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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 20:41

L’euro doit être au service du bien commun européen

 

La question grecque est devenue la question européenne. Pour sauver les grecs de l’infortune, il faut changer de politique européenne. Quelle surprise de constater que Laurent Fabius n’a rien compris ! Il croit sans doute qu’il ne s’est rien passé entre 2002 et 2012.

Voici ce qu’il a déclaré le 21 mai sur Europe1 (voir Fabius-Grèce : "une très grande inquiétude") :

Laurent Fabius, nouveau ministre des Affaires étrangères, a admis lundi sur Europe 1 "une très grande inquiétude sur la situation grecque", alors que le pays s’apprête à voter une deuxième fois en deux mois, et fait face à une poussée des extrêmes. "Nous n’avons pas de leçon à donner, mais la France doit dire les choses à nos amis grecs telles qu’elles se présentent aujourd’hui : s’ils veulent rester dans l’euro, ils ne peuvent pas se prononcer pour des formations qui de fait les feraient sortir de l’euro", a prévenu Laurent Fabius. "Il faut respecter le mémorandum (plan de rigueur imposé par l’UE et le FMI, ndlr), mais en même temps donner une perspective de croissance. L’enjeu, c’est que les Grecs restent ou pas dans l’euro", a-t-il rappelé.

 

Interrogé par Arlette Chabot, le 23 mai, sur Europe1, Alexis Tsipras, responsable de Syriza, le parti de la gauche radicale grecque, a répondu « M. Fabius est en contradiction avec les engagements électoraux de Monsieur Hollande » 

Rappel : Elections du 6 mai en Grèce : les résultats analysés par Gérard Filoche - 8 mai 2012

Voir aussi : Le Front de gauche reçoit Alexis Tsipras à l'Assemblée nationale (23 mai)

Alexis Tsipras « Les sorts des peuples européens sont liés »  (l’Humanité, 23 mai)

            Grèce : Tsipras veut « garder l'euro » (Le Parisien, 23 mai) 

 

 Jacques Généreux / France Inter (23 mai)

Economiste et Secrétaire national à l'économie du Parti de gauche, Jacques Généreux est revenu sur la crise actuelle en Europe et plus particulièrement en Grèce. Il plaide pour un changement de politique européenne car il juge "imbécile et inhumain de vouloir sortir d'une crise financière de surendettement par une cure d'austérité". "Nous avons les moyens pour relancer notre économie par nous mêmes" estime Jacques Généreux qui ajoute que "l'Euro en tant que monnaie unique n'est pour rien dans cette crise" : si Alexis Tsipras arrive au pouvoir, "les grecs désobéiront au traité européen, restructureront leur dette s'ils le veulent tout en restant dans l'Euro".

 

Il faut relancer l'économie grecque, dût l'euro en périr (Le Monde, Jacques Sapir, 24 mai)

 

Le mémorandum signé entre la "troïka" et le gouvernement grec a démontré sa nocivité. Rajoutant la rigueur à l'austérité, il a plongé la Grèce dans une dépression sans égale. Cette politique est l'équivalent contemporain de la déflation des années 1930 dans son esprit comme dans ses mesures les plus concrètes (baisse autoritaire des salaires, diminution des prestations sociales). Elle conduira aux mêmes catastrophes. En dépit des coups de menton de Berlin, Francfort ou Bruxelles, il n'existe pas de cadre légal pour expulser un pays de la zone euro. Les traités n'ont fixé aucun chemin pour en sortir. Ici encore, c'est un bel exemple d'intelligence politique !

L'Union européenne (UE) peut certes décider de suspendre son aide, mettant ainsi le gouvernement grec dans l'incapacité d'honorer ses dettes. Mais ce dernier peut alors prendre conjointement deux décisions lourdes de conséquences. Tout d'abord, il peut répudier la totalité de sa dette. Les gouvernements de la zone euro, engagés directement à travers le Fonds européen de stabilisation financière, et la Banque centrale européenne (BCE), devront alors "prendre leurs pertes" (64 milliards d'euros pour la France). Il peut, dans le même temps, réquisitionner la banque centrale de Grèce et lui faire émettre autant d'euros que nécessaire pour couvrir ses besoins de financement à court terme. Cette mesure, illégale, n'en est pas moins techniquement possible. Pour l'essentiel, il s'agit de jeux d'écritures (…).

Le gouvernement grec a donc dans ses mains des instruments de rétorsion face aux menaces. Mieux vaudrait donc discuter et renégocier le mémorandum, ce qui est très précisément la position du chef de Syriza, le parti de la gauche radicale, Alexandre Tsypras.

Au-delà se pose la question de la compétitivité de la Grèce. Soit les pays de l'Union européenne sont prêts à investir dans l'économie grecque, lui permettant de combler une partie de son écart de compétitivité qui s'est accru de 35 % depuis 2002. Soit il faudra se résoudre à une sortie de la Grèce de la zone euro et à une lourde dévaluation (50 %) de la drachme. Cette solution, pour pénible qu'elle soit, sera préférable à la poursuite de la politique du mémorandum. La dévaluation est en effet une solution possible pour la Grèce. Le déficit de la balance commerciale représentait, en 2011, environ 20 milliards d'euros. Le déficit hors effets des hydrocarbures représentait 15 milliards. Les importations incompressibles, on le voit, ne représentent qu'une partie (25 %) du déficit commercial actuel. Une dévaluation permettrait à la Grèce d'augmenter ses exportations, qui représentaient en 2011 l'équivalent de 27 % du PIB, dont 12 % de ce dernier pour les exportations de biens. Cela est loin d'être négligeable.

Une telle solution sonnerait probablement le glas de l'euro. Mais ce glas sonne déjà avec la crise espagnole et le retour de la crise irlandaise. Une solution à la crise grecque est possible, à la condition que l'on cesse d'en faire un point d'honneur. Les femmes et hommes politiques européens doivent faire preuve de pragmatisme. Sinon, les réalités économiques trancheront pour eux.

Grèce : faut-il vraiment saigner un Etat qui n'a jamais existé ? (Le M, Guy Burgel, 24 mai)

Guy Burgel, géographe, professeur à l'université Paris-Ouest-Nanterre-la Défense, est l’auteur du "Miracle athénien au XXe siècle", CNRS Editions, 2002. Pour lui, "le mensonge et la paresse dont on accuse aujourd'hui le peuple grec sont des fables."

La crise grecque revient au galop, compromettant les premiers pas de la nouvelle présidence française. Il faut donc aussi revenir à la pédagogie élémentaire, dont la répétition, on le sait, est le premier principe. Si l'on veut voir dans le désastre qu'offre actuellement la Grèce la simple traduction de l'incurie gouvernementale et de l'insouciance sociale, justiciables de traitements d'austérité à doses de cheval, on tuera le malade, mais surtout on n'aura rien compris aux processus historiques des mutations, où les concomitances l'emportent sur les causalités directes. A cet égard, la saga grecque est démonstrative. Elle apparaît à la croisée de trois logiques autonomes : une crise de la société, une crise de l'Etat, une crise de l'Europe.

Pendant un peu moins de deux siècles de son histoire contemporaine, la Grèce a construit son développement économique sur un mode sociétal. A de très rares exceptions - la période d'Elefthérios Venizélos, pendant l'entre-deux-guerres, après la défaite contre la Turquie -, c'est aux initiatives de la société, individus et groupes unis par de fortes solidarités familiales, qu'est échue la responsabilité principale de bâtir les fondements matériels et spirituels de la nation : la petite exploitation agricole, l'entreprise artisanale, puis industrielle et touristique, le logement, et avant tout celui des millions de ruraux qui sont arrivés dans les grandes agglomérations dans la seconde moitié du XXe siècle, l'instruction des enfants à travers un réseau dense et populaire d'instituts privés. Pendant longtemps, cet "autoportage" du social a prospéré avec bonheur, faisant sortir la Grèce de la pauvreté, certes avec l'aide internationale - américaine avant d'être européenne -, mais surtout grâce au travail et à l'ingéniosité de ses citoyens. Le mensonge et la paresse dont on accuse aujourd'hui le peuple grec sont des fables. Mais ce système est à bout de souffle (…).

 

Cet article est le 51ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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