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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 20:55

 

De grandes tensions à venir sur les énergies

 Sur www.lefigaro.fr le 5 juillet, une analyse de Georges Quioc, spécialiste des questions économiques, m’a intéressé car le journaliste aborde le problème des biocarburants en se plaçant manifestement du point de vue des intérêts pétroliers. C’est une vision radicalement différente de celle de Libération (voir l’article, hier, à ce sujet). Elle a le mérite de la clarté et pointe des problèmes bien réels, d’ailleurs soulignés également par les journalistes de Libération. Voici ce texte.

 « Les carburants végétaux, une alternative écologique incertaine qui masque de vrais risques »

 Les vacanciers risquent de devoir s'habituer à une pointe saisonnière des prix du pétrole au moment des grands départs. La flambée actuelle est le symptôme d'une offre mondiale tendue. La décision du Venezuela, cinquième exportateur mondial, qui vient de décider de nationaliser son industrie pétrolière ne peut que contribuer à un ralentissement de sa production, de l'avis des experts.

 Face à cette tension du marché, rien ne garantit que les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pourront ouvrir leur robinet pour compenser la baisse des exportations vénézuélienne.

 La cause est connue : les pays de l'Opep n'ont pas anticipé la fringale énergétique de la Chine et de l'Inde et n'ont pas assez investi pour développer de nouveaux gisements. Au moindre aléa politique, climatique ou saisonnier, le baril flambe. Il a dépassé les 70 dollars la semaine dernière.

Le pire est peut-être à venir. Loin de mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard, les pays de l'Opep menacent au contraire de freiner leurs investissements. Ils craignent, disent-ils, de dépenser inutilement des capitaux pour produire du pétrole qu'ils ne parviendront pas à vendre.

 De fait, aux Etats-Unis, George Bush veut réduire la consommation de pétrole de 20 % au cours des dix prochaines années au profit de l'éthanol. Et l'Union européenne a décrété l'utilisation de 5,75 % de carburant végétal dans la composition de l'essence et du diesel à partir de 2010. Du coup, la prévision de la demande de pétrole dans les années à venir devient incertaine.

 L'Opep estime qu'en temps normal, c'est-à-dire « en l'absence de changements technologiques et de politiques énergétiques importants » la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de plus de 42 % à l'horizon 2030. Pour répondre à une telle augmentation l'Opep vient de chiffrer les dépenses de prospection et d'équipement à 2 400 milliards de dollars au minimum ! C'est un effort titanesque, mais pas hors de portée. À condition que les pays consommateurs n'investissent pas massivement au même moment dans les carburants végétaux de substitution, prévient l'Opep.

Les pays consommateurs sont donc invités à peser avec soin les avantages et les inconvénients de leurs politiques de soutien aux biocarburants. Et notamment bien mesurer leur bilan écologique.

Selon un rapport commandé par Bercy, l'économie de CO2 réalisée grâce aux biocarburants ne représentera qu'à peine 5 % du total des gaz à effet de serre émis par le transport routier français. C'est une petite économie, qui coûtera cinq à dix fois plus cher que les investissements nécessaires pour économiser les mêmes émissions par d'autres moyens, estime le rapport.

 Ce bilan écologique devient carrément négatif lorsque l'on y intègre les retombées des stratégies des pays émergents. Pour produire du « pétrole vert » des millions d'hectares de forêts partent en fumée chaque année au Brésil et en Indonésie. Cette déforestation serait responsable de 20 % des émissions annuelles totales de CO2, soit 3 milliards de tonnes, selon un rapport publié par la Banque mondiale en octobre dernier. Or les forêts sont des « pièges » à CO2. Elles absorbent des gaz à effet de serre et sont donc plutôt à protéger.

 Dernier inconvénient des biocarburants, leur développement se fait au détriment de l'alimentation humaine. Pour faire face à la demande de plantes nécessaires à la fabrication de l'éthanol de plus en plus de terres cultivables sont soustraites aux cultures alimentaires.

 Aux États-Unis, 5 millions d'hectares de maïs supplémentaires ont été ensemencés l'année dernière, soit l'équivalent de la superficie de la Suisse ! Conséquence le prix des terres cultivables flambe. La hausse a atteint 35 % l'année dernière dans l'État de l'Idaho aux États-Unis.

 En raison de la part grandissante de maïs consacrée à la production d'éthanol, le prix de la nourriture du bétail en Chine a augmenté de 25 % l'année dernière.

 L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) vient de tirer la sonnette d'alarme sur ce phénomène qui s'est traduit par une hausse de 9 % cette année des dépenses globales d'importations alimentaires des pays en voie de développement.

Dans ces conditions pourquoi la production de biocarburants fait-elle l'objet d'un quasi-consensus dans la classe politique ? Essentiellement parce qu'elle va permettre d'offrir des débouchés aux agriculteurs lorsque la politique agricole commune (Pac) arrivera à son terme en 2012.

 « Il est logique, dans un contexte où l'agriculture française et européenne risque de connaître une crise majeure par suite de la concurrence internationale, que les biocarburants suscitent de grands espoirs, mais il convient de considérer ce débouché plus comme un complément de revenu stable face aux aléas du marché mondial que comme une solution miracle susceptible de sauver l'agriculture française », conclut le rapport du gouvernement.

Ainsi les biocarburants offrent une médiocre solution au problème des agriculteurs, mais risquent de soulever de vrais problèmes pour le prix du pétrole, l'alimentation humaine et l'environnement.

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