L’Oribus : des recherches historiques pour la Mayenne
La conférence* de Jocelyne Dloussky, le 6 décembre 2013, en mairie de Laval, a attiré un nombreux public, ce qui montre l’intérêt des lavallois et des mayennais pour l’histoire de leur ville et chef-lieu.
* Voir "Ces routes qui changèrent la ville" (FNAUT, Pays de la Loire, 1er décembre 2013). A l’occasion de la sortie de sa revue n°88 qui est consacrée aux grands travaux d'aménagement de la ville, l’Oribus organise une conférence intitulée "Ces routes qui changèrent la ville". Jocelyne Dloussky, Docteur en histoire, interviendra pour présenter cette période ou d'importants bouleversements ont modifié profondément la physionomie de la ville... Cette conférence a pour thème les grands travaux de Laval de 1760 à 1860 qui ont concerné l’aménagement de la nouvelle route Paris-Brest avec le Pont-Neuf (pont Aristide-Briand), la place de la mairie, la construction du chemin de fer et enfin la canalisation de la rivière La Mayenne.
Une bonne idée de cadeau pour les fêtes : « 1760-1860 : Laval et les routes du futur » (Imprimerie Guillotte, 37 Place Jean Moulin 53000 Laval, décembre 2013, 150 pages, 15 euros).
« Les ingénieurs des Ponts et Chaussées chargés de renforcer le réseau routier pour aller le plus vite possible d’une grande ville à l’autre et d’unifier le réseau des voies d’eau capable d’accélérer le développement économique, trouvent à Laval de quoi mettre en application les théories et les plans conçus dans les dernières années de l’Ancien Régime.
Il faut à la ville une grande traverse rectiligne, ce qui suppose un nouveau pont et une restructuration complète du cours de la Mayenne et de ses abords. Il faut aussi que la rivière soit aisément navigable de manière à avoir sa place dans une sorte de vaste maillage fluvial entre la Manche et l’Atlantique, voire la Méditerranée. Dans le même temps arrive un moyen de communication qui bouleverse complètement les transports : le chemin de fer ! Les travaux routiers, fluviaux et ferroviaires, conduits le plus souvent en parallèle, font du chef-lieu de la Mayenne un chantier permanent pendant une grande partie du 19ème siècle. Il en sort une ville nouvelle, une ville « moderne » apte à grandir.
Aujourd’hui où nous nous préoccupons de la construction d’autoroutes et de voies plus rapides encore pour le TGV, nous regardons avec intérêt ce siècle étonnant dont les réalisations préparent les aménagements d’aujourd’hui ». Page de garde.
1760-1860, ces chantiers qui ont transformé la ville (Ouest-France, Jean-François Vallée, 6 déc. 2013)
Une ville à l’allure médiévale. Au 18ème siècle, Laval est connue pour ses toiles de qualité, exportées jusqu’en Amérique du Sud. Mais cette ville d’environ 12 000 habitants a gardé une allure médiévale (…). « Qu’on s’imagine ! Avant la création du Pont-Neuf (le pont Aristide Briand maintenant), tout le monde passait par le Vieux-Pont, raconte l’historienne Jocelyne Dloussky. Il fallait ensuite grimper la Grande-Rue. Puis, redescendre par la rue Renaise, traverser le faubourg Saint-Martin avant de remonter rue de Beauvais » (…).
La rivière est détournée. La construction d’un nouveau pont s’impose. « A l’époque, la rivière formait un coude et passait là où sont maintenant la rue du Vieux-Saint-Louis et le cours de la Résistance », reprend Jocelyne Dloussky. On construit donc un canal de dérivation, côté rive gauche, dans des prés où séchaient les toiles. Un petit bout de cette rive gauche passe à droite (il forme maintenant la Place du 11-Novembre), on comble une partie de l’ancien lit. Reste à jeter un pont d’une rive à l’autre (…).
La gare. La gare est réalisée en 1855 en dehors de la ville, dans l’optique de la construction du viaduc en 1857. Ce dernier vient s’appuyer sur le rocher d’Hilard, rive droite. « Côté gauche, entre la gare et la rivière, il a fallu construire un énorme remblai d’un kilomètre de long pour atteindre la hauteur du viaduc, 29 mètres ». Des centaines d’ouvriers français et étrangers s’échinent. « C’est le chantier de la LGV avec des brouettes et des pelles », résume Jocelyne Dloussky.
Les grands chantiers. En 1860, la physionomie de Laval est complètement bouleversée : le Pont-Neuf est construit, la route Paris-Brest tracée, des quais enserrent la rivière, dont la navigation est facilitée par un système d’écluses, la gare et le viaduc sont réalisés. Tout est prêt pour le train et la voiture. Le 20ème siècle n’a plus qu’à arriver.
Il faut saluer le travail remarquable du Groupe de recherche sur le mouvement social en Mayenne, qui publie la revue associative L'Oribus depuis 1980. Le Céas 53 présente ainsi L'Oribus : L'association a pour vocation d'accueillir, dans ses colonnes, tous ceux qui désirent faire part de leurs recherches, découvertes et témoignages ou souvenirs sur le mouvement social en Mayenne. Comme le "mouvement social" n'est pas strictement défini, cela fournit un champ très large d'investigation. Pour faire bref, on pourrait dire que le Groupe de recherche sur le mouvement social en Mayenne s'intéresse plutôt aux XIXe et XXe siècles, alors que la Société d'archéologie et d'histoire de la Mayenne (SAHM) couvre plutôt les périodes antérieures, mais la frontière n'est pas imperméable. D'ailleurs, certains passionnés peuvent se retrouver dans l'une et l'autre association.
Cet article est le 22ème paru sur ce blog dans la catégorie Culture langue medias histoire