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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

12 avril 2024 5 12 /04 /avril /2024 19:41

Note de lecture de Jean-Yves Autexier pour la Fondation Res Publica

 

Emmanuel Todd ne laisse personne indifférent.

Soyons reconnaissants à Jean-Yves Autexier d'avoir écrit cette note de lecture (12 février 2024) pour la Fondation Res Publica.

 

Note de lecture de l’ouvrage d'Emmanuel Todd, "La défaite de l'Occident" (Gallimard, 2024), par Jean-Yves Autexier, vice-président de la Fondation Res Publica.

 

Le nouveau livre d’Emmanuel Todd ne manque pas de décontenancer le lecteur. Il a choisi de livrer à la fois des analyses, des intuitions, des perspectives. Ceux qui s’attendent à une étude traditionnelle de politique étrangère seront déçus ; mais ceux qui reprochent à cet essai de ne pas être un ouvrage académique fourmillant de notes de bas de page se trompent. Ce n’est pas l’objet de l’auteur. 

La défaite de l’Occident est une œuvre très personnelle où Todd n’hésite pas à livrer son sentiment, laissant à vrai dire le lecteur libre de le partager ou non.

Le regard de l’anthropologue est notamment guidé par deux grilles de compréhension de l’évolution du monde actuel.

La première concerne la structure familiale : la famille communautaire où autorité et égalité prévalent, la famille souche où l’autorité se combine avec l’inégalité, et la famille nucléaire où la liberté prévaut. Le lecteur familier de l’œuvre d’Emmanuel Todd reconnait là la permanence de ses observations.

La seconde grille touche à l’évolution du fait religieux dans les sociétés, où l’auteur nous invite à découvrir trois stades successifs : la religion active, période marquée par l’assiduité religieuse mais surtout par des taux de fécondité élevés ; la religion zombie où les traces du fait religieux demeurent mais les pratiques -et la fécondité- s’éloignent. Il ajoute dans ce livre le stade de la religion zéro, où les sociétés s’affranchissent plus amplement des dogmes, pratiques et interdits ; l’adoption du « mariage pour tous » en est pour l’auteur la date charnière.

L’application de ces deux grilles sur les nations qui s’affirment ou s’affaiblissent invite à la réflexion.

L’ouvrage cherche ainsi à comprendre les deux surprises livrées par la guerre en Ukraine : comment la Russie s’est révélée plus solide qu’on ne le pensait et comment l’Ukraine s’est montrée plus résistante qu’on ne l’imaginait.

La stabilité russe, l’effet inverse des sanctions occidentales sur son économie, la capacité à trouver dans le reste du monde compréhension voire soutien après l’invasion d’une partie de l’Ukraine méritent en effet qu’on s’y attarde, car les prévisions d’effondrement rapide de l’économie russe se trouvent aujourd’hui amplement démenties.

De même, l’Ukraine, décrite hier comme un Etat failli et corrompu, s’est révélée capable de résistance acharnée, en mobilisant les énergies, à l’ouest du pays bien-sûr, mais également dans des régions russophones.

On trouve dans ces pages d’innombrables observations, et une conclusion qui est à rebours du discours occidental dominant : en dépit de sa crise démographique profonde, avec un PIB à peu près équivalent à celui de l’Italie, la Russie est parvenue à maintenir sa stabilité malgré une guerre meurtrière.

S’agissant de l’Ukraine, Emmanuel Todd évoque « l’alliance de l’ultra-nationalisme de l’Ouest, de l’anarcho-militarisme du Centre contre la partie russophile du pays, très affaiblie par la fuite de ses élites. Et c’est cette nation ukrainienne nouvelle, réduite, concentrée, qui a résisté efficacement à l’attaque des Russes ».

Mais, depuis l’échec de la contre-offensive de 2023, « nous savons que la Russie ne sera pas vaincue. Pourquoi alors s’installer dans une guerre sans fin ? L’obstination des dirigeants européens devient fascinante ». Et de rappeler le coût des politiques de sanctions, de soutien financier et militaire à l’Ukraine consentis par les Européens.

On comprend que le livre ait alors suscité autant de réactions hostiles ! Mais défendre le pluralisme des opinions et la liberté d’expression doit rester un impératif, surtout lorsqu’on ne veut pas laisser le monopole de ce débat à l’extrême droite.

Pour pouvoir pronostiquer une défaite de l’Occident, l’auteur s’efforce d’en cerner les faiblesses. Reprenant les thèses de Max Weber, il rappelle d’abord le lien entre le protestantisme et la réussite du capitalisme en Europe puis aux Etats-Unis. Or, selon lui, le protestantisme en est « au stade zéro ». Ses valeurs, ses idéaux sont perdus de vue : goût du travail, rigueur morale, éducation et libre-examen. Et selon l’auteur : « protestantisme zéro = nation zéro ». On est surpris de l’application de ce principe au Royaume-Uni, où le vote en faveur du Brexit ressemblait fort à une affirmation de liberté nationale.

Mais il est vrai que dans l’ouvrage d’Emmanuel Todd, on ne trouvera pas d’analyse du phénomène qui perturbe les pays occidentaux : l’arrivée massive d’une immigration venue de loin, qui nourrit les craintes des couches populaires. De fait, ce ne sont plus les valeurs traditionnelles du protestantisme qui nourrissent le fait national, ce serait plutôt la peur d’une immigration incontrôlée.

Appliquant son principe aux Etats-Unis, Emmanuel Todd nous prévient : « Je prie le lecteur d’excuser le caractère schématique des trois chapitres qui vont être consacrés aux Etats-Unis (…) Mon dessein n’est pas d’atteindre un haut niveau de perfection académique, mais de contribuer à la compréhension d’un désastre en cours. » En fait, le lecteur est décontenancé par l’affirmation d’un niveau zéro du protestantisme aux Etats-Unis, tant il a été marqué par l’influence des milieux évangélistes sur les campagnes électorales et sur les scores de Donald Trump.

Pour l’auteur, l’évangélisme est une hérésie sans vrai rapport avec le protestantisme classique, et son influence déclinerait depuis les années 1990. Au lecteur de juger. Les faiblesses graves de la société américaine sont nommées : violences, prisons, fusillades de masse, obésité, mais aussi l’addiction de toute l’économie au dollar, l’affaiblissement de l’industrie au profit des activités financières.

Tout cela entraîne le débat politique vers les abysses. Ne reste en scène que l’affrontement du populisme et de l’élitisme. Mais, au risque d’encourir le reproche de rester fasciné par l’Amérique des années 1950, comment ne pas souligner aussi la vitalité américaine dans les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, l’espace, avec la fulgurante réussite de SpaceX, la reconversion anticipée dans la voiture électrique, le volontarisme de l’Inflation Reduction Act, sans compter l’énergie (on prévoit pour 2024 un record de 12,8 millions de barils par jour de pétrole et les Etats-Unis sont devenus grâce au gaz naturel liquéfié un des premiers exportateurs mondiaux), et au total une croissance trois fois plus forte qu’en Europe.

Sans doute ne faut-il pas être aveuglé par ces réussites ; sans doute faut-il rechercher les tendances lourdes du temps long. L’Occident a cessé d’être le maitre du monde. Mais va-t-on vers sa défaite ou vers un nouvel équilibre, où « le reste du monde » devient un acteur majeur ?

Emmanuel Todd a un immense mérite : celui du courage. Il n’hésite pas à livrer au public ses convictions comme ses intuitions. Au risque de voir s’abattre sur lui une pluie de critiques. Mais ce courage est le meilleur service rendu à la liberté de penser. Affirmer une vision de l’avenir ne garantit pas la victoire du réel, mais le conformisme est toujours une défaite de l’esprit.


 

Cet article est le 3338 ème sur le blog MRC 53 - le 26ème cat. Culture langue medias histoire

Article paru le 12 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Jean-Yves Autexier, ici au côté de Didier Motchane, le 19 septembre 2014, à Caen, à la veille de l'université d'été du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC)

Jean-Yves Autexier, ici au côté de Didier Motchane, le 19 septembre 2014, à Caen, à la veille de l'université d'été du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC)

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10 avril 2024 3 10 /04 /avril /2024 22:34

Etre capable de construire des compromis entre groupes antagonistes

 

Le 8 novembre 2023, la Fondation Res Publica organisait un colloque sur le thème "La France face aux mutations du travail". Dans son intervention intitulée « Le chaînon manquant », l'ancien ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique, Arnaud Montebourg, a émis des propos forts sur la situation actuelle de l'économie française. Extraits.

 

La grande récession entamée en 2009 – qui concerne tout l’OCDE – se caractérise d’abord par un appauvrissement économique des ménages, de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, sans précédent depuis les Trente Glorieuses (...).

Concernant le partage de la valeur ajoutée, je suis venu avec un peu de documentation. Patrick Artus, le chef économique de Natixis, que l’on ne peut soupçonner d’être un grand révolutionnaire, ne cesse d’écrire des livres dénonçant l’austérité salariale. Dans un chapitre de 40 ans d’austérité salariale. Comment en sortir ?  il écrit que « les populations devraient se révolter contre l’austérité salariale»" (...).

S’y ajoute l’inflation qui n’a d’autre origine que le choc pétrolier que l’Europe s’est infligé par ses stratégies erronées sur le gaz russe, l’abandon du nucléaire et du système de formation du prix de l’électricité au plan européen. Il faudra faire l’autopsie de ces trois aberrations, de ces trois erreurs quand nous en serons sortis. Mais nous n’en sommes pas sortis (...).

La carte électorale illustre donc parfaitement ce qui se passe sur le travail et la rémunération du travail. C’est pour moi le point essentiel. Comme l’ont dit les deux orateurs qui m’ont précédé, si l’on n’a ni le salaire ni la reconnaissance (le salaire est d’ailleurs une forme de reconnaissance) c’est l’impasse (...).

Cette rébellion en cours, qui a des manifestations politiques et sociales, peut converger de façon électorale vers des programmes politiques qui proposeront soit de réformer le capitalisme, soit de le pousser encore un peu plus fort.

Ce sont les ingrédients de la situation actuelle. Que faire maintenant ? Quel est l’agenda des difficultés, des problèmes que nous allons devoir affronter ?

À l’agenda politique européen, il y a d’abord une révolution industrielle, sociétale, économique, culturelle, à mener qui est la transition écologique. Sociétale, tout le monde doit le faire. Économique, toutes les entreprises vont devoir décarboner. Culturelle, c’est dans la tête et nous sommes tous coupables. Et industrielle, il faut inventer la croissance verte. Cela ne peut être financé que par les budgets publics.

La mécanique du marché ne guide pas vers la privation de carbone. C’est donc forcément le système politique qui va prendre cette multitude de décisions.

Ces décisions vont viser la décroissance des activités fossiles et la croissance très forte des activités vertueuses (...).

Si je résume ce propos un peu alarmiste, le capitalisme financier et numérique dans son aboutissement nous conduit tous à revêtir la chasuble jaune et à être payés au revenu universel si les sociétés l’acceptent, ce que je ne crois pas.

Face à cette situation, réforme ou révolution ?

La réforme c’est le partage de la valeur, c’est la transformation des systèmes décisionnels dans les entreprises financiarisées, ce sont des outils politiques capables de contenir collectivement les conséquences de l’intelligence artificielle. Je siège dans certains conseils d’administration d’ETI, d’entreprises innovantes, croissantes qui sont sur les marchés mondiaux…

Les patrons disent ne pas pouvoir continuer à subir la pression de l’actionnariat sans contrepoids salarial et sont conscients qu’il arrivera un moment où ils ne trouveront plus de salariés. La prise de conscience est dans tous les interstices de l’économie et des entreprises.

Cette crise de la démission rampante se fait déjà sentir. Donc sans une réforme sérieuse sur la reconnaissance – la part de codétermination évoquée par Jean-Baptiste Barfety –, sur le partage de la valeur – évoqué dans nos débats –, je pense que nous ne surmonterons pas l’obstacle et que les sociétés peuvent parfaitement exploser.

Mais pour cela nous devons disposer d’un système démocratique en bonne forme, capable de construire des compromis entre groupes antagonistes, ce qui n’est plus le cas. C’est là le chaînon manquant de notre avenir.


 

Cet article est le 3337 ème sur le blog MRC 53 - le 153ème catégorie Travail Economie

Article paru le 10 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Arnaud Montebourg, le 4 septembre 2021, à Clamecy (Nièvre), dans la ville où il est né, au lancement de sa campagne présidentielle

Arnaud Montebourg, le 4 septembre 2021, à Clamecy (Nièvre), dans la ville où il est né, au lancement de sa campagne présidentielle

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 17:43

La question de la souveraineté nationale est d'intérêt supérieur pour le pays


 

La Fondation Res Publica a publié la note d’Arnaud Montebourg produite lors de son audition par la Section du Rapport et des Etudes du Conseil d’Etat (novembre 2023). Voir le document :

"Europe et souveraineté nationale : où en est-on, que faudrait-il faire ?"

 

Lors de mon audition devant la Section des Études et du Rapport du Conseil d’État présidée par sa présidente Martine de Boisdeffre, le 27 novembre 2023, j’ai présenté brièvement le contexte alarmant auquel la France est aujourd’hui exposée en raison de la perte de souveraineté dont la population a parfaitement conscience.

 

Cette perte de souveraineté conduira les Français à réclamer et obtenir correction et réparation, dans la lignée de la tradition politique d’un pays, la France, qui n’a jamais supporté la dépossession de sa liberté collective ni davantage les humiliations.

 

Une souveraineté économiquement affaiblie, ainsi qu’en témoignent les fondamentaux économiques démontrant notre dépendance économique et financière extrêmes : record du déficit commercial et du surendettement de l’État. Certains économistes qualifient à juste titre la France de pays « détenu » par ses créanciers.

 

Une souveraineté politiquement aliénée, car non consentie, en raison de la transposition par les parlementaires du Traité de Lisbonne en violation de la volonté du peuple souverain qui, dans son expression directe, avait refusé le Traité Constitutionnel Européen en 2005. Cet usage parlementaire de la transposition d’un traité refusé par le peuple souverain nourrit malheureusement un divorce grandissant entre les Français et leurs représentants politiques.

 

Une souveraineté internationalement défaite, comme en témoigne la dure litanie des pertes de contrôle de nos fleurons industriels en 20 ans (Arcelor, Péchiney, Alstom, Technip, Alcatel, Lafarge, Essilor), l’affaire du rachat par EDF des turbines Alstom vendues à l’américain General Electric 10 ans plus tôt faisant culminer l’inconséquence au niveau d’un ridicule déshonorant ; tout comme la France devenue une colonie numérique des États-Unis, comme en témoignent notre incapacité à nous défendre contre les intrusions numériques (affaires Snowden et Pegasus) ni davantage à organiser la réduction de la domination des géants américains du numérique sur notre économie domestique et nos fonctions nationales vitales.

 

Enfin, une souveraineté juridiquement mutilée, en raison de la dépossession sérieuse et continue des pouvoirs appartenant au législateur, pourtant seul dépositaire selon la Constitution de l’exercice du pouvoir législatif. Une Commission Européenne, un Conseil Européen et cinq Cours suprêmes (Conseil Constitutionnel, Cour Européenne des Droits de l’Homme, Cour de Justice de l’Union Européenne, Conseil d’État, Cour de Cassation) fabriquent à jet continu des décisions rivalisant de zèle pour écarter nos lois, relativiser leur application, interdire tout ou partie de leur contenu et inventer toutes sortes de règles afin de les rendre caduques. Écrire la loi et par conséquent prendre des décisions en toute indépendance est devenu un travail de slalomeur serré entre les bâtons hérissés d’interdits illisibles, imperfectibles, instables et parfaitement illégitimes.

 

Cette mutilation est le fruit de la sédimentation au long cours de nombreuses décisions mais deux d’entre elles relèvent de la lourde responsabilité du Conseil d’État sur lesquelles j’ai prié mes interlocuteurs d’attacher leur attention. Il s’agit de l’arrêt d’Assemblée du 20 octobre 1989 dit « Nicolo », consacrant la supériorité absolue des traités sur les lois. Et l’arrêt de principe et d’Assemblée par le même Conseil d’État en date du 21 avril 2021, dit « French Data Network », refusant le contrôle des excès de pouvoirs des institutions de l’Union Européenne, se refusant ainsi à contrôler ce que le Tribunal Constitutionnel de Karlsruhe organise depuis bien longtemps en Allemagne.

 

Je leur ai indiqué, comme membres du Conseil d’État, qu’il revient désormais à celui-ci de corriger de lui- même ces deux décisions qui sont des atteintes sérieuses à notre souveraineté, avant que de futures réactions politiques, et des plus fortes, ne placent cette noble et indispensable institution au cœur d’une réforme cruelle et définitive.

 

Pour ma part, je placerai ce travail de revirement de jurisprudence indispensable au nom de l’intérêt supérieur de la France, ou de correction de trajectoire de ces deux décisions, dans le cadre qui devrait s’imposer à terme de lui-même : la reconstruction d’un système juridico-politique souverain restaurant la primauté de la loi, outil de sauvegarde et de protection de l’intérêt national, ce dont notre pays a un besoin urgent.

En effet, l’intégration par des règles uniques ou uniformes applicables à des Nations dont l’histoire, la géographie et la culture sont disparates ne peut pas susciter l’adhésion, et provoque souvent à bon droit le rejet. L’Union ne peut pas être l’uniformisation. Et à l’intégration juridique, il faut préférer la coopération politique.

C’est pourquoi, pour préserver le futur de l’Union Européenne, il paraît nécessaire de mettre un certain terme à cette intégration juridique excessive, pour ne pas dire d’inspiration extrémiste, à tout le moins permettre souplesse et liberté aux Nations membres, et au total accepter que les intérêts nationaux prévalent lorsqu’ils le souhaitent et limiter les règles communes au strict nécessaire.

La question n’est donc pas : faut-il moins ou plus d’Europe ? La question est plutôt : il faut moins d’intrusion dans la vie des peuples et plus de protection des peuples contre les menaces extérieures par l’Union Européenne, deux objectifs de bon sens dont elle s’est malheureusement montrée jusqu’ici incapable de défendre.

Voir aussi dans Les actes des colloques (19 décembre 2023) : Quel avenir pour l'Europe ?

Henri Guaino propose de placer la loi au-dessus des traités afin de restaurer la responsabilité politique, condition de l'exercice de la démocratie. Extrait.

Pour comprendre ce que nous pouvons faire à l’échelle de la France pour enrayer cet engrenage infernal, il faut revenir à l’arrêt Nicolo, cet arrêt du Conseil d’État qui, en 1989, après une jurisprudence constante depuis 1958 – qui avait d’ailleurs été celle aussi de la Cour de cassation jusqu’en 1975 – a décidé que ce n’était plus la dernière volonté du législateur qui l’emportait mais les conventions internationales, mais que les traités étaient toujours supérieurs à la loi nationale comme le disait la lettre de l’article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie ».

Dès lors, au fur et à mesure que s’étend le champ des conventions internationales et du droit européen, il sert de moins en moins à grand-chose d’aller voter et la crise de la démocratie devient inéluctable. La seule voie raisonnable est donc de réformer l’article 55 de la Constitution de façon à ce que ce soit de nouveau la dernière volonté du législateur qui l’emporte : quand la loi est postérieure au traité c’est la loi qui doit l’emporter, quand le traité est postérieur à la loi c’est le traité qui doit l’emporter.

Cet article est le 3336 ème sur le blog MRC 53 - le 155ème, catégorie France et Europe

Article paru le 08 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Arnaud Montebourg, le 25 septembre 2021, à Frangy-en-Bresse, au lancement de sa candidature à l'élection présidentielle 2022

Arnaud Montebourg, le 25 septembre 2021, à Frangy-en-Bresse, au lancement de sa candidature à l'élection présidentielle 2022

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6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 22:03

Tandem au pouvoir national : Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko

 

Le Sénégal a montré sa capacité à maîtriser le processus démocratique. Après la désignation d'un nouveau Premier ministre et d'un gouvernement dit de "rupture", il faut voir maintenant comment le président et son Premier ministre vont se partager le pouvoir.

C'est un test important pour cette partie de l'Afrique. il mérite notre attention bienveillante.

 

Voici ce qu'écrivait le Mouvement Républicain et Citoyen après l'élection du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye.

 

Elections au Sénégal : Bassirou Diomaye Faye est élu Président

 

Saluons le processus démocratique qui a amené Bassirou Diomaye Faye à devenir président du Sénégal à 44 ans.

C’est une surprise. En douze présidentielles au suffrage universel, c'est la première fois qu'un candidat de l'opposition l'emporte dès le premier tour. Et ce scrutin vient clore une crise politique, induite par le report illégal initial, qui a bien failli emporter cette longue tradition démocratique.


Bassirou Diomaye Faye veut promouvoir un « panafricanisme de Gauche » et mettre fin à une certaine corruption. Issu de l’Inspection du trésor, il a à cœur de rétablir la souveraineté de son pays et pourrait être amené à renégocier des concessions et contrats attribués par le précédent gouvernement. Il souhaite que tous les Sénégalais puissent vivre et travailler au pays. Il s’est aussi efforcé de rassurer les partenaires étrangers « qui se comportent bien ».


Nous souhaitons réussite au nouveau Président, progrès, émancipation et prospérité à la jeunesse et à tout le peuple sénégalais, peuple ami de la France au sein de la Francophonie.

 

 

Ce 6 avril 2024, la presse s'est fait l'écho de la Composition du nouveau Gouvernement.

- tv5monde : Sénégal : le Premier ministre Ousmane Sonko présente un gouvernement de "rupture"

- France 24 : Sénégal : le président Faye nomme un gouvernement "de rupture" avec de nouveaux visages


 

Cet article est le 3335 ème sur le blog MRC 53 - le 32ème paru dans la catégorie Afrique

Article paru le 06 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Ousmane Sonko, désigné le 2 avril 2024 Premier ministre du Sénégal.

Ousmane Sonko, désigné le 2 avril 2024 Premier ministre du Sénégal.

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6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 17:44

Présidence par intérim avec 3 vice-présidents jusqu'au congrès extraordinaire

 

Jean-Luc Laurent est décédé le 11 janvier 2024. Voir Décès de J-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre et président du MRC. Il a été remplacé à la mairie du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) par son premier adjoint, Jean-François Delage.

A la tête du MRC, les trois vice-présidents, Thierry Cotelle, Catherine Coutard et Ladislas Polski, l'ont remplacé provisoirement, jusqu'à la réunion du Conseil national, le 24 mars 2024.

 

Une nouvelle équipe à la tête du Mouvement Républicain et Citoyen

À la suite du décès de son président Jean-Luc Laurent, le Conseil National du MRC, réuni ce dimanche 24 mars 2024, a élu Thierry COTELLE comme président du Mouvement Républicain et Citoyen par intérim jusqu'à la tenue d'un congrès extraordinaire en octobre prochain.
De même, Jean-François DELAGE, nouveau maire du Kremlin-Bicêtre (94), intègre le Secrétariat National comme vice-président. Il rejoint Catherine COUTARD et Ladislas POLSKI également confirmés vice-présidents.

 

Présentation du nouvel exécutif

 

Thierry COTELLE, Président du MRC

Thierry COTELLE est Conseiller Régional de la Région Occitanie et préside, à ce titre, Nereus-Space un organisme européen à Bruxelles rassemblant plus de 25 régions de l’Union Européenne sur les thématiques spatiales et leurs applications des programmes Copernicus (en coopération avec l’ESA et la Commission Européenne). Il a été Maire-adjoint de Toulouse et Conseiller communautaire de Toulouse-Métropole (2008-2014) en charge du développement économique et de l’emploi après avoir siégé dans l’opposition au conseil municipal de Toulouse (2001-2008).

Marié, père de deux enfants, il est également Directeur Général d’une entreprise industrielle avec une expérience de plus de 30 ans dans l’aéronautique. Particulièrement engagé sur les politiques régionales d’équilibre territorial et les actions en faveur de la réindustrialisation de la France, il a milité au PS qu’il quitte en 1993 pour cause de désaccord sur Maastricht et l’engagement de la France dans la guerre du Golfe. Il participe alors à la création du Mouvement des Citoyens et ensuite au Mouvement Républicain et Citoyen.


 

Jean-François DELAGE, Vice-président

Engagé pleinement en politique en adhérant au MRC depuis 2019 et en participant à la campagne de Jean-Luc Laurent pour les élections municipales au Kremlin-Bicêtre, desquelles ils sortiront victorieux. Il a été son premier adjoint chargé de l’éducation, de la laïcité, de la démocratie locale et des services publics avant son décès en 2024.

Le 22 janvier 2024, Jean-François Delage est élu maire du Kremlin-Bicêtre par le conseil municipal. Homme du livre et de culture, et après avoir obtenu des diplômes universitaires en philosophie, il a été, jusqu’en février 2024, directeur des ventes et de la diffusion au sein d’un groupe éditorial. Il se consacre maintenant pleinement et entièrement à la mairie du Kremlin-Bicêtre et à ses administrés.


 

Catherine COUTARD, Vice-présidente

Catherine Coutard a participé à la création du Mouvement des Citoyens en 1993 puis du Mouvement Républicain et Citoyen en 2002. Elle a été adjointe au maire de Saint Denis (93) puis conseillère municipale de Montélimar et Montélimar Agglo ainsi que conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes. Elle a 63 ans et est mère de deux filles. Elle est praticien hospitalier dans un service d’urgences.


 

Ladislas POLSKI, Vice-président

Maire de La Trinité et vice-président de la Métropole Nice Côte d’Azur. Il est médecin de famille et père de trois enfants. Il adhère au congrès fondateur du MRC en 2003 puis intègre la direction nationale. Depuis 2004 il est reconduit à chaque congrès au sein de l’exécutif. Il a par ailleurs été Conseiller régional de Provence Alpes-Côte d’Azur de 2010 à 2015.


 

Cet article est le 3334 ème sur le blog MRC 53 - le 269 ème dans la catégorie MRC national

Article paru le 06 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Thierry Cotelle, le 1er avril 2023, lors du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen

Thierry Cotelle, le 1er avril 2023, lors du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen

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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 21:30

Les colères agricoles sont justifiées, il faut réviser la PAC pour sauver les paysans

 

Ce blog existe depuis 2006 (plus de 3 330 articles ont été publiés). Il a continué d’exister après une suspension en 2014, le temps du lancement du blog de Réseau CiViQ (Citoyenneté et Vie Quotidienne). Plus de 500 articles ont été publiés sur ce blog CiViQ.

 

Le sens politique de ce blog MRC 53 est de contribuer à reconstruire la gauche en s’opposant aux politiques néolibérales que le peuple français subit depuis trente ans.

Cette refondation républicaine de la gauche ne doit pas seulement se faire en haut, par les organisations politiques au niveau national, mais elle doit aussi se faire en bas, c’est-à-dire par les militants et les citoyens dans les communes et les départements.

 

 

Après les Titres des articles publiés de juillet à novembre 2023 sur le blog MRC 53, voici les titres des articles publiés depuis décembre 2023.

 

 

Titres des articles publiés de décembre 2023 à mars 2024 sur le blog MRC 53

Pierrick Berthou, éleveur laitier, lance un appel à sauver les paysans - 12 mars


 

Cet article est le 3333 ème sur le blog MRC 53 - 93ème, cat. Titres des articles du mois précédent

Article paru le 01 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Paysage agricole dans le Valenciennois, près de la Belgique, en juillet 2023

Paysage agricole dans le Valenciennois, près de la Belgique, en juillet 2023

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31 mars 2024 7 31 /03 /mars /2024 17:53

Socialiste puis au MRC et à la GRS, il avait maintenu ses convictions de gauche

 

Georges Minzière s'était engagé au PS en 1972, dans le mouvement des salariés vers la gauche, à partir des luttes sociales de 1968.

 

C'est en octobre 1973, "après quinze jours de grève, que Laval découvre qu'elle est passé de l'ère des notables à celle des luttes sociales" (Le Monde, 18 octobre 1973, Pierre-Marie Doutrelant). Six mille salariésen grève en même temps, c'était une grande première en Mayenne. Le 17 octobre, seule l'usine Salmson (460 salariés), qui avait été la première à se mettre en grève, n'avait pas repris le travail.

 

Georges Minzière me le disait : en 1973, Laval a fait son mai-juin 1968. Il avait été, lui-même, au coeur des luttes sociales dans l'entreprise Salmson et, plus globalement, à la tête du syndicat de la métallurgie en Mayenne.

Voir, concernant Salmson et Georges Minzière, les articles publiés sur le blog MRC 53 (5 mai 2012, 30 et 31 décembre 2012, 1er janvier 2013, 5 mars 2018) :

Georges Minzière, syndicaliste CFDT retraité de l'industrie, citoyen actif

Salmson en Mayenne : comment l'entreprise s'est implantée à Laval

Salmson à Laval (suite) : Georges Minzière fait part de ses souvenirs

Les 50 ans des Pompes Salmson à Laval : une belle histoire industrielle

Georges Minzière : la loi de nationalisation en 1982 a sauvé Salmson


 

A partir de 1979, jusqu'en 1985, Georges Minzière était responsable du secteur des entreprises au sein du PS en Mayenne. L'arrivée de la gauche aux responsabilités en 1981 a apporté un réel soutien à des entreprises comme Salmson. Voir Georges Minzière : la loi de nationalisation en 1982 a sauvé Salmson.

Sa confiance dans le PS a diminué avec l'échec de Lionel Jospin à l'élection présidentielle de 2002. Il a rejoint le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), puis la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), en 2019.

 

Rappel (blog CiViQ, 30 mars 2024) : Georges Minzière, récemment décédé, portait les valeurs humanistes

 

Cet article est le 3332 ème sur le blog MRC 53 - le 49ème catégorie Personnalités et célébrations

Article paru le 31 mars 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Georges Minzière, en 2012, devant son domicile à Laval, et la rivière La Mayenne

Georges Minzière, en 2012, devant son domicile à Laval, et la rivière La Mayenne

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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 17:00

Le paysan breton demande à la société de choisir entre agir et subir

 

Depuis longtemps, Pierrick Berthou tire la sonnette d'alarme. Voir (CiViQ, 19 septembre 2016) : Pierrick Berthou, éleveur laitier (29) : il faut sauver les paysans.

 

Récemment, il rappelait l'importance de l'élevage. Voir (MRC 53, 27 novembre 2023) : Pierrick Berthou (site de Marianne) argumente en faveur de l'élevage.

 

Le 1er mars 2024, Le Figaro publiait, en tribune libre, son texte. Voir le cri d'alerte d'un agriculteur breton.

 

C'est ce texte qu'il a publié sur le blog qu'il vient de lancer sous le titre "Pierrick s'exprime". Le voici.

 

Agir ou subir, choisissons !

 

1,6 million de paysans en France en 1970, en 2024 nous passerons «allègrement» sous la barre des 350 000 paysans, dans l’indifférence générale… Florian, un voisin a «jeté l’éponge» en 2022. Nico, un autre voisin, lui, a décidé de mettre sa ferme en vente. Ces deux jeunes voisins, autour de 40 ans, tous deux issus d’une longue lignée de paysans, quittent leurs fermes, quittent la terre. Ils prennent cette décision car ils n’en peuvent plus, ils n’ont plus de perspectives. Ce que nous, la société, perdons, ce n’est pas seulement deux paysans qui trimaient, c’est aussi du savoir faire, transmis de génération en génération, qui s’arrête brutalement !
 

N’en doutez pas, l’Agriculture, en dépit des effets de manches de ses décideurs, va mal, très mal. A ce rythme, nous allons dépeupler nos campagnes à grande vitesse. Car, il faut bien le comprendre, nos décideurs ont choisi depuis fort longtemps, d’industrialiser l’agriculture et même de la financiariser. Tout cela avec la même logique comptable, impitoyable, qui oppresse, qui désorganise, qui déstructure l’ensemble de notre société…

 

Nos fermes s’agrandissent à marches forcées, implacablement, sans respect, sans conscience ! Tout cela se fait sans mesurer les conséquences, car les répercussions sont bien présentes. Déclin de la biodiversité, visible et moins visible, sur la terre, sous la terre, dans les mers, dans les airs. Perturbation du cycle des pluies, des vents, nos animaux maltraités et nous les paysans qui subissons et disparaissons comme des taiseux que nous sommes…

 

Notre société ne vit que grâce à ces quelques centimètres de terre qui recouvrent la planète. Ces quelques centimètres, qui font le lien entre le ciel et le sous-sol, sont riches d’humus, d’argiles, de limons, des mycorhizes, d’une vie animale, végétale etc. Ces sols qui permettent toutes nos activités Humaines sont aujourd’hui en danger, car malmenés et menacés par l’industrialisation de l’Agriculture.

 

Cette industrialisation de l’Agriculture s’appuiera, inexorablement, sur les monocultures, les N.G.T (O.G.M), les nouvelles technologies et la spécialisation. En un mot, c’est la monotonie qui s’installera dans nos campagnes… tout le contraire de ce qu’est la nature par essence qui, justement, est un feu d’artifice de diversité de bruits, diversité de couleurs, diversité de d’odeurs qui mettent tous nos sens en émois !

 

J’ai connu l’époque où les gamins du quartier se retrouvaient joyeusement pour jouer, pour grimper aux arbres, fabriquer des arcs, des flèches et des cabanes, imaginer un monde, refaire le monde en ingurgitant des quantités mémorables de cerises, de poires, de pommes, de prunes cueillies à même les arbres qui habillaient les talus de nos campagnes tellement fleuries. Des fruits en grandes quantités, totalement gratuits, tantôt trop mûrs, tantôt pas assez mûrs, ce qui, parfois, venait déranger un tube digestif «susceptible» qui obligeait à trouver rapidement un buisson afin de se soulager, sous le regard hilare des copains. Aurons-nous encore des gamins courant la campagne aux beaux jours afin d’attraper des grillons en leur tapant le «cul» à l’aide d’une brindille sèche, et de les ramener dans une boîte d’allumettes? Et, quel bonheur que d’entendre, soudainement, lors d’une dictée silencieuse, le chant du grillon, déclenchant un rire collectif, même de l’instituteur. Osons croire que cela perdurera, car il ne faudrait pas grand chose pour faire revivre nos campagnes et nos villages. Oui, c’est possible…

 

Il fut un temps où la couronne parisienne fournissait l’ensemble des légumes pour la population de la capitale. Ils avaient, disait-on, les meilleurs maraîchers du monde, parce qu’ils avaient les meilleurs sols. C’était l’époque où les rues de Paris étaient tapissées de pailles, de feuilles et autres matières absorbantes. Absolument tout était valorisé, on ne gaspillait pas! C’est ainsi que les contenus des pots de chambres, jetés par les fenêtres, étaient récupérés par les paysans afin de les épandre sur leurs terres pour y cultiver les légumes. C’était avant l’arrivée des égouts. A cette époque le fumier était considéré, à juste titre, comme la nourriture du sol, «l’or du paysan». Aujourd’hui le fumier est pour beaucoup un déchet. Un déchet qui alimente les méthaniseurs. La méthanisation, qui nous est présentée comme productrice d’ Energie verte n’est pas vertueuse, loin s’en faut. La méthanisation est un artifice créé d’une part pour ne pas payer à un prix rémunérateur les denrées agricoles aux paysans et d’autre part va précipiter l’industrialisation de l’Agriculture. Seuls ceux qui auront accès aux capitaux auront le droit de continuer. En définitive, cette opération certes produit du gaz, mais appauvrit les sols par soustraction de carbone dont le sol est particulièrement gourmand, car indispensable. Entre nourrir le sol pour nourrir les Hommes et nourrir la finance il faut choisir… Le choix est fait !

 

L’adage dit « nous sommes ce que nous mangeons», il y a encore peu de temps nos campagnes et nos potagers urbains fournissaient notre nourriture. Chacun savait d’où venaient les aliments et qui avait savamment préparé cette nourriture. Aujourd’hui, la restauration hors foyer, comme disent mécaniquement et froidement, les économistes, prend de l’ampleur. A tel point que nous remplissons nos assiettes, quand il y en a, d’aliments sans saveurs et sans origines. Et, c’est ce que nous mangeons de plus en plus.

 

Pourtant, nos élus nationaux qui insistent constamment sur la nécessaire souveraineté et sécurité alimentaire, sont capables de signer des traités de libre-échange. Du fait de ces traités de libre-échange, nous importons de plus en plus notre alimentation ( d’où une perte de souveraineté et de sécurité alimentaire) et nous poignardons dans le dos nos paysans. C’est une trahison, c’est de la folie ! En fin 2023, nos députés européens, ont voté massivement en faveur du traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. Dans ce traité, il est strictement stipulé que les produits Néo-Zélandais ne pourront être identifiables. Le consommateur ne pourra plus choisir une origine ou favoriser une manière de produire son alimentation. Nos représentants qui ont voté ce texte ne considéreraient-ils leurs électeurs que comme des « estomacs montés sur pattes», qu’ils faut remplir n’importe comment ? Quelle indécence, quelle infamie !

 

En fait, en signant ces traités de libre-échange, nos élus Européens organisent la perte de lien entre le consommateur, son alimentation et sa terre. Ils nous coupent de nos racines, de nos origines, de notre culture, de notre histoire, de notre façon de vivre. Ils banalisent la vie en tuant la différence, en uniformisant la nourriture, en uniformisant les Humains. Sommes-nous condamnés à consommer du poulet Ukrainien, du bœuf Argentin hormoné, du mouton et du lait Néo-Zélandais, du porc javellisé Américain ? Alors que la France et l’Europe peuvent très largement s’autosuffire et même exporter !

 

Il est évident que nous devrions refuser ces traités de libre-échange et pas seulement pour des raisons agricoles et alimentaires, mais aussi pour des raisons économiques et humaines. Nous pouvons encore agir en choisissant, lors de nos achats une alimentation véritablement locale et saine (sans O.G.M par exemple) et collectivement intervenir énergiquement auprès de nos représentants politiques pour que cesse le libre-échange, au profit d’une coopération entre nations comme codifiée par la charte de la Havane.

 

Il est loin le temps où Maximilien de Béthune, duc de Sully, s’exclamait en disant «labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France». Ce bon Sully, aujourd’hui, doit se retourner dans sa tombe !

 

Nous devons réaliser que nous vivons sur l’héritage de centaines de générations de paysans qui nous ont précédés. Ce sont ces paysans qui ont façonné, enrichi, amélioré, entretenu nos sols, tout cela avec acharnement. Ce sont ces paysans qui font que nous pouvons vivre aujourd’hui sur cette terre. Et, nous, nous dilapidons, nous renions, nous méprisons cet héritage. Notre attitude est suffisante, dédaigneuse, irresponsable.

 

Nous devons absolument sauver nos sols, mais pour cela nous devons avant tout sauver les paysans qui sauront restaurer et respecter nos sols. Tous ensemble, car cela nous concerne TOUS, agissons et cessons de subir, car tout est possible.
 

Cet article est le 3331 ème sur le blog MRC 53 - le 482ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Pierrick Berthou, chez lui à Quimperlé dans le Finistère (article de Ouest-France, 12 mai 2023)

Pierrick Berthou, chez lui à Quimperlé dans le Finistère (article de Ouest-France, 12 mai 2023)

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8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 22:44

Le MRC mesure le chemin qui reste à parcourir pour l'égalité des droits


 

De nombreuses manifestations étaient prévues en France ce 8 mars. Voir Journée des droits des femmes (Ouest-France).

 

Rappel (Vie-publique.fr) : Droits des femmes : cinq questions sur la journée du 8 mars.

 

A l'initiative de sa vice-présidente, Catherine Coutard, le Mouvement Républicain et Citoyen a fait le bilan concernant l'objectif d'égalité des droits.

 

Égalité des droits : encore un long chemin.

 

On a bien avancé depuis plus d’un siècle, tout particulièrement en Europe. Mais bien des défis sont devant nous, particulièrement dans certains pays du monde. Sans compter les possibles régressions. Ainsi en France,
 

l’introduction de la liberté d’avoir recours à l’IVG dans la Constitution ne peut occulter les difficultés d’accès concrètes à un centre spécialisé. Ni, plus généralement, la difficulté d’accès aux soins.


Les lois contre les inégalités salariales sont incomplètement appliquées et, encore aujourd’hui les femmes sont la grande majorité des personnes en situation de précarité et des travailleurs pauvres.


Leurs retraites sont plus basses que celles des hommes et la loi imposée au printemps aggravera cette situation.


Les difficultés d’accès à un mode garde pour les enfants s’imposent toujours essentiellement aux femmes avec un impact plus net encore sur les familles monoparentales essentiellement féminines.


Le sexisme a de beaux jours devant lui si l’on en croit les derniers sondages chez les jeunes hommes.


Les violences faites aux femmes ne reculent pas. On a même une forte augmentation des coups et blessures intra-familiaux. Espérons qu’il ne s’agit que de plaintes plus facilement déposées, pour rester un peu optimiste.


Bien sûr, il est plus facile d’être une femme en France que dans beaucoup de pays du monde. Notre solidarité va à toutes celles qui n’ont pas accès à la liberté comme en Iran, ni même à l’école comme en Afghanistan, à toutes celles qui ont subi des mutilations sexuelles et dont les derniers chiffres nous disent qu’elles sont plus nombreuses aujourd’hui qu’hier, à celles qui voient leurs droits régresser comme aux USA sur le recours à l’IVG … la liste est longue.


Faisons de l’égalité femmes- hommes un combat de tous les jours pour toutes les filles d’ici et d’ailleurs.
 

Cet article est le 3330 ème sur le blog MRC 53 - le 22ème sur ce blog dans la catégorie Femmes

Catherine Coutard, vice-présidente du MRC, lors du congrès le 1er avril 2023

Catherine Coutard, vice-présidente du MRC, lors du congrès le 1er avril 2023

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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 15:33

Aller chercher les causes profondes et opérer les changements de fond


 

André PFLIMLIN est membre de l'Académie d'Agriculture de France après une carrière professionnelle à l'Institut de l'élevage. Il est l'auteur du livre « Europe Laitière. Valoriser tous les territoires pour construire l’Europe » (2010, Edition France Agricole). Voir aussi (blog CiViQ, 7 août 2015) : André Pflimlin et la guerre laitière.

Le 11 février, il a apporté sa contribution au débat proposé sur le site de MARS (Mouvement Agricole Rural et Solidaire) concernant les colères agricoles. Voir Lectures, rencontres, visites…. Voici une partie de son texte en trois points (le point 2 manquant à voir sur le site).

A des colères paysannes justifiées, le gouvernement réagit par des mesures dangereuses

 On peut comprendre les colères paysannes, sans partager pour autant toutes les causes avancées, et par conséquent contester les fausses solutions retenues par les ténors syndicaux (FNSEA-JA et Coordination Rurale) et par les responsables politiques.

Maintenant que les gros tracteurs sont rentrés dans les fermes et que les médias prennent un peu plus de recul, après avoir relayé les surenchères faciles, on peut espérer un peu plus d’écoute pour l’analyse des causes profondes du malaise, aboutissant à la nécessité des changements de fond à mettre en œuvre au plus vite. La presse écrite et les médias en général commencent en effet à être plus critiques, plus lucides, sur la portée des mesures annoncées.

 

1. Le problème de fond : l’ouverture croissante aux marchés mondiaux, malgré un Pacte Vert européen très ambitieux mais sans moyens, pour la transition agricole

 

La libéralisation des marchés agricoles avec la multiplication des accords de libre-échange et la suppression des anciennes protections de la PAC, internes et externes, remplacées par les aides directes à l’hectare favorisant la course à l’agrandissement, se sont accentuées ces dernières années. Le Pacte vert annoncé fin 2019 par la Commission et son volet agricole « de la ferme à la table » avec un objectif chiffré de réduction des pesticides et des engrais azotés ont été mal acceptés par la plupart des organisations agricoles dont la FNSEA et le COPA, au nom de la souveraineté alimentaire. L’ouverture aux produits agricoles de l’Ukraine, sans droits de douane, ni quotas, suite à l’invasion russe en 2022, a renforcé les crispations du monde agricole.

 

Enfin, la répartition des aides PAC, en réduction pour la PAC 2023-27 et transférée au niveau des pays via les Plans stratégiques, s’est traduite par un transfert de responsabilité sans débat sur la redéfinition des objectifs et sans moyens supplémentaires.

 

Depuis 2020, la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine puis à Gaza, ont créé un contexte de plus en plus anxiogène, renforcé par le retour de l’inflation. Les hausses de coûts de production (énergie, engrais, aliments, etc.) ont généré beaucoup d’incertitudes. Mais elles ont été bien compensées globalement par la hausse des prix de vente des produits agricoles, avec de bons revenus moyens, surtout en en 2021 et 2022, mais aussi des inégalités croissantes avec davantage de revenus nuls ou négatifs. Et depuis deux ans, ce sont les produits Bio, les plus vertueux pour l’environnement, qui ont été les plus pénalisés.

 

La crise climatique, avec les sécheresses de 2020 et 202 et les inondations de 2023 et début 2024, est désormais admise et ressentie plus concrètement par toute la société, surtout par les agriculteurs. Cependant la réduction du cheptel pour abaisser les émissions de GES, notamment le méthane des herbivores, comme principale solution suggérée par la Cour des Comptes, a été très mal vécue par les éleveurs. À cela, se sont rajoutées des causes plus régionales notamment dans le Sud-Ouest : la maladie hémorragique des bovins, les difficultés de la viticulture, une nouvelle sécheresse et des litiges sur le stockage de l’eau, etc. Il n’est pas étonnant que le feu ait pris dans cette région, avant de se propager bien au-delà.

 

Ainsi, ces incohérences flagrantes entre les politiques commerciales et environnementales, sans visibilité sur les prix et les coûts dans un contexte international de plus en plus anxiogène pour les agriculteurs, ont constitué le terreau de toutes les révoltes paysannes.

 

2. Les revendications portées par la FNSEA-JA et les réponses apportées par le gouvernement français sont-elles les bonnes pour les agriculteurs et pour le pays ?
a. Un recul sur les pesticides et la biodiversité associé à une mise sous tutelle des agences
b. L’abandon de la taxe GNR est un très mauvais signal pour la transition énergétique
c. Simplifications des normes et du droit
d. Des engagements de protection contre la concurrence déloyale

 

3. Que conclure de cette première analyse ?

Pour juger de la pertinence de ces mesures, il est nécessaire de les resituer par rapport aux causes profondes de cette crise agricole et aux enjeux plus globaux. Pour garder une planète vivable pour nos enfants, pour faire face aux urgences climatiques, à la perte de biodiversité, à la pollution de l’air et de l’eau, face à la raréfaction des ressources naturelles et fossiles et au pillage des pays du Sud entrainant des flux croissants de migrants, la sobriété est devenue une nécessité qui s’impose à tous et dans tous les secteurs, y compris l’agriculture. Le volet agricole du Pacte vert « de la ferme à la table » visait à apporter une réponse européenne plus cohérente à ces enjeux en associant les changements des pratiques et des systèmes agricoles avec ceux de l’alimentation, moins de viande rééquilibrée par des protéines végétales via les légumineuses à graines, moins de produits transformés et plus de fruits et légumes… Ce nouveau système alimentaire peut préserver notre souveraineté alimentaire malgré une baisse probable des rendements de l’ordre de 10 % mais avec une baisse des engrais azotés de 20 % et des pesticides de 50% au bénéfice de la santé des hommes et de la nature. En suspendant le plan Ecophyto français, le gouvernement Attal a-t-il cédé pour éteindre le feu ou a-t-il changé de cap ?

 

Les mesures annoncées sont une réelle régression en regard du droit de l’environnement et des objectifs affichés par la France. C’est un très mauvais signal pour la transition agroécologique qui était déjà à la peine faute de moyens adéquats. Et cette fois, c‘est le gouvernement français qui fait marche arrière, à la demande de la FNSEA et de la Coordination Rurale. La grande majorité des Français qui avait été plutôt bienveillante face à cette révolte des tracteurs malgré le blocage des autoroutes, devrait réaliser assez rapidement que l’addition est bien lourde pour eux et pour leurs enfants car se faisant aux dépens de la qualité de leur alimentation et de leur santé, de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique.

 

C’est un changement de cap du gouvernement avec retour au productivisme du siècle dernier, avec autant voire plus de chimie et un brin de modernité grâce à la génomique, au numérique et à la robotique, une trilogie chère au président Macron. Cela va accélérer la course aux volumes et aux hectares pour produire plus de « minerai » à bas prix pour l’agroalimentaire et pour l’export.

 

Cela ne manquera pas d’engendrer de nouvelles crises agricoles, par la disparition des petites fermes, mais aussi par le surendettement des plus grosses, et de freiner davantage la reprise et l’installation des jeunes. Dans ce contexte de relance de la course aux volumes aux dépens de la qualité, donc de prix bas, ce n’est pas la meilleure application de la loi Egalim 2 par des contrôles renforcés qui permettra de garantir de meilleurs prix et un revenu décent pour un métier de plus en plus exigeant.

 

De nombreux points restent à préciser dans les prochains mois pour finaliser le projet de loi agricole mais, sauf à reprendre complètement la copie pour rendre plus cohérentes les politiques agricoles, commerciales et environnementales, au niveau français et européen, cette nouvelle loi agricole ne peut être qu’une série de rustines sur un système productiviste, ne répondant pas aux grands enjeux sociaux et environnementaux et donc incapable d’éviter de nouvelles révoltes.

 

 

Rappel (blog MRC 53, 31 janvier 2024) : Colères agricoles : le MRC soutient les mouvements de protestation


 

Cet article est le 3329 ème sur le blog MRC 53 - le 481ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

André Pflimlin, le 7 septembre 2015, lors de la grande manifestation des éleveurs laitiers à Bruxelles, devant les bureaux de la Commission européenne

André Pflimlin, le 7 septembre 2015, lors de la grande manifestation des éleveurs laitiers à Bruxelles, devant les bureaux de la Commission européenne

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