Menaces concrètes sur les moyens éducatifs
Laurence Brault, Gérard Pigois et Yoann Vigner, responsables du collectif des personnels des lycées agricoles publics de la Mayenne, accueillaient le 4 décembre, au lycée agricole de Laval, les parents d’élèves, les élus, la presse, pour leur faire connaître les difficultés auxquelles eux-mêmes et leurs établissements sont confrontés.
Leur action se situe dans le cadre de la défense de l’enseignement agricole public. Manifestation en octobre dernier à Paris, grève le 20 novembre, nouvelle manifestation à Paris le 14 décembre avec un mot d’ordre : l’abrogation de la note de service du ministère de l’agriculture et de la pêche, datée du 21 septembre 2007, concernant la rentrée 2008-2009 (septembre 2008).
Le courroux des professeurs du syndicat majoritaire, le SNETAP-FSU, est directement provoqué par ce texte qui impose une réduction (3% par an pendant cinq ans) des moyens alloués à l’enseignement agricole public. De leur point de vue, il s’agit d’une forme de sabotage de leur filière éducative qui, pourtant, donne de bons résultats scolaires.
Yoann Vigner, enseignant au lycée de Laval, l’affirme : « L’Etat se désengage de sa mission éducative ». Son inquiétude est d’autant plus grande que la régression des moyens fait sentir ses effets depuis cinq ans, ce qui oblige à s’adapter avec « du bricolage : regrouper de formations ou accepter 24 élèves au lieu de 17 par classe », comme le dit Laurence Brault, enseignante au lycée de Château-Gontier. Elle ajoute « La circulaire demande de supprimer l’un des deux bac pro CGEA ; c’est à nous de le faire ! »
En Mayenne, la note du ministère se traduira, selon eux, par
- de graves menaces sur les options et les enseignements facultatifs,
- le risque de suppression de la filière S (bac scientifique) et des classes de 4ème et de 3ème technologiques, lesquelles permettent de réinsérer scolairement des élèves en difficulté,
- la création d’un bac pro en trois ans (au lieu de quatre) à la place des BEPA (brevet d’enseignement professionnel agricole) sur des programmes expérimentés par l’établissement, ne se rattachant pas à des programmes nationaux,
- des regroupements de classes qui n’ont rien à voir ensemble, et aussi des regroupements entre lycéens et apprentis, dont les effets seront négatifs pour les élèves et les enseignants,
- des menaces sur la filière agroalimentaire (qui n’attire pas beaucoup les jeunes malgré son intérêt en termes d’emplois dans la région ; c’est pourquoi elle a été soutenue jusqu’à présent), alors que les formations technologiques dans ce secteur sont peu nombreuses.
Depuis cinq ans, le syndicat tire le signal d’alarme sans être pris au sérieux, mais force est de constater que la réalité correspond à ce qu’il écrivait. Cette évolution négative des moyens attribués à l’enseignement agricole public va de pair, disent les représentants du collectif, avec des rallonges obtenues par l’enseignement agricole privé, ce qui correspond à une volonté idéologique et politique en faveur du privé.
Ce désengagement de l’Etat s’inscrit dans une logique globale, ils en conviennent volontiers, mais ils souhaitent être soutenus par les élus, de droite et de gauche, sachant bien que les élus de droite sont activement mobilisés en faveur de l’enseignement privé.
Les élus de gauche, en Mayenne et au niveau national, sont trop peu actifs à leur goût pour soutenir l’enseignement agricole public, lequel ne représente, au niveau de la région des Pays de la Loire, que 18% des élèves. Et encore moins à l’avenir si la note du ministère était mise en œuvre.
En Mayenne, la demande des autorités est de ne maintenir qu’un seul site, Laval ou Château-Gontier. On comprend que les personnels du lycée de Château-Gontier (200 élèves seulement) soient mobilisés pour le maintien du site du sud du département, dont la zone géographique des élèves est tournée vers le Haut-Anjou (nord 49 et sud 53).
La fermeture d’une classe menacerait l’existence même de l’établissement.