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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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19 février 2023 7 19 /02 /février /2023 22:10

Le macronisme néolibéral face à la crise du rapport au travail


 

Comment caractériser la crise qui s'annonce à partir du 7 mars en France, dans le prolongement de celle dite des Gilets jaunes en 2018 - qui était restée sans débouché politique ? Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne se limite pas à la question des retraites, comme le dit Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS (associé au CEVIPOF et à Sciences Po), sur le site de herodote.net, le 19 février 2023.


 

19 février 2023 : comment peut-on comprendre la crise sociale engendrée par le projet de réforme des retraites ? L’amplitude des manifestations, la réunion, devenue très rare depuis les années 2000, de tous les syndicats dans un front commun du refus, la diversité même des manifestants qui se retrouvent non pas seulement dans le centre des grandes villes mais aussi dans de petites sous-préfectures laissent à penser que l’on est en présence d’une crise originale. Et sans doute est-ce le cas si on la place dans une perspective historique.


 

À ce titre, il faut faire une remarque préalable. Une crise sociale est souvent multifactorielle, ce n’est pas une crise sectorielle limitée à un enjeu précis, bien identifié. En cela, il faut distinguer les conflits sociaux ordinaires des crises sociales qui sont toujours quelque peu extraordinaires.

Un conflit social, comme tous ceux que l’on a vus se produire dans l’histoire récente, s’ancre dans l’opposition des intérêts de salariés, du privé comme du public, face au patronat ou aux autorités hiérarchiques. Il s’agit toujours de revendiquer une amélioration des salaires ou des conditions de travail, de négocier un rachat d’entreprise et le reclassement des personnels, de contester un plan social ou de carrière.

En revanche, la crise sociale, si elle naît bien d’un conflit sur une question précise, en l’occurrence le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, vient se charger de revendications plus profondes, plus lointaines, mettant en jeu des représentations sociales, des oppositions politiques. On est alors devant un « moment » politique éminemment historique et sans doute appelé à servir de point de repère et d’inflexion pour les historiens du futur. Or c’est bien ce qui caractérise la crise qui a émergé de la réforme des retraites. Il faut donc chercher à en comprendre les ressorts profonds et voir en quoi cette crise se distingue d’autres crises dans l’histoire.

La comparaison historique en matière sociale et politique reste évidemment toujours très délicate à manier car les structures mêmes des sociétés, les technologies, les valeurs et les modes d’organisation changent dans le temps. On est ici au cœur d’un  grand enjeu de la recherche qui est celui de l’articulation entre la sociologie et l’histoire. Il n’y a guère de sociologie qu’historique et guère d’histoire qui ne puisse se passer d’une étude des phénomènes sociaux. À partir de ces prémisses, peut-on au moins trouver à la crise de 2023 des homologies historiques ? Même si l’on peut trouver un certain nombre de points communs, il demeure que la situation que l’on connaît en 2023 reste inédite.

Travail en miettes, salariés déboussolés

Cette crise, tout d’abord, vient soulever la question du rapport au travail dont les enquêtes comparatives montrent qu’il est souvent bien moins vécu au quotidien en France que dans d’autres pays européens du fait de contraintes récurrentes : pression de la hiérarchie, faiblesse du dialogue social, intensification des rythmes (...).

La suite est réservée aux abonnés du site Herodote.net.

Voir aussi (26 janvier 2023) : Luc Rouban : « La mobilisation sur les retraites manifeste une défiance à l'égard de la hiérarchie sociale. Selon le chercheur du Cevipof, l’obsession libérale des élites se heurte une nouvelle fois à l’attachement d’une majorité des Français à l’Etat-providence, et aux réalités du marché du travail.
Et (8 janvier 2023) : Réforme des retraites : le gouvernement pourrait-il céder face à la contestation ? Et pour cause : "Quand on débat des retraites, on parle en réalité du travail", comme le souligne pour Le Monde le sociologue Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS. Qui développe : "C’est en France que le travail est le plus vécu comme une souffrance. La moitié des Français considèrent que leur travail n’est pas reconnu ni récompensé à sa juste valeur. […] Il en découle une sacralisation des retraites, parce que c’est le moment où l’on peut profiter de la vie. C’est la récompense, l’horizon après une vie de labeur. Donc si on touche aux retraites, on touche au canot de sauvetage."

Les cinq journées de mobilisation à l'initiative de l'intersyndicale depuis le début de l'année 2023 - exigeant du pouvoir macronien le retrait de son projet de loi "réformant " les retraites - montrent qu'il ne s'agit pas seulement d'un conflit social.

Il s'agit, en fait, d'une crise sociale de grande ampleur et on le verra mieux à partir du 7 mars. Car le monde du travail ressent qu'il ne compte pas vraiment dans les calculs du chef de l'Etat. Celui-ci utilise les leviers de l'Etat pour maintenir la domination des forces économiques et financières sur la société et perpétuer le néolibéralisme, cette doctrine économique qui vise à mettre l'Etat au service des marchés, c'est-à-dire à le rendre impuissant.

Voir cette conclusion d'une étude du CEVIPOF (Luc Rouban), en 2020, décrivant L'emprise du libéralisme autoritaire en France. On voit se développer en France un libéralisme autoritaire qui trouve son implantation partisane aussi bien dans l’électorat de La République en Marche, des Républicains ou du Rassemblement national.

Le résultat de l'affrontement qui s'installe en France entre le monde du travail, représenté par les organisations syndicales, et le monde du capital, représenté par le pouvoir macronien, sera décisif pour l'avenir de la démocratie républicaine dans notre pays.

Cet article est le 3224 ème sur le blog MRC 53 - le 149ème catégorie Travail Economie

Samedi 11 février 2023, à Laval (Mayenne), au square de Boston, lors de la 4ème journée de mobilisation contre le projet de "réforme" des retraites

Samedi 11 février 2023, à Laval (Mayenne), au square de Boston, lors de la 4ème journée de mobilisation contre le projet de "réforme" des retraites

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