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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 18:32

Les USA, le Japon et l’Europe, dépendants de la Chine

 

Le capitalisme occidental aurait-il perdu la bataille des métaux stratégiques face à la Chine ? Il semble bien que oui, au vu de l’évolution des exportations chinoises de « terres rares », ces 17 métaux aux propriétés spécifiques utilisés de plus en plus dans l’industrie innovante de haute technologie.

La Chine, en juin dernier, a montré sa détermination en décidant, au niveau de l’Etat, de mettre en œuvre un plan de mise en valeur rationnelle du secteur de production des « terres rares ».

 

L’essentiel du problème était présenté dans l’article Minerais (terres rares), sociétés minières : la Chine à la manoeuvre - 9 octobre 2009. Des éléments nouveaux sont apparus.

Voir Terres rares : la Chine frappe à nouveau. Elle persiste, et signe (Isabelle Mouilleseaux, 28 juillet 2010) et Terres rares : nouvelle machine de guerre chinoise ? (Isabelle Mouilleseaux, 29 septembre).

 

Dans la presse, récemment, deux articles à lire :

- La Chine et les "terres rares" : bataille mondiale pour les métaux précieux (La Tribune, 10 novembre)

Les cours des « terres rares » s'envolent et les industriels commencent à sérieusement s'en inquiéter. « Les dirigeants du G20 doivent travailler de concert afin de trouver des solutions rapides, pragmatiques et durables pour un approvisionnement stable et sûr en terres rares », écrivent dans une lettre adressée au G20 plusieurs organisations patronales. La lettre, datée du 3 novembre, compte 37 signataires allant des Chambres de commerce américaines aux fédérations patronales européennes Business Europe en passant par le japonais Nippon Keidaren.

Contrairement à ce que laisse penser leur appellation, « les terres rares » constituent un groupe de métaux assez répandus dans l'écorce terrestre. Ces 17 substances métalliques recensées et découvertes au début du XIXe siècle dans des minerais - d'où le nom de terre - sont essentielles pour les secteurs de l'électronique et de l'automobile, où elles entrent dans la fabrication d'écrans plats, de lasers ou de voitures hybrides. Elles sont également utilisées dans les énergies propres ou la raffinage pétrolier.

Si ces métaux rares sont présents un peu partout sur terre la production en est extrêmement concentrée. La Chine est assise sur 36 % des réserves mondiales de métaux rares, suivie de l'ex-Union soviétique (22 %), des États-Unis (13 %) et de l'Australie (5 %). Mais la Chine assure à elle seule plus de 95 % de la production mondiale de terres rares soit 120.000 tonnes par an.

C'est évidemment cette situation de quasi monopole sur fond de flambée des cours qui inquiètent les industriels. Les prix ont bondi de 69 % depuis mai 2010 et de plus de 300% depuis leur plus bas de 2008. Or, la Chine a commencé à réduire de 5 % à 10 % ses exportations de terres rares depuis 2006 afin de garantir à ses industriels un approvisionnement régulier de ces métaux stratégiques. En septembre 2010, un incident diplomatique entre la Chine et le Japon portant sur l'arraisonnement d'un bateau de pêche chinois avait rapidement dérapé sur le sujet des terres rares, Tokyo accusant Pékin d'avoir décrété un embargo sur ses exportations de terres rares (...).

- Comment la Chine a gagné la bataille des métaux stratégiques (Olivier Zajec, Le Monde Diplomatique, novembre 2010 p14-15). Un camouflet pour la logique économique à courte vue.

Des métaux indispensables à la fabrication des appareils de haute technologie - les « terres rares » -, une production mondiale dominée par la Chine, une restriction des exportations : le « grand jeu » géopolitique commence. Pour asseoir son contrôle sur ces minéraux stratégiques, la Chine a mis en œuvre ce que le capitalisme occidental rejette : une politique industrielle de long terme.

On attendait plutôt les exploitations à ciel ouvert de Mongolie-Intérieure, ou les mines profondes du bush australien. Mais c’est en plein cœur des brouillards de la mer de Chine orientale que la problématique des « terres rares », ces métaux à haute valeur ajoutée technologique, a une fois de plus émergé dans l’actualité. Le 7 septembre 2010, un chalutier chinois, hasardant ses filets dans les eaux territoriales japonaises, est cerné par les garde-côtes. Il tente de fuir, et ce faisant éperonne un bâtiment militaire nippon. L’équipage est arrêté. L’incident se déroule non loin de l’archipel des Senkaku (Diaoyu pour les Chinois). Eparpillées à cent soixante-dix kilomètres au nord-est de Taïwan, ces huit îles presque désertes appartiennent à Tokyo, mais Pékin en revendique la souveraineté depuis les années 1970. Revendications autrefois émises recto tono, mais qui s’affirment désormais avec plus d’âpreté, reflétant l’évolution progressive du rapport de force entre une Chine en ascension, à l’étroit dans ses eaux peu profondes, et un Japon sur la défensive.

Par l’escalade diplomatique qu’elle a suscitée, la collision du 7 septembre révèle l’étendue du répertoire coercitif dont dispose la Chine dans la défense d’une zone hautement stratégique pour elle. La détention du capitaine du bateau chinois, prolongée par décision d’un tribunal japonais le 19 septembre, a amené le ministère des affaires étrangères à menacer : « Si le Japon continue dans cette attitude imprudente, il goûtera à son propre fruit amer. » De Pékin à Shanghaï, suscités ou spontanés, protestations « patriotiques » et autodafés de drapeaux nippons se multiplient. Jusqu’à ce que le « fruit amer » ne prenne finalement tout son sens aux alentours du 20 septembre, sous la forme d’un coup d’arrêt des exportations de terres rares chinoises vers les ports japonais. Rien d’officiel, mais de Hongkong à Tokyo en passant par Londres, les courtiers en matières premières le confirment : les chargements sont retardés, voire bloqués. L’effet est spectaculaire.

En portant le bras de fer sur le terrain des ressources énergétiques, Pékin met en lumière une faiblesse rédhibitoire du Japon et de bien d’autres puissances désireuses d’acquérir ces précieux minerais.

Une stratégie d’étranglement

Les terres rares sont un groupe de 17 métaux aux propriétés uniques, utilisés de plus en plus massivement dans l’industrie innovante et de haute technologie. Lasers, téléphones portables, écrans à cristaux liquides, en contiennent, et les performances nouvelles des dernières générations de terminaux de « connexion de masse », de l’iPhone aux tablettes tactiles, reposent en partie sur les propriétés de ces éléments. Les nouvelles industries « vertes » connaissent aussi cette dépendance : batteries de véhicules hybrides, panneaux solaires, ampoules basse consommation ou turbines d’éoliennes sont tributaires des métaux « dopants » que sont le néodyme, le lutécium, le dysprosium, l’europium ou le terbium, également porteurs de promesses en termes de catalyse pour le raffinage du pétrole. Enfin, l’industrie de défense utilise les terres rares pour des systèmes aussi cruciaux que les missiles de croisière, les munitions guidées, les radars ou les blindages réactifs.

La demande mondiale en terres rares croît de plus de 10% par an. Elle est passée en une décennie de quarante mille à cent vingt mille tonnes annuelles. L’industrie américaine, japonaise ou européenne, ne peut déjà plus s’en passer, comme le résume l’analyste Cindy Hurst dans une récente étude pour le département américain de la défense : « Sans les terres rares, une grande partie de la technologie moderne serait profondément différente, et bien des applications ne seraient pas même possibles. Par exemple, nous ne connaîtrions pas l’avantage de la miniaturisation des téléphones et des ordinateurs portables ». En général, plus un modèle industriel est innovant, (résistant, léger, de taille réduite, « écocompatible »), plus sa dépendance aux terres rares augmente (…)

 

Cet article est le 9ème sur ce blog dans la catégorie Asie.

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