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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 22:09

Qui aura le dernier mot, la BCE ou la spéculation ?

 

L’avenir de la zone euro est imprévisible. On comprend la discrétion des candidats à l’élection présidentielle sur ce sujet mais, en tant que citoyens, nous avons le devoir d’avoir les yeux ouverts : les causes de la crise monétaire n’ont pas disparu. Le mieux est de consulter différentes sources bien documentées.

 

Commençons par le quotidien La Tribune (Romaric Godin, 9 avril) qui fait un tour d'Europe des risques qui continuent à peser sur l'avenir de l'Union économique et monétaire.

Le nouveau coup de chaud sur la dette souveraine européenne jeudi dernier a rappelé que le feu couvait toujours sous l'euphorie de ces dernières semaines. Les risques n'ont donc pas disparu.  Latribune.fr a réalisé un tour d'Europe de ces menaces qui pourraient déclencher de nouveaux embrasements (…).

L'Espagne : « Les défis auxquels doit faire face l'Espagne sont sévères ». Le FMI n'a pas caché jeudi dernier son inquiétude envers le royaume ibérique qui, apparaît, dans l'immédiat, comme le maillon faible de la zone euro. En cause : la capacité du gouvernement Rajoy à réformer et à réduire son déficit. La demande de révision de l'objectif de déficit pour cette année, les perspectives médiocres de croissance, les résultats décevants pour le Parti Populaire au pouvoir aux élections régionales et la grève générale du 29 mai ont fait naître des doutes dans l'esprit des investisseurs. Mariano Rajoy n'a fait que mettre de l'huile sur le feu en avouant que son pays « se trouve dans une situation extrêmement difficile ». Les comptes du Royaume souffrent d'un problème de transparence, notamment en raison de la situation des collectivités territoriales qui sont au bord du gouffre. Sur les marchés, on craint que Madrid ne finisse par demander l'aide européenne, ce qui pourrait faire ressurgir la contagion vers l'Italie ou la France. Et comme le FESF, le Fonds d'aide européen,  le Mécanisme européen de solidarité, ne peut faire face à des attaques contre ces trois pays, même avec la mise en place du MES le 1er juillet, la situation pourrait devenir critique... (…)

 

Le Portugal : Officiellement, tout va bien à Lisbonne. Mais dès la fin de la restructuration de la dette grecque, les regards inquiets des marchés se sont tournés vers le Portugal. Mercredi, Oli Rehn, le Commissaire aux affaires économiques et monétaires, a reconnu que le pays pourrait avoir besoin d'un « pont financier » pour permettre son retour sur le marché. Des paroles interprétées comme le signe d'un possible besoin de financement et d'un appel au mécanisme d'aide européen. Bruxelles a rectifié rapidement le tir, mais le doute est resté, malgré le versement de 5,2 milliards d'euros de la part du FMI dans le cadre du plan d'aide. La menace est, comme en Espagne, celle des municipalités. Le gouvernement a reconnu mercredi que la « restructuration de la dette de quelques villes » est possible, mais que le chiffre de la dette municipale n'était pas encore connu. Un responsable de l'association des municipalités portugaises avait prévenu que le défaut pourrait atteindre 9 milliards d'euros si le gouvernement ne faisait rien. Certains analystes évoquent 12 milliards d'euros. Si Lisbonne veut éviter ce défaut, il devra sans doute en appeler de nouveau à l'aide de Bruxelles. Et tout ce qui est pris au fonds de soutien est autant d'ôté à sa crédibilité en cas d'attaques sur Madrid ou Rome. 70 % de la dette municipale est détenue par les banques nationales. Si Lisbonne laisse couler ses villes, elle devra venir au secours de ses banques. Et donc se tourner vers Bruxelles... (…)

 

La France : Les lendemains de l'élection présidentielle seront cruciaux. L'heureux élu du 6 mai devra rapidement montrer sa « bonne volonté » vis-à-vis des marchés et affichant sa solidarité avec l'Allemagne et sa volonté de réduire les déficits. Tout écart à cette ligne de conduite pourrait être payé fort cher, car si les investisseurs peuvent comprendre que la campagne donne lieu à un florilège de promesses, ils ne sont pas prêts à voir ces dernières appliquées. La France sera donc sans doute pendant quelques mois sous haute surveillance. En cas de dérapage, elle pourrait devenir le détonateur de la prochaine crise européenne...

 

Colloque-mondialisation-Montebourg-JPC-300811-001-T.jpgContinuons avec « l’économiste solitaire », Jacques Sapir (à droite sur la photo, au côté de Jean-Michel Quatrepoint et face à Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg). Il enseigne à l'EHESS-Paris et au Collège d'économie de Moscou (MSE-MGU). Spécialiste des problèmes de la transition en Russie, il est aussi un expert reconnu des problèmes financiers et commerciaux internationaux. Il est l'auteur de nombreux livres dont le plus récent est La Démondialisation (Paris, Le Seuil, 2011).

Voici ce qu’il écrivait dans une Tribune publiée par Rianovosti le 20 décembre 2011 :

 

La crise de la zone Euro et la responsabilité historique des dirigeants européens

 

(…) La crise est en effet bien plus profonde que le problème de la dette souveraine. Si la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie ont vu leur endettement public s’accroître dans des proportions considérables ces dernières années, c’est en raison de l’écart croissant de compétitivité avec l’Allemagne. Ceci s’est traduit par un déficit commercial croissant avec ce pays mais aussi – plus subtilement – par une plus grande sensibilité à la montée du taux de change de l’Euro depuis 2002. Ce dernier est ainsi passé de 1 Euro pour 1,05 Dollars américains en 2002 à plus de 1,40 pour revenir, vers la mi-décembre 2011 à 1,30. L’économie allemande peut résister à une telle surévaluation, mais pas celles des pays du Sud de l’Europe. La compétitivité des pays de l’Europe du Sud s’est ainsi dégradée face aux autres pays du monde du fait qu’ils étaient entraînés dans une spirale de réévaluation pour eux insupportable.

 

Cet écart de compétitivité s’enracine dans des configurations très différentes des structures économiques et industrielles des pays de la zone Euro. De ce point de vue, la monnaie unique n’a apporté nulle convergence. Pour qu’il en fût autrement, il eut été nécessaire de prévoir des mécanismes de transferts budgétaires importants des pays comme l’Allemagne vers les pays du Sud de l’Europe. Mais, l’Allemagne s’y est refusée dès le départ.

L’endettement public s’est alors largement accru avec le déficit de la balance commerciale de ces pays qui augmentait rapidement avec la dégradation de leur compétitivité. Ceci a donné naissance à la crise actuelle. Elle a commencé à se manifester avec le cas de la Grèce, puis s’est rapidement étendue au Portugal, à l’Espagne et a touché à l’été 2011 l’Italie et la Belgique.

 

Cette crise est essentiellement liée aux incertitudes qui pèsent sur la solvabilité de ces pays. Mais, avec la montée des taux d’intérêts auxquels ils sont confrontés, et du fait des besoins de liquidités provenant du refinancement de la dette accumulée et du déficit de l’année en cours, cette crise de solvabilité se transforme en une crise de liquidité. C’est elle qui menace aujourd’hui la Grèce, qui pourrait être conduite à faire défaut au début du printemps prochain, mais aussi le Portugal et l’Italie.

La crise correspond donc à la combinaison de trois moments distincts, mais qui aujourd’hui sont étroitement liés. La crise de compétitivité, directement issue des mécanismes mis en place dans la zone Euro, donne naissance à la crise de la dette publique, autrement dit aux doutes sur la solvabilité de certains pays. Mais, ce doute induit le tarissement des capacités d’emprunts, qui se transforme en une crise de liquidité particulièrement violente.

 

Les mesures prises depuis le printemps 2010, incluant l’accord du 5 décembre dernier, ont eu des conséquences perverses très importantes. On a incité ces pays à réduire brutalement leurs dépenses et à augmenter leurs recettes pour rétablir leur solvabilité. Mais, ces mesures ont détruit la croissance. On a vu ceci se produire en Grèce, qui connaît aujourd’hui une dépression de -5,5%, puis s’étendre au Portugal, à l’Italie et désormais à la France. La baisse du PIB se traduit alors par une chute des ressources fiscales, et le déficit budgétaire que l’on croyait jugulé réapparaît. On voit même apparaître des impayés publics, qui ne sont qu’une forme déguisée du déficit, comme en Espagne, ou ces derniers atteignent désormais près de 130 milliards d’Euros.

 

Les politiques d’austérité n’ont jamais été une solution aux crises d’endettement. Les exemples de la politique menée par le Président Hoover aux Etats-Unis de 1930 à 1932, ou par le Chancelier Brüning à la même époque en Allemagne, en témoignent. Seule, le rétablissement des conditions d’une croissance forte est susceptible de restaurer la confiance dans la solvabilité des pays, et par là de mettre fin à la crise de liquidité. Mais, les gouvernements persistent à imposer des mesures toujours plus draconiennes, plongeant la zone Euro dans une dépression qui menace d’être de longue durée.

 

Désormais, l’existence même de l’Euro est en cause. Ce ne sont pas les déclarations tonitruantes des uns ou des autres qui changeront cette réalité. En fait, nous avons le choix entre deux options. Elles présentent, l’une et l’autre, des inconvénients pour les autres pays, et en particulier pour les BRICS et la Russie.

Considérons alors les scénarios qui s’offrent à nous :

- Soit dissoudre la zone Euro avant d’être submergés par la crise de liquidité, et par des dévaluations concertées relancer la croissance dans nos pays. La perte de patrimoine due à la transformation des titres en Euro en titres libellés dans les diverses monnaies nationales désormais dévaluées, sera alors compensée par la hausse de la demande intérieure en Europe.

- Soit nous persistons à vouloir défendre l’Euro à tout prix ; l’économie européenne va alors se contracter en 2012 et 2013, et probablement jusqu’en 2015. Les exportations des pays émergents, celles de la Chine, de la Corée ou de la Russie, seront alors fortement touchées, en volume mais aussi en prix, et en particulier pour les matières premières.

Les pays européens sont désormais face à leurs responsabilités. Auront-ils le courage de reconnaître que l’introduction de l’Euro a constitué une erreur, non pas du point de vue des principes mais de celui des conditions concrètes de sa mise en œuvre, et procèderont-ils à la dissolution de la zone Euro, ou s’entêteront-ils, tels des enfants obstinés, dans la défense à tout prix de la monnaie unique ? S’ils devaient choisir cette dernière solution, ils porteraient la responsabilité d’une grave crise économique mondiale, car on comprend bien qu’une longue dépression de l’Europe ne sera pas sans conséquences sur les autres économies.

 

Jacques Sapir a écrit une Tribune libre récente publiée sur le site de Marianne le 5 avril :

 

Europe : les traders siffleront bientôt la fin de la récré (Marianne2, 5 avril)

Contrairement à ce que prétend le président sortant, la crise est toujours là. Selon l'économiste Jacques Sapir, elle éclatera à nouveau cet été, peut-être même avant. Après avoir diagnostiqué les raisons de ce rebond de la crise des dettes souveraines, Jacques Sapir s'engage et affirme que les principaux candidats n'y sont pas préparés et semblent dans le déni de réalité.

 

Je me permets de préciser à Jacques Sapir - que j’avais rencontré le 30 août 2011 lors d’un colloque à Paris (voir Montebourg et Chevènement alliés pour ouvrir un nouvel espace politique - 31 août 2011) - que, si François Hollande ne s’exprime pas sur ce sujet, il a reçu le soutien d’Arnaud Montebourg et de Jean-Pierre Chevènement, qui ont pris position sur cette question et auront, probablement, des fonctions importantes si le candidat PS est élu.

 

Cet article est le 123ème paru sur ce blog dans la catégorie Capitalisme

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