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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 22:53

Crise économique et volatilité extrême sur les marchés

 

A la mi-décembre, sur ce blog, plusieurs articles ont évoqué la crise des revenus agricoles (voir, notamment Alerte rouge en agriculture : retour en arrière de 20 ans sur les revenus - 14 décembre 2009).

 

Au moment de prendre congé de cette terrible année 2009, je propose de prendre connaissance, en plusieurs articles, des informations développées par les services du Pôle économie et politiques agricoles de l’APCA - l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (http://paris.apca.chambagri.fr/repeco).

 

Premier article, portant sur le constat (Didier CARAES). C’est dans le Focus « L’agriculture en chiffres » - Les comptes de l’agriculture, décembre 2009.

 

2009 : une crise agricole sans précédent

 

En 2009, l'agriculture a cumulé deux difficultés : crise économique et volatilité.

La crise économique a conduit les ménages à revoir leur consommation alimentaire à la baisse dans le secteur des viandes et des fruits et légumes, réduisant d'autant la demande intérieure dans ces secteurs. Tandis que la volatilité a été d'une amplitude extrême sur les marchés des céréales et du lait, conduisant à la chute des prix.

 

Depuis 40 ans, jamais les prévisions du revenu agricole par l'INSEE n'ont été aussi négatives : le revenu net d'entreprise agricole par actif non salarié baisserait - 34,4 % entre 2009 et 2008.

 

En 2009, l'économie française a connu un recul d'activité si fort qu'il faut remonter aux années 1930 pour observer un repli de même amplitude. Malheureusement, l'agriculture aura été au diapason de la situation économique française : le revenu net d'entreprise agricole reculerait de - 34,4 % en 2009, selon les prévisions que l'INSEE vient de publier.

 

Après le recul de -20% entre 2008, le revenu net d'entreprise agricole par UTANS a baissé de moitié entre 2007 et 2009. Il est vrai que l'année 2007 avait connu une forte augmentation de revenu ; cette année-là est atypique par rapport au trend de long terme de l'activité agricole.

 

Pour éviter cet écueil, il est préférable de regarder au-delà de 2007 :

- le revenu net d'entreprise agricole par UTANS (unité de travail agricole non salarié) de 2009 est inférieur de moitié à la valeur qu'on observait au début des années 2000 ;

- le revenu net d'entreprise agricole par UTANS de 2009 est au même niveau que celui du milieu des années 1980 ! Or dans les années 1980, les actifs agricoles étaient deux fois plus nombreux qu'aujourd'hui.

 

Les séries de revenu agricole de l'INSEE remontent jusqu'en 1960. Depuis cette date, on n'avait jamais observé une baisse de revenu aussi forte. Même après la crise pétrolière de 1973, même après les sécheresses exceptionnelles de 1976 et 2003, jamais le revenu agricole n'avait autant baissé.

 

La crise agricole de 2009 est la convergence de deux facteurs principaux :

-          crise économique et baisse de la demande intérieure : en période de récession, les ménages réajustent leur consommation. Les viandes, les fruits et légumes sont les premiers postes visés par la réduction des dépenses. La demande intérieure dans ces produits a reculé ; d'où les difficultés des arboriculteurs, des maraîchers et des éleveurs ;

-          volatilité des marchés agricoles : le terme de volatilité est réapparu dans le langage de l'économie agricole ces dernières années.

Pour les céréales et le lait, la chute des prix a été si forte que les revenus des exploitations céréalières et laitières ont baissé de moitié entre 2008 et 2009.

 

Dans cette conjoncture agricole de crise, les charges de production sont stables mais restent très élevées en 2009 (avec une hausse du prix des engrais de 40%). Mais là encore, le spectre de la volatilité est encore présent : si la valeur des achats de consommations intermédiaires des agriculteurs baisse légèrement en 2009, c'est qu'en 2008, elle avait connu une augmentation sans pareil (+12%) en raison de la flambée des cours du pétrole (et donc de l'énergie et des engrais).

 

La crise que traverse l'agriculture en 2009 pourrait bien être une crise mondiale car aux États-Unis, aussi, l'année 2009 se solderait par une forte chute du revenu agricole. Selon l'USDA, la valeur ajoutée globale de l'agriculture américaine baisserait, elle aussi. Eurostat publiera en janvier les estimations du revenu agricole pour l'ensemble de l'Union européenne ; on verra alors comment les États membres ont pu résister ou non à la crise agricole de 2009 - voir les  Premières estimations pour 2009 : Le revenu agricole réel par actif en baisse de 12,2% dans l’UE 27  (Publinet, 21 décembre).

 

Les prix alimentaires ne répercutent pas la baisse des prix agricoles

Depuis 2007, les prix agricoles à la production ont baissé de 11%. Mais cette baisse n’a pas été transmise par l’ensemble de la filière aux consommateurs car les prix alimentaires sont restés stables ces deux dernières années.

 

Forte productivité du travail agricole

Entre 1980 et 2009, la productivité du travail agricole a été multipliée par trois. Un agriculteur produit aujourd'hui, ce que trois agriculteurs produisaient il y a près de trente ans. Mais les revenus ne suivent pas. La situation est extrême en 2009 : aujourd'hui, un chef d'exploitation dégage le même revenu d'activité qu'un chef d'exploitation d'il y a trente ans ! Cela renvoie à la question que se pose le monde agricole depuis longtemps : où vont les gains de productivité dégagés par les agriculteurs ? Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en 2009, ils n'en ont pas été les bénéficiaires.

 

Stabilité des aides et subventions en 2009

A l’inverse des États-Unis, l’Europe ne dispose pas de mécanismes d’aides variables en fonction des marchés. Dans ce contexte de fortes chutes des revenus agricoles, la dépense publique pour l'agriculture reste stable (2,5 milliards d'euros d'aides directes et 7,2 milliards d'euros de subventions d'exploitation).

 

Baisse de revenu dans les orientations végétales

La baisse du revenu des exploitations céréalières est particulièrement forte : depuis le sommet atteint en 2007, leur résultat a été divisé par trois. Pour les autres orientations végétales, l'année 2009 est une année de baisses sévères des revenus d'activité.

 

Effondrement du revenu des éleveurs laitiers en 2009

Entre 2009 et 2008, le résultat moyen des éleveurs laitiers a été divisé par deux. Les autres orientations animales connaissent, pour leur part, des hausses de revenu modestes (en raison de la baisse de la valeur des intrants) mais leurs résultats moyens restent très bas.

 

La restructuration démographique se poursuit

Le nombre des actifs agricoles non salariés (chefs d'exploitation, co-exploitants et actifs familiaux) baisse au rythme de -2,5% par an. Après avoir progressé durant une dizaine d'années (1995-2005), le nombre des actifs salariés baisse lui aussi, à présent.

 

Fort recul des productions agricoles et repli des consommations intermédiaires

Du côté des productions végétales, seules les productions de vins sans appellation résistent à la chute des prix de 2009. Pour les productions animales, on observe l'érosion des volumes et des prix ; pour la production laitière, le recul atteint une amplitude extrême. Le coût des consommations intermédiaires est en recul en 2009 sauf pour les engrais mais il s'agit d'un effet campagne : les engrais enregistrés dans le compte 2009 sont ceux achetés en 2008.

 

Cet article est le 155ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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