la contenir par l’application quelquefois forcée des mesures barrières, s’étant essayé par le biais notamment des ARS à une stratégie d’approche épidémiologique tardive et timide souvent localisée autour des foyers devenus de plus en plus nombreux...
A noter un fond médiatique confus, assez délétère, avec beaucoup de polémiques médicales, qui perturbe, quelque soit l’intérêt des idées émises, le contexte dans lequel sont prises les décisions, fragilisées avant même d’être mises en œuvre.
Il y a même sur fond de crise économique de plus en plus patente malgré les aides très vite mises en œuvre et la mobilisation financière de plus en virtuelle tant à l’échelon européen que national, un risque de jacquerie notamment des professions les plus exposées (restaurateurs ,secteurs du tourisme de la culture...).
Dans ce contexte, les Républicains se doivent, au moins de ne pas jeter d’huile sur le feu mais surtout de soutenir les mesures qui visent à freiner l’épidémie et qui devraient, mieux que cela, tendre à l’éteindre pour rejoindre les pays qui l’ont déjà réussi.
Ces mesures sont contraignantes d’autant qu’elles sont tardives et que l’épidémie chez nous n’a pas été contenue à son début mais elles sont indispensables. On peut par ailleurs comprendre que le gouvernement fasse son possible pour ne pas s’engager dans un nouveau confinement généralisé.
Le succès, vu ou nous en sommes, demande une mobilisation populaire très large s’appuyant sur la solidarité générationnelle et l’application des mesures barrières.
Cette crise sanitaire en révélant de manière criante l’impréparation médicale de notre pays, notre faiblesse industrielle et notre extrême dépendance économique vis-à-vis des pays à bas coûts, justifie, et au-delà, les craintes et les perspectives inquiètes que les souverainistes émettent depuis de nombreuses années dans notre pays, tout particulièrement le MRC.
Le monde « d’après » doit évidemment être conceptualisé, il faut y travailler, mais rien n’est possible sans avoir obtenu la fin de cette épidémie qui doit être notre premier objectif; plus nous tarderons à l’obtenir, plus les dégâts de tous ordres seront difficiles à surmonter. Attendre l’immunité collective est une perspective trop lointaine et trop incertaine, de même que celle d’un encore hypothétique vaccin.
Cet article est le 3164 ème sur le blog MRC 53 - le 66ème dans la catégorie Santé et sécu sociale