La PAC ne doit pas disparaître, il faut la refonder
L’association pour la Fondation Res Publica, présidée par Jean-Pierre Chevènement, avait choisi un thème d’actualité « Quelle politique agricole, au défi de la crise alimentaire mondiale ? » pour sa Table ronde hier, 9 juin, à 18h30, à la Maison de l’Amérique latine à Paris.
Trois invités à ce débat, présidé par Jean-Pierre Chevènement :
- Lucien Bourgeois, membre de l’Académie d’Agriculture et responsable de la prospective de l’assemblée permanente des Chambres d’agriculture.
- Jacques Lecacheux, économiste, professeur agrégé des universités, directeur du Département des études de l'OFCE (Sciences politiques Paris) depuis 1993. Voir http://www.ofce.sciences-po.fr/pages-chercheurs/home-lecacheux.htm.
- Michel Sorin, ingénieur agronome, délégué national MRC à l’agriculture. Voir http://www.mrc-france.org/rubrique.php3?id_rubrique=21.
Les actes de cette table ronde seront publiés par la Fondation, comme l’ont été ceux du colloque organisé le 26 juin 2006 sur le thème « L’avenir de la politique agricole commune ». Voir http://www.fondation-res-publica.org/L-avenir-de-la-politique-agricole-commune_r26.html.
Je reviendrai sur les interventions et le débat, qui se sont déroulés hier soir. Je me limiterai à souligner la pertinence des questions posées par Jean-Pierre Chevènement sur ce qu’il faut penser de la PAC et ce qu’elle doit devenir.
Le contexte a radicalement changé depuis le colloque 2006, mais le diagnostic sur la PAC a peu varié. Il faut maintenir la PAC, en la refondant. La crise alimentaire (amplifiée par les autres crises, climatique, énergétique, financière) rend plus nécessaire une approche différente, évoquée par Edgard Pisani, récemment dans la presse.
De son côté, la Confédération paysanne a publié un communiqué, hier, concernant la crise alimentaire et la façon dont elle a été traitée par le sommet de la FAO à Rome.
Les dirigeants des organismes internationaux et des Etats montrent aux citoyens qu’ils sont obnubilés par l’idéologie du libre-échange, ce qui ne leur permet pas de voir les réalités sociales et les souffrances des peuples.
« FAO, les populations ne se nourriront pas avec des promesses »
« La Confédération Paysanne exprime sa profonde inquiétude face à l'immobilisme qui découle du sommet de la FAO, réuni à Rome du 3 au 5 juin. En effet, les signataires du document « encouragent la communauté internationale à poursuivre ses efforts en matière de libéralisation des échanges agricoles en réduisant les obstacles au commerce et les politiques à l’origine de distorsion de marchés ».
Depuis que l'agriculture est entrée dans l'OMC, les mêmes objectifs de réduire de moitié la faim dans le monde avaient été annoncés. Rien n’a changé; bien au contraire : les écarts entre pays riches et pays pauvres se creusent ! Nous dénonçons cette politique irresponsable qui consiste à en accélérer le processus. Elle aboutira à l'aggravation de la famine dans le monde, mise au cœur de l'actualité par les émeutes de la faim, suite aux spéculations multiples faites sur les produits de base et de première nécessité.
La Confédération Paysanne dénonce les orientations agricoles européennes et internationales qui détruisent les agricultures du monde entier, en particulier :
- le développement de cultures d'exportations au détriment des cultures vivrières.
- le développement des agrocarburants qui détournent des milliers d'hectares agricoles de la production alimentaire; en particulier en Europe où les modes de production n'ont aucun intérêt technique pour réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre.
- l'orientation de plus en plus libérale de la PAC et de l'OMC qui livrent les prix agricoles, c'est à dire le prix de l'alimentation, au jeu de la spéculation mondiale.
Les citoyens Européens doivent exiger de la prochaine réforme de la PAC qu'elle revienne sur les fondamentaux : organiser et planifier les productions agricoles et sécuriser les prix, soutenir et développer une agriculture économe en énergie, en eau, en ressources rares... en travaillant à l'adaptation des systèmes de production aux potentialités des territoires, à l'évolution du climat et aux enjeux du développement durable. Ce sommet de la FAO tourne le dos aux espoirs annoncés d’aller vers la souveraineté alimentaire, seule garante d’une agriculture pour nourrir les hommes, apte à préserver les populations de la famine et des guerres alimentaires ».
Voir http://www.confederationpaysanne.fr - Régis Hochart, Porte Parole 06 08 75 00 73
La Confédération paysanne présente au MRC son projet pour l'agriculture - 21 12 2006