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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 20:44

Défendre la laïcité, c’est protéger la République

 

Le président remet en cause la République par ses déclarations successives qui vont dans le même sens et prouvent la cohérence de sa pensée sur les questions religieuses. La France laïque se met en mouvement.

Ce matin, l’éditorial de Laurent Joffrin donnait le ton (www.liberation.fr) sous le titre « Bréviaire ».

 

« Le diablotin qui nous gouverne est-il aussi un fou de Dieu ? Certes non. Croyant sans doute mais guère pratiquant, Nicolas Sarkozy ne se distingue ni par sa piété ni par son observance zélée des principes de l’Eglise.

Mais sur ces questions, il a longuement réfléchi. Aucune improvisation dans les messages qu’il a envoyés successivement à Rome et à Riyad, sans parler d’autres gestes plus anecdotiques comme les félicitations qu’il a prodiguées à quatre diacres connus pour leur engagement à la droite de l’Eglise. Le Président voit dans la religion un ciment plus solide pour la société que les simples préceptes républicains dont il est désormais le garant incertain. Il l’a dit et écrit : le curé, le rabbin ou l’imam sont placés, dans la hiérarchie des utilités sociales, au-dessus de  et quelques autres professaient eux aussi cette conception utilitaire de la foi. Mais surtout, un président français, sauf à heurter une partie de ses mandants, ne doit pas se prononcer publiquement sur ce genre de question. D’où l’appel lancé par la Ligue de l’enseignement*, auquel Libération s’associe et qui a déjà recueilli plus de 100 000 signatures sur Internet, sans publicité particulière.

Personne ne souhaite rouvrir la querelle religieuse, à commencer par les religieux eux-mêmes. La chasse à l’électorat «tradi» ne saurait non plus servir de bréviaire élyséen.

Le Président doit se souvenir qu’il préside la République dans son ensemble et non telle ou telle de ses factions. Dieu, dont la place est déjà éminente, n’a nul besoin d’un prophète tricolore ». 

*Appel de la Ligue de l’enseignement (www.appel-laique.org)

 

« Sauvegardons la laïcité de la République »

 

Voici le texte de l’appel lancé à l’initiative de la Ligue de l’enseignement, auquel se sont joints de très nombreuses associations et syndicats.

« Les organisations et personnalités signataires rappellent solennellement que, selon l’article Ier de la Constitution, "la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale". Ces quatre termes indissociables définissent des principes qui s’imposent à tous, au premier rang desquels le président de la République.

Or les déclarations récentes de Monsieur Sarkozy, mêlant ses convictions personnelles et sa fonction présidentielle, portent atteinte à la laïcité de la République. La mise en cause de ce principe constitutionnel indispensable à la paix civile est inacceptable. Depuis 1905, grâce à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, la République assure à chaque citoyen la liberté de conscience, garantit sa liberté de croire ou de ne pas croire et de pratiquer le culte de son choix, de n’en pratiquer aucun ou de pouvoir en changer. Elle permet ainsi de vivre ensemble, dans le respect de chacun, quels que soient ses origines, ses choix philosophiques ou ses convictions religieuses.

Dans notre République et notre société multiculturelle, la diversité doit être richesse et non source de conflit. Pour cela, la laïcité, assurant l’égalité en droit des citoyens dans le respect des lois de la République, permet à la fois l’expression du pluralisme des convictions et la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin.

Dans un monde aujourd’hui global et de plus en plus complexe, où se multiplient les voies d’accès à l’information et aux connaissances, et où explose la médiatisation des événements et de la pluralité des représentations du monde, seule la laïcité permet l’émancipation de tous en favorisant le libre accès au savoir et à la culture et le discernement de chacun pour un libre choix de vie, par une démarche rationnelle et critique faisant toute leur place au doute, à l’imagination et à la créativité.

 C’est pourquoi, les organisations et personnalités signataires s’opposeront à toute tentative qui mettrait, de fait, en cause la laïcité par une modification du contenu de la loi de 1905. A l’heure où nos concitoyens éprouvent des difficultés et des inquiétudes croissantes, elles les appellent à promouvoir la laïcité comme une exigence partagée avec la ferme volonté de bâtir ensemble une société où la justice sociale assurera, quotidiennement, pour toutes et pour tous, la liberté, l’égalité et la fraternité ». 

Ce 26 février, également sur www.liberation.fr, on peut lire une critique percutante des déclarations du président de la République, qui est aussi un appel à la mobilisation citoyenne.

 

Il est signé par André Bellon, écrivain, ancien parlementaire, Caroline Fourest, journaliste, Catherine Kintzler, philosophe, Jean-Claude Milner, philosophe, Henri Pena-Ruiz, philosophe, Jean Riedinger, Observatoire chrétien de la laïcité, Jean-Paul Scot, historien, Bruno Streiff, écrivain et metteur en scène.  

 

« Sauver la laïcité »

 

« La laïcité est en péril. Ce n’est plus, cette fois, le résultat d’attaques détournées, mais une remise en cause violente et globale. Le président de la République, déjà inspirateur de la commission Machelon, mène l’offensive avec la plus grande brutalité. Nul procès d’intention de notre part, mais de simples constats :

- Proclamer la supériorité de la religion sur les autres types de convictions, c’est détruire la laïcité. On bafoue ainsi l’égalité de traitement des citoyens. Aux uns la reconnaissance publique de leurs convictions, avec les éventuels privilèges financiers que cela entraîne. Aux autres l’assignation de leurs convictions à la seule sphère privée. Une telle discrimination renie la devise républicaine.

- Affirmer une telle hiérarchie est inacceptable de la part d’un président de la République dans l’exercice de ses fonctions. Nul n’a donné mandat au Président pour fixer une norme en matière de conviction personnelle. La laïcité n’est pas le seul modèle politique dans lequel la liberté de conscience est assurée. Mais elle se distingue des autres Etats de droit par le silence auquel doit se tenir la puissance publique sur les différents types de conviction. Elle seule garantit ainsi un égal respect à tous. En rompant ce silence, le président de la République introduit une inégalité morale entre les citoyens et enfreint la Constitution qui fait de la France une République laïque.

- Prétendre que l’instituteur ne peut éclairer la distinction du bien et du mal comme le fait le pasteur ou le curé, c’est disqualifier l’autonomie de jugement dont l’école laïque assure la promotion. Une telle autonomie a évidemment un sens moral et civique autant qu’intellectuel. Elle est gage de lucidité - et n’a donc rien à envier à la direction de conscience religieuse. Insinuer que la République est muette sur les valeurs est tout aussi inacceptable. Son souci de promouvoir la liberté, l’égalité et la fraternité ne passe certes pas par un catéchisme. Mais elle fait le pari de la conscience éclairée pour développer ces valeurs. Miser sur l’autonomie des personnes en la fondant sur la maîtrise du savoir et s’interdire tout endoctrinement, tel est l’honneur de la République laïque et des enseignants qui la font vivre dans les écoles.

- Brouiller la distinction entre culturel et cultuel afin de rétablir le financement public des religions, c’est détruire la laïcité. Outre ses résonances communautaristes contraires à l’universalisme républicain, l’amalgame entre culture et religion est un prétexte. Il est conçu pour contourner la loi qui réserve le financement public à ce qui est d’intérêt commun. La culture a une portée universelle ; le culte, une portée particulière. Payé par tous, l’impôt doit être dépensé pour tous. Le détournement des fonds publics ainsi envisagé est d’autant plus inacceptable que, dans le même temps, les missions de service public de l’Etat sont remises en cause par une privatisation croissante. Va-t-on sacrifier ce qui est d’intérêt universel sur l’autel du particulier ?

Face à une offensive sans précédent, la plus large mobilisation pour la laïcité est à l’ordre du jour. L’enjeu est de taille : assurer la coexistence sereine de personnes issues des traditions les plus diverses en émancipant la loi commune de tout particularisme. Avant toute chose, une parfaite clarté sur les objectifs s’impose. Bien sûr, il faut réaffirmer la liberté de conscience, premier des principes laïques. Mais celle-ci doit aller de pair avec l’égalité de traitement des convictions, second principe rendu possible par la neutralité de la République et la loi qui sépare l’Etat des autorités religieuses. Selon le troisième principe, les institutions publiques ne doivent pas avoir d’autre but que l’intérêt de tous. Le moment est venu de réaffirmer ces trois principes et de les défendre, comme un tout, face aux empiétements dont la laïcité ne cesse de faire l’objet, et de rappeler fermement que ces empiétements ne sauraient faire jurisprudence.

Non à toute réécriture de la loi du 9 décembre 1905 ! Non à son contournement insidieux par quelque voie réglementaire que ce soit ! Non au tarissement de l’action publique à finalité universelle ! Non à la généralisation des entorses multiformes à la laïcité !

Le mouvement laïque saura s’unir pour empêcher toute régression de la laïcité, qui signerait une régression de la république elle-même ».

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