Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
  • Contact

Texte libre

Recherche

Courriel

 

 

 

 

Articles RÉCents

9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 20:15

La Géorgie, va-t-en-guerre, au-delà de ses forces ?

 

La Géorgie est la pointe avancée du Caucase vers l’Alliance atlantique, mais son fougueux président a-t-il bien mesuré le rapport des forces actuel ? Le président Saakachvili a voulu provoquer et tester les réactions de ses alliés américains et européens, face à la Russie. Il ne semble pas avoir compris que la Géorgie reste en dehors de l’OTAN.

 

L’union européenne, pas plus que les USA, ne désire une confrontation militaire avec la Russie. Celle-ci a une idée bien arrêtée sur la question. Voici ce qu’écrivait Bernard Guetta, dans Libération, le 23 avril 2008. 

 

« Le message du Kremlin »

 

Pour empêcher l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Otan, la Russie menace de favoriser leur éclatement. Elle en aurait tous les moyens. Une crise couve en Europe, grave, mais parfaitement évitable. Une crise, une vraie, politique et potentiellement militaire. On peut la circonscrire, mais le temps presse car un engrenage s’est enclenché, mercredi dernier, quand la Russie a annoncé sa décision de «coopérer avec les autorités de fait» de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, les régions sécessionnistes de Géorgie.

C’était un message aux Occidentaux. La Russie vient de leur dire que, s’ils n’abandonnaient pas l’idée de faire entrer l’Ukraine et la Géorgie dans l’Otan, elle favoriserait l’éclatement de ces deux anciennes républiques soviétiques qui bordent ses frontières. Ce n’est pas une menace en l’air.

En Ukraine, au cœur du continent, la Russie n’aurait qu’à attiser les divisions qui s’étaient exprimées pendant la présidentielle de 2004, lorsqu’il avait fallu la «révolution orange», deux mois de manifestations, pour imposer la victoire du candidat proeuropéen sur celui des prorusses. A chaque scrutin, la carte électorale reflète cette fracture. L’Ukraine occidentale, dont l’Eglise est liée au Vatican, regarde vers l’ouest. L’Ukraine orientale, russophone, orthodoxe et dépendante de l’économie russe, ne veut pas rompre avec Moscou. Il y a deux Ukraine et ce n’est pas tout. Presqu’île de la mer Noire, grande base navale de l’URSS et, maintenant, de la Russie, la Crimée n’est ukrainienne que depuis que Khrouchtchev l’avait intégrée, dans les années 50, à la république socialiste soviétique d’Ukraine. Historiquement, la Crimée est russe. Economiquement, elle l’est restée et, si elle devait en faire un, son choix serait acquis d’avance.

Quant à la Géorgie, au sud, ce n’est pas qu’elle pourrait éclater si le Kremlin y poussait. Elle est déjà fracturée depuis que les Abkhazes et les Ossètes ont décidé de rompre avec elle après qu’elle eut déclaré son indépendance dans la foulée de l’effondrement soviétique. Entre deux capitales étrangères, ces peuples avaient préféré la plus lointaine, Moscou plutôt que Tbilissi, parce qu’ils ne sont pas géorgiens et voulaient défendre leur identité.

Ravie de pouvoir garder un pied en Géorgie, la Russie les avait aidés en armes et en argent. Elle les avait soutenus dans leurs guerres, mais elle n’a pas inventé ces séparatismes, pas plus qu’elle n’aurait à le faire en Ukraine. Elle les a seulement amplifiés pour s’en servir, un jour, de monnaie d’échange et, face à l’éventualité d’un élargissement de l’Otan jusqu’à ses frontières, elle transforme cette protection officieuse en «coopération» officielle, donnant à voir qu’elle n’est pas plus impuissante sur son flanc occidental que méridional.

Le Kremlin se sent d’autant plus fort que les Occidentaux lui ont offert un précédent avec l’indépendance kosovare. S’ils ont pu s’asseoir sur le droit international en approuvant cette modification unilatérale des frontières serbes, pourquoi la Russie ne pourrait-elle pas le faire en Ukraine et en Géorgie ? Pourquoi ne pourrait-elle pas y invoquer, à son tour, le droit à l’autodétermination de régions à l’identité tout aussi affirmée que celle du Kosovo ? Une machine infernale s’est mise en marche. Elle porte en elle des conflits en Europe et, surtout, un affrontement politique tous azimuts entre la Russie et l’Alliance atlantique.

L’époque se passerait de tels luxes. Devant de tels dangers, les arguments ressassés ne tiennent plus. Les Occidentaux ne peuvent plus continuer à dire que, la guerre froide enterrée, la Russie n’aurait rien à craindre de ce nouvel élargissement de l’Otan alors qu’on imagine aisément ce que serait la réaction américaine si le Mexique et le Canada devaient entrer dans un système de sécurité dominé par Moscou.

Les Russes ne peuvent plus, eux, faire semblant d’ignorer la profondeur des craintes que leurs nostalgies impériales entretiennent dans leurs anciennes possessions. Il faut dépasser les raisons des uns et des autres, ces réminiscences d’un siècle passé, et un bon moyen de le faire serait de s’accorder sur une neutralisation de l’Ukraine et de la Géorgie - sur une création de zones tampons qui serait la première pierre de l’entente cordiale à bâtir entre l’Occident et la Russie. Le Kremlin ne souhaiterait que cela.

Ce serait tellement l’intérêt des Européens que Paris et Berlin viennent de s’opposer à une entrée immédiate de Kiev et Tbilissi dans l’antichambre de l’Otan mais il faut, maintenant, avancer cette idée de neutralité. Nicolas Sarkozy présidera l’Union à compter de juillet. Il a l’oreille des Etats-Unis. Ce serait à lui de le faire.

Pour en savoir plus sur les évènements en cours, voici une revue de presse :

Tension au plus fort entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud - Le Monde, Luc Vinogradoff, 7 août.

 

Conflit Est-Ouest au cœur du Caucase - Libération, Philippe Grangereau, Lorraine Millot, Marc Semo, 9 août. Les combats en Ossétie du Sud sont les premiers affrontements de l’après-guerre froide entre la Russie et la Géorgie, soutenue par Washington, dans une région stratégique riche en hydrocarbures.

 

Ossétie: comprendre la nouvelle guerre du Caucase

Rue89, David Servenay, 8 août.

Hasard ou ruse de guerre ? Les Géorgiens ont choisi la trêve olympique pour lancer une vaste offensive dans la nuit de jeudi à vendredi sur l’Ossétie du Sud. Selon les dernières dépêches, l’armée géorgienne a pris, puis reperdu, le contrôle de la capitale ossète. Des forces russes participent aux combats. D’où vient ce conflit ? Quels en sont les enjeux ? 

  

Partager cet article
Repost0

commentaires