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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 19:36

Mille producteurs de lait arrêtent chaque mois en France

 

La situation est très grave en production laitière et le gouvernement ne prend pas d’initiative, comptant sur la bonne volonté des transformateurs pour qu’ils acceptent une partie des revendications des producteurs. Mais la revalorisation du prix du lait payé aux producteurs est trop faible pour beaucoup d’entre eux et ils sont nombreux à mettre la clé sous la porte (voir La PAC après 2013 : l'Apli et l'EMB jugent positif le discours de Ciolos - 7 août 2010).

 

La Dépêche, le 6 août, de la région de Rodez (Aveyron) donnait la parole à Pascal Massol, producteur de lait dans ce département et président de l’ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAITS INDEPENDANTS

 

Pascal Massol et l'APLI prêts pour la lutte Mayenne Apli 180110 007

 

Face à la déchéance et le non-respect des accords qui frappent les producteurs de lait, l'APLI (association des producteurs de lait indépendants, rattachée au niveau européen à l'EMB-European Milk Board) et son président Pascal Massol restent en embuscade. « On va laisser faire les syndicats dits représentatifs (FNSEA, JA, FNPL, N.D.L.R.) qui s'occupent de tout. Mais on ne leur épargnera aucune incartade. Voyons s'ils sont capables d'engager une véritable grève du lait. Et là, on suivra », annonce Pascal Massol. L'APLI s'est rassemblée lundi pour élaborer sa stratégie face à la contestation.

« Lorsque le prix des 1 000 litres de lait était à 240 € l'an passé, les syndicats ne jugeaient pas bon de manifester. Ils commencent à réagir, avec leur action « étiquette », quand le prix est aujourd'hui de 300 €. Un ultimatum est posé jusqu'au 12 août. Et après, ils font quoi ? », s'insurge le producteur de lait de Cassagnes-Bégonhès.

« La connerie dure jusqu'au bout, avec la manipulation des industriels et du gouvernement. L'APLI est prête à une nouvelle grève et guerre du lait en Europe, que nous avions lancée l'an passé au niveau français, sans les syndicats. En stoppant les livraisons, 500 millions de litres de lait avaient été retirés du marché ». Les images de tracteurs alignés déversant du lait dans les champs en Europe ont marqué les esprits. « Grâce aux actions de l'APLI, les prix avaient remonté. On a dénoncé, fait tout ce qu'on a pu. Maintenant, on attend », répète Pascal.

Précarité et sécheresse à l'horizon

En France, chaque année, « 1 000 fermes laitières disparaissent. 60 % des fermes actuelles ont plus que des difficultés. Faudra-t-il attendre que cela dégénère pour être pris en considération ? », s'interroge Pascal Massol, militant pour une juste rémunération des producteurs laitiers. De plus, « la sécheresse se profile. Un problème supplémentaire. On va vers une catastrophe. Le pire est à venir… », estime-t-il.

 

 

L'APLI, Ségolène Royal et la Région Poitou-Charentes construisent une filière « lait équitable » nationale

 

Désirs d’avenir de Paris 15ème et les militants de l’Espoir à gauche avec Ségolène Royal (Frédérick Moulin) ont publié, le 7 août, un article qui explique les raisons des deux parties, Poitou-Charentes et l’Apli, qui ont créé ensemble une filière « lait équitable » en France.

 

La Région Poitou-Charentes, sous l’impulsion de sa présidente, Ségolène Royal, a annoncé après les élections régionales de 2010 la création d’une filière « Lait équitable Poitou-Charentes », avec pour objectif de garantir « un revenu décent pour tous les acteurs de la filière, notamment pour les producteurs », d’assurer « le maintien du potentiel de production agricole et industriel régional ainsi qu’une alimentation saine, accessible au plus grand nombre ». L’organisation de la filière s’appuie sur : « la création d’un office régional du lait », « la création de coopératives laitières », « dans la démarche « lait équitable Poitou-Charentes » assurant une juste rémunération des producteurs ainsi que la production d’un lait de très bonne qualité », « le développement d’une filière « lait équitable » nationale », « la maîtrise de la production laitière »(maintien de « quotas laitiers »), « la régionalisation des aides du premier pilier de la PAC, comme l’ont fait de nombreux pays européens » : ce dernier point est une revendication récurrente de Ségolène Royal, qui estime à juste titre que les aides européennes doivent être administrées au plus près des besoins, c’est-à-dire au niveau des régions, et non du pouvoir central parisien, comme c’est le cas en France, ce qui entraîne une gestion inadaptée de ces aides.

L'APLI construit une "filière lait équitable nationale", souhaitée par Ségolène Royal

Dans cette lutte pour la création « d’une filière « lait équitable » nationale », seule l’Association des Producteurs de Lait Indépendants, l’APLI, a répondu présente. De même que seule la Région Poitou-charentes a décidé d’appuyer le développement d’une telle filière par l‘APLI. L’APLI revendique 12 000 producteurs de lait et représente 20% de la production française. Elle fait parti du European Milk Board (EMB), qui souhaite  le développement du lait équitable au niveau européen. L’EMB a des membres dans 14 pays européens (Union Européenne, Croatie et Suisse) et représente environ 100 000 producteurs de lait.

L’APLI et son président Pascal Massol ont accordé un entretien à LaNouvelleRepublique.fr. M. Massol établit y des constats sur la situation actuelle et explique les objectifs de l’APLI : 

« Dans toutes les régions au sud de la Loire, le lait pourrait être consommé sur place. Or aujourd’hui, le lait fait en moyenne 8 000 kilomètres pour arriver au consommateur. (…)

Aujourd’hui nous sommes insuffisamment payés et le consommateur paye un produit trop cher. Nous voulons démontrer, par notre action, qu’on peut nous payer le lait 400 € la tonne alors qu’il n’est qu’à 310 actuellement. La crise dure depuis un an et demi et il y a 1 000 fermes laitières qui ferment chaque mois en France.

Si l’on prend du recul, il faut montrer qu’on est capable de faire preuve d’entraide et d’organisation pour discuter d’égal à égal avec les industriels. Sinon le rapport de force qui est toujours en notre défaveur ne nous permet pas d’avancer. »

Avec un prix du lait de 400 € la tonne (les 1 000 litres), les exploitations laitières pourraient enfin faire plus qu’équilibrer leurs comptes, touchant une juste rémunération de leur travail après des années très difficiles et dans un contexte d’augmentation des coûts. Ce n’est pas impossible : le litre de lait est vendu un peu moins d’1 € le litre dans le commerce, le prix payé au producteur serait de 40 centimes, laissant aux intermédiaires 60 centimes pour couvrir leurs coûts et faire des bénéfices.

Et M. Massol d’ajouter à l’attention des syndicats majoritaires (FNPL, FNSEA, JA) : « Ce n’est pas cette mascarade sans nom, d’aller dans les supermarchés coller des étiquettes sur des produits d’industriels qui changera les choses. La filière laitière est riche, ce sont les producteurs qui sont pauvres, mais c’est uniquement parce qu’elle s’est mal défendue. C’est tout. »

 En mai dernier, l’APLI a déposé les statuts d’un Office du lait national allant dans le sens de l’organisation de la filière « lait équitable » souhaité par la Région Poitou-Charentes. Le lait équitable devrait être commercialisé à partir de la fin de l’année, en Poitou-Charentes, seule région à avoir signé un partenariat avec l’APLI. M. Massol espère ensuite pouvoir distribuer son lait équitable « un peu partout en France à travers notamment la grande distribution ». Parmi ses autres projets, un partenariat avec Pierre Priollet, qui a lancé une confédération pour créer des épiceries de proximité en ville afin de vendre du lait, et des fruits et des légumes « équitables ». « Des sortes d’Amap mais en plus dynamiques et plus puissantes », conclut M. Massol.

L'European Milk Board (EMB), dont est membre l'APLI, agit au niveau européen

L’EMB, dont l’APLI est membre, poursuit les mêmes buts au niveau européen. Son siège est à Hamm, en Westphalie (Allemagne). La base de sa stratégie est  le « regroupement des producteurs laitiers sous une enseigne pour affronter le secteur des laiteries et les commerces alimentaire de détail en position de force ». Comme Ségolène Royal, l’EMB prône la maîtrise de la production laitière : « mise en place d’une régulation souple des volumes afin d’adapter les volumes de ait à la demande du marché ».

Ainsi, les opérations symboliques des syndicats majoritaires des producteurs de lait en France – FNPL, FNSEA, JA – et le discours du ministre de l’agriculture ne doivent pas faire illusion : la sortie de crise, qui passe par la création et le développement d’une filière « lait équitable » nationale, ne peuvent se faire qu’avec l’APLI, qui, malgré son jeune âge (moins de 2 ans) entame la construction de l’édifice, Ségolène Royal et la Région Poitou-Charentes posant en la première pierre.

Une fois de plus, Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, innove et est en avance sur son temps : qui la suivra ? Pour le moment, les autres régions, dans la torpeur de l’été, ne se sont pas exprimées…

Cet article est le 191ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

 

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