La laïcité, condition du VIVRE ENSEMBLE
Nous avons célébré, le 9 décembre 2005, le centenaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, symbole de l’ancrage de la République au principe fondamental de la laïcité. Inscrite aujourd’hui à l’article 1 de la Constitution, la laïcité continue pourtant d’être la cible de nombreuses attaques.En effet, si la menace que faisait peser sur les principes laïcs le projet de traité constitutionnel européen a été écartée par le vote du 29 mai, d’autres signes appellent à la vigilance.
Ainsi l’actuel ministre de l’Intérieur a-t-il dit et écrit qu’on pouvait « faire évoluer » le texte de la loi de 1905. En réalité, on perçoit bien ses arrière-pensées : flatter le communautarisme ethnique qui fait la paire avec l’ultralibéralisme économique dans la définition du modèle de société anglo-saxon, si cher au président de l’UMP.
Mais d’autres menaces viennent de certains qui, au nom du progressisme, préfèrent prôner le droit à la différence plutôt que la laïcité. Loin d’être un combat d’arrière garde, la laïcité est un mode de vivre ensemble qui laisse les options spirituelles et les identités particulières dans la sphère privée en créant un espace public universel où n'existent que des citoyens libérés. Ainsi, garantie d’égalité, elle assure la paix sociale et l’émancipation des citoyens. C’est en quoi elle est une valeur éminemment progressiste. Progressiste, la laïcité le fut dès l’origine comme arme de lutte contre les discriminations. Héritière des Lumières, elle fut la première protection des religions minoritaires : en cantonnant le fait religieux dans la sphère privée, on garantissait l’égalité des droits. Progressiste, la laïcité l’est aussi lorsqu’elle accompagne les luttes des femmes pour leur émancipation : refus du voile religieux lorsqu’il est ressenti comme une oppression, défense de l’IVG comme une liberté pour la femme de disposer de son corps. Progressiste encore, la laïcité doit parfois aider les avancées de la science : ainsi faut-il rappeler que la Procréation Médicalement Assistée, fort heureusement largement répandue en France, est toujours refusée par l’Eglise catholique. Les questions de bioéthique pourront aussi trouver certaines réponses dans les principes laïcs. Ces principes doivent continuer de nous éclairer. En permettant aux citoyens de mettre en avant ce qu’ils ont en commun plutôt que ce qui les distingue, en favorisant l’égalité des droits plutôt que le droit à la différence, en promouvant le lien social plutôt que le repli communautaire, la laïcité est plus pertinente que jamais pour appréhender les problèmes de notre société et réunir les citoyens qui croient en leur destin commun.