Nation, citoyenneté, égalité, industrie, science, école
Tous les deux ans, le congrès rythme la vie du Mouvement Républicain et Citoyen. Le prochain aura lieu à Paris les 15 et 16 décembre 2012. Voir Congrès de Paris du Mouvement Républicain et Citoyen : les textes.
Entre le 19 novembre et le 8 décembre, les adhérents sont invités à voter (et amender) les textes qui leur sont transmis par les responsables nationaux du Mouvement, notamment le projet de motion d’orientation. Voir Le MRC, une boussole républicaine pour la gauche et pour la France.
Ce projet de motion d’orientation est composé de plusieurs parties :
- L’introduction (voir Mouvement Républicain et Citoyen : congrès à Paris 15-16 décembre - 15 novembre 2012).
- Un rappel historique (voir Congrès du MRC : une ligne politique qui a commencé avec le CERES - 15 novembre 2012.
- Le rappel des fondamentaux (le logiciel républicain).
- La refondation républicaine de la gauche.
- Le développement du MRC.
Voici la 3ème partie, le rappel des fondamentaux.
NOTRE LOGICIEL POLITIQUE RÉPUBLICAIN GARDE TOUTE SA PERTINENCE DANS LA SITUATION ACTUELLE
Le logiciel politique du Mouvement Républicain et Citoyen repose sur quelques fondamentaux, qu’il est nécessaire de rappeler. Ce logiciel, ces fondamentaux, doivent être les outils de notre influence, qui n’est pas séparable de l’affirmation claire et publique de nos positions.
1. L’EUROPE NE PEUT SE CONSTRUIRE QU’EN S’APPUYANT SUR DES PEUPLES SOUVERAINS
Cette question est plus actuelle que jamais. En tant qu’entités historiquement constituées, les Nations sont le cadre essentiel de la démocratie et de la solidarité.
Bien entendu, nous défendons la conception républicaine de la Nation, communauté de citoyens, et nous condamnons la conception ethnique. Nous ne confondons pas la Nation et le nationalisme qui en est une maladie. Nous sommes des patriotes car le patriotisme est l’amour des siens tandis que le nationalisme est la haine des autres. On ne peut rien faire dans l’ordre international si on ne s’appuie pas sur les Nations, briques de base de toute organisation supranationale. En particulier, l’effort de défense ne doit pas dans la durée être inférieur à 2 % du PIB.
On ne gagne rien à occulter le rôle et la spécificité de chaque Nation, comme l’a fait le système de la monnaie unique. Celle-ci se révèle être une impasse. La situation grecque montre combien la création de l’euro, monnaie unique rassemblant des pays radicalement hétérogènes sur le plan économique et social, est une erreur profonde. Dans la tempête, l’orientation monétariste héritée de Maastricht (et sa seule obsession de lutte contre l’inflation) a été le principal facteur de divergence des Nations européennes dont les économies demeurent structurellement différentes.
Les intérêts propres de l’Allemagne ne sont pas les mêmes que ceux de la France et encore moins de la Grèce. Il faut nous rendre à l’évidence : il est peu probable que l’Allemagne accepte que la BCE vienne en appui du MES (mécanisme européen de stabilité), et accepte une politique de création monétaire (quantative easing) à l’image de la Réserve fédérale américaine, bref devienne une banque centrale comme les autres.
Dans ces conditions, il nous appartient de rendre crédible la mutation de la monnaie unique en une monnaie commune qui permette de rétablir une compétitivité adéquate pour chaque économie. Pour les membres de la zone euro, le maintien contre vents et marées de cette monnaie unique n’est pas viable en l’état car la crise de l’euro n’est pas une crise de la dette mais d’abord une crise de la compétitivité divergente entre les différentes économies.
Trois mécanismes méritent d’être envisagés :
a) la coexistence d’une monnaie commune (dédiée aux transactions internationales) avec des monnaies nationales qui retrouveraient ainsi une capacité d’ajustement dans le cadre d’une parité négociée comme ce fut le cas dans le cadre du Système Monétaire Européen,
b) la coexistence de monnaies nationales qui conserveraient leur dénomination commune d’euro (ces euros nationaux seraient à la fois utilisés pour les transactions internationales et intérieures) et qui flotteraient les unes par rapport aux autres,
c) ou la création de deux zones euros (une zone euro hanséatique autour de l’Allemagne et une zone euro méditerranéenne autour de la France et de l’Italie). Une politique monétaire tournée vers la croissance dans l’UE et dans chacun des États membres est l’une des clés d’une politique de progrès.
Au-delà, il nous faut redresser et réorienter la politique européenne : le libre échange intégral doit céder la place à une protection raisonnée des industries européennes. Les coopérations renforcées doivent progressivement remplacer le processus bureaucratique de l’unification juridique.
2. LE PEUPLE FRANÇAIS PEUT SE RASSEMBLER AUTOUR DE L’INTÉRÊT GÉNÉRAL
La République française est fondée sur la citoyenneté. Celle-ci est le corollaire de la souveraineté nationale. Chaque citoyen est une parcelle du souverain. La République ne va donc pas sans civisme, valeur aujourd’hui décriée, voire ignorée.
République de citoyens, la République française se veut aussi une République sociale. Or, qu’en restera-t-il dans l’océan de la mondialisation libérale ?
Ancienne base sociale de la gauche, les couches populaires l’ont largement rejetée ou abandonnée. La tentation est grande de chercher dans des réformes sociétales une diversion aux difficultés sociales.
Mais il est essentiel de ne pas déstabiliser encore plus des couches populaires inquiètes pour leur avenir et de leur fournir les sûrs repères de la République et de la citoyenneté. Celles-ci sont en recherche de sécurité devant l’incertitude de l’avenir. Elles sont de plus en plus installées dans les zones péri-urbaines et rurales sans l’avoir forcément choisi : c’est la France des personnes modestes, des oubliés, des invisibles.
Il ne suffit pas de constater que la classe ouvrière vote en partie à l’extrême-droite, encore faut-il mener une politique qui supprime le terreau sur lequel prospèrent les thèses du Front National et tenir un discours qui réponde au besoin de sécurité de ces couches populaires sans céder à la logique tendant à faire de l’immigré le bouc-émissaire de la crise. Cette vision qui ethnicise les problèmes sociaux, est une impasse, non seulement parce qu’elle divise, mais parce qu’elle tourne le dos aux valeurs républicaines.
Comment rendre le peuple acteur de son propre devenir ? Pour agir dans l’intérêt général, il nous faut retrouver des marges de manoeuvre au niveau national comme au niveau européen. Mais il faut aussi mesurer que l’éclatement des cadres collectifs et le délitement de l’esprit républicain amènent les individus à s’identifier à des communautés aussi diverses que variées : le communautarisme est répandu à gauche comme à droite. La situation de « victime » est un des moteurs de l’action individuelle, fût-ce pour des causes parfaitement défendables, mais elle conduit aux recours juridictionnels plus qu’à l’action.
Il est nécessaire de contenir par la laïcité et par le civisme républicain les communautarismes de toutes sortes, qui sont aujourd’hui flattés par la gauche et par la droite « branchées ». Pour lutter contre l’hyper individualisme libéral et les diverses formes de communautarismes qui l’accompagnent, il y a un remède : relever les valeurs républicaines, et particulièrement la laïcité.
3. L’ÉTAT RÉPUBLICAIN EST LE GARANT DE L’ÉGALITÉ DES CITOYENS
La République décentralisée n’est pas une juxtaposition de territoires « féodaux » ; elle reste une et indivisible. Le rôle de l’État républicain porteur de l’intérêt général doit être rappelé dans un contexte d’effritement de la notion de territoire national. En France, l’État républicain doit être en mesure de garantir la cohésion institutionnelle et sociale à chaque niveau d’administration du territoire, plus particulièrement en période de crise. Il convient de stopper le démantèlement des services de l’État dont les compétences et les capacités se sont réduites considérablement ces cinq dernières années avec l’application de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques).
La mise en oeuvre de politiques publiques comme l’emploi ou l’aménagement du territoire, si elles doivent être coordonnées au niveau régional, comme au niveau national, s’inscrivent aussi dans le cadre de « bassins de vie » souvent infra-départementaux. Plus généralement, les services publics doivent être maintenus car ils assurent la continuité territoriale, jusque dans les espaces ruraux aujourd’hui abandonnés (notamment victimes de la désertification médicale).
4. L’INDUSTRIE EST LA BASE DE NOTRE RICHESSE COLLECTIVE
Pour sortir de la crise et du chômage de masse, il est illusoire de penser que c’est par le seul développement des services et sans aucune base productive qu’on y parviendra. Notre pays ne renouera avec la prospérité que par une politique économique et industrielle cohérente visant à rendre son attractivité au « site de production France ». Il n’y a aucune raison que l’Allemagne excelle et que la France périclite. Un pays sans industrie est un pays qui s’appauvrit et cesse de peser.
Le discours environnementaliste se satisfait parfois d’un recul de l’activité industrielle, certains allant jusqu’à théoriser la décroissance. A l’inverse, nous plaidons pour une politique qui recherche les voies de la compétitivité de notre industrie, qui tient au coût relatif du travail, aux structures des entreprises, à l’organisation de la sous-traitance, à la recherche et à l’innovation, à la formation et la qualification des salariés, à l’indépendance, au bas coût de l’énergie, et enfin à la participation des représentants des salariés à la stratégie des entreprises.
Cela doit aussi nous conduire à élargir la base des prélèvements sociaux pour qu’ils pèsent moins sur le travail et à faire baisser le taux de la monnaie, aujourd’hui surévaluée.
5. NOTRE PAYS A BESOIN DE RECHERCHE, C’EST-À-DIRE DE SCIENCE ET DE RATIONALITÉ
Nous ne sommes pas des partisans du principe de précaution, qui n’est pas un principe scientifique. Les questions relatives au développement énergétique, ou à la nutrition, ou à la nécessaire protection de l’environnement ne doivent pas être traitées frileusement. Ces questions doivent être passées au crible du doute méthodique. C’est par la recherche et l’innovation que les déséquilibres nés des excès de l’économie mondialisée et financiarisée seront contenus et pourront être dépassés.
Enjeu majeur du XXIème siècle, la question de l’énergie doit satisfaire aux exigences d’indépendance, d’efficacité et d’accès pour tous. A ce titre, l’énergie nucléaire reste pour la France un atout majeur non seulement parce qu’elle favorise la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi parce qu’elle permet de fournir une électricité à bon marché (aujourd’hui l’une des moins chère d’Europe).
6. L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE EST LE SOCLE DE LA FRANCE DE DEMAIN
C’est l’instruction, la transmission de savoirs, qui est la mission fondamentale de l’école. L’école ne doit pas se construire sur l’idée d’un enfant construisant lui-même ses savoirs, mais autour de l’acquisition méthodique par l’élève, sous l’autorité de maîtres compétents, des principaux savoirs de base. La République a besoin de citoyens éclairés : l’école est le lieu par excellence de la formation du citoyen. Elle est une institution de la République. Il revient à cette institution de définir les programmes et les objectifs et d’éclairer sur les meilleures méthodes.
Bien entendu, le projet du MRC ne se limite pas à ces piliers porteurs. Il est rappelé que le MRC a en 2010 adopté un programme de salut public qui est encore, dans de nombreux domaines, d’actualité. Il est de notre responsabilité d’être davantage présents dans les débats économiques et sociaux. Il nous faut être à la fois offensifs et efficaces dans l’affirmation de nos propositions et de nos refus lorsque l’essentiel est en jeu.
Cet article est le 116ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.