Les discussions avec le PS n’ont pas avancé
Hier, j’ai présenté l’article du Monde, signé Sylvia Zappi, concernant le MRC et le choix qu’aurait fait Jean-Pierre Chevènement de faire son retour au PS. L’information ne semble pas correspondre à la réalité, selon les échos que j’ai recueillis auprès de proches de Georges Sarre et de Jean-Pierre Chevènement. Les deux responsables du MRC ont très mal pris cet article et une mise au point sera demandée, sous la forme d’une tribune de Jean-Pierre Chevènement dans Le Monde.
Claude Nicolet, responsable du MRC dans le Nord et secrétaire national aux questions internationales, m’a transmis le message qu’il a adressé à ses correspondants locaux, apportant les précisions suivantes.
« Il n'a jamais été question d'organiser un congrès du MRC en juin de cette année, encore moins de fusionner avec le PS lors du sien en novembre. Le secrétariat national, qui a eu lieu la veille de la parution de cet article, en présence de Georges Sarre et de Jean-Pierre Chevènement, n'a à aucun moment évoqué de pareilles perspectives.
Georges a évoqué l'organisation d'une convention en juin il y a déjà de nombreuses semaines.
L'idée de la refondation de la gauche et d'un "nouvel Epinay" n'est pas une idée neuve chez nous et nous utilisons depuis longtemps déjà cette formule qui a le mérite d'être claire.
Les divergences politiques de fond avec le PS sont nombreuses (Traité de Lisbonne par exemple) et n'ont fait l'objet d'aucune discussion digne de ce nom.
Des "contacts existent", dit le journal : c'est la moindre des choses entre formations politiques de la même famille et il n'y a là rien de nouveau ni de scandaleux.
Le Monde a encore une fois privilégié la forme à l'analyse de fond. Le débat sur la refondation de la gauche est un débat honorable, que nous devons avoir et que nous devons piloter.
J'ai, dès hier après midi, téléphoné à Jean-Pierre Chevènement avec lequel j'ai eu une longue conversation sur cet article.
Il m'a fait part de sa colère quant à la parution de cet article, qui est fondé sur des rumeurs, des bruits de couloirs, indigne d'un journaliste.
Il m'a affirmé qu'il n'était pas question de fusionner avec le PS au regard notamment des raisons citées plus haut, mais bien de se placer dans une perspective générale de refondation et pas autre chose.
Il convient donc de conserver son calme et sa sérénité devant cette petite tentative de déstabilisation ».
Selon les messages que j’ai reçus après la diffusion, hier, de l’article du Monde, l’idée de rejoindre le PS fait l’unanimité contre elle. Leurs auteurs se reconnaîtront.
Du sud-ouest : « Moi, j'avoue que ce n'est pas ma stratégie préférée ; rester à l'écart pour préparer les élections européennes me parait pour le moment le plus utile avec tous ceux qui ont voté non au référendum de 2005... Le PS me parait trop hétérogène et sans leader pour que s'y rallier maintenant ait un sens, nous nous y diluerions complètement.
Le 9 Mars c'est l'union à gauche qui a gagné, bien sûr le plus souvent avec des têtes de listes PS mais il n' y a pas que nous qui ayons obtenu des places d'élus le PC, les Verts....aussi ont été chaque fois concernés, ils ne proposeront pas pour autant de disparaître... ».
Du sud-est : « Depuis plusieurs années on se trompe de cap, nous devrions aujourd'hui tenir bon au moins jusqu'aux européennes où nous pourrions participer à un front antilibéral ».
Du nord-ouest : « Je suis évidemment favorable à un nouvel Epinay mais je n'y crois pas trop surtout au moment où la dérive du PS se poursuit ».
De l’ouest : « Hors de question de rentrer au PS : trop de choses nous séparent. Le PS est un parti quasi-centriste, européiste et démagogue. Il n'a cessé, depuis 2002, de vouloir écraser les républicains, les gaullistes de gauche, les jacobins, bref le MRC. Il mène la même politique vis à vis d'autres formations de gauche, comme le PRG. La campagne récente l'a bien montré. Et nous irions nous fondre dans ce parti là ? Ce sera sans moi, désolé.
Nous ne pourrons nous développer - et défendre les options républicaines - que si nous sommes sûrs d'agir dans le long terme. Impossible d'agir si, tous les deux ans, la question d'une fusion avec le PS est posée sur la table !
Bien au contraire, puisqu'il n'y a plus d'échéances électorales majeures, nous avons le temps pour nous ! Le temps d'agir. Le temps de convaincre. Le temps aussi de faire constater aux citoyens que les options actuelles que nous dénonçons vont avoir les conséquences néfastes que nous prédisons.
En outre, au lieu de penser à entrer dans le PS, nous ferions mieux de convaincre ceux qui veulent sortir du PS qu'ils peuvent venir avec nous
LES REPUBLICAINS DE GAUCHE NE SONT PAS MORTS ! IL EN RESTE ! ILS DEMANDENT SEULEMENT QU'ON LEUR LAISSE LE TEMPS ET LA POSSIBILITE D'AGIR !
Pour ma part, j'ai 35 ans, et il y a des camarades encore plus jeunes au MRC : qu'on nous laisse oeuvrer. Si, à nos âges, nous sommes au MRC et pas dans des grands partis, c'est parce que nous nous sommes engagés non pas par carriérisme, mais bien par conviction ».
Pour terminer cette revue de commentaires, le mien sur ce blog, après l’article d’hier et les commentaires de Christine Tasin et de Serge Maupouet, et avant de recevoir le message de Claude Nicolet.
« Une précision : il s'agit d'un article du Monde, qui arrange la situation du MRC à sa sauce, laquelle n'est pas bonne pour nous.
Nous verrons ce que Jean-Pierre Chevènement dira dimanche. Il semble effectivement las de voir se dégrader la situation de la France, sans que la gauche amorce une alternative républicaine. Il constate que les positions du MRC ne sont pas à la hauteur de ce qu'il souhaitait, c'est le moins qu'on puisse dire.
Alors, il va proposer de lancer un appel à un nouvel Epinay, tout en étant conscient que la situation actuelle est bien différente de 1971. Mais il doit avoir des relations avec des dirigeants du PS, qui laissent espérer qu'il y aura un déclic dans ce parti avant son congrès de novembre.
A mon avis, il faut laisser ouvertes toutes les possibilités d'avenir du MRC, selon l'évolution du PS. Pour nous, rejoindre le PS n'est envisageable que si le PS fait des choix stratégiques de refondation de la gauche sur des bases républicaines.
Ce qui sortit du congrès d'Epinay, en 1971, était une véritable surprise.
La tendance droitière (Mauroy-Defferre) de la SFIO s'alliant avec la tendance qui apparaissait révolutionnaire au sein de la SFIO (le CERES de Chevènement et Sarre), pour faire appel à François Mitterrand, le républicain de gauche, rassembleur de la gauche en 1965 (face à de Gaulle), ce n'était pas évident et cela n'a pas été compris sur le moment.
C'est pourtant ce qui a permis, dix ans plus tard, de gagner l'élection présidentielle.
Le PS actuel est profondément divisé et travaillé par Ségolène Royal, qui veut faire bouger les lignes et, même, casser les clivages qui datent de vingt ans (le congrès de Rennes, en 1990, j'y étais).
Elle suscite des rapprochements entre les proches de Fabius, Strauss-Kahn, Montebourg, qui veulent éviter un duel Royal-Delanoë, ce qui les obligerait à choisir entre les deux. Ils sont plus près de Delanoë, mais derrière celui-ci, il y a Jospin, l'éternel rival de Fabius.
On ne peut savoir ce qui va en sortir. Mais, c'est une situation qui peut nous permettre d'exercer une influence sur la stratégie de la gauche pour gagner l'élection présidentielle de 2012. Je suis persuadé que Jean-Pierre Chevènement a sa petite idée sur la question ».