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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 22:53

La Grèce et l’Allemagne dans le même bateau de l’euro

 

Les inquiétudes autour d'une contagion de la crise grecque ont fait plonger les marchés, ce 11 juillet. Pour sa part, Cécile Chevré, qui apporte « un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance », pose la question : Quel sera le prochain otage de la crise ? Vous ?

Si vous pensiez que c'était fini, que la crise grecque avait enfin trouvé un terme, cette semaine devrait vous détromper. Une nouvelle réunion d'urgence est organisée aujourd'hui pour discuter des conditions d'aide à la Grèce. Cela nous fait penser à une longue -- trop longue -- agonie. Une mort lente et douloureuse. Tous les médecins savent qu'il n'y a plus grand-chose à faire mais personne ne veut le dire ou débrancher le malade. Le défaut de paiement doit être évité à tout prix, et le prix en sera une faillite encore plus douloureuse. La BCE est plongée dans un tel embarras qu'elle finit par devenir complètement schizophrène.

Ce qui est bon pour l'Allemagne...
La BCE a une nouvelle fois remonté ses taux directeurs. D'un tout petit quart de point (à 1,5%), certes, mais c'est un signe. La preuve que la BCE n'oublie pas la lutte contre l'inflation. La hausse des prix s'affiche à 2,7% dans la zone euro sur un an -- alors que l'objectif officiel est de 2%. La décision de la BCE est aussi un signal fort en direction de l'Allemagne, le coeur économique de la zone euro. Comme vous le savez, l'Allemagne s'est plutôt bien remise de la crise – surtout si on la compare avec ses voisins ou encore avec les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. La production industrielle allemande est en hausse (7,6% par an). Or son inflation -- 2,3% -- reste un peu trop proche de son plus haut de trois ans pour rassurer des Allemands, encore marqués par le souvenir des années 30. Une remontée de ses taux directeurs par la BCE devrait donc permettre de contenir l'inflation et contenter nos voisins d'outre-Rhin.

... ne l'est pas pour les autres
Si la BCE augmente ses taux directeurs, emprunter deviendra plus cher. Pour les emprunteurs particuliers, et surtout ceux qui ont souscrit des emprunts à taux variable souvent indexés sur la BCE – c'est une mauvaise nouvelle. Même chose pour les entreprises qui ont besoin d'un crédit. Ce qui est bon pour l'Allemagne ne l'est pas forcément pour les autres pays de la zone euro. Et surtout pas pour les pays périphériques empêtrés qu'ils sont dans leurs dettes. Quant aux Etats eux-mêmes... le Portugal, l'Espagne ou la Grèce ne souhaitent qu'une chose : de l'inflation pour réduire le poids de leur endettement.

Deux logiques différentes, des besoins opposés, mais une même monnaie et une seule banque centrale : voilà le problème de la zone euro.

Evidemment, les marchés obligataires sont parfaitement conscients de cela. La semaine dernière les rendements des pays plongés dans le marasme de la dette ont flambé. Les obligations irlandaises à deux ans sont passées de 13% à 16%, les portugaises de 13% à 18% et le rendement des obligations à deux ans grecques atteint un sommet à 29%.

Bref, c'est tout simplement intenable. Ne croyez pas ce que nos gouvernements nous ressassent : le défaut est possible, et sûrement même inévitable.

 

Qu'est-ce que cela signifie pour nous ?
Très probablement un nouveau krach boursier. Pas de l'ampleur de celui de 2008 mais dont les répercussions seront sans doute plus graves. La raison en est simple : le système financier n'est toujours pas remis de la crise des subprime et depuis les ennuis et les faiblesses se sont accumulées.

Voici les éléments possibles de ce scénario :
- krach boursier
- fort recul de l'euro
- flambée des rendements des autres pays de la zone euro, avec en tête l'Irlande, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et la Belgique
- crise bancaire avec faillites de certaines banques exposées non seulement aux dettes des PIIGS mais aussi au déclenchement des CDS (assurances contre le risque de défaut)
- éclatement de la zone euro entre les pays qui réclament une politique de lutte contre l'inflation et ceux qui ont besoin d'une politique inflationniste.
- mise en place de mesures exceptionnelles pour essayer de sauver ce qui peut l'être (…).

 

Lire : L'absurde combat de l'Europe contre les agences de notation (Tribune de David Cayla, Marianne2, 11 juillet). Alors que l'Europe montre du doigt le rôle que tiennent les agences de notations dans la crise, l'économiste David Cayla (Université d’Angers) fait remarquer que c'est elle-même qui a œuvré pour leur donner du pouvoir et privatiser les systèmes de financement des Etats.

(…) Mais, plus généralement, l'Europe est victime de l'absurdité de ses propres règles dont la logique a conduit à la privatisation de l'ensemble des systèmes de financement des États. Car si les agences de notation ont le pouvoir de mettre un État en faillite, c'est bien parce que les règles européennes actuelles imposent aux membres de l'UE de faire exclusivement appel aux institutions privées pour se financer. Ainsi, contrairement à ce qu'on trouve chez les autres puissances économiques (en particulier aux États-Unis) il est interdit à la Banque centrale européenne de financer les déficits publics. De même, la solidarité entre partenaires européens est limitée au strict minimum (rappelons au passage que les « aides » attribuées à la Grèce sont des prêts rémunérés à un taux de 4,2%). La situation européenne est absurde au point d'accorder aux banques privées un taux de refinancement public de 1,5% (taux de la BCE) tandis qu'elle interdit de facto à ces mêmes banques de prêter à moins de 5% (prix du risque oblige) aux pays qui connaissent des difficultés. Enfin, les règles actuelles de l'Union interdisent toute possibilité de fédéraliser des dettes nationales, puisque, d'après les traités, il est impossible à l'Union d'emprunter et d'émettre des obligations en son nom.

Dans ces conditions, la colère des européens contre les agences de notation ressemble à celle d'un enfant qui, ayant construit un beau château de cartes sur une dune de sable, s'indignerait que la brise du soir puisse faire effondrer son bel édifice.

 

Que font les USA ?  

Voir Dette américaine: «le défaut de paiement n'est ni économique ni financier, il est politique» (Libération, 11 juillet).

 

Rappel : Dettes (Grèce, Irlande, USA ...) : les Etats et les peuples dans la crise - 4 juin 2011

 

Cet article est le 105ème paru sur ce blog dans la catégorie Capitalisme

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