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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 21:42

L’Etat se heurte à une profonde dissidence

 

C’était le temps du rapprochement des deux Conseils régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire, après les élections régionales de mars 1998. Majorité de droite (Fillon président) et opposition de gauche (Vaugrenard représentant Ayrault, mais aussi Auxiette) des Pays de la Loire étaient sur la même longueur d’onde pour coopérer avec les Bretons dans la perspective du développement du Grand Ouest. A vrai dire, l’opposition bretonne (Le Drian) était plus allante que la majorité (De Rohan, président).

 

J’ai conservé mon dossier de conseiller régional. La réunion commune des Conseils régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire avait lieu le 5 juillet 1999 au centre culturel « Le Triangle » à Rennes. Réunion historique, car la seule réunion commune à ce jour dans l’histoire des deux conseils régionaux.

Je retiens de la déclaration liminaire de François Fillon, en tant que président de la Région des Pays de la Loire, lors de cette réunion :

« (…) Il nous faut forcer la porte du schéma de développement de l’espace communautaire, schéma qui néglige aujourd’hui la façade atlantique. Il nous revient de valoriser notre situation géographique, en première ligne face au Grand Large, au cœur de l’Arc atlantique.

A cet égard, l’illustration de deux grands dossiers dont l’issue heureuse réduirait le handicap de notre périphéricité s’avère primordiale.

D’abord sur ce qu’on appelle le barreau Est-Ouest de l’Ile-de-France, c’est-à-dire l’interconnexion des réseaux TGV Ouest et du reste de l’Europe (…).

Second dossier : nos liaisons aériennes. Je veux évoquer ici le projet d’aéroport international de Notre-Dame des Landes. Il s’agit du seul projet d’aéroport international situé à courte distance de nos deux capitales régionales. Je suis convaincu que nous ne mesurons pas encore aujourd’hui complètement l’ampleur des effets bénéfiques que ce projet pourrait avoir pour nos deux économies et pour l’Ouest tout entier. Je pourrais ajouter à ces deux dossiers la modernisation de nos lignes ferroviaires TGV et interrégionales, la promotion des ports bretons et ligériens (…) ».

Dans son intervention finale, François Fillon revenait sur le sujet en déclarant :

« Un aéroport international pour le Grand Ouest ? C’est là un enjeu fondamental pour notre développement ! »

 

On ne comprend rien au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes si l’on ne prend pas en compte la volonté des grands élus de la région des Pays de la Loire - Fillon, Ayrault et Auxiette, en tête - de contourner le handicap de la situation géographique de l’Ouest de la France, loin de la Banane bleue représentant le cœur industriel européen.
Les élus bretons étaient plus intéressés par la ligne nouvelle TGV Le Mans-Rennes afin de rapprocher la Bretagne de Paris (la LGV sera mise en service en 2017, voir à ce sujet cet article : Inquiétude de riverains de la base de travaux LGV à Saint-Berthevin - 21 novembre 2012). 
Il m’est apparu évident que les deux décisions (nouvel aéroport et nouvelle ligne ferroviaire LGV) ont été liées afin d’obtenir les financements des diverses collectivités concernées sur les deux régions Bretagne et Pays de la Loire.
Le passage à l’acte n’a pas posé de problème s’agissant de la « LGV Le Mans-Rennes Bretagne Pays de la Loire », d’autant plus que la proposition de la FNAUT concernant La "Virgule de Sablé a été acceptée, apportant une grande satisfaction en Pays de la Loire. De plus, le besoin de ligne ferroviaire à grande vitesse n’est contesté, ni par les écologistes et les citoyens, ni par les agriculteurs concernés.
Par contre, s’agissant d’un aéroport de cette envergure et d’un projet initial qui date de 40 ans (il répondait à des besoins datés), le passage à l’acte est d’autant plus difficile que la crise est passée par là, justifiant de revoir le bien fondé des grands projets d’investissement, notamment quand ils consomment beaucoup d’espace agricole et rural, ce qui est le cas de ce Projet d'aéroport du Grand Ouest (Wikipédia).
Depuis le début de la relance du projet (fin des années 1990), les écologistes étaient extrêmement réservés, voire opposés. Les tensions entre eux et les socialistes, lors de la préparation des élections régionales de 2010, étaient lourdes de menaces (voir Futur aéroport Nantes Notre-Dame-des-Landes : Tension PS-écologistes - 24 juillet 2010).
La procédure a suivi son cours depuis qu’en 2000, a été présenté officiellement un projet de transfert à Notre-Dame des Landes (à 25 km au nord de Nantes et 80 km de Rennes) de l’aéroport de Nantes-Atlantique, situé à la périphérie de Nantes, au sud de l’agglomération.

 

Selon Michel Marchand (M’PEP), qui a publié une argumentation contre le projet - voir le texte Non à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes - en faisant l’historique, un débat public a eu lieu à partir de 2003, portant notamment sur la non saturation de l’actuel aéroport. Des études ont été réalisées avant l’enquête publique en 2006 et, en avril 2007, la commission d’enquête a donné un avis favorable avec réserves et recommandations. Le transfert est décidé par le gouvernement en 2008 (déclaration d’utilité publique par décret) avec le qualificatif « haute qualité environnementale ». Un recours est rejeté en 2009 par le Conseil d’Etat. Un appel d’offres est lancé en octobre 2009 pour la concession du projet de nouvel aéroport. L’Etat signe un contrat avec le groupe Vinci, le 31 décembre 2010. Les travaux débuteront en 2014 pour une mise en service en 2017. Le nouvel aéroport « sera un équipement essentiel au développement économique du Grand Ouest et exemplaire sur le plan environnemental ». 

  

Ouest-France, dans son édition du 16 novembre 2012, a résumé Le projet d’aéroport, en chiffres, après avoir, le 16 octobre 2010, présenté L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes en dix questions.

 

L’opposition au projet s’est accentuée depuis la fin de l’été 2012. Voir La bataille de "Notre-Dame-des-Colères" (Le Monde, 16 novembre 2012).

Voir le site des associations qui s’opposent : Avec l'ACIPA, dites NON! au projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes
Le président de la République a réagi. Voir Hollande défend le projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Le Monde, 16 novembre 2012).
Sur le site de Nantes Métropole, le 17 novembre 2012, les présidents de région, de département, d’agglomération et de ville publient un communiqué intitulé « Transfert de l'aéroport : nous ne nous laisserons pas dicter notre destin ». Extrait.

Il y a 20 ans, nous avons refusé le déclin. Nous avons toujours fait le choix du développement et du désenclavement du Grand Ouest.
Il est de notre responsabilité de préparer l'avenir et nous ne permettrons à personne de casser cette dynamique de croissance gage d'emploi, de pouvoir d'achat et de qualité de vie. Nous entendons garder notre destin en main et continuerons à assurer le développement durable de notre territoire, y compris avec le transfert de l'aéroport et le TGV jusqu'à Rennes.
Nous rappelons que les élus de 2 Régions, 4 Départements et plus de 50 communes soutiennent ce transfert qui profitera à tout le grand Ouest.
Nous ne sommes pas le Larzac. Il ne s'agit pas d'implanter un camp militaire, mais de transférer un équipement qui permettra la création de milliers d'emplois et le développement de tout un territoire. Nous défendons l'aéronautique et les emplois industriels.

Pourquoi Notre-Dame-des-Landes cristallise les tensions (Le Figaro, 23 novembre 2012)

FOCUS - Retour sur le projet d'Aéroport du Grand-Ouest vieux de 50 ans, les raisons qui ont motivé sa naissance et les arguments opposés par ses détracteurs.

L’association ATTAC (23 novembre 2012) soutient les opposants. Voir Notre Dame des Landes : faire atterrir le gouvernement. (…) De la même manière que le Larzac est devenu un symbole de la lutte contre la toute-puissance étatique et militaire, Notre-Dame des Landes est devenue le symbole d’un refus : celui d’une politique d’aménagement du territoire héritée du siècle passé, qui préfère la destruction et le bétonnage des terres fertiles à la promotion de la relocalisation de la production agricole et des échanges ; celui de la croyance que la sortie de crise se fera par le développement d’infrastructures inutiles et imposées, prédatrices en énergies fossiles, plutôt que par la conversion écologique de nos sociétés. Notre-Dame des Landes n’est pas seulement un symbole et un refus. Elle est un lieu où s’expérimentent des alternatives : relocalisation, sobriété énergétique, autonomie (…).

Voir aussi : Notre-Dame-des-Landes : les opposants posent les conditions du dialogue (Le Monde, 26 novembre 2012)

Cet article est le 27ème paru sur ce blog dans la catégorie Régions info ouest.

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