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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 17:51

Le bloc québécois mis en échec par ce vote protestataire

 

L’élection fédérale canadienne, le 2 mai, n’a pas été beaucoup commentée en France dans la presse. Pourtant, ses résultats ont surpris et inquiété au Québec. J’ai posé la question à un ami québécois.  Voici sa réponse :

 

Les élections fédérales sont passées, je déplore l'élection de gouvernement MAJORITAIRE conservateur de droite (droite morale et droite religieuse). Notre système parlementaire est de modèle britannique, donc sans proportionnelle et sans date fixe. Durant les 4 dernières années il y a eu 2 gouvernements conservateurs minoritaires.

Après 20 ans de vote BLOC (parti souverainiste né en réaction au rejet de l'Accord du lac Meech (reconnaissance de la société distincte) qui devait être temporaire et qui était une coalition nationaliste de droite centre et gauche. Le bloc sous la gouverne de Gilles Duceppe est devenu un parti social démocrate.

 Les Québécois ont voté contre le statu quo, c'était un vote de ''ras le bol '' contre la classe politique québécoise (refus d’enquête publique sur des scandales de corruption, gaz de schiste... 3ième mandant de Charest au Québec). A défaut d’élection avant 2 ans au Québec, il s'est exprimé à Ottawa. C'était aussi un vote contre les conservateurs.

Le NPD (Nouveau Parti Démocratique) n'a pas de base au Québec. Le bloc nous répétait que nous devions empêcher l’élection d'un gouvernement conservateur majoritaire. Nous avons "jeté le bébé avec l'eau du bain". Mais il n’y a pas eu rejet de la souveraineté par ce geste. Ce n'est pas le lieu ou une telle chose se décide, les Québécois le savent.

Certains souverainistes souhaitaient même la fin du bloc à Ottawa, car victime de son succès, en situation de gouvernement minoritaire, nous aidions la fédération canadienne à "bien fonctionner" chaque fois que les demandes du Québec, défendues par le bloc, étaient considérées. Le bloc avait réussi a canaliser le vote de protestation depuis 20 ans, mais pas cette fois ci.

Les Québécois restent au centre et même "extrême centre", comme disent certains analystes (bien que les discours se polarisent un peu plus, avec des porte-parole plus médiatisés).

J’espérais un gouvernement minoritaire conservateur. Dans le contexte politique canadien actuel, j'ai même osé rêver au mieux à un gouvernement minoritaire de coalition : libéral (centre) et NPD (gauche), avec l’appui du bloc.
Le centre est miné ou encore hanté par les scandales de corruption et la gauche est mal organisée au travers de tout le Canada. Les 2 devraient travailler ensemble et s'unir pour contrer la droite, mais ils n’en sont pas encore là.

De plus, les conservateurs nous ont servi une leçon de politique. En ciblant leurs discours, leurs bases et leur électorat... Une redoutable machine, ils ont fait élire dans le reste du Canada 29 députés de plus qu'avant les élections. Ils ont un plan de match à long terme, ils n'y dérogent pas. Les conservateurs seraient majoritaires même sans leurs 6 députés au Québec sur 75. Le Québec est isolé, avec ou sans le bloc.
Suite aux résultats de l’élection, certains commentateurs de droite anglophone, forts du ressentiment contre les séparatistes, suggèrent même maintenant d'ignorer le Québec. Le RoC (Rest of Canada) est de plus en plus à droite, c'est là ma plus grande déception. S'il y a un constat à tirer, c’est celui-là.

 

Voir les Résultats de l’élection fédérale canadienne 2011 (Wikipédia) et Les élections fédérales canadiennes vues par l'Europe, dont ces deux articles :

Triomphe des conservateurs au Canada (Benoît Bréville, Le Monde Diplomatique, 6 mai)

Alors que l’organisation de nouvelles élections fédérales devenait inévitable, The Economist (26 mars 2011) ironisait sur la récurrence des scrutins législatifs au Canada – le troisième en cinq ans. « Nous y voilà encore », titrait l’hebdomadaire, avant d’ajouter : « Selon de récents sondages, les électeurs reconduiront probablement une Assemblée sensiblement identique : pourquoi les partis politiques canadiens se lancent-ils donc dans une telle bagarre ? » Les élections du 2 mai 2011 ont déjoué ces pronostics.

Le Parti conservateur du Canada (PCC) du premier ministre Stephen Harper, qui formait un gouvernement minoritaire depuis 2006, ce qui limitait sa marge de manœuvre (au point qu’il a été renversé par un vote de défiance), détient désormais, avec 39,7 % des voix, la majorité des sièges à la Chambre des communes (167 sur 308). Avec 102 députés (30,6 %), le Nouveau parti démocratique (NPD), d’inspiration social-démocrate, se classe deuxième et forme, pour la première fois depuis sa création, l’opposition officielle. Situé au centre de l’échiquier politique, le Parti libéral du Canada (PLC) n’a pu faire élire que 34 candidats (18,7 % des suffrages) ; il prend la troisième place et obtient ainsi les plus mauvais résultats de son histoire. Le Bloc Québécois (BQ) subit également une déroute sans précédent : le parti souverainiste ne possède plus que quatre sièges. Autre événement inédit, une représentante du Parti vert siègera à Ottawa.

Le succès de la candidate écologiste en Colombie Britannique, Mme Elizabeth May, relève surtout de l’anecdote. L’Ouest canadien, qui profite abondamment de l’exploitation des ressources naturelles, a, comme à son habitude, massivement voté pour le parti de M. Harper. Lequel avait fait campagne en dénonçant l’orientation écologique de ses concurrents, jugée néfaste pour l’économie et l’emploi.

Plus significatif est l’effondrement du BQ : les Québécois, qui lui avaient toujours accordé la majorité de leurs suffrages, ont cette fois désavoué la stratégie du parti souverainiste, implanté exclusivement dans la province francophone, et qui se trouve, depuis sa création en 1991, cantonné à un rôle d’opposition. Faut-il y voir un reflux de l’idée indépendantiste ? Ou le rejet d’une stratégie inefficace au niveau fédéral ?

En offrant au NPD plus de la moitié de ses députés (59 sur 75 sièges possibles), les Québécois ont misé sur un parti social-démocrate, fédéraliste certes, mais surtout susceptible de gouverner. Ils ont perdu. Bien que renforcés par ces élections, les néo-démocrates ne pourront pas s’opposer au programme annoncé par le PCC, majoritaire au Sénat et à la Chambre des communes : baisse d’impôts pour les entreprises, abolition du financement public des partis politiques, coupes dans les dépenses sociales pour réduire le déficit, assouplissement des restrictions sur les armes à feux, durcissement du Code criminel, etc.

Le « Parti républicain du Nord » s’est donné cent jours pour mettre en œuvre ce programme qui rappelle un peu celui de l’ancien président George W. Bush.

Les valeurs américaines guideront un Canada divisé (Pierre-François Besson, swissinfo.ch, 6 mai)

Un Canada gouverné très à droite, un Québec qui se retrouve plutôt dans le parti de l’opposition officielle, les résultats des élections législatives canadiennes suscitent l’inquiétude de la double nationale Laure Waridel, sociologue et militante au Québec, doctorante à Genève.

 

Cet article est le 17ème paru sur ce blog dans la catégorie Amérique.

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