Adversaire le plus souvent de la gauche républicaine
Depuis la publication de l’article Le tribun Mélenchon cite Jaurès mais n'en a pas l'esprit rassembleur - 11 mai 2013, j’ai reçu le commentaire du militant MRC et CGT de Paris, économiste statisticien, Alain Gély.
Il exprime ses réserves à l’égard du tribun Jean-Luc Mélenchon, sans la moindre agressivité. C’est seulement un constat de désaccord et il précise qu’il ne souhaite pas s’éterniser sur le « cas Mélenchon », préférant privilégier ses capacités de critique contre le « système » plutôt que contre ceux qui le critiquent en se réclamant de la gauche républicaine. Voici ce qu’il m’a écrit hier, 12 mai, souhaitant apporter les précisions suivantes.
- Mélenchon, venu de l'extrême-gauche et devenu bureaucrate miterrandiste dans l'Essonne, a été en réalité un adversaire de la ligne de gauche au sein du PS, proposée notamment par le CERES puis par Socialisme et République, notamment lors du "virage libéral" de la gauche en 1982-83
- le prétexte du combat de Mélenchon contre la gauche républicaine à ce moment décisif est sa vision gauchiste de l'internationalisme : la sortie du Système monétaire européen était présentée à l'époque par Delors Mauroy Rocard... et Mélenchon comme une rupture avec l'Europe, un repli nationaliste etc. alors que c'était le seul moyen de mener une politique de gauche au lieu d'ouvrir cette "parenthèse libérale", acceptant les inégalités et la domination outrancière de la finance, dont le PS et la France ne sont pas encore sortis ;
- c'est la même approche erronée de l'internationalisme - bizarrement confondu avec l'européisme alors que celui-ci n'est que le faux nez du libéralisme - qui l'a conduit à être un des adversaires les plus perfides du Non à Maastricht en 1992 , laissant Chevènement seul au sein du PS à mener ce combat, alors que ce traité consacrait à l'évidence le triomphe du libéralisme financier et la soumission de l'Europe et de la France à l'ordre néolibéral et atlantiste ;
- l'internationalisme traditionnel s'accompagne souvent du pacifisme : ceci l'avait conduit à rejeter, à juste titre, la guerre du Golfe en 1991 ; mais l'antimilitarisme qui semble la caractériser aujourd'hui dans son rejet de l'action en Afrique ne me semble pas compatible avec une politique de gauche responsable ; en effet, une telle politique exige que soit maintenue ou reconstituée la souveraineté nationale, pacifique mais pas pacifiste, adaptée au monde tel qu'il est et non à celui qu'on espère ; or, cette souveraineté n'est pas compatible avec le fait de se placer sous la protection des Etats-Unis ou de toute autre puissance ;
- concernant le républicanisme de JLM, présenté comme incontestable, je suis sceptique ; là encore, je m'en réfère aux faits, aux prises de position qui ont un impact dans les moments de choix réels et non aux seules déclarations d'estrade ou de tribune : j'ai le souvenir de sa position à propos de la Corse ; il soutenait la politique de Jospin contre celle de Chevènement et disait même préférer perdre la Corse que la République, comme si le fait de livrer la Corse aux nationalistes ethniques ne constituait pas un affaiblissement de la République ! http://discours.vie-publique.fr/notices/003002416.html ;
- JLM a, au contraire de 1992, fait enfin le bon choix en 2005 lors du referendum sur le traité constitutionnel européen... mais sur des bases très contestables puisqu'il appelait (et appelle encore semble-t-il) de ses voeux une Europe fédérale, radicalement incompatible avec la souveraineté populaire et nationale qu'il ne faut pas affaiblir mais au contraire rétablir en retrouvant certains attributs délaissés da la souveraineté, dont la politique monétaire ;
Au total, ses choix passés et, semble-t-il, ses pratiques personnelles ne désignent en rien JLM comme un rassembleur ; il a presque toujours été un adversaire de ceux qui tentaient de maintenir une ligne de gauche au sein du PS entre 1981 et 1993 puis de Chevènement et du MDC en 2001-2002 (tenant même de prendre la circonscription de Georges Sarre quand il l'a vu en difficulté au printemps 2002) ; après être resté au PS jusqu'en 2008, assumant de fait les politiques de ce parti jusqu'alors, il semble en avoir fait son adversaire principal, alors que rien de nouveau ne le justitfie, au contraire, et que les adversaires à combattre sont les inégalités, le libéralisme financier et le nationalisme ethnique.
Cet article est le 139ème paru sur ce blog dans la catégorie Gauche France