Forte mobilisation électorale sur la question de l’énergie nucléaire
Le 27 mars, en arrivant (de peu) devant les sociaux démocrates (SPD), les Verts allemands ont conquis, en alliance avec eux, le pouvoir exécutif dans le land du Bade Wurtemberg (Stuttgart), une terre de droite depuis plus de 50 ans. C’est un évènement significatif, d’autant plus qu’il s’ajoute à leur énorme progression en Rhénanie Palatinat (Mayence), permettant au SPD de conserver la majorité dans ce land de gauche.
Cela prouve que les écologistes, qui ont bénéficié du contexte de la catastrophe nucléaire du Japon, sont compétitifs sur tous les terrains et qu’il faudra compter avec eux au niveau fédéral. Ils ont la particularité de pouvoir s’allier avec la gauche (aujourd’hui) et, peut-être, avec la droite (demain).
Allemagne : Les "Grünen" incontournables (Francoise Diehlmann, 28 mars)
Le système électoral allemand est difficile à comprendre pour les observateurs étrangers. Chaque électeur dispose de deux voix: la première pour élire un candidat, la seconde pour la donner à un parti. Si le candidat arrivé en tête est automatiquement élu au suffrage uninominal à un tour, sa formation n'aura néanmoins pas plus de sièges que ceux dont elle a droit après la décompte de la seconde voix. Celle-ci reste alors déterminante pour calculer le rapport de forces au sein du Parlement. Toutefois, les grands partis ont très souvent plus d'élus que de suffrages. C'est alors qu'intervient le calcul des "mandats excédentaires" qui doivent rétablir l'équilibre entre les élus directs (1ere voix) et les résultats obtenus au scrutin proportionnel pour chacune des formations (2ème voix).
Par exemple, à l'échelon du parlement national, mais c'est valable aussi pour les parlements régionaux: Composé théoriquement de 299 députés élus dans les 299 circonscriptions allemandes auxquels il faut ajouter les 299 députés élus sur une liste, le Bundestag devrait compter 598 parlementaires. En fait, il en accueille plus, soit par exemple 614 depuis 2005.
Elections Bade Wurtemberg (capitale Stuttgart). Le Land a toujours été dirigé par les Chrétiens Démocrates. Participation 2011: 66% (+12,6%). Participation 2007: 53,4%.
CDU (Chrétiens démocrates): 39% + FDP (Libéraux): 5,3%
SPD (Sociaux-démocrates): 23,1% (leur plus mauvais score) + Grünen: 24,2%
Linke: 2,8% - Divers: 5,6%
Composition du Parlement du Land: CDU:60 - FDP: 7 (67) et SPD: 35 - Grünen: 37 (72).
Elections du Land Rhénanie-Palatinat (capitale Mayence)
SPD: 35,7% + Grünen: 15,4% - CDU: 35,2% + FDP: 4,2% (Linke: 3,0% et Divers: 6,5%)
Composition du Parlement du Land : SPD: 42 + Grünen: 19 (61) - CDU: 41
Lu dans la presse
Courrier international, 28 mars :
Les élections régionales du 27 mars marquent une césure historique. Dans le Bade-Wurtemberg, les Grünen s'imposent comme un grand parti sur l'échiquier politique et donnent pour la première fois dans l'histoire du pays un ministre-président écologiste - Lire la suite.
La droite allemande en crise, Merkel fragilisée (Ouest-France, Sébastien Vannier, 29 mars)
Le gouvernement conservateur-libéral d'Angela Merkel est sorti affaibli d'un vote sanction contre le nucléaire, même si la chancelière n'est pas directement menacée.
En Allemagne, l'avenir des écolos passe aussi par la droite (Rue89, Alain-Xavier Wurst, 28 mars).
Le vote vert est-il encore un vote de gauche ? La question se pose désormais en allemand. La défaite des conservateurs (CDU) et des libéraux (FDP) dimanche lors des élections dans le Land de Bade-Wurtemberg marque une étape historique pour le mouvement écologiste outre-Rhin. Pour la première fois dans l'histoire de la République fédérale, il réussit à placer un de ses candidats au poste de ministre-président, et pas dans n'importe quel Etat.
Que le Bade-Wurtemberg, le Land le plus emblématique de la réussite économique allemande, régulièrement présenté comme premier de la classe en matière d'innovation technologique, de formation et d'éducation, passe aux mains des Verts après 58 ans de règne conservateur ininterrompu, montre à quel point la société allemande a intégré et digéré les combats des écologistes.
L'assise historique du mouvement est certes ancrée dans les cercles pacifistes, mais son électorat se diversifie de plus en plus et touche désormais toutes les couches sociales. Majoritairement urbain, souvent aisé, le vote vert offre par ailleurs aux conservateurs mécontents une autre orientation politique qui ne contredit pas fondamentalement leurs valeurs.
Un Vert catholique pratiquant, homme du terroir
Ceci explique en partie le succès de Winfried Kretschmann : classé parmi les réalistes et les pragmatiques, catholique pratiquant et homme de terroir, il incarne des caractéristiques certainement plus appréciées dans le Bade-Wurtemberg qu'au sein de son parti.
Winfried Kretschmann dirigera donc le Bade-Wurtemberg à la tête d'une coalition verte-rouge, avec les sociaux-démocrates (SPD) dans le rôle de secondants – là aussi une première.
En Rhénanie-Palatinat, où l'on votait également dimanche, le SPD garde la présidence du Land, mais perd la majorité absolue. Les Verts font une entrée fracassante en gagnant dix points par rapport aux dernières échéances, la CDU faisant quant à elle presque jeu égal avec les sociaux-démocrates (…).
Voir aussi (Wikipédia) Élections législatives régionales de 2011 dans le Bade-Wurtemberg
Cet article est le 42ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne