Les députés UMP ont voté contre la réforme territoriale
L’Assemblée nationale se prononçait, hier, sur le projet de réforme des collectivités territoriales (voir Scrutin public n° 0602 sur l'ensemble du projet de loi de réforme des collectivités territoriales (2e lecture), au cours de la 1ère séance du mardi 28 septembre 2010 et, plus généralement, Réforme des collectivités territoriales).
Le texte a été adopté par 299 voix (UMP et Nouveau Centre) contre 241. La droite est loin de son potentiel de voix. Parmi les 12 députés UMP qui ont voté contre, on trouve les deux députés mayennais, Marc Bernier et Yannick Favennec.
Dans l’édition de Ouest-France (29 septembre, page Mayenne), ils disent pourquoi. C’est parce que le texte n’est pas bon, avancent-ils en substance.
« Si les objectifs initiaux étaient louables, sa mise en application au travers de la loi ne sera, au final, ni cohérente ni efficace », estime Yannick Favennec. Le député proche de Jean-François Copé redoute « une professionnalisation du mandat de conseiller territorial » et un effacement de plus en plus important de la Mayenne avec seulement 19 élus sur 175 dans la future assemblée régionale.
Le villepiniste Marc Bernier est sur la même longueur d’onde. « Cette réforme n’apporte ni la modernisation, ni la simplification, ni la clarification, ni les économies recherchées », fustige-t-il. Pour le député-maire de Vaiges, « ce texte ne pourra être adopté qu’aux forceps, rencontrant l’hostilité du Sénat et de la grande majorité des élus locaux ».
Pour Guillaume Garot, député-maire PS de Laval, qui a voté contre (c’était attendu), « la loi remet en cause la liberté des collectivités territoriales et rend l’organisation territoriale encore plus opaque et compliquée pour le citoyen. La seule motivation de la droite est d’affaiblir le contre-pouvoir que représentent à ses yeux les collectivités territoriales ».
La partie n’est pas terminée au Parlement, puisque le Sénat s’est prononcé différemment, notamment sur le mode de scrutin pour élire les futurs conseillers territoriaux (voir Réforme territoriale : adoption demain du projet de loi par les députés). Une commission mixte paritaire se réunira en octobre, mais, en cas de désaccord persistant, la loi donne le dernier mot aux députés.
En première lecture, les deux sénateurs mayennais, Jean Arthuis et François Zocchetto, avaient voté contre le remplacement des conseillers généraux (départementaux) et régionaux par les conseillers territoriaux qui siégeront dans les deux collectivités territoriales.
Dans Ouest-France (10 juin, page Mayenne), Jean Arthuis expliquait sa position « Le conseiller territorial est un prétexte, pour le gouvernement, d’annoncer sans le dire la fusion absorption des départements par les régions et donc, à terme, leur disparition programmée ».
Seize conseillers territoriaux, contre vingt-neuf dans l’Orne, département moins peuplé, « c’est inacceptable et totalement injuste », renchérit François Zocchetto. « Je ne vois pas bien, par ailleurs, comment vont s’articuler, demain, les compétences entre départements et régions », ajoute l’élu centriste.
Les deux sénateurs rêvent d’unir tous les centristes en vue de l’élection présidentielle. C’est l’objet de l’Alliance centriste, qui tenait sa première université d’été à Laval le 28 août, sous la présidence de Jean Arthuis, en présence d’invités de l’UMP et du MoDem.
L’objectif est de présenter un candidat, qui se distingue de la gauche, bien sûr, mais aussi du « bonapartisme des uns et du populisme des autres » (Ouest-France, 29 août). Ici, ce sont de Villepin et Sarkozy, qui sont dans le collimateur du président de cette Alliance centriste, mais il ne parle pas d’un autre obstacle sur la route de son rassemblement centriste, le Nouveau Centre, qui voudrait aussi prendre quelque distance avec Sarkozy, tout en restant très proche.
Les deux députés UMP sont en conflit entre eux, mais aussi en rupture plus ou moins nette avec le président de la République. Arnaud Bélier, dans Ouest-France (18 août) s’est entretenu avec Yannick Favennec. Celui-ci « redoute la droitisation de l’UMP. Le climat sécuritaire au sein du parti vise à attirer les électeurs FN mais risque de faire fuir les centristes », estime le député du nord Mayenne. Dans le même quotidien, le 25 août, c’est Marc Bernier, le député du sud Mayenne qui se confie au même journaliste, directeur départemental. « Notre pays est divisé et affaibli ». Après le débat sur l’insécurité, le député villepiniste dénonce une réforme des retraites « injuste économiquement et socialement ». Il observe « une profonde déconnexion entre les annonces de la politique nationale et ce que vivent nos concitoyens ».
Les deux députés UMP ont un contradicteur en la personne de l’ancien député RPR du sud Mayenne, Henri de Gastines. Il n’apprécie pas le ralliement de son successeur, Marc Bernier, au mouvement République solidaire fondé par Dominique de Villepin et ne comprend pas pourquoi, en plein débat sur les retraites, « les parlementaires qui ont été élus, pour l’essentiel, pour leur engagement à soutenir le président de la République, s’associent à une entreprise de division qui n’aura d’autre but que d’affaiblir celui-ci ».
Trois ans après sa victoire électorale, le président Sarkozy a réussi cet exploit de ne plus avoir un seul parlementaire en Mayenne qui le soutienne. Conclusion : la gauche a une belle carte à jouer dans ce département où, historiquement, elle était très minoritaire.
Cet article est le 8ème paru sur ce blog dans la catégorie Les élus en Mayenne.