En fait, Michel Rocard est un libéral à l’américaine Les réactions ont été nombreuses à l’appel de Michel Rocard en faveur d’un accord avec Bayrou. Jean-Pierre Chevènement s’est exprimé hier sur son blog (www.chevenement.fr) en rappelant les vraies différences entre les projets de Ségolène Royal et de François Bayrou. De son côté, Michel Rocard a précisé sa pensée lors d’un débat organisé ce matin par Le Monde. fr (www.lemonde.fr). Voici des citations de l’un et de l’autre à ce sujet. JP Chevènement : « La petite différence qui échappe à Michel Rocard » « Michel Rocard est fidèle à lui-même en réclamant une alliance, dès avant le premier tour, entre sociaux-démocrates et démocrates-sociaux. Il entonnait déjà des odes au marché dans les années soixante-dix, alors que les conditions de la mondialisation libérale se mettaient en place. Il fut le chantre du social-libéralisme, avant que celui-ci ne creuse un abîme entre la gauche et les couches populaires. Toujours à contretemps, Michel Rocard confond l'élection présidentielle avec une discussion programmatique, telle qu'il s'en noue quelquefois entre les deux tours d'une élection municipale. L'erreur de Michel Rocard s'énonce simplement : sur le fond, il ne voit plus de différence substantielle entre François Bayrou et lui-même. Et cela est vrai : sur l'Europe pour ne prendre qu'un seul exemple. Il oublie qu'il y a peut-être dix à douze millions d'électeurs qui, eux, font la différence et ne voteraient pas Bayrou dans l'hypothèse surréaliste qui sous-tend son appel. Celui-ci pourrait passer pour perfide, s'il n'était d'abord inepte. Seule Ségolène Royal a inscrit son programme dans le dépassement du clivage entre le « oui » et le « non », pour une Europe économiquement, monétairement et socialement redressée. C'est cette petite différence qui échappe à Michel Rocard. C'est elle qui fera la décision ». Michel Rocard : "Mon appel aura seulement servi à préparer les esprits" L’ancien premier ministre tient à marquer sa différence avec le candidat de l’UDF. Et puis surtout, je regrette de n'entendre pratiquement jamais François Bayrou parler de la dérive actuelle du capitalisme, qui me paraît être le problème le plus grave de notre temps, mais c'est de ma part une analyse de socialiste à l'évidence ». Puis Michel Rocard affirme sa profession de foi libérale à l’américaine. On comprend mieux pourquoi il a du mal à se faire comprendre en France.
Le souvenir du Goulag est trop proche, et ceux qui se disent anti-libéraux me font peur ». Enfin, Michel Rocard admet l’échec de son appel pour une alliance dès le premier tour avec Bayrou. Il conclut ainsi : Michel Rocard « La Ma seule ambition est de convaincre tout un chacun que l'éventuelle élection de Nicolas Sarkozy est un vrai danger pour la France ».