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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 22:46

Notre projet : l’accomplissement de la République sociale

 

La motion d’orientation présentée par Jean-Pierre Chevènement et le Conseil national du MRC (voir Tout sur le Congrès du Mouvement Républicain et Citoyen des 26 et 27 juin 2010) a été complétée lors du congrès, afin de la remettre en phase avec l’actualité.  

Les compléments et amendements* sont en italique et caractères gras dans le texte, ci-après, qui a été remis aux délégués le 27 juin, puis voté à l’unanimité.

* Quelques amendements ont été acceptés par la commission des résolutions - à laquelle je participais - présidée par Patrick Quinqueton.  

A cette motion est annexé le programme de salut public, sur lequel je reviendrai.

 

2012 : le début de la reconquête de notre destin

 

Depuis l’automne 2008, le capitalisme financier globalisé est entré dans une crise profonde. L’analyse de notre dernier Congrès était à cet égard prémonitoire (« Un tsunami barre l’horizon »).

 

L’intervention (mal) coordonnée des Etats a pu, dans un premier temps, limiter les effets de cette crise : le renflouement du système financier et la relance économique ont été financés par une considérable injection de fonds publics. La dette publique s’est ainsi partiellement substituée à la dette privée. Mais cette crise n’a pas été traitée à la racine.

 

Cette crise en effet est celle d’une mondialisation par nature déflationniste et qui vit de l’endettement comme d’une drogue. Or, le crédit interbancaire est devenu prudent.

L’assainissement financier n’est pas terminé. Les ménages épargnent plutôt qu’ils ne s’endettent. Les Finances publiques enfin ne peuvent pas être mises à contribution une nouvelle fois. La récession économique fragilise l’ensemble du système. Les déséquilibres macro-économiques entre pays déficitaires et pays excédentaires (Chine, Japon, Allemagne, pétromonarchies) n’ont pas été corrigés. Le système monétaire international connaît des fluctuations de changes aberrantes et  insoutenables. Il doit être remplacé. Mais par quoi ? Le dollar n’entend pas se laisser détrôner.

 

La crise du capitalisme financier mondialisé doit être ainsi replacée dans un contexte plus vaste : déclin des Etats-Unis, montée des pays dits « émergents » (Chine, Inde, Brésil) retour de la Russie, etc. Une nouvelle bipolarité se dessine ainsi à l’horizon entre les Etats-Unis et la Chine. Elle risque de nous marginaliser, si nous ne prenons pas les moyens, en tous domaines, d’exister par nous-mêmes.

 

Ainsi, l’Europe, ou plutôt la zone euro, et la France avec elle, se trouvent prises en étau entre la pression des pays à très bas salaires et la dévaluation compétitive du dollar, du yuan et de la livre britannique. La danse du scalp des marchés financiers autour de la Grèce aujourd’hui (et peut-être demain du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie) nous ramène au Moyen-âge, à l’époque où de riches financiers tenaient en laisse des princes impécunieux, au bord, en permanence, de la faillite. C’est une régression de plusieurs siècles ! Peut-il y avoir des Etats « faillis » ? On oublie la révolution démocratique et que, derrière les Etats, il y a les peuples. En fait les marchés financiers veulent maintenant la purge, c’est-à-dire une rigueur sans précédent. On a ainsi vu M. Woerth, ancien ministre du Budget, s’engager à Bruxelles à réduire de cinq points du PIB le déficit budgétaire français d’ici 2013, soit 100 Milliards d’euros ! C’est impossible, à moins d’une crise sociale majeure ! Cette crise sociale est maintenant devant nous. Car la coalition des libéraux sociaux et des sociaux-libéraux a déjà rendu les armes devant le pouvoir des marchés financiers. La coalition conservatrice-libérale de Mme Merkel dicte sa loi à l’Europe : priorité partout à la déflation salariale et budgétaire. L’Europe de Maastricht nous conduit ainsi à la catastrophe sociale collective.

 

L’erreur initiale de la monnaie unique conçue à Maastricht a été de faire comme si les nations n’existaient pas. La souveraineté monétaire de chaque pays a été transférée à une instance déconnectée du suffrage universel, la Banque Centrale Européenne indépendante, sans qu’ait été mis en place un gouvernement économique de la zone euro dont le rôle eût été de ne pas laisser se creuser les écarts de compétitivité entre les différents pays et d’ouvrir à tous un sentier de croissance partagé. Le mot « gouvernement économique » semble aujourd’hui accepté mais les interprétations divergent du tout au tout quant à son contenu.

 

La responsabilité de tous ceux qui ont soutenu le traité de Maastricht et encore hier approuvé le traité de Lisbonne est engagée « l’autocritique doit être partagée » entre le PS et l’UMP.

 

Nous sommes partisan de défendre la zone euro dans son intégrité mais en changeant les règles du jeu, en introduisant par exemple la croissance et l’emploi parmi les objectifs de la BCE. Le modèle américain quoi ! Or, un concours de plans de rigueur s’organise dans toute la zone euro sous la pression des marchés financiers et à l’initiative de Mme Merkel. Il est sans doute nécessaire de responsabiliser les Etats. Solidarité de l’Europe et responsabilité des Etats sont deux principes qui doivent aller de pair.

 

Deux concessions récentes de Nicolas Sarkozy vont à l’inverse de ce qui est nécessaire :

-          La suspension du droit de vote d’un pays au sein du Conseil européen « pour laxisme »

-          La coordination économique et budgétaire au niveau de l’Union à vingt-sept, ou bien de celui de la zone euro où se pose le problème.

 

Cette reculade est inquiétante. M. Trichet a proposé un « fédéralisme budgétaire » qui priverait les Parlements nationaux de leur prérogative essentielle : le vote du budget de la nation. Ce n’est pas ainsi qu’on remédiera au déficit démocratique des institutions européennes.

 

Ce qui serait raisonnable ce serait un processus itératif : le Conseil européen approuverait un cadre général de prévisions macroéconomiques, éventuellement ventilé par pays. Il reviendrait aux Parlements nationaux de délibérer et d’établir une programmation, d’ailleurs révisable, des recettes et des dépenses. En cas de désaccord, le Conseil européen chercherait à dégager un compromis, à charge par le gouvernement concerné de le faire ratifier par son Parlement. Il s’agirait donc d’un document de programmation concernant l’évolution de l’économie dans son ensemble aussi bien que celle des Finances publiques. Les parlements continueraient, dans ce cadre, à voter le budget.

 

La situation est aujourd’hui gravissime. Après la Grèce, ce peut être le tour d’un grand pays comme l’Espagne et ensuite le détricotage de toute la zone euro. Nous devons nous préparer à toutes les hypothèses en nous efforçant d’approfondir le dialogue avec l’Allemagne et d’élaborer des positions communes, y compris des scénarios alternatifs.

 

Nous savons ce que nous ne voulons pas : il ne serait pas réaliste et même franchement contraire à l’intérêt national de vouloir redécouper la zone euro pour en exclure les pays autrefois désignés comme « pays du club Med ». La France ne pourrait pas accepter une union monétaire à cinq ou six avec l’Allemagne et le Benelux. Ce qui reste de notre industrie n’y résisterait pas. Ce serait inacceptable pour l’idée que nous nous faisons de l’Europe. Nous devrons le faire savoir à nos amis allemands. La zone euro doit être défendue dans ses limites actuelles. Il serait inacceptable de revenir à la conception d’un noyau dur à cinq (Allemagne-Benelux-France) tel que proposé en 1994.

 

Pouvons-nous faire confiance aux milieux dirigeants français, toutes tendances confondues, pour s’opposer à une telle éventualité ? Non, nous ne le pensons pas ! Ils ont trop investi sur l’Europe de Maastricht et sur la monnaie unique. Leur orgueil nourrit leur aveuglement. Nos élites, comme dans les années trente, manquent de confiance en la France. Voilà pourquoi nous devons peser. Ici et maintenant !

 

Deux ans après la faillite de Lehmann Brothers et le krach de Wall Street, le capitalisme financier est toujours debout. Il a renoué avec des pratiques intolérables : bonus pharamineux, délocalisations massives. Les paradis financiers et fiscaux n’ont subi qu’un toilettage cosmétique, parfaitement inefficace du point de vue de la «moralisation» et du contrôle du capitalisme financier. La bataille qui s’annonce est donc frontale.

 

Si on en vient à la situation française, force est de se rendre à l’évidence : Aucun candidat à gauche, aujourd’hui, ne porte pour 2012 un dessein cohérent de reconquête. S’il était élu, dans l’état actuel de la gauche, il risquerait vite de se transformer en un George Papandreou français. L’alliance du PS et des Verts n’est pas aujourd’hui à la hauteur des défis auxquels le pays doit faire face.

 

Il est donc capital que nous proposions une nouvelle stratégie. Au sein de la zone euro, nous devons amener l’Allemagne à rompre avec sa politique de déflation salariale compétitive, à renoncer à imposer des critères de déficits insupportables (0,35 % du PIB en 2016 !), et enfin à accepter une politique de change réaliste et un grand emprunt pour financer une relance européenne. C’est cela le contenu de ce que nous appelons « le gouvernement économique de la zone euro ». Un tel gouvernement économique de la zone euro passe par un changement politique en Europe, en France et en Allemagne notamment, mais dans ce pays, les élections prochaines n’interviendront qu’en 2014. A défaut, l’Europe ne pourrait survivre à ses vices originels.

 

Il incombera donc à la France de jouer encore une fois son rôle de « nation politique ». C’est un véritable « programme de salut public » avec des réformes de structures profondes, qu’il faut proposer à la France, avec un volet européen et mondial. Ce programme de salut public est développé en annexe du présent texte. Il s’agit d’une réorientation radicale, à commencer par l’Europe.

 

Le choix de désigner le candidat de la gauche à travers des « primaires » organisées par le parti socialiste, le MRC, le PRG et peut-être le parti communiste, aurait pu être un bon choix, si ces primaires, ouvertes à l’ensemble des électeurs inscrits, sans aucune autre formalité que le versement d’une modeste cotisation minimale, comportaient une « charte » politique entre partenaires responsables et fiables et qui soit à la hauteur des enjeux. Dans la crise de l’Europe, le fédéralisme n’est pas une solution crédible. Toute souscription d’emblée à une formule fédérale nous ligoterait aussitôt au sein du P.S.E. : seul le dialogue démocratique des nations peut modifier «les fondamentaux» libéraux de la construction européenne, telle qu’elle nous a été imposée depuis le tournant des années 1980 (Acte unique, traité de Maastricht, pacte de stabilité, traité de Lisbonne).

 

La gauche doit donc poser clairement deux problèmes : celui de la protection commerciale de l’Europe et celui de la politique de change. A défaut, notre participation à d’éventuelles « primaires présidentielles », nous conduirait, dans l’état actuel des choses, à nous mettre, pieds et poings liés, dans le sillage du social-libéralisme.

Or, nous ne pouvons pas cautionner les règles du jeu que nous avons dénoncées dès leur mise en place et qui ont conduit à l’essor du capital financier mondialisé puis à sa crise actuelle. Ce chemin nous conduirait à une impasse redoutable en 2012. Ces règles du jeu doivent être modifiées. Elles peuvent l’être si nous appelons le peuple français, le jour venu, à manifester sa volonté par référendum.

 

La gauche doit se mettre à la hauteur des enjeux. Une refondation républicaine s’impose. Notre projet, c’est l’accomplissement de la République sociale et la construction d’une Europe démocratique des nations parce qu’il n’y a pas de démocratie en dehors d’elles. 2012 ne doit pas être simplement l’année du rejet mais marquer le début de la reconquête de notre destin. Le MRC doit donc se préparer à présenter en 2012 un candidat républicain pour ouvrir la voie à une Europe des peuples.

 

Un résumé de ce texte et de l’intervention de Jean-Pierre Chevènement a été publié hier

(Voir La France doit résoudre trois problèmes : la crise, l'Europe, Sarkozy - 9 juillet 2010).

 

Cet article est le 62ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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