ORIENTATIONS POUR L’ECOLE (4ème partie) Après avoir réaffirmé la mission première de l’Ecole (1ère partie), écarté les faux remèdes (2ème partie), puis proposé les vraies solutions pour l’Ecole (3ème partie), Michel Vignal*, en tant que responsable de la commission éducation du MRC, aborde dans cette 4ème partie les différents éléments de la reconstruction, afin que l’Ecole reparte sur des bases solides au niveau de chaque cycle d’enseignement. Quatrième idée : RECONSTRUIRE DES BASES SOLIDES DANS LES DIFFERENTS CYCLES D’ENSEIGNEMENT. A l’école primaire, un redressement est nécessaire, car sa tâche est fondamentale. Les savoirs élémentaires doivent être mieux maîtrisés .La maîtrise en premier lieu de la langue française est la clef de tout, la clef de toute réussite ultérieure. L’accent doit être mis sur le décodage de l’écrit, l’orthographe et la grammaire. La qualité des apprentissages fondamentaux est un « devoir d’Etat », en particulier vis-à-vis des enfants des couches populaires qui n’ont que l’école pour se faire une place dans la société. Les préapprentissages à la maternelle, assurés dès 2 ans si les parents le souhaitent, doivent être renforcés et les difficultés individuelles détectées et remédiées précocement. Il faut revenir sur la réforme des cycles qui a largement échoué et instituer des programmes simples, structurés, rigoureux, qui redonnent toute leur place à une solide progressivité et au contrôle des acquisitions. Ces savoirs ne doivent pas être réduits comme le prévoit le socle commun de la loi Fillon. L’examen probatoire avant l’entrée en 6ème, proposé par Jean-Pierre Chevènement, permettra de relever les niveaux d’exigence en amont à l’école élémentaire et de rendre moins hétérogènes les classes de collège. Les élèves qui ne maîtrisent pas les apprentissages fondamentaux bénéficieront de modules de soutien avec des groupes spécialisés de petite taille. Au collège, tout en gardant un collège démocratique, le terme de collège « unique » est devenu une illusion qui dessert majoritairement les élèves. A partir d’une culture générale commune, qui doit être assurée jusqu’à 16 ans, nous souhaitons des options renforcées et des pré-filières qui préfigurent le lycée, à partir de la 4ème, plutôt qu’une indifférenciation desservant les élèves les plus en difficulté autant que les meilleurs. Il faut tenir compte, plus qu’actuellement, des goûts et des aptitudes des collégiens. Les voies de l’éducation sont multiples et il y a différentes formes du mérite. Pour des élèves en rupture scolaire, il est préférable d’offrir des voies diversifiées, faisant place aux stages professionnels ou au préapprentissage avec accompagnement éducatif, comme cela est proposé précédemment. Et parallèlement, doivent être conçues des formations passerelles qui permettent à ceux qui le veulent et le peuvent de rejoindre un enseignement général et à d’autres de faire un choix réfléchi et positif pour l’enseignement à caractère professionnel. Le lycée, lui-même déjà diversifié, doit retrouver partout qualité et exigence afin de préparer un Baccalauréat qui doit rester essentiellement un examen national anonyme et suffisamment exigeant. Toutes les disciplines scolaires actuellement enseignées doivent y garder leur place. Nous sommes également favorables à la multiplication des lycées polyvalents, articulant voies générale, technologique et professionnelle avec les passerelles nécessaires entre les filières. La voie professionnelle (dont l’apprentissage) et l’enseignement technologique doivent être revalorisées comme voies de la réussite, ce qui est un travail de longue haleine, lié à l’amélioration souhaitable des carrières des ouvriers, des employés et des techniciens et à des changements de mentalités. Le service public national de l’orientation doit être renforcé en liaison avec les enseignants, afin de lui donner plus de moyens et d’efficacité dans l’accomplissement de sa tâche d’information et d’orientation des élèves et des familles. Son action devra être aussi tournée vers les écoles de parents nouvellement crées. CONCLUSION Le travail est immense. Il faut des moyens financiers, mais ce n’est pas qu’une question de moyens. Est-ce que la gauche sera dans ce domaine capable d’effectuer le redressement nécessaire ? Il le faut. C’est le sens des propositions de Jean-Pierre Chevènement et du MRC pour refonder l’Ecole républicaine. Il faut d’abord résister à l’air du temps, marqué par la crise persistante de l’éducation, par l’influence dominatrice de la forme de communication télévisuelle, si éloignée du travail scolaire et résister aussi aux formes et critères de la mondialisation libérale relayée par Bruxelles. C’est cette résistance qui déjà fait se lever les potentialités de redressement et de transformation pour une refondation associant enseignants, parents, citoyens. Pour le MRC, le combat est clair. Nous voulons une Ecole publique forte, car nous aimons la République. * Michel Vignal est professeur agrégé en IUFM dans l’Académie d’Amiens.