Chevènement y voit une forme de renoncement
Dans son blog (voir www.chevenement.fr ) aujourd’hui, Jean-Pierre Chevènement analyse l’allocution du candidat de l’UMP relative à la politique extérieure et de sécurité. Il perçoit chez Sarkozy une vision très proche de celle des néo-conservateurs américains, même si « Nicolas l’américain » se démène pour effacer sa proximité avec Bush qui lui colle à la peau depuis qu’il est allé s’excuser de « l’arrogance » française dans le bureau du président des USA. Une pensée proche des néo-conservateurs américains « L’habileté de Sarkozy ne nous fera pas prendre des vessies pour des lanternes. Lisons-le d'ailleurs plus attentivement : il exprime, dans sa doctrine de politique extérieure, une pensée étonnamment proche de celle des néo-conservateurs américains : comme eux, il déclare « refuser le relativisme culturel ». On croirait entendre Richard Perle, Paul Kagan, Paul Wolfowitz et leur maître à penser, Allan Bloom : Pour qui a écouté Nicolas Sarkozy avec attention, l'importance accordée en matière de politique de défense aux projections de forces à l'extérieur, les fameuses « OPEX », l'insistance mise sur les interventions « préventives » et la « capacité de frappe dans la profondeur » ne trompent pas : c'est vers une politique extérieure étroitement alignée sur celle des Etats-Unis que nous acheminerait le candidat « néo » conservateur s'il était élu. Combien contrastent, en regard, les expressions fortes employées par Ségolène Royal lors de son intervention sur la défense, le 3 mars dernier : En lisant attentivement l'un et l'autre des deux candidats, on voit bien que la défense européenne distincte de l'OTAN est pour Ségolène Royal une perspective essentielle, tandis que pour Nicolas Sarkozy, OTAN et défense européenne se superposent étroitement. Entre ces deux visions, il y a l'écart qui sépare l'espérance du renoncement, la volonté que la France ne sorte pas de l'Histoire et la résignation à l'ordre établi du monde.
« Les valeurs doivent être imposées. Elles doivent vaincre d'autres valeurs opposées. Les cultures se livrent la guerre les unes aux autres et il est bien qu'il en soit ainsi : car c'est seulement en triomphant des autres et non en raisonnant avec eux qu'on peut affirmer des valeurs ».
Dès lors les expressions employées par Nicolas Sarkozy : « promouvoir les droits de l'Homme », « tous les peuples ont droit à la démocratie », « l'information planétaire interdit le silence », prennent tout leur sens : dans un monde dominé par une information unilatérale, le « devoir d'ingérence » nous conduira là où les Américains voudront nous faire aller.
La presse n'a pas relevé la pique adressée à Dominique de Villepin. Tandis que celui-ci avait souhaité l'évacuation des troupes américaines d'Irak « avant la fin de 2008 », Nicolas Sarkozy opine doctement : « La France n'est pas la mieux placée pour fixer un terme … Au gouvernement irakien (sic) de décider ».
Vers une politique extérieure alignée sur celle des Etats-Unis d’Amérique
Quel contraste avec l’intervention de Ségolène Royal sur la défense !
« La France et l'Europe sont attachées au multilatéralisme. Puissances militaires, mais sans ambition impériale, elles entendent contribuer à la sécurité collective fondée sur le respect du droit international … La défense nationale ne signifie pas la multiplication sans discernement d'opérations extérieures qui peuvent être fort éloignées de nos intérêts directs … Sécurité d'approvisionnement européenne signifie autonomie de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis dans le domaine de l'armement… Devant le désordre du monde, nous devons faire émerger en Europe un acteur stratégique indépendant … Je n'engagerai qu'avec discernement nos armées dans des opérations extérieures, même si certaines sont indispensables pour préserver la paix ou contribuer à l'exécution des résolutions des Nations Unies. »
Europe européenne ou Europe alignée sur l’OTAN et les USA
De ces deux visions, quelle est la plus raisonnable, celle, à court terme, de Nicolas Sarkozy ou celle, à long terme, de Ségolène Royal ?
L'avenir de la France ne se trouve évidemment pas dans une vision néo-conservatrice de l'Histoire mais dans la promesse d'une « Europe européenne », avec et par la France. On dit souvent que la France suit l'Amérique avec quelques années de retard. N'importons pas à la tête de l'Etat un néo-conservateur, quand les Américains vont donner congé à celui qu'ils avaient élu ! Jouons la France contre les « néo-cons » !