Pour l'union démocratique des forces de gauche et écologistes
"Il faut ouvrir, et vite, le chantier de l’union politique des forces de gauche et écologistes. Ce chantier est à organiser au plus près des luttes dans un processus démocratique".
Alain Voisin, ancien syndicaliste à la CGT 53, militant pour les droits humains à la LDH en Mayenne, était présent à la réunion publique organisée par La France Insoumise le 24 janvier 2023 à Laval. Voir Retraites : trois femmes députées à la réunion publique LFI à Laval
Il était le dernier intervenant de la soirée, réagissant aux propos de la députée Rachel Keke qui avait évoqué la grève des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles.
Elle constatait que l'Etat protège les riches et, à condition de s'unir et de se regrouper dans leurs syndicats, les salariés ont un pouvoir. Au bout de deux mois de luttes, de grèves et d'actions, les patrons ont fini par céder. L'union fait la force et nous devons nous intéresser à la politique. Nous pouvons faire reculer le gouvernement, qui a peur de la puissance du peuple.
Alain Voisin avait alors parlé de l'unité syndicale qui est à l'origine de la mobilisation du 19 janvier (8500 personnes dans les rues à Laval). Comment traduire cela en mouvement politique ?
Il a prolongé cette intervention par un courrier adressé à Rachel Keke le 25 janvier (copie à LFI 53).
Madame la députée,
Vous êtes venue en Mayenne hier, 24 janvier à l’invitation du groupe local LFI pour une assemblée débat contribuant à la mobilisation contre le recul de l’âge de la retraite. Vous étiez accompagnée des deux collègues elles aussi députée LFI. Cette réunion publique aura été marquée par votre intervention, très écoutée par la salle. Vous vous êtes exprimée avec des mots simples, reflets de votre vécu et des luttes que vous avez menées.
Vous avez souligné que le combat actuel sur la retraite devait aussi s’élargir à des sujets comme l’accès aux soins, l’hôpital public. C’était un moment fort et je tenais à vous le dire tant il est rare d’entendre une parole vraie, une parole ancrée sur le réel et le concret des luttes.
Alors, en fin de réunion, vous avez repris la parole pour souligner la force de l’union, « l’union fait la force » avez-vous rappelé. Cela a fait résonner en moi mes souvenirs d’ancien syndicaliste. Oui, il faut s’unir pour mener le combat, et oui, c’est en soit un combat de tout moment que de créer les conditions de l’union de salariés sur un même lieu de travail pour avancer ensemble et gagner sur les revendications. Ainsi votre vécu de lutte nous renvoie à ce dont nous avons besoin pour enfin gagner un avenir de progrès, de démocratie et de justice sociale.
Car, le mouvement social contre le recul de l’âge de la retraite, quelque soit son issue, que nous voulons victorieuse bien sûr, et nous mobilisons pour cela, doit aussi pouvoir ouvrir des perspectives politiques nouvelles. C'est-à-dire qu’il faut avoir l’ambition d’une prise de pouvoir des forces de gauche pour mettre en œuvre une politique en rupture avec le néolibéralisme.
Et comment faire cela ? Evidemment, il faut une union de la gauche et des écologistes. En mai juin 2022, une union électorale s’est formée et elle a permis une représentation à l’assemblée nationale solide, mais minoritaire et avec un bloc d’extrême droite fort.
Et puis tous les partis qui forment la NUPES sont tour à tour traversés par des crises qui portent discrédit et éloignent les citoyens. En fait il apparaît de plus en plus clairement qu’un nouveau pas doit être franchi pour ouvrir une vraie perspective pour la gauche et l’écologie.
Or, rien n’apparaît en ce sens. Les volontés hégémoniques, les fonctionnements internes non démocratiques, les raidissement identitaires, les affrontements stériles internes, mobilisent les énergies et occultent totalement la recherche d’une construction stratégique unitaire pour
prendre le pouvoir, condition nécessaire pour une autre politique.
Pourtant il y a urgence. Le danger d’une prise de pouvoir par l’extrême droite est bien réel.
Alors, oui l‘union fait la force et c’est vrai aussi en politique. C’est pourquoi, dans le prolongement de votre venue à Laval, je me permets de vous dire les attentes d’un citoyen aujourd’hui engagé dans le mouvement associatif pour les droits humains, préoccupé par la montée des idées d’extrême droite et des populismes. Il faut ouvrir, et vite, le chantier de l’union politique des forces de gauche et écologistes. Ce chantier est à organiser au plus près des luttes dans un processus démocratique. Je sais les difficultés d’un tel chantier et les obstacles à franchir.
Je ne développerai pas ici plus avant ce qui me semble devoir être mis en débat. Il y a, il y aura des difficultés, des obstacles. Il faut d’abord une volonté commune, et si cette volonté s’appuie sur le mouvement populaire qui veut ardemment des changements profonds, tout comme il veut cette union, il est possible d’avancer, d’innover, de créer des pratiques politiques nouvelles et attractives pour emmener le plus grand nombre de citoyens, pour unir à tous les niveaux et dans toutes les diversités de ce qui fait le peuple et finalement aller vers les changements de société pour lesquels nous luttons.
Voila, Madame la députée, ce que je souhaitais vous dire en prolongement de votre venue et de notre bref échange en fin de réunion. En effet je vous ai perçu sensible aux attentes des citoyens ordinaires dont je suis. Peut-être pourrez-vous les partager auprès de vos collègues.
Merci encore pour votre présence, votre expression tonifiante et combative.
Solidairement.
Cet article est le 3206 ème sur le blog MRC 53 - le 184ème catégorie Gauche France