Soutenir partout les processus démocratiques
Le 19 août 2013, Patrick Nivet a publié sur son blog sa lettre à un ami, collègue au Conseil municipal de Libourne (Gironde), dans laquelle il exprime son point de vue sur les évènements en cours dans les pays arabes.
Bonjour Omar,
Tu suis sans doute comme moi les nouvelles bien terribles venues d'Egypte, de Tunisie et d'ailleurs. Tous ces pays du Moyen Orient et du Maghreb sont comme des volcans en éruption que rien n'éteint, pas même des processus démocratiques plus ou moins réussis ; le feu des déchirements couve toujours sous les cendres et la moindre manifestation se transforme en coups d'Etat ou en répressions plus ou moins féroces qui, elles mêmes, entraînent de nouvelles manifestations jusqu'à la guerre civile qui embrase maintenant la Syrie, voire l'Irak et même la Libye.
Je pense que les problèmes économiques, les contradictions religieuses, la non résolution du Problème israélo-palestinien, les nationalismes en souffrance, en sont les grandes causes mêlées... Les pays occidentaux jouent en général les « sainte nitouche » mais multiplient souvent les approximations et les erreurs en tous genres.
Pour l'essentiel, ils font la part trop belle à Israël et cherchent dans le maquis des intentions des uns et des autres à défendre évidemment le fil de leur intérêt en se prenant souvent les pieds dans le tapis incandescent des incendies qu'ils allument parfois ...
Ce qui est sûr, c'est qu'en Algérie il y eut bien un coup d'Etat dans les années 1990, qui a débouché sur une guerre civile, et qu'en Egypte aujourd'hui le risque est grand d'une telle évolution après celui auquel on vient d'assister.
En fait, l'impression c'est que, pour beaucoup, la démocratie ne peut être conçue avec un pouvoir religieux... qu'évidemment le FIS en Algérie et les Frères musulmans en Egypte se proposaient d'installer...
J'avoue que je préférerais que les élections débouchent sur un pouvoir laïque mais, pour autant, je ne pense pas que nous puissions montrer une quelconque satisfaction devant des coups d'Etat qui constituent des remèdes pires que le mal qu'ils sont sensés soigner. Sinon, ce n'est pas la peine de montrer la moindre distance avec les partis Bass en général et Bachar el Assad en Syrie.
La démocratie en Iran me parait très contrôlée par les religieux, que la société iranienne supporte, tout compte fait, difficilement, en essayant de se faufiler dans les interstices des processus électoraux.
Quand aux contradictions religieuses, c'est un sous-produit attisé par les autres, économiques notamment.
Au fond, il n' y a pas de solutions simples, mais la nécessité de soutenir les processus démocratiques en les rendant le moins imparfaits possibles me parait quand même incontournable et c'est pour cette raison que les militaires en Egypte et les bandes armées en Iran ou ailleurs ne doivent pas être encouragés.
Je ne souhaite pas, d'autre part, que nous intervenions militairement en Syrie aujourd'hui pas plus qu'hier en Irak. La position de la France au début des année 2000 (Chirac - De Villepin), sans oublier évidemment JP Chevènement au début des années 1990, trouvant dans la guerre civile larvée d'aujourd’hui le prolongement de son bien fondé.
Voir, précédemment (30 mai 2013) : Patrick Nivet : 14 ans de commissions de discipline des hôpitaux publics
Cet article est le 32ème paru sur ce blog dans la catégorie Proche Moyen Orient.