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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 22:48

Contre-révolution néo-conservatrice du pouvoir 

 

Ne nous voilons pas la face, nous constatons un retour en arrière inquiétant dans l’évolution de notre société. L’accession de Sarkozy à la fonction présidentielle était le signe d’une dégradation des valeurs humanistes et républicaines, minées par l’individualisme et laminées par la confusion idéologique. Son action à la présidence n’est pas du tout rassurante. Elle est porteuse de risques de destruction de notre modèle républicain qui a fait la France depuis la Révolution.

 

Prenons quelques exemples, en dehors des tests génétiques (voir à ce sujet l’article paru le 7 octobre sur ce blog).

 

- Dans Le Monde Diplomatique d’octobre, sous le titre « En France, retour aux privilèges fiscaux de l’Ancien Régime », Liêm Hoang-Ngoc, universitaire, analyse les projets qui devraient concerner le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat mais qui, en réalité, « reviennent à alléger la fiscalité sur les hauts revenus et sur le patrimoine, et à reporter le poids du financement des dépenses publiques et sociales sur les ménages à revenus modestes et moyens.

Ils sont le rouage privilégié d’un programme politique visant au démontage de l’ensemble des mécanismes de redistribution et de protection du salariat. Une façon de ramener la France à l’Ancien Régime…

La révolte contre les injustices fiscales fut l’une des causes de la Révolution française. La fiscalité de l’Ancien Régime pèse intégralement sur le tiers-état pour financer les dépenses des ordres privilégiés la noblesse et le clergé ».

 

- Dans Le Monde, daté du 19 octobre, sous le titre « Au-delà des retraites, la mise en cause du service public », Michel Dreyfus et Bruno Dumons, chercheurs au CNRS, montrent ce qui se cache derrière la volonté de Sarkozy d’aller jusqu’au bout de la réforme des régimes spéciaux de retraites et, surtout, le problème de fond qui se pose ainsi : « L’Etat se définit-il encore autour de la notion de service public ? ».

 

Voici leur conclusion : « Les régimes "spéciaux" de retraite résultent donc à la fois d'une histoire longue de la culture d'Etat à la française et d'un lent processus de généralisation du modèle de la retraite. Aussi, leur réforme constitue une grave atteinte à la spécificité du service public. Par son histoire, le statut des personnels assurant ces missions ne peut être considéré sous le seul angle de la notion d'équité avec les autres citoyens, si légitime soit-elle.

 

Ce statut s'appuie sur le principe fondateur voté en 1790 pour récompenser les "vieux serviteurs" de l'Etat : sacrifier ce principe au nom de la dette publique et des directives européennes conduit à renoncer à un pilier essentiel des rapports de l'Etat à la société française. Il est légitime de s'interroger sur des aménagements. Mais on ne peut s'en tenir aux critiques, récurrentes depuis Balzac, sur le nombre et l'efficacité des fonctionnaires pour réformer les régimes spéciaux.

 

Des questions se posent : l'Etat se définit-il encore autour de la notion de service public ? Doit-il toujours accorder des gratifications à ses personnels, en "récompense" des services rendus ? Cette réforme réclame temps et réflexion. Ses enjeux relèvent davantage de la philosophie politique et du droit public que de considérations financières. Ils posent de façon plus générale la question de la pérennité de la nature de l'Etat et du modèle républicain à la française ».

 

- Le Contre journal de Libération s’est fait l’écho d’un texte intitulé « Sans opposition, le régime n'a plus d'amarres. Sa dérive a commencé » et publié une interview de ses auteurs, Pierre Cornu et Jean-Luc Mayaud, universitaires. Des extraits en sont parus dans l’édition papier de Libération des 20-21 octobre.

Dans ce texte, ils analysent l’ouverture, telle qu’elle est pratiquée par le président de la République, considérant que les ministres issus de la gauche apportent une caution à Sarkozy et accentuent « la dérive néo-conservatrice du pouvoir ». Voici leur conclusion.

« Lorsque, demain ou après-demain, une nouvelle crise frappera l’économie européenne ; lorsque les exclus de l’ordre social post-fordiste cesseront de brûler leur propres voitures ; lorsque le terrorisme frappera sur les lieux de notre vie quotidienne et attisera la haine de l’autre ; lorsque la restriction des ressources mondiales aura provoqué un nouvel embrasement guerrier : qui restera pour parler la langue ancienne de la raison, de la mesure, de l’humanité ? 

Qui aura encore assez de légitimité morale ou de capacité de représentation pour dénoncer l’inanité des logiques de purification eugénique et policière et la brutalité de la lutte pour la survie des systèmes sociopolitiques dans l’ère de la pénurie ? Les démocraties américaine et britannique, incontestablement plus solides que la nôtre sur le plan de la défense des droits de l’individu, ont montré tout le mal que quelques attentats spectaculaires et l’engrenage d’une guerre post-coloniale pour l’accès aux ressources énergétiques pouvaient causer aux principes fondamentaux. 

En France, nous n’avons rien eu de tout cela, et pourtant, les verrous ont déjà sauté : nous sommes parés à acquiescer au pire. Ce que la guerre d’Espagne et ses atrocités avaient signifié pour une génération, la guerre d’Irak le fait pour nous. Mais sur un mode entièrement négatif, miroir inversé de l’optimisme historique des militants de l’antifascisme. Il n’y a, en effet, plus de « brigades internationales » possibles (défendre qui et quoi, contre quoi et qui dans ce maelström de haines ?) : seulement une résignation passive et peureuse face à l’anomie, et des leurres culturels et moraux pour supporter l’insupportable – et éventuellement, l’utiliser à notre avantage.

Encore une fois, il y a là quelque chose d’inouï – tout comme est inouï l’enchantement grâce auquel personne ne s’alarme du basculement complet du système politico-moral par lequel les conduites des uns et des autres et les choix politiques majeurs étaient jusqu’à ce jour étalonnés et, éventuellement, socialement et électoralement censurés. L’horizon du progrès humain s’est effondré, le soleil se lève désormais à l’ouest, et personne n’y trouve à redire. L’historien qui n’a pas brûlé ses archives, lui, sait au moins qu’il s’est passé quelque chose. Et que ce quelque chose, la mer fût-elle calme et le ciel serein dans nos parages, n’en laisse pas moins présager de funestes tempêtes ».

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