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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 18:44

La sécurité alimentaire devrait être prioritaire

 

En deux mois, les prix des céréales, qui étaient à la baisse jusqu’en juin, ont flambé en juillet au point de mettre en danger les revenus des éleveurs et, plus grave encore, de risquer de déclencher une crise alimentaire dans le monde.

 

Voir cet article de Fabien Daireaux, paru dans L’Usine nouvelle le 31 juillet 2012. Extrait.

 

La Banque mondiale s’inquiète de la flambée des prix des céréales

 

Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, s’est déclaré préoccupé par les conséquences de la hausse des prix des céréales. Les cours mondiaux sont aujourd'hui plus élevés encore qu'en 2008 au moment des émeutes de la faim.

Les prix des céréales ont flambé sur les bourses mondiales depuis la mi-juin : plus 50% pour le maïs, 45% pour le blé ou encore 30% pour le soja. Et c’est bientôt toute la chaîne alimentaire qui devrait être progressivement touchée. Selon la Banque mondiale: « les hausses des cours vont se répercuter non seulement sur le pain et sur les produits agroalimentaires, mais également sur l’alimentation animale et, in fine, sur le prix de la viande. » Les autorités américaines prévoient 3 à 4% de hausse pour les prix alimentaires aux Etats-Unis l'an prochain. Dans ce contexte, la Banque mondiale veut agir pour prévenir une nouvelle crise alimentaire : « il faut empêcher la flambée des prix alimentaires d’avoir des conséquences néfastes à long terme pour les habitants les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète » a déclaré son nouveau président, le coréen Jim Yong Kim.

 

La pire sécheresse depuis plus de 25 ans aux Etats-Unis

Comme le rappelle la Banque mondiale, « jusqu’à début juin, les analystes s’attendaient encore à une baisse des prix pour la saison prochaine. Aux États-Unis, le maïs et certaines variétés de soja ont été plantés tôt, et, à ce moment-là, on ne pouvait pas prévoir qu’une très grave sécheresse allait survenir ». Mais depuis plus d'un mois et demi, les plants de maïs américains sont stressés par des températures record et des précipitations trop faibles. Résultat: l'état de catastrophe naturelle a été déclaré dans près de 31 Etats américains.

 

L’impact de cette sécheresse sur les cours mondiaux a été exacerbé par des stocks mondiaux de céréales insuffisants. « Il n’y a pas de véritable menace de pénurie mais cependant, les stocks sont bas et, à l’échelle mondiale, les récoltes resteront tributaires de la météo ». Et de fait, les récoltes d'autres grands pays producteurs sont également menacées par le climat: l’Europe du Nord est touchée par des précipitations excessives alors qu’à l’inverse l’Europe du Sud et de l’Est souffre d’un manque d’eau. La sécheresse qui touche le bassin de la mer Noire devrait particulièrement pénaliser les exportations mondiales de blé. Et ce n'est pas fini : en Inde, les pluies de la mousson sont annoncées en baisse de 20% et en Australie le retour possible d’El Nino inquiète les météorologues. La hausse des prix des céréales n'est donc peut-être pas finie.

 

Seul le riz semble être épargné. Grâce à un niveau de stocks important, le prix du riz n’a pas flambé alors qu’il avait plus que triplé lors de la crise de 2008. Or le riz est un aliment crucial pour l’équilibre alimentaire mondial, notamment pour les pays pauvres d’Asie. Autre élément positif qui pourrait écarter un scénario noir comparable à 2008: le pétrole, les engrais et le fret international sont moins chers qu’en 2008, ce qui réduira la facture des importations de produits alimentaires et favorisera le possible rebond de la production.

 

Le Sahel déjà touché par la faim

La première victime de la hausse des prix alimentaires pourrait être le Sahel. Alors que des milliers de réfugiés quittent le Nord du Mali, les pays du Sahel sont dans une situation alimentaire très critique. L’Onu estime que 18 millions de personnes souffrent dès aujourd'hui d'insécurité alimentaire notamment en Mauritanie, au Mali, au Niger ou au Tchad, mais également au Sénégal ou au Burkina-Faso. La moitié de ces 18 millions serait en insécurité alimentaire "critique ou extrême" (…).

 

La volatilité des cours de matières premières agricoles est répercutée entièrement sur les prix agricoles en Europe depuis le démembrement des filets de sécurité de la Politique Agricole Commune (PAC) : prix d’intervention et prix de seuil.

 

Voici ce qu’écrivait Momagri, le 4 juin 2012 (Momagri est un club de réflexion qui milite en faveur de la régulation des marchés agricoles et formule des propositions pour une politique agricole et alimentaire internationale). La hausse fulgurante des prix des céréales, cet été, n’avait pas été prévue.

 

Vers une chute des revenus agricoles en 2012 ?

 

Le revenu agricole moyen au sein de l’Union européenne, deuxième producteur agricole mondial en valeur, pourrait reculer en 2012, pour la première fois depuis 2009.
Les causes avancées : une baisse progressive et attendue des prix des céréales sur la fin de l’année 2012 ainsi qu’une augmentation globale des coûts de production, notamment des fertilisants et de l’énergie.

Le prix du blé échangé à Paris a ainsi baissé de 11% en moyenne, et les perspectives assombries de la zone Euro pour la fin de l’année se sont traduites par un repli des cotations sur la plupart des places européennes. Les surfaces emblavées en maïs dans l’hémisphère nord et les bonnes conditions climatiques aux Etats Unis laissent penser à une récolte record. Lorsque l’on sait qu’un excédent de production de 30 millions de tonnes a suffit pour faire plonger les cours en 2008, il y a lieu de redouter le pire. Parallèlement, les coûts de production ont fortement crû depuis le début de l’année, tant au niveau du prix des intrants qu’à celui de l’énergie. En Grande-Bretagne, les agriculteurs ont ainsi fait face à une hausse du prix de l’énergie de plus de 8% pour le seul mois de mars 2012 par rapport au mois de mars de l’année passée.

Cette situation est préoccupante à plus d’un titre :

- La baisse marquée des revenus d’une catégorie professionnelle aussi sensible que les agriculteurs est problématique, d’autant plus pour l’agriculture, secteur clé de la performance agroalimentaire et de la sécurité alimentaire européenne.
- La situation actuelle, caractérisée par un effet ciseaux (hausse des charges, baisse des prix), peut s’avérer dévastatrice pour de nombreux exploitants. Comment continuer à investir pour maintenir la compétitivité de l’exploitation sans revenu ?
- Ce nouvel épisode d’hypervolatilité des revenus à la baisse s’ajoute à une longue série de résultats déficitaires, entamée au début des années 2000, qui révèle la nature structurelle de la situation et donc l’incapacité des marchés agricoles à s’autoréguler et à permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur activité, sans une politique publique efficace.
- Les réformes successives de la Politique Agricole Commune (PAC) depuis le milieu des années 1990 se traduisent par une exposition accrue des agriculteurs européens à l’hypervolatilité des prix mondiaux.
- La dernière proposition de réforme proposée par le Commissaire européen de l’Agriculture Dacian Ciolos, ne modifie pas en profondeur cette orientation néolibérale.

 

Les agriculteurs européens, acteurs clés de la sécurité alimentaire et de la compétitivité agroalimentaire européennes, ne doivent pas être considérés comme la variable d’ajustement et d’équilibrage de marchés agricoles toujours plus instables, à mesure que la disparition des mécanismes de régulation fait le lit de la spéculation. C’est dans cet esprit que les grandes puissances agricoles de la planète ont institué et renforcé, à l’instar des Etats-Unis, du Brésil, ou de la Chine, des filets de sécurité efficaces du revenu de leurs agriculteurs. Il est donc primordial que l’Union européenne n’aille pas à contre courant pour la réforme en cours de la PAC.

 

Cet article est le 334ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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