La préfecture (Etat) met les moyens pour y faire face
Le président de l’Association REVIVRE, Georges Minzière, ne cachait pas son inquiétude il y a quelques mois (voir Hébergement d'urgence à Laval (Mayenne) : Revivre manque de crédits - 5 mai 2012). Alors que la campagne hivernale débute le 1er novembre, l’association Revivre, en octobre, alertait à nouveau, les pouvoirs publics sur son manque de moyens et de place dans les hébergements d’urgence (Ouest-France, 20-21 octobre 2012).
Hébergement d’urgence : la situation est critique
Héberger
Revivre va fêter ses 40 ans d’existence, le 8 décembre. Son objectif est de « miser sur le logement de courte durée et un accompagnement personnalisé. Une équipe d’éducateurs a pour mission d’aider des personnes désociabilisées à réapprendre à être citoyen », exprime Pierre Navarro, directeur de l’association.
Manque de moyens
Mais l’association peine à remplir sa mission. En cause, un manque de moyens. « Nous avons déjà consommé l’enveloppe à fin août y compris la part hivernale sur les mois à venir. Nous avons, le 30 août, refusé quatre familles avec enfants », affirme Georges Minzière, président de l’association. Revivre se voit octroyer une subvention de 100 000 euros et est victime des guerres de compétences entre les pouvoirs publics.
L’association est financée par l’Etat, elle touche aussi des aides du conseil général. Alors que la municipalité de Laval a supprimé sa participation de 16 300 euros. Dans le même temps, Jean-Christophe Boyer, le maire de Laval, demande à la préfète : « Plus de moyens et plus d’hébergements d’urgence pour l’association ». La position de l’ancien maire, et actuel ministre délégué à l’Agroalimentaire, Guillaume Garot était claire : il n’était pas de la compétence de la Ville de soutenir l’hébergement d’urgence. Celle-ci revenant à l’Etat !
Un afflux de personnes
Malgré ce manque de subvention, l’association a dû faire face à l’afflux d’un arrivage massif de demandeurs d’asile. « Nous sommes à 10 000 nuitées entre juillet et fin août, soit cinq fois plus qu’habituellement », assure Pierre Navarro. Revivre a donc été dans l’obligation de trouver des solutions alternatives. L’association travaille avec quatre, cinq hôtels et avec des studios de résidence sociale. « Il a fallu modifier le règlement pour pouvoir accueillir des enfants dans les studios », s’énerve Georges Minzière.
Jusqu’à présent, l’association accueillait des SDF en rupture de travail. Désormais avec la situation économique, des femmes victimes de violences, des jeunes de 18-25 ans et surtout des couples tapent à la porte de l’association. « Nous avons accueilli + 186 % de femmes, nous sommes passés de 3 à 104 couples en 2011. Nous recevons aussi des gens qui ne trouvent pas d’hébergement à Nantes ou à Angers ».
Pour l’instant, le 115 est dans l’incapacité de répondre aux demandes d’hébergement. Il ne reste que quelques jours aux pouvoirs publics pour trouver une solution…
L’Etat met les choses au clair et complète le financement 2012
Les préfectures ont été mobilisées pour améliorer le dispositif dans chaque département et mieux faire face aux besoins croissants. En Mayenne, l’association Revivre a bénéficié d’un complément de financement (84 000 euros) lui permettant de boucler son budget 2012.
La préfecture de la Mayenne a répondu aux questions du quotidien Ouest-France en ce qui concerne les moyens mis à disposition de la population (page « Mayenne », 30 octobre 2012).
L’hébergement d’urgence pour les sans-abri
Ils sont SDF ou femmes battues. A partir du 1er novembre et durant tout l’hiver, l’accueil des personnes sans-abri va être renforcé.
Combien d’hébergements d’urgence en Mayenne ?
Le département compte 81 places en hébergement d’urgence :
- 10 places en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), dont 8 au Foyer Revivre (Laval) et 2 au Foyer Copainville (Mayenne),
- 10 places en appartements de transition à Laval,
- 38 places réparties dans tout le département auprès de 24 centres d’accueil d’urgence gérés par des collectivités et des bénévoles,
- 23 places destinées à l’accueil des femmes victimes de violences conjugales dont 3 à Laval, 16 à Mayenne et 4 à Château-Gontier.
Comment fonctionne le 115 ?
Les personnes sans-abri appellent le 115. Ce service téléphonique est géré de 9h à 17h30 par le service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO). Le foyer Revivre prend ensuite le relais de 17h30 à 9h le lendemain matin. Ce service oriente les sans-abri vers les bons sites, c’est-à-dire les 81 places en hébergement d’urgence que compte le département et tous les autres lieux possibles : résidence d’accueil (15 places), centres d’hébergement et de réinsertion sociale (108 places) et les maisons relais (18 places).
Où vont les femmes victimes de violences ?
Un centre d’accueil des femmes victimes de violences conjugales a été ouvert spécialement pour elles dans un pavillon à Laval. Elles trouvent là un espace à l’écart des conjoints. Pour des raisons de sécurité, ces lieux sont confidentiels. « Les voisins ont été avertis et tout se passe bien », tient à préciser Bertille Ntyam Mengue, chef de service du foyer Revivre qui gère ce service.
Ce site accueille quatre demi-journées par semaine les femmes avec ou sans enfants. En majorité, il s’agit de femmes originaires du département, souvent jeunes (25 à 30 ans) et qui ont quitté leur domicile conjugal. Et de femmes demandeuses d’asile, dont beaucoup sont d’origine guinéenne. « Elles fuient la situation politique là-bas et le problème de l’excision des filles », rappelle Bertille Ntyam Mengue.
Pendant l’hiver, cinq places supplémentaires sont ouvertes en hébergement d’urgence.
Qui sont les financeurs ?
L’Etat finance 185 places pour un montant de 2,2 millions d’euros, avec les hébergements d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales et et les droits communs, les CHRS, la maison relais et la résidence-accueil. L’Etat finance également le SIAO et le pavillon pour les femmes en partenariat avec la Ville de Laval, le Département ou la Caisse d’allocations familiales. Les autres centres d’accueil sont financés par les associations (Secours catholique, Emmaüs), les centres communaux d’action sociale (CCAS) et les communautés religieuses.
Au niveau national, le gouvernement a présenté un plan d’urgence pour loger les sans-abri. Voir Hébergement d'urgence. Duflot dévoile un plan déjà critiqué (Le télégramme, 18 octobre 2012).
Georges Minzière signale le bon travail réalisé par la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale* (voir Fnars). Depuis plus de 50 ans, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale regroupe des associations de solidarité et des organismes qui sont au service des plus démunis. La FNARS est un réseau généraliste qui lutte contre les exclusions, promeut le travail social et ouvre des espaces d'échanges entre tous les acteurs du secteur social.
* Près de 150 participants se sont réunis pour assister à l’Assemblée générale fédérale du 22 juin 2012 de la FNARS qui a permis l’élection d’un nouveau président, Louis Gallois - par ailleurs, commissaire général à l’investissement (voir Rapport Gallois : les 22 propositions pour reconquérir la compétitivité - 6 novembre 2012).
Cet article est le 30ème sur ce blog dans la catégorie Le logement