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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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27 novembre 2007 2 27 /11 /novembre /2007 23:43

La souveraineté populaire, principe de base de la Nation

 

Ladislas Polski (MRC 06), secrétaire national à la santé, représentait le MRC le 24 novembre au forum socialiste de la rénovation, qui avait lieu à Avignon et portait sur le thème de la Nation. Invité à s’exprimer sur ce sujet, voici ce qu’il a déclaré.

 

Chers amis, chers camarades,

 

Vous vous en doutez, c’est avec un grand plaisir que j’interviens au nom du Mouvement Républicain et Citoyen sur un thème qui nous tient tout particulièrement à cœur, celui de la Nation.

Il est heureux que ce thème nous rassemble aujourd’hui.

C’est que la nation a longtemps semblé démodée à gauche. Les causes en étaient multiples.

 

Meurtris par les succès du Front National, une partie des hommes et des femmes de gauche était tentée de jeter avec l’eau du bain les symboles de la nation dévoyés par Le Pen.

Eblouis par le « rêve européen », et séduits par l’émergence des régions, certains se laissaient aller à ringardiser la nation.

D’autres encore, mobilisés par le juste combat contre les discriminations, avaient tendance à défendre le droit à la différence plus fortement que l’égalité des droits, la diversité plus fermement que l’unité, pour reprendre les termes de l’invitation au forum d’aujourd’hui.

Et ce faisant, en défendant de bonne foi les droits des minorités, certains oubliaient le risque intrinsèque que comporte l’affirmation trop forte d’une identité, qu’elle soit culturelle, régionale ou religieuse : le risque de l’exclusion de l’autre.

 

C’est contre ce risque fondamental que nous prémunit la nation.

Parce que la conception française de la nation est porteuse d’une spécificité : elle ne fait référence à aucune appartenance ethnique, culturelle, religieuse, ni même géographique.

La nation française, depuis 1789, c’est la nation citoyenne, la nation politique, qui ne connaît que des citoyens réunis par la conscience d’un destin commun, dans l’adhésion à des valeurs communes.

Ces valeurs communes, ce sont celles, fondatrices, de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, enrichies de deux apports majeurs : la loi de séparation de l’église et de l’Etat d’une part, les lois sociales du Front populaire et de la Libération d’autre part ; Liberté, Egalité, Fraternité, mais aussi laïcité et  république sociale, ces fondamentaux qui sont inscrits dans l’article 1 de la Constitution de la cinquième république.

 

Cette nation, elle est généreuse, accueillante, universaliste. C’est en cela qu’elle est moderne.

Grâce à la laïcité qui sépare la sphère publique et la sphère privée, le débat dans la cité peut se dérouler à l’abri de l’affrontement des options spirituelles.

Par son modèle social, la république met en pratique ses valeurs en s’aidant des bras armés que sont les services publics et la protection sociale.

 

Alors, défendre la Nation aujourd’hui, c’est ne pas laisser mettre à bas le modèle social issu du programme du Conseil National de la Résistance avec lequel les amis de Sarkozy veulent en découdre : ils le disent, ils l’écrivent.

 

Défendre la nation aujourd’hui, c’est aussi défendre la souveraineté populaire.

Car c’est là l’apport majeur de la nation citoyenne : chacun des citoyens détient par son vote une parcelle de la souveraineté de la nation. C’est pourquoi on ne peut le dessaisir du droit inaliénable de donner son avis par référendum sur un sujet pour lequel il a déjà été consulté par référendum.

 

Chers amis, chers camarades, c’est un grand plaisir de nous remémorer ensemble les fondements de la nation républicaine, qui nous unissent.

 

Mais nous ferions rire de nous si nous ne mettions pas en application le principe fondamental entre tous de la nation citoyenne : celui de la souveraineté populaire.

 

Ne la laissons pas confisquer. Ne faisons pas la courte-échelle à Nicolas Sarkozy.

Exigeons tous ensemble un référendum.

Il est encore temps, chers amis, chers camarades, il est encore temps !

 

L’avis de Vincent Peillon (PS)

 

Par ailleurs, L’hebdomadaire L’Express, daté du 23 novembre, a interrogé Vincent Peillon sur ce thème de la nation. Voici ce qu’en pense l’ancien conseiller de Ségolène Royal.

 

La gauche a créé le concept de nation, au moment de la Révolution. Puis le concept est passé à droite. Aujourd’hui, le PS cherche-t-il à se réapproprier cette notion ?

Il est vrai que la gauche éprouve un certain malaise à l’égard de cette question. Pour une raison de fond. Elle conçoit la nation selon deux modalités aujourd’hui en crise : l’universalisme – la nation française porte des valeurs qui sont bonnes pour le monde entier – et le "contractualisme" – est Français celui qui le souhaite, celui qui veut entrer dans la collectivité nationale. Mais voilà : notre pays ne constitue pas la lumière du monde. Et, enfin, pour reprendre l’expression célèbre de Michel Rocard, la France ne peut plus "accueillir toute la misère du monde".

La gauche doit-elle abandonner son approche traditionnelle ?

Non, mais elle doit la compléter. Car la gauche s’est uniquement focalisée sur des aspects abstraits – l’universalisme et le contractualisme –, en oubliant des dimensions fondamentales, contenues dès l’origine dans l’idée même de nation. Dans la tradition socialiste française, qui a été mise en sommeil au moment où le marxisme s’est imposé à gauche, avec la victoire en 1905 des partisans de Jules Guesde sur ceux de Jean Jaurès, la nation est, en effet, incarnée. Elle s’accompagne de drapeaux, de fêtes citoyennes, de valeurs qui lient les citoyens entre eux, de civisme. Les instituteurs, les fameux hussards noirs de la République, "élèvent", au sens propre et figuré, les enfants. Bref, il faut retrouver les volets symboliques, mémoriels et spirituels de la nation.

"Spirituels" ?

Oui. Nous avons besoin d’une transcendance qui porte la démocratie. En France, c’est la laïcité qui joue ce rôle-là. Mais il faut la soutenir, en revendiquant nos valeurs républicaines, l’esprit public, la justice sociale. La recherche de l’égalité économique et sociale a toujours été constitutive de notre conception nationale.

La présidentielle s’est-elle jouée sur la question de l’identité nationale ?

Nicolas Sarkozy a joué sur la crise de l’identité nationale pour l’emporter. Mais il n’a pas proposé un nouveau modèle. Au contraire, il a liquidé celui qui existe. Pensez au discours scandaleux de Dakar sur l’homme africain, à ses propos sur le caractère génétique de l’homosexualité. Et, aujourd’hui, à la mise en place des tests ADN… Il l’a fait très habilement, en appelant à ses côtés Henri Guaino pour recouvrir ses comportements antirépublicains de mots républicains. Comme Boulanger ou Napoléon "le Petit" en leurs temps, Nicolas Sarkozy représente non une réponse à, mais un symptôme de cette crise de l’identité nationale…

Pensez-vous qu’un forum, comme celui du 24 novembre, à Avignon, sera vraiment suffisant pour trouver un nouveau modèle ?

Non, bien sûr. Mais si nous posons déjà les bonnes questions, nous serons sur la voie. Après, il faudra que le PS sorte de sa surdité et de son épuisement intellectuel, en écoutant tous ces jeunes chercheurs qui travaillent depuis des années et qui peuvent nous aider à avancer. Leurs travaux doivent nous permettre de réenraciner notre histoire. Ce sera utile : le socialisme français s’est construit sur une amnésie, une pathologie de la mémoire. C’est l’un de ses drames.

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