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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 16:03

Faire du collège unique un maillon fort du système éducatif

 

L’enseignement pour Sarkozy, la jeunesse pour Hollande, seront parmi les priorités de leur programme présidentiel. Voir Le Monde, 5 janvier, Maryline Baumard, puis David Revault d’Allonnes.

 

L'enseignement selon M. Sarkozy : autorité, autonomie et flexibilité

Pour le collège, M. Sarkozy a rappelé qu'"il faut mettre fin aux faiblesses du collège unique tel que nous le connaissons aujourd'hui". Et précisé que l'heure est venue, selon lui, d'"assumer la diversité des parcours en quatrième-troisième".

"Il n'est pas normal que le collège actuel prépare exclusivement à l'enseignement général, et pas à la voie professionnelle : comment, dans ces conditions, cette dernière ne serait-elle pas vécue comme une voie de relégation ?", s'est-il interrogé. S'il n'a jamais été vraiment "unique", le collège pourrait voir ses parcours se diversifier encore, si M. Sarkozy obtient un nouveau mandat (…).

 

Sur l'éducation, Hollande accuse Sarkozy de défendre un "modèle libéral"

(…) Dans l'éducation nationale, (le bilan) est particulièrement lourd. Avoir supprimé 70 000 postes, découragé le personnel qui se dévoue pour l'éducation nationale, supprimé la formation initiale des enseignants, laissé l'échec scolaire progresser avec 150 000 jeunes sortant chaque année du système sans qualification, laissé la violence s'installer dans certains établissements... Ce bilan ne justifie pas un projet qui donne confiance."

La question de l'école s'annonce donc comme un sujet majeur de l'affrontement entre le président de la République et son challenger socialiste. "Il y a un beau débat qui s'ouvre", confirme ce dernier, qui présente ce face-à-face scolaire comme "un choix très clair" : "D'un côté, une éducation sur un modèle libéral, presque compétitif, avec moins d'enseignants et hiérarchisé autour des chefs d'établissement. De l'autre, un système qui se réforme et lutte contre l'échec scolaire."

 

MRC17 Surgères agriculture 080611 020 T1Cela me donne l’occasion de présenter le texte de réflexion concernant le collège unique, qui a été transmis en novembre 2011 à la commission école du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) par Serge Maupouet, professeur d’histoire au collège de Saintes, responsable MRC en Charente-Maritime (17).

 

Serge Maupouet, ici, au côté de Michel Sorin, lors de la réunion à Surgères le 8 juin 2011 - Voir Agriculture et alimentation : intervention de Michel Sorin à Surgères (17) - 27 juin 2011

 

A vrai dire, cette contribution militante sur le collège est la synthèse d’une longue étude (150 pages) que Serge a réalisée l’été 2011 - un vrai travail de recherche, intitulé :

 

  « Pour la relance du collège unique. Eléments de réflexion »

 

Il est temps de concevoir une rénovation et une relance ambitieuses du collège unique, concertées et acceptées car conçues pour le plus grand nombre, susceptibles d’être réellement efficaces, et parce que concertées, acceptées et efficaces, appelées à être pérennes.

 

Cette rénovation et cette relance ambitieuses ne doivent pas être présentées comme une sempiternelle réforme : ce terme n’est plus audible, après des années d’usure et de dévoiement ; toute réforme est désormais perçue au mieux comme un élément provisoire appelé à disparaître au premier changement ministériel, le nouveau ministre concoctant sa nouvelle et propre réforme, au pire comme une nouvelle tentative de casse du service public d’enseignement secondaire.

 

Dans un premier temps, la période récente s'est ainsi caractérisée par une sorte d'empilement de réformes continuelles du collège, lesquelles n'ont bien souvent pas fait sens. Dans un second temps, correspondant à la seconde moitié des années 2000, la notion de réforme n'a plus été utilisée pour présenter globalement et de manière cohérente les mutations profondes imposées au collège par les néo-libéraux; il s'est agi d'une réforme insidieuse, une réforme non-dite, ses promoteurs ayant préféré procéder par touches successives et multiples, mais bien inscrites dans une perspective ; ce procédé leur a permis de ne pas être confrontés à un mouvement de contestation de masse à l'image de celui qui a touché le lycée.

Pour autant, il convient de ne pas faire preuve du même cynisme que les gouvernements qui se sont succédés depuis 2002, mais bien au contraire il s'agit de présenter effectivement un autre projet, global et cohérent, pour le collège, sans user du terme rédhibitoire de réforme aujourd'hui assimilé à la casse du service public. Notre projet étant – à l'inverse de ce qui s'est fait dans la dernière décennie – de relancer le service public d'éducation au niveau du collège.

 

Peut-on proposer une rénovation et une relance ambitieuses du collège unique qui fassent du collège un maillon fiable et fort du système éducatif, qui conservent l’objectif d’une démocratisation élevant le niveau général d’instruction tout en mettant en place l’organisation, les dispositifs, les moyens propres à atteindre cet objectif ? A l’évidence, il faut répondre oui.

 

Répondre autrement serait d'une part renoncer à combattre les déterminismes sociaux, et d'autre part accepter un retour vers les filières, l’orientation précoce, le tri social. Répondre autrement serait encore renoncer à porter à son terme la « Troisième révolution scolaire », celle de l'accès de la grande majorité des jeunes à un baccalauréat de qualité – qualité largement amoindrie en l'état actuel des choses et qu'il faudra restaurer si l'on veut que le système éducatif retrouve sa crédibilité.

 

Un collège ambitieux doit se doter des moyens de faire parvenir plus d'élèves au lycée, avec un niveau permettant d'accéder à l'enseignement supérieur et de réussir leur parcours ultérieur. Il faut donner à tous les élèves l'instruction nécessaire afin que ceux qui suivent un autre chemin puissent accéder à une formation donnant une bonne qualification et devenir des citoyens accomplis. L'ambition ne doit pas se réduire, pour ces élèves, à simplement leur procurer une insertion professionnelle.

Le projet doit se démarquer nettement tant de celui de l'UMP – n'envoyer au lycée que les 50% d'élèves considérés comme aptes à suivre des études au lycée et dans le supérieur, dans une sorte de transposition au lycée de l'esprit de la filière I de la réforme Berthoin de 1959, et professionnaliser les autres au plus vite, ce qui nous ramène à la filière III de cette même réforme –, que de celui du PS. En effet, dans ce dernier, et même si les intentions ne puisent pas à la même source, on peut relever des artifices de rhétorique qui tempèrent seulement des orientations présentant cependant un certain nombre de parallélismes avec des objectifs poursuivis par les politiques libérales.

 

L'Ecole républicaine publique et laïque doit être confortée, contre le projet libéral pour l'Ecole qui prépare l'élève au marché et conditionne le savoir et sa transmission à la rentabilité économique. Le collège doit transmettre des connaissances, des repères, des valeurs, la culture républicaine, une approche de la culture universelle de l'Humanité, perpétuer un patrimoine commun. L'ambition de la Nation doit être dans le prolongement de celle souhaitée par le général de Gaulle dès les années 1960, et rappelée par Jean-Pierre Chevènement dans Le pari sur l'intelligence : élever le niveau général pour soutenir la compétition internationale. Non à l'école du socle, oui à une culture transmise de haut niveau, pour le plus grand nombre, en faisant en sorte que ce plus grand nombre englobe réellement l'ensemble d'une génération !

 

Ce n'est pas en tournant le collège vers le primaire – tentation partagée par l'UMP (au niveau des structures, des enseignants et des contenus) et le PS (au minimum au niveau des enseignants et des contenus) – qu'on résoudra les difficultés; mais c'est bien en redonnant d'abord tout son sens à l'enseignement élémentaire, puis en refondant un collège préparant correctement les élèves aux exigences d'un lycée débouchant sur un baccalauréat redevenu un diplôme de qualité et ouvrant les portes de l'enseignement supérieur. Le baccalauréat actuel est un succédané – sauf à obtenir une mention – et la réforme du lycée va aggraver la situation.

 

Il est aussi nécessaire de porter une réflexion approfondie sur l'état du collège en n'occultant pas le fait que le collège pour tous s'est construit très rapidement en devant satisfaire de manière quasi-concomitante à deux finalités différentes : être le cycle terminal minimal pour tous et devenir l'antichambre du lycée pour le plus grand nombre. Le collège est aujourd'hui une étape incontournable dans un parcours.

 

Toutefois, alors qu'il a été confronté à une forte croissance de ses effectifs, qu'il accueille désormais tous les jeunes et par conséquent des publics très diversifiés, les réductions de dispositifs et de moyens imposées dans une logique libérale l'ont considérablement simplifié, unicisé.

Le collège unique – héritier du projet progressiste d'Ecole unique de l'Entre deux Guerres –, dont la mise en place a marqué un moment majeur dans la concrétisation de la démocratisation du système scolaire, reste l'institution pivot de la grande réforme structurelle du système éducatif.

 

Toutefois, il n'a sans doute jamais véritablement disposé des moyens nécessaires au traitement efficace de la difficulté scolaire : des dispositifs adéquats ont pourtant été pensés dès l'origine, mais sans forcément être mis en oeuvre. Or, aujourd'hui, cette question centrale de la prise en compte efficace de la difficulté scolaire n'est plus traitée que par des emplâtres ou des dispositifs alibis reportant systématiquement la responsabilité d'un échec scolaire sur les jeunes ou les familles.

 

Les orientations actuelles conduisent peu ou prou à sortir dès 14 ans des jeunes en difficulté scolaire du système pour les mener vers l'apprentissage, alors même qu'il faut au contraire permettre à l'ensemble d'une classe d'âge d'arriver au niveau de la Troisième et du brevet ; cet objectif impose de remettre en place des parcours possibles plus variés et donc plus adaptés à la diversité des aptitudes mais menant à la Troisième et au brevet.

 

Parler d'aptitudes, c'est faire référence à une école tournée vers le progrès, renouer avec l'esprit du plan Langevin-Wallon ; c'est aussi volontairement ne pas parler des compétences qui renvoient clairement au monde de l'entreprise, et ce afin de se démarquer de l'école libérale et de son alter ego la formation tout au long de la vie ; c'est aussi ne pas évoquer la fausse question des goûts des élèves, car on sait très bien le poids des héritages familiaux et sociaux en ce domaine. C'est aussi prendre une autre voie que celle de la facilité et de la démagogie, voie qui consisterait à ne considérer le collège que comme un lieu de vie, où l'activité promue fin en soi et la sociabilisation prendraient le pas sur la connaissance.

 

Sur ce point, il serait utile de parvenir au dépassement de l'épuisante, clivante et réductrice querelle pédagogistes/républicains (réductrice car elle occulte le troisième intervenant, le libéralisme), de manière à mieux affronter le risque primordial : celui du collège néo-libéral. Ni exclusion précoce, ni abaissement du niveau : refus de toute dérive vers un renoncement à éduquer et à instruire, affirmation de l'éducabilité de tous, mais aussi refus de toute facilité, de toute tentation de se laisser glisser vers le moins-disant. Au contraire, volonté de prendre les problèmes à bras le corps et de les surmonter par un volontarisme assumé qui part du réel pour sa transformation.

 

Dans ce but, il faut proposer un collège plus varié, prenant en compte – enfin ! – la question sociale et son traitement (ce qui suppose des moyens en personnels qualifiés qui font aujourd'hui cruellement défaut), un collège qui donne un véritable cadre permettant le travail et l'acquisition des connaissances, valorisant l'effort, un collège qui porte l'ambition de conduire l'ensemble d'une classe d'âge en Troisième afin que le plus grand nombre puisse accéder au lycée, avec des connaissances solides, véritables et actées.

 

Voilà un projet républicain et progressiste, conforme aux besoins de la Nation.

 

Cet article est le 28ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

 

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