Logiquement, la conquête du PS puis de la gauche La démarche de Ségolène Royal se précise. Avec Laurent Fabius, hier soir à Lille, elle cherche d’abord à mobiliser celles et ceux qui ont voté pour elle le 6 mai afin d’éviter une défaite trop lourde dimanche. Ce matin, sur France Inter, on a retrouvé l’ex-candidate à l’élection présidentielle, qui se pose en leader de l’opposition. Après les élections législatives, elle inscrira son action dans la démarche collective du PS avec la volonté d’animer les débats et de rassembler la gauche. Voici l’article paru ce jour sur www.liberation.fr sous la signature de Davis Revault d’Allonnes. « PS : Ségolène Royal sort du bois » « En tournée dans le nord, elle a promis de présenter sa propre motion au congrès de 2008 ». "Elle a fait son entrée au son de Eye of the Tiger , la musique de Rocky III. Sur la scène du théâtre de Béthune, elle a rappelé les militants à leurs martiales obligations : «Continuez à vous battre !» L'humeur belliqueuse de Ségolène Royal ne vaut néanmoins que pour les législatives. Car pour ce qui relève des affaires socialistes, l'ex-candidate engage une partie d'échecs. En marge d'une journée de soutien aux candidats locaux, hier, entre Béthune, Halluin, Roubaix et Mons-en-Baroeul, elle a avancé un pion, parlant «congrès», pour la première fois de façon si explicite. Estimant devoir présenter aux militants un «arbitrage sur une ligne politique claire». Et dévoilant son jeu : «Je présenterai ma propre motion» à ce congrès, qui, à ses yeux, pourrait se tenir «avant l'été [2008, ndlr], mais après les municipales». «Elle a décidé d'entendre les militants et de prendre la tête du PS, glisse un partisan. C'est le processus qu'on attendait.» Impondérable. Depuis la défaite, plusieurs proches la pressaient de s'emparer du parti. Mais l'entreprise se heurte à un impondérable : Hollande, plutôt plus soucieux de soigner son bilan et du coup, sa future sortie que de s'effacer. Hier matin, sur RTL, il a réitéré sa volonté de tenir sa position jusqu'au «prochain congrès, qui est théoriquement fixé en 2008.» Un maintien dont Royal a pris acte : «J'aurais été candidate s'il avait démissionné. Il a décidé de rester, je l'accepte. Je m'adapte de façon consentante.» Et de la jouer mitterrandienne : «Il faut donner du temps au temps.» Un tempo que ses amis envisageaient autrement : «J'aurais préféré qu'elle se fasse élire tout de suite, mais il y a des statuts et une date qu'on ne maîtrise pas , explique l'un d'eux. Mais dire, à trois jours du premier tour, qu'elle prend le parti, c'est une accélération...» Lapsus. Pour beaucoup, le temps jouait contre Royal, risquant d'effriter son capital militant (60 % des voix en novembre). «Si elle annonce ses intentions, ça va inciter les nouveaux adhérents à rester», précise un partisan. L'intéressée, elle, ne semble guère redouter pour sa popularité : «Nous n'avons même pas besoin de nous parler pour nous comprendre», a-t-elle lancé aux militants de Béthune. Avant de se fendre d'un savoureux lapsus : «Portez nos candidats et notre candidate... nos candidates à la victoire !» Une temporisation permettrait de plancher sur la «refondation» intellectuelle et idéologique du parti. Initialement conçu comme un « debriefing de l'équipe de campagne», selon Royal, le séminaire de travail prévu en juillet à La Rochelle devrait tourner à la séance «bilan et perspectives», annonce un proche. Pas forcément centrée sur le parti : «Je ferai de l'interne et de l'externe», prévient l'ex-candidate. En attendant, Ségolène Royal tenait meeting au Zénith de Lille, hier soir, avec Laurent Fabius. Mais sans Hollande, annoncé et officiellement retenu par une réunion publique en Corrèze".