Des deux côtés, l’extrémisme religieux est aux manettes
L’agression militaire israélienne d’une flottille naviguant dans les eaux internationales - avec la volonté de faire cesser le blocus de Gaza - est un acte grave, engagé au nom de la liberté d’Israël de se protéger, mais qui est, peut-être, lié à la nature de plus en plus théocratique du régime juif.
Voici le texte que m’a fait parvenir Jean-Luc Bansard, au nom du bureau de l’association France Palestine Solidarité 53, le 31 mai.
Jean-Luc Bansard, le 10 octobre 2009, avec Julien Salingre
(voir L'histoire de la Palestine le 10 octobre à Laval avec Julien Salingre - 7 novembre 2009)
La barbarie n’a pas de limite. Nous avons appris avec consternation que l’armée israélienne d’occupation a attaqué ce matin à 4h la flottille de la liberté dans les eaux internationales.
Cette flottille totalement pacifique et sans armes de 6 bateaux et plus de 500 militants pour la paix dont des députés européens, tentait d’apporter une importante aide humanitaire aux habitants Palestiniens de Gaza sous blocus israélien depuis plusieurs années avec refus de laisser reconstruire les maisons et bâtiments qu’ils avaient détruits lors du massacre de décembre 2008/janvier 2009.
Les dernières informations dont nous disposons venant des militants à bord parlent de plusieurs morts et plusieurs blessés. Des sources de presse israéliennes parlent de 10 à 16 morts et plusieurs blessés. Nos pensées vont tout d’abord vers les familles de militants assassinés. Nous rappelons au gouvernement français sa responsabilité non seulement envers ses propres citoyens mais aussi envers celle de tous les militants de la liberté. Sa responsabilité morale est engagée pour avoir été inactif et inconséquent face au blocus de Gaza qualifié de crime de guerre par la commission du juge Goldstone notamment.
L’ASSOCIATION FRANCE PALESTIENE SOLIDARITÉ de la Mayenne condamne ces nouveaux crimes et appelle les citoyens mayennais à intervenir par tous les moyens auprès de tous les élus de la Mayenne pour qu’ils fassent part auprès du Gouvernement français de notre indignation et de notre écoeurement vis à vis des violences répétées de l’Etat d’Israël que les Etats dits « démocratiques » laissent faire lamentablement.
Nous appelons à un recueillement vis à vis des militants pacifiques tués. Nous exigeons que la France et l’Europe condamnent par des sanctions politiques et économiques Israël à la lever du blocus de Gaza,
Nous rappelons que le premier acte pour une Paix juste et durable au Proche Orient consiste à mettre fin à l’occupation et à la colonisation de la Palestine et aux retours aux frontières de 1967.
Voici un extrait de la publication ce 6 juin sur Internet La Lettre du Lundi qui considère que « Pire qu’un crime, c’est une faute ».
Crime assurément. Neuf morts dans un assaut qui viole nombre de règles du droit international, perpétré contre des bateaux non armés, dans une débauche de violence qui s’apparente à une action terroriste. Faute politique évidemment. Une fois de plus, en se comportant comme un « État-voyou », Israël fait la quasi-unanimité contre lui au sein de la communauté internationale. Il voit également s’éloigner un allié de poids, la Turquie, et attise un peu plus (s’il en était besoin !) la haine du monde arabe à son encontre. Pourquoi ? Quel calcul politique derrière cette décision ? Quelle explication rationnelle peut expliquer un tel comportement ?
Des raisons rationnelles ?
Si explication rationnelle il y a, il faut peut-être la chercher du côté de la politique intérieure israélienne. Au sein de son gouvernement et vis-à-vis de l’opinion publique israélienne, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, envoie constamment des signaux de « fermeté » à l’égard des Palestiniens en général et du Hamas, qui détient la bande de Gaza, en particulier. Il doit donner des gages à ses alliés d’extrême-droite des partis Shass ou Israël Beytenou qui ont fait de la haine anti-arabe leur fonds de commerce électoral. Cette explication est-elle suffisante ? Sans doute pas si l’on considère qu’à de très rares exceptions près, quel que soit le Premier ministre ou la formation au pouvoir, ce type de comportement du gouvernement israélien est devenu monnaie courante. En effet, dès que la situation entre Palestiniens et Israéliens fait mine de s’améliorer, dès que l’espoir d’une esquisse de dialogue semble voir le jour, un « incident » – le plus souvent d’origine israélienne – remet tout en cause et accroît un peu plus les tensions entre les deux communautés. On observe ainsi non seulement l’incapacité de sortir, mais surtout la volonté de rester dans un cycle perpétuel de violence, de haine, de dissensions, de ressentiments.
À ce niveau, il ne s’agit plus d’un calcul politique : tout « bon » politique essaierait, selon les circonstances, de temporiser, de prendre l’initiative, de diviser le camp adverse, voire de rallier certains « ennemis » à sa cause. Israël fait exactement le contraire : sa violence, ses excès et ses crimes, son refus de toute négociation sérieuse, ont pour conséquence et pour objectif de « radicaliser » les Palestiniens, de rendre chaque jour un peu plus impossible la mise en place d’un accord politique durable et mutuellement accepté. Si ce n’est par calcul politique « intelligent », la raison d’une telle attitude est alors vraisemblablement plus profonde, plus « culturelle ».
Des raisons « culturelles » ?
Faut-il aller les chercher du côté de la notion de « peuple élu » ? Compte tenu de l’influence grandissante des mouvements religieux traditionalistes en Israël, des phrases du Deutéronome comme « L’Éternel, ton Dieu, marchera lui-même devant toi, il détruira ces nations devant toi, et tu t’en rendras maître. Josué marchera aussi devant toi, comme l’Éternel l’a dit » sont désormais prises au pied de la lettre. Ordonnés par Dieu, l’occupation des terres palestiniennes, la soumission ou le massacre de ses habitants, deviennent parfaitement « légitimes » aux yeux d’une part croissante de la population israélienne.
On ne se soumet plus au droit des hommes, puisque l’on n’a plus de comptes à rendre qu’à Dieu. « Si obsédés par leur dieu qu’ils ont négligé l’humain » : cette phrase que Marguerite Yourcenar prête à Hadrien dans ses Mémoires reflète parfaitement le « pêché originel » d’Israël. Quand un État est fondé par et pour un groupe religieux et est donc, par essence, théocratique, la raison et l’humanité disparaissent pour laisser la place au dogmatisme et à l’intolérance (…).
Lu dans la presse
Flottille : Israël rejette une enquête internationale (Le Monde, 6 juin) - L'ambassadeur israélien aux Etats-Unis a affirmé que son pays refusait une enquête internationale sur l'intervention de Tsahal contre la "Flottille de la liberté".
L'assaut d'Israël contre la flottille humanitaire 'injustifiable" (Le Monde, 6 juin, courriels de lecteurs).
Israël : la déchirure aussi parmi les Mariannautes (Philippe Cohen, Marianne2, 6 juin)
Conflit israélo-palestinien : il n'y a pas que deux parties (Elie Arié, Marianne2, 6 juin)
Elie Arié revient sur le conflit israélo-palestinien, qui s'est envenimé depuis l'assaut meurtrier de l'armée israélienne contre la flottille de militants pro-palestiniens. Dans cette tribune, il laisse entrevoir des possibilités pour l'avenir, tout en gardant à l'esprit que la paix n'arrangerait pas tout le monde.
Sur le blog de Patrick Le Hyaric, député au Parlement européen, le 6 juin : Je condamne avec force les violences exercées contre mon amie Hanine Zoubi, députée arabe à la Knesset, et la volonté du pouvoir Israélien aujourd'hui de lui retirer son immunité parlementaire et sa nationalité, au prétexte qu'elle a été le témoin direct des massacres commis à bord de la flottille "Gaza libre " [...]. Lire la suite
Le précédent article sur ce blog concernant la Palestine est daté du 3 janvier 2010 (voir Marche pour Gaza : un an après, marcheurs au Caire, soutien à Laval).
Cet article est le 28ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.