L’Etat se heurte à une profonde dissidence
C’était le temps du rapprochement des deux Conseils régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire, après les élections régionales de mars 1998. Majorité de droite (Fillon président) et opposition de gauche (Vaugrenard représentant Ayrault, mais aussi Auxiette) des Pays de la Loire étaient sur la même longueur d’onde pour coopérer avec les Bretons dans la perspective du développement du Grand Ouest. A vrai dire, l’opposition bretonne (Le Drian) était plus allante que la majorité (De Rohan, président).
J’ai conservé mon dossier de conseiller régional. La réunion commune des Conseils régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire avait lieu le 5 juillet 1999 au centre culturel « Le Triangle » à Rennes. Réunion historique, car la seule réunion commune à ce jour dans l’histoire des deux conseils régionaux.
Je retiens de la déclaration liminaire de François Fillon, en tant que président de la Région des Pays de la Loire, lors de cette réunion :
« (…) Il nous faut forcer la porte du schéma de développement de l’espace communautaire, schéma qui néglige aujourd’hui la façade atlantique. Il nous revient de valoriser notre situation géographique, en première ligne face au Grand Large, au cœur de l’Arc atlantique.
A cet égard, l’illustration de deux grands dossiers dont l’issue heureuse réduirait le handicap de notre périphéricité s’avère primordiale.
D’abord sur ce qu’on appelle le barreau Est-Ouest de l’Ile-de-France, c’est-à-dire l’interconnexion des réseaux TGV Ouest et du reste de l’Europe (…).
Second dossier : nos liaisons aériennes. Je veux évoquer ici le projet d’aéroport international de Notre-Dame des Landes. Il s’agit du seul projet d’aéroport international situé à courte distance de nos deux capitales régionales. Je suis convaincu que nous ne mesurons pas encore aujourd’hui complètement l’ampleur des effets bénéfiques que ce projet pourrait avoir pour nos deux économies et pour l’Ouest tout entier. Je pourrais ajouter à ces deux dossiers la modernisation de nos lignes ferroviaires TGV et interrégionales, la promotion des ports bretons et ligériens (…) ».
Dans son intervention finale, François Fillon revenait sur le sujet en déclarant :
« Un aéroport international pour le Grand Ouest ? C’est là un enjeu fondamental pour notre développement ! »
Selon Michel Marchand (M’PEP), qui a publié une argumentation contre le projet - voir le texte Non à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes - en faisant l’historique, un débat public a eu lieu à partir de 2003, portant notamment sur la non saturation de l’actuel aéroport. Des études ont été réalisées avant l’enquête publique en 2006 et, en avril 2007, la commission d’enquête a donné un avis favorable avec réserves et recommandations. Le transfert est décidé par le gouvernement en 2008 (déclaration d’utilité publique par décret) avec le qualificatif « haute qualité environnementale ». Un recours est rejeté en 2009 par le Conseil d’Etat. Un appel d’offres est lancé en octobre 2009 pour la concession du projet de nouvel aéroport. L’Etat signe un contrat avec le groupe Vinci, le 31 décembre 2010. Les travaux débuteront en 2014 pour une mise en service en 2017. Le nouvel aéroport « sera un équipement essentiel au développement économique du Grand Ouest et exemplaire sur le plan environnemental ».
L’opposition au projet s’est accentuée depuis la fin de l’été 2012. Voir La bataille de "Notre-Dame-des-Colères" (Le Monde, 16 novembre 2012).
Il y a 20 ans, nous avons refusé le déclin. Nous avons toujours fait le choix du développement et du désenclavement du Grand Ouest.
Il est de notre responsabilité de préparer l'avenir et nous ne permettrons à personne de casser cette dynamique de croissance gage d'emploi, de pouvoir d'achat et de qualité de vie. Nous entendons garder notre destin en main et continuerons à assurer le développement durable de notre territoire, y compris avec le transfert de l'aéroport et le TGV jusqu'à Rennes.
Nous rappelons que les élus de 2 Régions, 4 Départements et plus de 50 communes soutiennent ce transfert qui profitera à tout le grand Ouest.
Nous ne sommes pas le Larzac. Il ne s'agit pas d'implanter un camp militaire, mais de transférer un équipement qui permettra la création de milliers d'emplois et le développement de tout un territoire. Nous défendons l'aéronautique et les emplois industriels.
Pourquoi Notre-Dame-des-Landes cristallise les tensions (Le Figaro, 23 novembre 2012)
FOCUS - Retour sur le projet d'Aéroport du Grand-Ouest vieux de 50 ans, les raisons qui ont motivé sa naissance et les arguments opposés par ses détracteurs.
L’association ATTAC (23 novembre 2012) soutient les opposants. Voir Notre Dame des Landes : faire atterrir le gouvernement. (…) De la même manière que le Larzac est devenu un symbole de la lutte contre la toute-puissance étatique et militaire, Notre-Dame des Landes est devenue le symbole d’un refus : celui d’une politique d’aménagement du territoire héritée du siècle passé, qui préfère la destruction et le bétonnage des terres fertiles à la promotion de la relocalisation de la production agricole et des échanges ; celui de la croyance que la sortie de crise se fera par le développement d’infrastructures inutiles et imposées, prédatrices en énergies fossiles, plutôt que par la conversion écologique de nos sociétés. Notre-Dame des Landes n’est pas seulement un symbole et un refus. Elle est un lieu où s’expérimentent des alternatives : relocalisation, sobriété énergétique, autonomie (…).
Voir aussi : Notre-Dame-des-Landes : les opposants posent les conditions du dialogue (Le Monde, 26 novembre 2012)
Cet article est le 27ème paru sur ce blog dans la catégorie Régions info ouest.