Réunions de concertation : un sentiment de frustration
La décision d’application de la réforme des rythmes scolaires est laissée à l’appréciation des collectivités locales : rentrée 2013 ou 2014. De nombreux élus veulent aller vite mais ils sont conscients des incidences importantes sur l’organisation de la vie scolaire et périscolaire.
Rappel : Assemblée nationale : Vincent Peillon propose une loi refondant l'école - 15 mars 2013. Voir les principaux points du Projet de loi sur l'école
En fait, la question n’est pas simple. Voici deux cas, très différents : à Lille et à Saintes.
Lille : les propos de Martine Aubry
Rythmes scolaires : Aubry repousse l'application de la réforme à Lille en 2014 (Le Monde, 18 mars 2013)
Saintes : la concertation laisse parents et enseignants frustrés
Des parents frustrés (Sud Ouest, 13 mars 2013). Les élus restent dans l’incapacité de répondre aux questions des parents.
Les réflexions personnelles de Serge Maupouet, professeur dans un collège de Saintes.
Il est assez clair que de nombreux points sont profondément problématiques, aussi bien en primaire que dans le secondaire.
La question des rythmes en primaire, tout spécialement, engage l'Education nationale sur une pente qui peut devenir très dangereuse : inégalités accrues monde urbain-monde rural, horaires d'école et dispositifs péri-éducatifs variant nettement d'une école à l'autre, non-respect des préconisations des chronobiologistes (quoiqu'en disent les promoteurs du décret - samedi délaissé pour le mercredi, horaires de sortie possibles à 15h30 en primaire alors que c'est grosso modo à partir de cette heure-là que les enfants, et en particulier pour les dernières années d'élémentaire, retrouvent un pic d'attention propice aux apprentissages), moins-disant maintenu en terme d'horaires d'enseignement pour tous, possible usine à gaz en construction concernant l'ensemble du péri-éducatif (problèmes de locaux, problèmes de recrutement et de qualification des intervenants, horaires de fin des cours placées non pas en fonction des intérêts des élèves mais de ceux des adultes, problèmes évidents de financement).
Stoppons-là pour faire bref, en évoquant seulement l'inquiétude généralisée des parents : les réunions d'information organisées localement sont révélatrices de leur ampleur, mais aussi des incompréhensions ou des tensions qui s'instaurent entre les élus et différents membres de la communauté éducative (parents inclus).
Certes, certaines organisations soutiennent le processus, et il y a quelques progrès (dont la scolarisation possible dès deux ans, ou le retour aux 9 demi-journées) mais l'impression qui se dégage globalement n'est-elle pas qu'en des lieux éloignés du terrain on continue à avancer alors que sur le terrain l'incompréhension est de plus en plus évidente au niveau de nombreux acteurs, et ce concernant la mise en oeuvre concrète ou bien même les objectifs réellement poursuivis à moyen et long terme ?
Pour ce qu'il est possible de constater ici, localement, il faudrait regarder en face le fait que le sentiment qui se généralise est que ce n'est pas essentiellement pour l'intérêt des élèves que la réforme des rythmes est faite, mais que cet intérêt des élèves dont l'on parle tant est avant tout un alibi pour des réformes poursuivant d'autres objectifs non clairement explicités.
Aussi, n'est-il pas à exclure que l'ampleur du malaise puisse apparaître réellement aux alentours de la rentrée, au moment où les faits livreront leur réalité ? Ne vaudrait-il pas mieux en tenir compte dès maintenant, alors qu'il serait encore temporellement possible d'améliorer ce qui doit l'être et de répondre de manière convaincante aux inquiétudes ?
Cet article est le 32ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.