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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 18:01

 

Réchauffement climatique et coût du pétrole

 L’intérêt de développer l’énergie nucléaire n’est pas une évidence qui s’impose spontanément. Il y a des arguments pour et des arguments contre (voir, à ce sujet, sur ce blog, le compte rendu de la rencontre CIVIQ du 26 octobre 2006 à Saint-Berthevin, mis en ligne le 21 avril 2007). Ce n’est pas un débat de nature religieuse (ce n’est pas une question de foi).

 C’est un débat éminemment politique, dans lequel les partis et les citoyens doivent s’exprimer clairement, et l’Etat prendre ses responsabilités.

 Le quotidien Libération se fait l’écho, ce 6 août, de la tendance des Etats à opter pour l’énergie nucléaire, en raison de la lutte contre les gaz à effet de serre d’une part et de la hausse des prix du pétrole d’autre part.

 Les deux précédents articles sur ce blog reprenaient le résumé du rapport de l’Académie des sciences sur les choix énergétiques, dans lequel la question de l’électricité d’origine nucléaire est primordiale.

Je propose aujourd’hui l’article paru sur www.liberation.fr sous la signature de Alexandra Schwartzbrod, complété par des réactions d’internautes et des chiffres concernant le nucléaire en France et dans le monde, publiés ce matin sur le site du journal.

 « Le nucléaire se fait courant alternatif »

 La lutte contre le réchauffement climatique et le prix du pétrole incitent un nombre croissant d’Etats à se tourner vers l’atome.

 « C’est incroyable, mais c’est ainsi : le nucléaire est redevenu tendance. Mieux (ou pire) même, certains n’hésitent plus à ranger l’atome parmi les énergies «vertes», voire «renouvelables», ce qui fait rire jaune les Verts de tous horizons, notamment en Allemagne où les Grünen avaient, à la fin des années 90, réussi le tour de force, accident de Tchernobyl aidant, de pousser le pays à se désengager du nucléaire.

 Deux raisons à ce renversement de tendance : la guerre planétaire lancée contre le réchauffement climatique, qui donne soudain au nucléaire cette vertu incontestable de ne pas produire de gaz à effet de serre, et la hausse des cours du pétrole, qui pousse les Occidentaux à chercher une alternative aux énergies fossiles.

 Boum

 C’est ainsi que la Grande-Bretagne, qui s’est faite le héraut de la lutte contre le réchauffement et voit avec angoisse s’amenuiser les réserves de pétrole et de gaz de la mer du Nord, envisage d’investir dans de nouvelles centrales nucléaires.

 Tout comme les Etats-Unis, qui n’en ont pas construit depuis trente ans et comptent bien rattraper leur retard.

 Le Brésil a décidé, lui, de relancer son programme nucléaire, gelé depuis plus de vingt ans («C’est une énergie propre, qui n’émet pas de CO2», s’est emballé le président Lula). Israël a déclaré, la semaine dernière, examiner la construction d’une centrale pour réduire sa dépendance au pétrole et au charbon.

 Quant aux nouveaux pays de l’Union européenne (Lituanie, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie.), ils plébiscitent carrément l’atome afin d’éviter toute dépendance énergétique envers la Russie. Jusqu’aux Allemands, dont la coalition est en train de se lézarder sur la question. A l’heure de la lutte contre le CO2, un récent rapport gouvernemental rappelait que le maintien du nucléaire serait le moyen le plus économique d’atteindre les objectifs fixés dans ce domaine par Angela Merkel.

 La France n’est pas en reste, qui vient d’autoriser la construction d’un réacteur de troisième génération, l’EPR, déjà vendu en Finlande et bientôt en Chine où le recours à l’atome est considéré comme vital pour soutenir le boum économique.

 Bref, plus encore qu’une tendance, c’est une vraie lame de fond. Qui inquiète bon nombre d’experts. Car, à être obsédé par le réchauffement et la pénurie de pétrole, on en oublie un peu vite les risques inhérents à l’utilisation de l’atome : les accidents (Tchernobyl est un cas extrême, mais, depuis quelques mois, le Japon et la Suède sont empêtrés dans des incidents en cascade dans leurs centrales) ; la prolifération (faut-il laisser l’Algérie, la Libye, le Pakistan. se doter de centrales ?) ; et surtout l’avenir des déchets. Autant de questions qui, pour l’heure, n’ont pas ou peu de réponses.

 Réserves 

 Autre incertitude, l’ampleur des réserves d’uranium, ce métal nécessaire à l’alimentation des centrales. Selon qu’ils sont plutôt pro ou antinucléaires, les spécialistes varient, les plus pessimistes évoquant 70 à 80 ans de réserves, les autres pariant sur deux siècles.

 D’ailleurs, depuis la fin de l’année dernière, le prix de l’uranium s’est envolé (il est passé de moins de 10 dollars la livre en 2002 pour atteindre jusqu’à 135 dollars cette année), et une guerre s’est déclenchée entre puissances nucléaires pour mettre la main sur les réserves de la planète.

 Depuis des années, les mines ne fournissent que quelque 40 000 des 60 000 tonnes de combustible annuelles nécessaires pour les centrales. Un déficit compensé par les réserves, principalement issues des stocks militaires russes et américains. Or, ceux-ci sont en cours d’épuisement. D’où la bataille d’Areva au Niger pour tenter de préserver ses gisements ou l’acharnement que le groupe a mis à conclure, la semaine dernière, l’achat du producteur canadien d’uranium UraMin ».

 Voici deux réactions à cet article, parmi les commentaires des internautes

 « jamais de progrès dans le domaine nucléaire? » par « regal »

Ce qui me fait marrer avec le discours anti-nucléaire, dont cet article est plus ou moins implicitement empreint, c'est qu'on dénie au nucléaire toute marge d'évolution permettant de pallier à ses réels défauts. Eolien et solaire ne peuvent développer qu'une puissance encore marginale mais on leur prédit des bonds technologiques mirifiques; on imagine du charbon propre etc... Par contre le nucléaire serait définitivement sale et dangereux. On ne pourra pas continuer à brûler de l'uranium avec la technologie actuelle longtemps c'est sûr, mais il y a chez beaucoup d'anti-nucléaires une trop forte dose d'irrationalité à mon goût; c'est la peur du diable contemporaine. Il faudrait rappeler que ces 40 dernières années le charbon a tué beaucoup plus que le nucléaire, et que la question des déchets est grave mais gérable par une société démocratique et avancée; c'est un défi à notre sens de la responsabilité, mais elle n'implique aucune catastrophe inéluctable (contrairement à la surconsommation d'énergie fossiles)... Des déchets toxiques la civilisation industrielle en a produit d'autres en quantité et en produira de nouveaux...

 « Le nucléaire n'est PAS en expansion » par « Sortir du nucléaire »

Les rédacteurs de cet article se sont de toute évidence laissés abuser par les multiples publicités de l'industrie nucléaire. La réalité est inverse : sur les 431 réacteurs actuellement en fonction sur Terre, la majorité vont fermer dans les 20 ans. Les nouveaux réacteurs annoncés (avec fracas, mais attention au bluff) ne feront que freiner le déclin de l'atome. D'ailleurs, le 10 novembre dernier, Claude Mandil, directeur exécutif de la très pronucléaire Agence internationale de l'énergie (AIE) a déclaré : "la tâche principale de l'industrie nucléaire dans les années à venir sera de remplacer les centrales existantes qui auront atteint leur fin de vie. Cela signifie qu'on aura besoin de nombreuses centrales sans pour autant augmenter la part du nucléaire dans la production d'électricité." CQFD Quelques exemples : en Grande-Bretagne, tous les réacteurs sauf 1 auront fermé en 2020 (déjà, le 1er janvier dernier, 4 ont fermé). S'il y a (hélas) des nouveaux réacteurs, ils ne feront que freiner le déclin de l'atome. L'exemple du Brésil est purement ridicule : ce pays va déjà essayer de finir la construction d'un réacteur commencée… il y a 20 ans ! Quant à la Chine, si elle fait vraiment les 40 réacteurs annoncés, ils couvriront à peine… 0,7% de la consommation chinoise d'énergie. Globalement, le nucléaire couvre 2,5% de la consommation mondiale d'énergie, une part infime et, nous l'avons vu, qui ne va pas augmenter. Quant au prix de l'énergie, le nucléaire est très mal placé : même en décomptant les investissements publics (déjà payé) et la facture léguée aux générations futures (démantèlement, déchets), le prix de l'électricité nucléaire monte en flèche et va exploser avec la pénurie d'uranium. Et dire qu'il y a encore des gens pour croire que le nucléaire va remplacer le pétrole et, tant qu'à faire, empêcher le réchauffement climatique…  

 Quelques chiffres en France et dans le monde

 On les trouve sur www.liberation.fr ce jour.

 Le nucléaire fournit 78,1 % de l’électricité française (en 2005, selon les chiffres du ministère de l’Economie), contre 11,1 % pour l’hydraulique, 10,4 % pour le thermique et 0,4 % pour l’éolien et le photovoltaïque. La part du nucléaire dans la consommation totale d’énergie n’est que de 17 %.

 Le nucléaire assurait 16 % de la production d’électricité mondiale en 2003, selon les derniers chiffres de l’AEN (l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire). 435 réacteurs étaient en service dans le monde, dont 104 aux Etats-Unis, 58 en France, 52 au Japon, 19 en Allemagne et 30 en Russie.

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