Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
  • Contact

Texte libre

Recherche

Courriel

 

 

 

 

Articles RÉCents

15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 20:28

L’agriculture vivrière mobilise moins que la banque

 

Dans le monde, presque un milliard de personnes ont faim. La crise alimentaire en a fait augmenter le nombre, sans provoquer de mobilisation générale. Car cela ne touche pas directement l’Europe et les USA. On voit la différence avec la crise bancaire et financière. Mais celle-ci ne va pas manquer d’accentuer la crise alimentaire. C’est tout le système d’organisation économique qui est à reconsidérer par les responsables politiques de la planète. Vaste programme …

 

Voici une dépêche de l’AFP, datée du 14 octobre, qui rappelle l’importance et l’urgence de la question agricole et alimentaire.

 

La faim progresse et fait renaître l'intérêt pour l'agriculture vivrière

 

Alors que la faim progresse dans le monde, les organisations spécialisées insistent, à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation et en pleine crise financière, sur la nécessité d'investir massivement dans l'agriculture vivrière.

 

Mi-septembre, le directeur général de la FAO Jacques Diouf a annoncé de nouveaux chiffres alarmants sur la faim dans le monde touchant aujourd'hui de 923 à 925 millions de personnes contre 850 millions avant la flambée des prix et les émeutes qui l'ont suivie au printemps dernier.

 

Dans la foulée, M. Diouf a accusé les dirigeants du monde d'avoir ignoré les avertissements lancés par son agence onusienne sur la crise alimentaire estimant que ce qui avait manqué pour enrayer la crise était à la fois la volonté politique et les moyens.

 

Selon la FAO, l'investissement dans l'agriculture entre 1980 et 2006 est tombé de 17% à 3% alors que la population mondiale a cru pendant ce temps de 78,9 millions chaque année. Parallèlement, les biocarburants ont privé le monde de 100 millions de tonnes de céréales comme le maïs ou le blé qui pourraient servir à alimenter des Hommes, a-t-elle souligné.

 

"Le fait que la faim touche près d'un milliard de personnes dans le monde oblige tous les bailleurs à revoir l'orientation de l'aide et à en diriger à nouveau vers l'agriculture vivrière qui avait été un peu négligée ces dernières années au profit des secteurs de la santé et de l'éducation", souligne Stéphane Delpierre du service d'aide humanitaire de l'Union européenne (ECHO).

 

"Relancer l'activité des petits paysans et lutter avec des programmes coordonnés contre la malnutrition qui menace de mort 19 millions d'enfants, sont les deux priorités actuellement face à la crise alimentaire", enchérit Erika Wagner de la Fondation Clinton.

 

"Depuis des années, nous insistons sur le manque de soutien au développement de l'agriculture du sud qui rendait la crise actuelle largement prévisible", souligne Catherine Gaudard, directrice du plaidoyer du Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre solidaire (CCFD).

 

"Mais des fonds supplémentaires, s'ils finissent par être versés en ces temps de crise financière, ne suffiront pas", ajoute-t-elle. "Il faut des politiques commerciales cohérentes pour permettre à ces agricultures de se développer et s'appuyer sur des agricultures familiales car s'il s'agit de financer le développement d'agricultures industrielles intensives ou d'investissements étrangers cela ne répondra pas au problème".

 

Pour Caroline Wilkinson, d'Action contre la Faim, "même si les programmes de relance agricoles sont extrêmement importants, l'urgence aujourd'hui est de traiter les 55 millions d'enfants qui souffrent de malnutrition".

 

En août, le Programme alimentaire mondial avait annoncé la mise en oeuvre d'un programme d'aide pour lutter contre la crise alimentaire de 142 millions d'euros dans 16 pays particulièrement touchés par la faim dont l'Afghanistan, Haïti, le Liberia, le Mozambique, l'Ethiopie et la Somalie.

 

Mais selon l'agence onusienne, l'aide alimentaire internationale est tombée en 2008 à son niveau le plus bas depuis 40 ans.

 

Pour Florence Lasbennes, agronome en poste au ministère français des Affaires étrangères sur les questions de développement de très long terme, dans le monde "le politique n'avait absolument rien à faire des 800 millions de paysans qui souffraient de la faim avant les émeutes".

 

"La question est aujourd'hui, en a-t-il quelque chose à faire ?", s'interroge Mme Lasbennes, avant de poursuivre avec diplomatie: "Je préfère laisser la question en suspens".

 

 

Pour sa part, Laetitia Clavreul, dans un article paru ce 15 octobre sur le site du Monde, présente l’argumentation de la FAO et exprime ses doutes pour l’avenir.

 

La crise risque d'aggraver la situation alimentaire

 

La faim gagne du terrain. Actuellement, 923 millions d'humains en souffrent dont 75 millions de personnes supplémentaires en 2008, en raison de l'envolée des prix agricoles et du pétrole. C'est le bilan que dresse l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à la veille de la Journée mondiale de l'alimentation, fixée jeudi 16 octobre.

Cette aggravation de la sous-alimentation n'est peut-être qu'un début. "Ce que nous avons vécu cette année, avec les émeutes de la faim, n'était pas une crise, mais une alarme. Si crise alimentaire d'ampleur mondiale il y a, elle est devant nous", estime Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO. Car les marchés agricoles restent tendus, et la crise financière risque d'aggraver la situation.

Des signes d'amélioration sont pourtant perceptibles. La récolte 2008-2009 va battre des records. Selon la FAO, la production mondiale de céréales devrait augmenter de 2,8 %, notamment grâce à l'extension de la culture du blé. Ces perspectives ont permis une baisse des prix depuis six mois sur les marchés mondiaux qui avaient atteint des sommets au printemps.

RÉGLEMENTATION DE LA SPÉCULATION

Et après ? Rien n'est sûr. "A la moindre mauvaise récolte, les prix flamberont. Comme rien n'a été fait, nous ne sommes pas à l'abri d'une succession de crises alimentaires", estime Hervé Guyomard, économiste à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). "Est-on prêt pour une nouvelle augmentation de prix à l'avenir ?, interroge M. Abbassian. Je crains que non, alors que l'impact sera certainement encore plus fort pour les pays pauvres."

La crise du printemps a permis de prendre conscience des erreurs du passé et de tomber d'accord sur quatre nécessités : investir dans l'agriculture, promouvoir l'autosuffisance alimentaire de chaque pays - et donc les cultures vivrières -, miser sur les exploitations familiales pour assurer l'alimentation des plus pauvres, pour la plupart paysans, et développer des modes de production durable.

Mais, sur les raisons mêmes de l'envolée des cours, il n'y a pas consensus : le rôle des agrocarburants ou ceux de la spéculation et des changements des modes alimentaires dans les pays émergents font toujours débat. Par conséquent, aucune décision n'a été prise par la communauté internationale qui, en outre, n'a pas honoré ses engagements financiers. "Même si la production augmente, le véritable problème est celui des revenus et de l'accès des plus pauvres à la production", estime François Danel, directeur général de l'ONG Action contre la faim.

Le problème risque même d'être amplifié par la crise financière. Car pour assurer la sécurité alimentaire mondiale d'une population qui croît, il faut investir. Or les fonds publics risquent désormais de manquer pour, par exemple, développer à moyen terme l'agriculture africaine et, dès cette année, pour financer l'aide alimentaire, craignent les organisations non gouvernementales (ONG).

A court terme, c'est donc sur les agriculteurs des pays développés qu'il faut compter pour augmenter la production. Mais rien ne dit qu'ils relèveront le défi si le crédit se raréfie et que l'achat de semences et de fertilisants s'avère impossible. De plus, faute de crédits, "les pays pauvres auront du mal à financer leurs importations de denrées", redoute Abdolreza Abbassian.

Selon de nombreux experts, pour éviter une crise alimentaire majeure à venir, il faudra réduire la volatilité des prix, plus inquiétante que les cours élevés pour les consommateurs des pays pauvres comme pour les producteurs. La solution pourrait être d'utiliser des stocks régionaux afin de remettre de la marchandise sur le marché en cas de déséquilibre entre l'offre et la demande. Jusqu'ici, c'est le rôle qu'avaient joué les stocks européens et américains, avant que ces outils de régulation disparaissent.

Sur ce point, la crise financière pourrait s'avérer bénéfique. Même si, ces dernières semaines, elle a occulté la crise alimentaire, elle a aussi fait ressurgir l'idée d'une régulation mondiale. Sur la scène alimentaire, le débat avait émergé au printemps. L'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri), basé à Washington, qui estime nécessaire une coordination mondiale, avait ainsi appelé à la réduction et à la stabilisation des prix grâce à la mise en place d'une réglementation de la spéculation et de stocks de céréales publics partagés. Mais les nombreuses voix qui s'étaient élevées alors semblaient inaudibles.

Lire cet article sur le site du Monde La crise risque d'aggraver la situation alimentaire.

 

On y apprend que 22 pays sont classés « vulnérables », selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

89 % des personnes souffrant de la faim vivent en Asie ou en Afrique. Vingt-deux pays sont notamment vulnérables à la flambée des prix en raison de sous-alimentation chronique, ainsi que d'une forte dépendance vis-à-vis des importations de produits pétroliers et de céréales. Il s'agit de l'Erythrée, du Niger, des Comores, du Botswana, du Liberia, du Burundi, de la Sierra Leone, du Zimbabwe, de l'Ethiopie, de la Zambie, de la République centrafricaine, du Mozambique, de la Tanzanie, de la Guinée-Bissau, de Madagascar, du Malawi, du Rwanda, du Kenya, du Tadjikistan, du Cambodge, de la Corée du Nord et d'Haïti.

En complément, on peut lire que « le programme alimentaire mondial (PAM) va modifier de manière radicale sa politique d'achat des produits agricoles qu'il distribue dans les pays confrontés à des crises alimentaires. Plutôt que de puiser dans les stocks des pays riches, l'agence des Nations unies prévoit de se fournir désormais auprès des agriculteurs des pays pauvres. Ce faisant, le PAM va accentuer sa mission d'agence de développement ».

 

Lire la suite Les Nations unies réorientent leur politique d'achat des produits agricoles vers les pays pauvres (Jean-Pierre Tuquoi, 15 octobre).

 

Voir aussi les articles déjà parus sur ce blog sous la rubrique AGRICULTURE et PAC.

Partager cet article
Repost0

commentaires