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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 22:41

Projet illogique, contraire aux principes républicains

 

A moins de deux mois des élections régionales, le Parlement s'attaque à un chantier ultrasensible : la réforme des collectivités territoriales. Avec la suppression de la taxe professionnelle et son remplacement par la contribution économique territoriale (CET), c'est déjà tout un pan – fiscal – de cette réforme qui a été engagé (voir, à ce sujet Suppression de la taxe professionnelle : Chevènement contre le projet  - 29 novembre 2009).

Voilà venu le temps de l
'organisation territoriale, avec en ligne de mire la création des futurs conseillers territoriaux, appelés à siéger à la fois dans les conseils généraux et régionaux. Lire la suite (Le Monde, 19 janvier) : Le gouvernement cherche une majorité au Sénat pour la réforme territoriale.

 

Le sénateur Mauroy (PS) a fait savoir, sur le site du Monde, le 18 janvier, ce qu’il pense du projet de loi. Il était premier ministre (1981-1984) quand les lois de décentralisation ont été adoptées, sous la présidence de François Mitterrand :

Le Sénat engage aujourd'hui le débat sur le deuxième des quatre projets de loi qui ont pour objectif de réformer les collectivités territoriales françaises. Cette réforme, je le dis d'emblée, je la refuse. Elle opère en effet un changement brutal de cap par rapport au consensus qui s'était établi sur le nécessaire approfondissement de la décentralisation et de la régionalisation dans notre pays, après les débats souvent vifs qui avaient marqué le vote des lois de 1982-1983 alors que j'étais premier ministre. Les gouvernements qui ont suivi se sont tous inscrits dans cette démarche, y compris celui de Jean-Pierre Raffarin, qui a même tenu à inscrire dans la Constitution, en mars 2003, que "la France est une République décentralisée".

 

Lire la suite : La réforme territoriale, une "recentralisation" qui n'ose pas dire son nom

 

Le sénateur du Territoire de Belfort, Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, a présenté, en séance publique du Sénat, le 20/01 en fin de journée (au moment où nous étions réunis au siège du MRC, en son absence - il préside habituellement le secrétariat national) un texte de renvoi en commission du projet de loi de réforme des collectivités territoriales. La motion n° 24 rectifiée n’a pas été adoptée (154 voix pour, 182 contre).

 

4165660715_19a9c00e0f_s-1-.jpg Voici le début de l’intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat le 20 janvier.

                                                                                                                            

Cette réforme ne procède pas d’une pensée claire. Son examen vient dans un ordre inverse à celui qu’eût inspiré la logique. Il eût fallu partir du rôle des collectivités territoriales et de leurs compétences, régler ensuite leur organisation, pourvoir enfin à leurs recettes. Or, c’est le contraire qui a été fait. Le problème des recettes a été traité mais pas réglé. Nous ne connaissons pas encore les compétences dans lesquelles seront enfermés les départements et les régions.

L’objectif premier, comme le Président de la République l’a d’ailleurs clairement déclaré, est d’associer les collectivités territoriales à la rigueur budgétaire. Les financements croisés seront interdits, sauf exceptions dont l’article 35 de ce projet de loi renvoie à un an la définition.

L’élection des conseillers territoriaux qui devraient remplacer les conseillers généraux et les conseillers régionaux aura lieu selon un mode de scrutin que nous ne connaissons pas. Elle fera régresser la parité et fera du problème des cumuls un véritable casse-tête. Ce projet porte la marque d’une excessive précipitation : « Qui trop embrasse, mal étreint ».

Le Sénat n’entend pas se laisser encore une fois mettre devant le fait accompli et se voir réduire au rôle d’une simple chambre d’enregistrement. Mais il y a plus préoccupant encore, Monsieur le Ministre, le texte qui nous est proposé est gravement attentatoire aux principes de la République.

Aux termes de l’article premier de notre Constitution, notre République est en effet une République indivisible. Elle respecte le principe d’égalité. Son organisation est décentralisée.

Or, le projet de réforme des collectivités territoriales contrevient à ces principes. Il porte en lui l’extinction des communes existantes et des départements. Il saperait ensuite, s’il était adopté, l’unité de la République.

Les communes et les départements sont tous deux créations de la Révolution française. Celle-ci a créé les communes dans les limites des anciennes paroisses et les départements aux lieu et place des découpages hérités de l’ancien ordre féodal.

Comme l’écrivait Voltaire, à la fin du XVIIIe siècle : « En France on change plus souvent de lois que de cheval ». C'est à cela que la Révolution de 1789 a voulu mettre un terme pour assurer l’égalité des citoyens devant la loi. Il y a donc un lien entre le couple département-commune et la République une et indivisible. C’est ce lien que le projet de loi sur la réforme des collectivités territoriales entend rompre.

Bien loin de simplifier le mille-feuilles, le projet de loi semble d’abord l’épaissir avec notamment la création des « métropoles » érigées en nouvelles féodalités. Mais le Président de la République continue d’agiter l’argument du mille-feuilles, comme il l’a encore fait lors de la présentation de ses vœux aux parlementaires, le 13 janvier dernier. Il y a donc une arrière-pensée.

 

La vérité, je vais vous la dire. Vous prétendez vouloir instaurer un nouveau couple : commune-intercommunalité d’une part, département-région d’autre part. C’est une présentation fallacieuse. Dans ces deux binômes, les communes existantes et les départements ont vocation à s’effacer. Je vais le démontrer.

Lire la suite :
Un projet de loi contraire aux principes républicains .

 

Cet article est le 12ème paru sur ce blog dans la catégorie Chevènement sénateur

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 14:12

La France est solidaire du peuple haïtien

 

Alors qu’une réplique du séisme vient de se produire à Haïti, une semaine après le terrible séisme qui a détruit une grande partie de ce pays, voici quelques liens utiles à la connaissance historique et affective de cette nation qui a conquis son indépendance au début du 19ème siècle.

 

- D’abord, les positions du MRC : Le MRC solidaire du peuple haïtien (ci-après) et de Georges Sarre : Haïti, soyons solidaires.

Face au drame sans précédent que vivent les haïtiens après ce terrible tremblement de terre, la solidarité est une exigence élémentaire mais surtout un devoir des Etats.

Au-delà de l’aide que chaque citoyen doit apporter aux haïtiens, la France a commencé à répondre à l’urgence, mais ce n’est pas suffisant. La France, compte tenu des liens historiques qui l’unissent à Haïti, doit exiger un effort financier immédiat et conséquent (beaucoup + que les 100 Millions d’Euros prévus) de l’Union européenne et des nations européennes pour permettre aux haïtiens de se soigner, de subsister et de se reconstruire.
La France a une responsabilité historique vis-à-vis d’Haïti et ne peut abandonner aux seuls Etat Unis la primauté de l’aide à la reconstruction de ce pays meurtri.

 

- Ensuite, le témoignage de Dany Laferrière sur le site du quotidien Le Monde, le 16 janvier : Haïti : le témoignage bouleversant de l'écrivain Dany Laferrière.

 

Le point de vue du président de la République haïtienne, René Préval, rapporté par l’envoyé spécial du Monde et de RFI, ce 20 janvier sur le site du Monde : René Préval : "Un peuple ne meurt pas"

 

René Préval, président d’Haïti élu en 2006 cinq ans après un premier mandat (1996-2001), tente de faire face aux multiples conséquences du séisme qui a dévasté son pays mardi 12 janvier. Dans la capitale, Port-au-Prince, le gouvernement semble paralysé par l’ampleur des dégâts matériels et humains. Il est fortement critiqué par une partie de la population, qui lui reproche son impuissance.

Quatre ministres sont morts, le palais présidentiel ainsi que la plupart des bâtiments administratifs ont été détruits. La tragédie intervient alors qu’Haïti traversait une nouvelle période d’instabilité politique. Philippe Bolopion, l’un des envoyés spéciaux pour Le Monde et RFI, a pu le rencontrer.

 

 

- Enfin, la proposition de Richard Kim, le 15 janvier, dans le journal The Nation, traduite et reproduite par Contre Info le 19 janvier : Il faut annuler la dette d’Haïti, par Richard Kim (extraits).

 

L’élan important de solidarité internationale qui s’est manifesté pour venir en aide à Haïti ne doit pas faire oublier les lourdes responsabilités historiques de l’occident dans la situation désastreuse de l’île, écrit Richard Kim, du quotidien The Nation.

Depuis son indépendance, rappelle-t-il, cette petite nation a été éreintée par le remboursement des dédommagements imposés par la France pour compenser le manque à gagner des colons privés de leurs esclaves : en 1900, Haïti y consacrait encore 80% du budget de la nation.

 

Au total, Haïti a payé l’équivalent de 21 milliards de dollars de 2003 le prix de sa liberté. L’époque récente n’a pas été plus clémente. En 1995, le FMI a contraint Haïti à abaisser ses barrières douanières sur le riz. Résultat : le pays qui était autrefois exportateur importe aujourd’hui les 3/4 du riz consommé.

Avec une nouvelle ligne de crédit de 100 millions annoncée cette semaine, Haïti doit désormais 265 millions au FMI. Au lieu d’accroître la dette, il faut au contraire l’annuler et transformer ce prêt en don, ce ne serait que justice, conclut-il.

 

Cet article est le 12ème paru sur ce blog dans la catégorie Amérique.

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 23:48

 

Tous les producteurs de lait  européens ensemble ?

 

Dans un premier article, hier, ont été présentées les interventions des deux producteurs canadiens francophones (province du Québec), Jean Rousseau et Gilles Michaud (voir Réunion Apli à Mayenne (53) : le Canada, un système laitier qui paie - 18 janvier 2010).

 

Le débat qui a suivi a fait ressortir trois points principaux

 

- D’abord, le Canada parvient à défendre son système laitier protectionniste (taxes élevées sur les importations) au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) parce qu’il ne cherche pas à exporter de produits laitiers et affirme clairement ses choix politiques, qui sont de sécuriser l’alimentation de la population et le revenu des producteurs de lait canadiens. Le slogan est « pas de nourriture sans agriculture ».

 

D’ailleurs, à l’OMC, les Etats sont de plus en plus nombreux à vouloir préserver ces principes fondamentaux contre la volonté des dirigeants de favoriser la liberté du commerce, avant tout. Pascal Massol souligne que, si l’agriculture est encore à l’OMC, c’est parce que ses représentants n’ont pas demandé à l’en sortir. Le COPA ne se soucie pas de sortir de l’OMC, l’Union européenne n’a mis aucune énergie à sortir l’agriculture de l’OMC. Si rien n’est fait contre la dérégulation, sans volonté, le combat est perdu d’avance.

Mayenne-Apli-180110-018.jpg
 

- Ensuite, il faut éviter de porter plusieurs casquettes, d’avoir plusieurs responsabilités, à la fois. Les producteurs doivent être unis pour présenter leur offre à travers le même canal aux entreprises de transformation. Il faut la solidarité des producteurs. Elle ne peut exister s’il y a confusion des mandats, syndicaux et coopératifs, et si les producteurs gèrent les outils industriels. Chacun à sa place. Producteurs organisés et solidaires d’un côté, industriels et coopératives de transformation de l’autre. Un but commun, défini par un accord écrit. 
 

Pascal Massol propose la limitation à deux mandats (certains en ont 10-15) et une seule présidence à la fois. La loi y oblige pour les élus politiques, pourquoi pas pour les représentants professionnels ?

On a trop laissé faire, cela ne peut plus durer. Il faut regarder de près les gens qui sont chargés de défendre les producteurs et « mordre les jarrets » (selon l’expression de Gilles Michaud) de nos représentants politiques à tous les niveaux, au niveau national (les sénateurs étaient étonnés que le prix du lait ne tienne aucun compte des coûts de production) et au niveau européen.

 

- Enfin, les producteurs de lait doivent cesser de dépendre des aides publiques. A eux, comme au Canada, de s’organiser au sein de la filière pour que le prix soit constamment rémunérateur, sans aides de l’Etat. Mais cela suppose de faire des choix de contingentement de la production.  


Pascal Massol
rappelle que, en 2007-2008, pendant 18 mois, personne ne se plaignait du prix du lait, qui ne tenait pas compte des coûts de production, ni du système qui n’était pas assez encadré. Or, on a pu constater que le monde dérégulé vit à très court terme et n’est pas fiable dans la durée.

 

En conclusion, il faut refuser d’en finir avec les quotas tant qu’un autre système de régulation n’est pas décidé. L’office du lait doit réunir 40 à 50% du lait européen. Actuellement, les promesses d’engagement se situent à 15-20% en France, 35% en Allemagne. Ces deux pays font l’essentiel du lait de la zone euro, périmètre économique raisonnable (les pays de l’est de l’Europe sont dans une situation différente). Ces réunions avec les amis canadiens doivent permettre de progresser vers l’objectif.


Cet article est le 166ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 23:49

 

Un prix du lait stable qui permet de bien vivre

 

A cette réunion ce 18 janvier à Mayenne, chef-lieu de l’arrondissement nord de la Mayenne - la première réunion d’une série de dix au nord de la France (autant dans le sud avec deux autres Canadiens) - il y avait environ 650 personnes, dont une majorité de producteurs de lait qui venaient s’engager à inscrire leur production à l’Office en gestation (voir Pascal Massol et l'APLI pour un office européen du lait qui gère l'offre - 31 décembre 2009).

 

Les dirigeants mayennais de l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli) – Jean-Claude Aubry, Hervé Delogé, Stanislas de Poulpiquet et Sébastien Bellier – et le président national, Pascal Massol, entouraient à la tribune leurs deux invités canadiens, Jean Rousseau et Gilles Michaud.

 

Mayenne-Apli-180110-014-T.jpgMichel Angot (photo, au premier plan), maire de Mayenne, a fait un discours d’accueil, exprimant sa solidarité avec les agriculteurs, aux prises avec une crise sans précédent, regrettant certaines méthodes utilisées parfois lors des manifestations.


Pascal Massol a précisé que l’Apli refuse la violence et n’utilise pas certaines méthodes qui vont à l’encontre du rapprochement entre les producteurs et les consommateurs. Puis il justifie l’invitation des Canadiens à ce cycle de réunions publiques par la nécessité de faire connaître un système d’organisation de la filière laitière qui marche, le seul cas connu dans le monde.

 

Le Canada a fait le constat en 1970 de la faillite de la gestion laitière des contrats. Il a opté pour un système réglementé. C’est ce que l’Europe doit faire aujourd’hui. Pisani lui ayant dit « Vous avez raison ! Trouvez la tactique politique », le président de l’Apli décrit ce qui reste à faire : « Il faut écouter ce que disent les Canadiens, poser des questions et débattre de l’intérêt de leur organisation ».

 

Mayenne-Apli-180110-023-T.jpgJean Rousseau (dont la généalogie conduit à l’île de Ré, 15 ou 16 générations auparavant) était âgé de 28 ans quand il a « pris la relève d’une toute petite ferme » à Nicolet*, au centre de la Province du Québec. Vingt ans plus tard, l’entreprise (600 hectares, 2 millions de litres de lait par an) fait vivre deux familles, la sienne et celle de son frère Paul, et rémunère 4 ouvriers agricoles à temps plein.

 

Il se définit comme un producteur de base, non engagé dans l’organisation de la filière laitière, dont le revenu est celui d’un ouvrier spécialisé. Un revenu stable, parce que le prix du lait est stable et permet de vivre correctement. En 2008, sa ferme a perçu l’équivalent de 358 euros par tonne de lait, avant rémunération du capital. Elle a dû acheter le quota, qui a été amorti en 6 ans, mais il considère que c’est rentable.

 

Tout l’intérêt d’un système contingenté, avec gestion de l’offre, selon Jean Rousseau, est de permettre une vision stable, à long terme, de l’activité. C’est bien mieux que le système des USA, face à la crise (en Californie, il a vu de nombreuses fermes abandonnées ; des jeunes se suicident, conséquence du libéralisme sauvage). Le système canadien ne défavorise personne. Pour le producteur, il est comparable au système européen avec quotas.

 

Le Canada, c’est 9 millions de km², 33 millions d’habitants, 10 provinces et 3 territoires.

La province du Québec, c’est 3 fois la superficie de la France (mais seulement 2% de terres agricoles), le gel 200 jours par an et la neige longtemps. Population : 7,8 millions d’habitants.

Le Québec (37% du lait), puis l’Ontario, sont les deux provinces les plus productrices de lait du Canada. Le lait de consommation est géré au niveau de la province, le lait de transformation, au niveau fédéral.

 

Mayenne-Apli-180110-005-T.jpgGilles Michaud  (producteur de lait avec sa femme et son fils, à une centaine de kilomètres à l’est de Québec) présente le système de gestion de l’offre mis en place en 1971 par « entente fédérale provinciale » dans le but d’ajuster l’offre à la demande, le gouvernement fédéral (Canada) limitant les importations. Un rôle important est attribué à la Commission canadienne du lait. Voir Crise du lait : l'Apli invite 4 producteurs canadiens pour sauver l'Europe - 12 janvier 2010.

 

Lors de la mise en place du système, le Québec produisait 47% du lait (25% population). Donc, la province a reçu un quota correspondant à 47% du total à produire (en kg de matière grasse/jour) de manière flexible mais régulière, ce qui implique d’étaler les vêlages sur l’année (lait de consommation).

Les quotas sont ajustés en fonction de la demande et des stocks (beurre et poudre de lait). Des fermes tiennent des registres de coûts de production (225, tirées au hasard, sur l’ensemble du Canada). Il en est tenu compte pour fixer le prix du lait.  

Depuis 1980, il existe un plan conjoint des producteurs de lait, au niveau de la province. Tous les producteurs sont regroupés au sein de la fédération des producteurs de lait (6400 au Québec) afin de discuter avec les industriels, lesquels sont regroupés dans deux organisations, l’une des coopératives (voir Agropur), l’autre de l’industrie privée.

 

La mise en marché est collective, dans un seul endroit. Les stocks sont ajustés aux besoins du pays. Il y a très peu d’exportations. Le système ne coûte rien à l’Etat.  

Les revenus sont mutualisés (même prix moyen par composant du lait pour les producteurs). En moyenne, 457 euros par tonne, net. Stabilité des prix, à un niveau correct.  

Pas d’incidence de la déréglementation, comme c’est le cas en Australie et dans les pays sans système de régulation. L’évolution des prix à la production et au détail est très proche. La transformation génère des profits normaux.

C’est une réponse politique légitime à la concentration des marchés, à la volatilité des prix et au déséquilibre des forces économiques. Elle nécessite un cadre réglementaire strict, mais mieux vaut vendre moins plus cher et ne pas exporter.

Les prix internationaux n’ont pas de valeur, car ils ne s’appliquent qu’à des volumes très faibles. La politique de libéralisation des marchés agricoles menace le modèle canadien. C’est dû au fait que les leaders économiques et politiques ne tiennent pas compte des crises.

 

Le Canada met en avant les besoins de l’agriculture et de l’alimentation (exception agricole à l’OMC, souveraineté alimentaire). L’objectif n’est pas de diminuer le commerce international, mais les prix mondiaux sont établis à partir des surplus. Ce ne peut être une référence pour définir les prix payés aux producteurs de lait.


* Nicolet est une municipalité d’environ 8000 habitants au Centre-du-Québec - près du lac Saint-Pierre. Sur le logo de la municipalité régionale de comté (MRC, l’équivalent d’une communauté de communes), on lit : « Une terre nourricière : une agriculture prédominante sur le territoire, nourrie par la chaleur humaine, la solidarité et l’entraide, comme dans l’expression "mère nourricière" » (source Google).


Cet article est le 165ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 23:23

Faire de l’Office du lait une force de négociation

 

Demain, l’Association des producteurs de lait (Apli) organise sa première réunion d’une série de 10 au nord de la Loire du 18 au 22 janvier, avec la participation de deux producteurs de lait, présidents de groupements au Canada. C’est à Mayenne à 13h30, salle polyvalente, rue Volnay (voir Crise du lait : l'Apli et Pascal Massol, 20 réunions avec des Canadiens - 14 janvier 2010).

 

J’avais demandé, par courriel, aux maires et élus politiques en Mayenne de participer à cette réunion publique afin de signifier leur intérêt pour la présence de Canadiens, venant présenter le système laitier en vigueur dans leur pays depuis 40 ans, et pour le combat mené par Pascal Massol pour rechercher des solutions durables à la crise laitière.

 

Nicole Bouillon, maire du Genest-St-Isle, Guillaume Garot, maire de Laval et Philippe Henry, maire de Château-Gontier/Bazouges, m’ont adressé un message d’excuses à transmettre aux organisateurs. Jean-Pierre Bernard-Hervé, Conseiller général du canton de Mayenne-Est, a fait de même et ajouté « un message de soutien aux producteurs de lait indépendants face à la libéralisation ambiante ».

 

Les élus savent bien l’importance de la production laitière en Mayenne. L’année 2009 a été calamiteuse pour les revenus, en raison de la chute des prix à partir du printemps (Voir Crise agricole 2009 : les explications des services économiques APCA - 30 décembre 2009).

 

Les perspectives pour 2010 ne sont pas bonnes. C’est pourquoi les producteurs de lait, au-delà de leurs préférences syndicales, ont raison de se rassembler pour obliger les pouvoirs publics à remettre en cause les décisions prises au niveau européen, visant à supprimer les mesures de régulation des marchés.

Le système canadien ne peut certainement pas être importé en Europe, mais il y a des principes dont l’Europe ferait bien de s’inspirer, notamment la gestion de l’offre, la maîtrise des volumes de production. Il y a urgence. Seule la pression des producteurs peut amener un changement de politique européenne.

 

Le journal L'AVENIR AGRICOLE* a titré cette semaine (15 janvier) « Lait : comment gérer prix et quantité », introduisant le thème de la réunion de l’Apli, demain.

APLI-La-Chapelle-d-Andaine-201009-001.jpg Voici le texte de l’entretien réalisé par Frédéric Gérard avec Pascal Massol (voir Pascal Massol - “L'Apli veut rester un lobby).

“L'Apli veut rester un lobby, c'est comme cela qu'on a du poids”

 

“Producteur indépendant”, Pascal Massol parle “avec bon sens, c'est tout”. En 2010, l'Apli va-t-elle encore peser dans le débat ? Oui, selon lui, en créant son Office du lait.

 

Pascal Massol était inconnu il y a un an. Depuis, le président de l'Apli a marqué la crise laitière, imposant ses idées dans le débat national. Plus médiatisé que la CR et la Conf', il a aussi fait de l'ombre à Henri Brichart, le président de la FNPL, par des actions soudaines et symboliques. Pour obtenir quoi au final ? L'avenir le dira...

 

Après une année très animée, comment se porte l'Apli ?

Très bien. Le 6 janvier, nous avions une réunion des délégués nationaux, tout le monde reste très motivé, c'est constructif...

 

Votre projet d'Office du lait avance-t-il ?

Nous avons rassemblé 15% de la collecte nationale [promesses d'adhésion]. Et nous travaillons avec des juristes pour créer un outil plus moderne [que l'interprofession laitière].

 

Vous disiez qu'il vous fallait au moins 35% de la collecte, de préférence avant la fin de la campagne laitière, pour le créer. Est-ce votre dernière carte ?

Depuis le début, l'Apli travaille dans l'urgence et jusqu'ici, on n'a pas mis le pied de travers. Il faut qu'on poursuive notre action pour changer du semblant de démocratie au Cniel et pouvoir discuter avec les Allemands, c'est primordial. Les syndicats français ne sont pas capables de s'entendre avec leurs homologues allemands. Pourtant, c'est la seule façon d'arrêter le dumping des laiteries Outre-Rhin. Pour cela, il faut d'abord qu'en France, industriels et producteurs se mettent d'accord.

 

Comment l'Office peut réussir à mieux vendre le lait ?

L'Office sera une force de négociation, pas de commercialisation. Notre métier, c'est producteur. On ne veut pas empiéter sur le métier des autres. Je suis le premier à dire qu'on a la chance, en France, d'avoir une filière laitière très compétitive. Le problème c'est que les transformateurs oublient de partager.

 

Et comment comptez-vous faire ?

Il reste à définir la place de chacun et qui prendra les décisions mais la réflexion actuelle est de faire entrer industriels, distributeurs et consommateurs à l'Office. Ensuite, c'est à eux d'y voir leur intérêt... Mais cela permettrait d'y voir plus clair. On parle toujours des marges arrière, mais concrètement, qu'est-ce qui se passe? On parle aussi beaucoup de l'influence des distributeurs par rapport aux industriels, mais c'est vrai aussi entre industriels. Des industries dites “secondaires” (les fabricants de brioches, de gâteaux, etc.) sont des acheteurs, elles sont donc concernées par le beurre ou la poudre de lait. Pourtant, on ne leur donne jamais la parole. Le prix du lait doit intégrer les coûts de chacun. Pour le producteur : les intrants, les engrais, le soja, le gasoil, etc. Les industriels commencent à comprendre que pour qu'ils aient du lait demain, les producteurs doivent gagner leur vie. Ils parlent aussi de gestion des volumes. Et l'Office ne peut fonctionner que dans un système de régulation. Mais ce sont les politiques qui fixent les lois.

 

Justement, la LMA pourrait permettre une ouverture de l'interprofession. N'est-ce pas une occasion ?

J'ai l'impression que les syndicats minoritaires ne veulent y entrer que pour capter des CVO [contributions volontaires obligatoires]. Mais sinon, à quoi ça va leur servir si c'est juste pour voter contre tout et ne pas être écoutés, comme dans les CDOA ou à l'Institut de l'Elevage?

 

Vous ne voulez pas transformer votre association en syndicat ?

Surtout pas ! Notre force, c'est la réactivité. Or, même chez les syndicats minoritaires départementaux, il faut quinze jours pour prendre une décision. C'est trop long! Moi, je n'ai aucun poids, sinon la confiance de milliers de producteurs, et l'Apli semble avoir plus de poids que les syndicats minoritaires si l'on en croit l'intérêt que l'on nous porte. On veut rester un lobby extérieur. C'est comme cela que l'on a fait avancer les choses jusqu'ici. Nous voulons rester dans la gestion collective mais nous nous structurons juste pour être mieux coordonnés vis-à-vis des pouvoirs publics au niveau local.

 

La Coordination rurale vous a pourtant ouvert ses portes, non ?

Je suis intervenu à son Congrès pour parler de la création d'un syndicat européen [Apli et CR sont membres de l'EMB]. Mais je vais aller aussi à des réunions de la Confédération paysanne. Si Jean-Michel Lemétayer veut me rencontrer, je ne n'y suis pas opposé. Mon discours reste indépendant. Après, si la Coordination rurale veut tirer la couverture à elle, c'est comme elle veut. C'est ce syndicat qui a lancé la grève du lait, c'est vrai, mais c'est l'Apli qui a assuré derrière et qui a tenu les troupes.

 

En cas d'échec, que retiendriez-vous de votre mouvement ?

En un an, nous avons réussi à faire évoluer les choses. On entendait dire que la dérégulation était actée, qu'il fallait garder Mariann Fischer Boel, qu'on allait nous faire signer des contrats, etc. Finalement, ça semble changer, on n’a rien gagné mais on n'a rien perdu non plus. Et l'Apli aura au moins servi de catalyseur à la détresse des éleveurs.

 

Pour revenir sur la LMA, qu'en attendez-vous ?

Le débat reste extrêmement ouvert. Et d'amendement en amendement, cela peut aussi durer deux ans. Au final, ceux qui auront raison, ce sont ceux qui seront capables de mieux amender, le lobby le plus fort. Si je pouvais n'obtenir qu'une chose, ce serait le non cumul des mandats dans les OPA, renouvelables une seule fois. Pour pouvoir changer les visages de l'agriculture.

 

Et si votre Office n'est pas compatible avec l'organisation de l'agriculture, actuelle ou réformée ?

Je ne me suis même pas posé la question... Ce qui est sûr c'est qu'actuellement, ça ne fonctionne plus. L'année 2010 ne pourra pas être comme 2009, les fournisseurs ne pourront pas faire des avances encore longtemps.  

 

Cet article est le 164ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 21:56

Un Commissaire à l’agriculture formé à Cluj et en France

L’audition publique des Commissaires par les députés au Parlement européen va se poursuivre à Strasbourg la semaine prochaine. Selon le site de La Croix, ce 16 janvier, Les auditions au Parlement européen tournent au jeu politicien.

 

Le représentant de la France, Michel Barnier, désigné au Marché intérieur et aux services financiers, a présenté un programme politique et tenté de convaincre son auditoire de son indépendance vis-à-vis des Etats membres (La Tribune, 14 janvier). Lire la suite de l'article Michel Barnier réussit son audition devant le parlement européen.

 

Le Commissaire désigné pour l’agriculture, le roumain Dacian Ciolos, s’est comporté très honorablement, selon les dépêches de presse. Marié à une française, il a été présenté par les pays de langue allemande, comme un « demi français ». Voici un extrait de l’article de l’agence Socopag le 27 novembre où est décrit son itinéraire de formation (voir Le roumain Dacian Ciolos).


(…) Dacian Ciolos est né le 27 juillet1969 à Zalau en Roumanie. Après son baccalauréat, il étudia de 1989 à 1994 à l’Université Agronomique et vétérinaire Cluij, avec option fruits et horticulture maraîchage.
Comme ingénieur agricole, il arriva à l’ENSA* Rennes pour approfondir, en 1995 et 1996, sa formation en techniques de production et en développement rural. Il effectua un stage de 13 mois auprès de la Fédération régionale bretonne des producteurs bio avec une escapade à la Chambre d’agriculture de l’Aveyron. En 1996 et 1997, il était à l’université de Montpellier pour son master.


En 2001 et 2002, il a préparé à l’INRA de Montpellier un doctorat en économie rurale, alimentation et développement rural. En 1995, il a été membre fondateur de l’organisation AGROECOLOGI et devint membre d’un groupe indépendant d’analyse de la politique agricole commune. A la Direction de l’agriculture européenne il a collaboréa jusqu’en 1999 au programme SAPARD. Il était également coordinateur de la coopération franco-roumaine pour l’agriculture et le développement rural.


De 2002 à 2003, Dacian Ciolos était task-manager pour le secteur agricole et le développement rural dans la délégation roumaine qui négociait avec Bruxelles.  En janvier 2005, il retourna en Roumanie et devint conseiller du ministre de l’Agriculture, et représentant roumain au comité spécial agricole à Bruxelles. En octobre 2007 il devint ministre roumain de l’Agriculture (sans étiquette), jusqu’à la dernière crise politique dans le pays. Il était prévu, le cas échéant, pour une direction à la DG Agri. Il parle français et anglais.


Dan Ciolos écrivait récemment sur le blog de Michel Barnier : « Je me sens un européen de construction et suis devenu encore plus européen par mon vécu. En 1989, quand le Mur de Berlin est tombe, j’étais étudiant en première année d’études à Cluj, dans le nord-ouest de la Roumanie. Je n’étais jamais sorti de Roumanie, a cause de la fermeture du système politique de mon pays. En 1990 le monde a commence a s’ouvrir pour moi. La France est devenue pour moi un pays d’adoption, grâce a une certaine circonstance : j’ai passé mes vacances d’étudiant dans des exploitations agricoles françaises, puis j’ai pu finir mes études universitaires à Rennes et à Montpellier. »


* Voir Ingénieur Agronome de l'ENSA de Rennes (Pour ma part, j’y ai passé trois ans, de 1967 à 1970).

 

Ce Commissaire, propulsé par Michel Barnier et la France, veut un budget « digne de ce nom » pour l'agriculture européenne. Une vraie rupture par rapport à son prédécesseur. Dacian Ciolos, le futur Commissaire européen à l'agriculture, défend une Pac ambitieuse (Ouest-France, ce 16 janvier, extrait).

Redonner de l'espoir. Un changement de ton qui a redonné de l'espoir aux représentants des milieux agricoles présents dans l'Hémicycle. Ils l'ont, pour la plupart, jugé « très technique, très bon ». « Nous sommes rassurés », s'est réjoui Paolo de Castro, le président de la commission agricole du Parlement européen, qui lui a apporté un soutien chaleureux. « Il faut renforcer la crédibilité de la Pac », a lancé Dacian Ciolos, au détour d'un long plaidoyer pour une politique offrant « plus de prévisibilité aux agriculteurs, des aliments sûrs et sains aux consommateurs et une garantie aux contribuables que leur argent est bien utilisé ».  

Pour en savoir plus : lire le Résumé de l'audition de Dacian Ciolos (site du Parlement européen). Extraits.


"La priorité de mon mandat en tant que commissaire à l
'agriculture sera de définir les perspectives pour la PAC après 2013", date à laquelle l'UE devra établir un nouveau budget prévisionnel à long terme. "Les agriculteurs ont besoin de stabilité et de prévisibilité, les consommateurs exigent des produits de bonne qualité et les contribuables veulent des assurances que leur argent est dépensé de façon efficace et transparente", a souligné M. Ciolos (…). Mais le commissaire désigné a insisté sur la nécessité de ne pas entraver les marchés par des mesures trop interventionnistes : "Nous devons laisser les marchés décider des prix", a-t-il soutenu.

Volatilité des prix : "de nouveaux mécanismes sont nécessaires"

M. Ciolos s'est opposé à un retour aux anciennes méthodes de régulation des marchés, mais s'est dit en faveur de "nouveaux mécanismes" pour atténuer les fluctuations des prix. "La production agricole devrait être considérée comme un service d'intérêt public général", a soutenu l'eurodéputé français Patrick Le Hyaric (GUE/NGL), avant de demander au commissaire désigné s'il était en faveur d'une réglementation des volumes de production. Ce dernier lui a répondu que des mécanismes de régulation des marchés au service de la stabilité des prix étaient nécessaires, mais que ceux-ci ne devaient pas empêcher le bon fonctionnement de l'offre et de la demande. Et de rajouter : "dans certains secteurs, les subventions peuvent continuer".


Aide aux petites entreprises agricoles

"Comment comptez-vous aider les petites fermes dans les nouveaux Etats membres, qui ont été les premiers à souffrir de la crise ?", a demandé Krisztina Morvai (NI, HU). "Les petites entreprises agricoles représentent une part importante du secteur, pas seulement dans les nouveaux Etats membres mais également dans les pays du sud de l'Europe", a répondu M. Ciolos, avant de préciser qu'une politique structurelle devra être mise en œuvre pour "moderniser" les petites fermes et "développer les opportunités sur les marchés locaux où la demande est élevée pour des produits  du terroir". M. Häusling (Verts/ALE) a souligné l'injuste répartition des paiements directs entre petites et grandes exploitations agricoles. M. Ciolos a reconnu la nécessité de palier à ce déséquilibre.


Négociations à l
'OMC : "Nous ne pouvons pas aller plus loin"

En réponse à une question de Georgios Papastamkos (PPE, EL) sur l'état des négociations à l'OMC pour les produits agricoles, M. Ciolos a répondu : "Je serai intransigeant : nous avons déjà fait d'importantes concessions sur l'agriculture et nous ne pouvons pas aller plus loin". Et de rajouter : "nous sommes maintenant dans l'attente des propositions de nos partenaires".


Voir aussi, sur le blog de José Bové, l’Audition du Commissaire désigné à l'agriculture M. Dacian Ciolos - Questions posées par M. José Bové
.  

Cet article est le 163ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 23:54

Vers la privatisation de l’encadrement de l’agriculture

 

Contractualisation, gestion privée des risques, le gouvernement s’inscrit pleinement dans une logique de libéralisation. C’est ce qui ressort de l’examen du projet de loi dit de modernisation de l’agriculture.

Le Monde, 13 janvier, a résumé le texte : Un projet de loi pour "moderniser" l'agriculture française. Le ministre de l’agriculture et de la pêche, Bruno Le Maire, a expliqué sa démarche (propos recueillis par Eric de la Chesnais et Cyrille Lachèvre, Le Figaro, 13 janvier http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/01/12/04016-20100112ARTFIG00712-une-loi-de-modernisation-pour-l-agriculture-de-demain-.php.


Lors de sa visite, hier, dans l’Orne
, le président de la République a réaffirmé sa volonté de défendre la Politique Agricole Commune (PAC) et de maintenir la préférence communautaire. Des mots attendus (Le Monde, 14 janvier Sarkozy promet de défendre les agriculteurs). Mais ce n’est pas à la hauteur de la crise agricole.

 

Réactions des organisations syndicales (La France Agricole, 14 janvier) :

LMA : un projet de loi qui demande « à être enrichi » (FNSEA-JA)

LMA : l'Etat se désengage, estime la Confédération paysanne

LMA : «loin des problèmes des agriculteurs» (Coordination rurale)


Voici l’analyse du PS
, présentée dans une note en provenance de Christian Hutin, député MRC, qui développe le texte présenté à la presse par Germinal Peiro, député de la Dordogne, secrétaire national PS ruralité et mer - Voir France Agricole : LMA : « Une impasse pour le monde agricole » (Parti socialiste).


Cinq titres, 23 articles pour le projet de loi de « modernisation de l’agriculture et de la pêche : c’est une loi « fourre tout » qui a été présentée au Conseil des ministres le 13 janvier. Face aux défis qui attendent le monde agricole à seulement trois ans d’une des plus grandes réformes que la PAC ait connu, alors que les agriculteurs ont plus que jamais besoin d’une boussole et de mesures ambitieuses, alors que leurs revenus ont connu une baisse sans précédent l’année dernière, c’est une loi bien terne, sans cohérence et sans ambitions qui verra le jour.  Alimentation, pêche, forêt : autant de sujets qui, certes, relèvent des compétences du ministère de Bruno Le Maire, mais dont la conjonction des thèmes, assez différents, entraîne un sentiment de confusion. A trop vouloir embrasser, mal étreint : si Nicolas Sarkozy souhaitait préparer l’agriculture française aux défis de l’après 2013, avec cette loi, c’est raté.

 

L’accent est porté dans le projet sur la contractualisation entre agriculteurs et acheteurs de produits agricoles. Le texte proposé par le gouvernement prévoit de rendre obligatoire par décret en Conseil d’Etat la contractualisation dans certaines filières. C’est là l’un des axes forts de ce texte : alors que les quotas laitiers sont appelés à disparaître à échéance 2015, la loi propose la contractualisation comme seule alternative à cette disparition. D’une gestion publique globale de l’offre laitière, le projet de loi entérine le principe d’une gestion privée des volumes et des prix. Si la contractualisation présente des avantages, en clarifiant les rapports entre acheteur et vendeur, le Parti socialiste a eu maintes fois l’occasion d’alerter sur le déséquilibre du rapport de force entre une offre agricole atomisée et des centrales d’achat et transformateurs en position hégémonique. Sans gestion publique de l’offre, les déséquilibres entre offre et demande déstabilisent les producteurs. Pour toutes les filières, les contrats qui seront rendus obligatoires devront mentionner des clauses « protégeant les producteurs » : volume, prix et variabilité, etc. Il est prévu qu’une commission de médiation tranche les litiges rencontrés.

 

Pour protéger les revenus des agriculteurs, le projet de modernisation entérine la création d’un « observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires » qui sera « chargé d’éclairer les acteurs économiques et les pouvoirs publics sur la formation des prix ». Ce dispositif existe déjà, les données étant mises à jour tous les mois avec les chiffres fournis… par des entreprises spécialisées. Autant dire que l’observatoire n’a actuellement qu’une existence symbolique, et que ce sont les associations de consommateurs qui ont mené des enquêtes beaucoup plus significatives. La légitimité d’un observatoire dont l’existence est inscrite dans la loi sera effective qu’à partir du moment où le gouvernement mettra en application tous les dispositifs pour rendre totalement transparente la formation des prix. Or, au cours de ces dernières années, les gouvernements de droite au pouvoir n’ont jamais montré une détermination très forte sur ce sujet….

 

Pour protéger les revenus, le projet de loi met également l’accent sur « la gestion des risques », avec la mise en place d’un « fonds national des risques », participant au financement des dispositifs de gestion des aléas climatiques, phytosanitaires, sanitaires, et environnementaux. Il s’agit là d’une évolution majeure des systèmes de couverture des risques en agriculture qui consiste à transférer vers un dispositif assurantiel privé un système qui jusqu’ici était géré par la puissance publique.

 

L’article 11 de la loi créé un statut spécifique « d’agriculteur-entrepreneur », dont la portée va bien au delà de la seule question sémantique : il s’agit ici ni plus ni moins que de réserver à l’avenir l’attribution des aides de la politique agricole à ces seuls « entrepreneurs », qui devront mener leur activité dans « le respect d’une agriculture durable ». D’ici le 1er janvier 2013, une ordonnance définira précisément les conditions à remplir pour obtenir ce statut. Dans les faits, ce sont les agriculteurs à titre principal qui seraient concernés et qualifiés « d’entrepreneurs ». 

 

Le titre III de la loi, qui vise à inscrire « l’agriculture et la forêt dans un développement durable des territoires »,  prévoit de réduire le rythme de consommation des terres agricoles, en diminuant de moitié ce rythme d'ici 2020. Le texte prévoit la mise en place d’un observatoire national, de commissions départementales et des mesures fiscales en matière de taxation des plus-values. Un « plan régional » de l’agriculture durable est prévu, sans pour autant que n’apparaisse vraiment le rôle que pourraient avoir les régions dans ce dispositif. En matière forestière, l’article 14 du projet de loi créé « un plan pluriannuel régional de développement forestier » qui remplacerait les chartes forestières par principe non obligatoires (…).

 

Finalement, le projet de loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche proposé par le gouvernement est bien loin de l’ambition de départ affichée par Nicolas Sarkozy en février 2009. Vouloir anticiper la prochaine réforme de la PAC, dont le budget pourrait être amputé de 40 %, aurait pu sembler une démarche bien légitime. Encore aurait-il fallu que le projet de loi soit à la hauteur de l’enjeu. Or, avec un tel texte, ce n’est décidemment pas le cas. Est-ce à dire que le président de la République n’a pas les ambitions qu’il revendique et qu’il se contenterait là encore de belles annonces, bien peu suivies d’effets ? Car ce projet de loi ignore de nombreux aspects, relatifs par exemple à l’accès au foncier pour les agriculteurs candidats à l’installation, à la régulation des marchés, et qui, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, ne fait aucun lien avec le Grenelle de l’environnement ?

 

Est-ce à dire également que ce projet de loi serait dénué de toute arrière-pensée ou de toute orientation idéologique ? Certainement pas, étant donné que deux mesures phares du projet, à savoir la contractualisation et la gestion des risques, traduisent un glissement très net et un choix assumé vers une privatisation encore plus grande des outils d’encadrement de l’agriculture française. Là encore, Nicolas Sarkozy et son gouvernement affichent pleinement leur vision de l’économie agricole : une logique de filières, privilégiant la libéralisation au détriment de la gestion publique, et ignorant la notion de territoires.

 

Non, ce n’est décidément pas un texte à la hauteur de l’enjeu social, territorial et économique qui est présenté là aux agriculteurs et à tous les Français. C’est un texte qui ignore une réalité cruelle : la baisse inexorable du nombre d’exploitations agricoles, sur tous les territoires, et particulièrement les plus fragilisés, et la diminution sans précédent du revenu agricole. Cette évolution répond à une logique libérale qui met l’accent sur la compétitivité. Avec ce texte de loi, le gouvernement et le président de la République ont fait le choix d’ignorer cette réalité, sans égard quant à la place que devrait occuper notre agriculture au sein de la société française. 

 

Cet article est le 162ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

 
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 23:33

Le système laitier canadien est-il un modèle pour l’Europe ?

 

Après la grève du lait, en septembre 2009, qui avait marqué les esprits, Pascal Massol n’est pas satisfait de la tournure des évènements (prix du lait, projet de loi pour l’agriculture, réflexions européennes pour aller vers un système régulé).


APLI-La-Chapelle-d-Andaine-201009-001.jpg Voir Producteurs de lait APLI, La Chapelle d'Andaine (61) : Massol satisfait - 25 octobre 2009


Le président de l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli) veut changer le système de gestion de la filière laitière au niveau européen, afin d’assurer une stabilité du prix payé aux producteurs, à un niveau conforme au coût de production, grâce à un dispositif maîtrisé par les pouvoirs publics, tenant compte de l’offre et de la demande.

 

Le système canadien est intéressant (voir Crise du lait : l'Apli invite 4 producteurs canadiens pour sauver l'Europe - 12 janvier 2010) parce qu’il repose sur la gestion de l’offre et le contrôle public du marché intérieur du lait, selon trois critères : le contrôle des importations, le prix payé aux producteurs et la planification de la production.

 

La Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), dans une note interne datée du 24 août 2009, diffusée dans son réseau, avait pris les devants en expliquant que le système laitier canadien ne correspond pas à la situation française.

 

Depuis les récents événements dans le secteur laitier, certains « agitateurs » vantent le système laitier canadien axé sur la gestion de l’offre. On compare ainsi le prix reçu entre les producteurs laitiers français et canadiens en spécifiant que le prix canadien est supérieur à celui français. Ce raisonnement apparaît un peu simpliste considérant que le prix versé aux producteurs laitiers canadiens repose avant tout sur un système de mise en marché collective et de gestion de l’offre contraignant. C’est uniquement en raison de ce système complexe et intégré que le prix à la ferme arrive à couvrir les coûts de production. La question à se poser est donc la suivante : est-il réaliste de penser mettre en place un tel système en France ? (…)

 

L’Apli - qui est toute jeune (un an) et forte de la seule volonté des producteurs de lait qui y ont adhéré - n’est rien, comparée à la puissante organisation majoritaire de la profession agricole. Mais elle n’a pas froid aux yeux, son président en tête. Elle demande aux producteurs de lait français de se faire leur propre opinion sur l’intérêt, ou non, du système canadien qui a 40 ans d’expérience et a été mis en place grâce à l’obstination des producteurs québécois - il leur a fallu 7 ans pour l’imposer.

 

Quatre présidents de groupements laitiers canadiens seront en France du 17 au 22 janvier et participeront à 20 réunions publiques organisées par l’Apli : 10 pour chaque tandem, l’un au nord (1), l’autre au sud (2) de la Loire, deux réunions par jour, l’une à 13h30, l’autre à 20h30.

 

- 18 janvier (1) Mayenne (53), Châteaubriant (44) ; (2) Vendée (85) et Deux-Sèvres (79)

- 19 janvier (1) Finistère (29), Côtes-d’Armor (22) ; (2) Charente (16) et Haute-Vienne (87)

- 20 janvier (1) Ille-et-Vilaine (35), Manche (50) ; (2) Dordogne (24) et Pyrénées-Atlantiques (64)

- 21 janvier (1) Pas-de-Calais (62), Aisne (02) ; (2) Haute-Garonne (31) et Aveyron (12)

- 22 janvier (1) Meuse (55), Ardennes (08) ; (2) Cantal (15) et Rhône (69).

 

Dans l’ouest proche, les réunions auront lieu :

-          le 18 janvier à 13h30 à Mayenne et à Châteaubriant à 20h30,

-          le 20 janvier à 13h30 Fougères, à 20h30 à Vire.

 

En Normandie

 

 André Lefranc, responsable Apli 50, argumente ainsi, en invitant à la réunion à Vire, le 20 janvier.

 

APLI-La-Chapelle-d-Andaine-201009-003.jpgLe système canadien est en place depuis 40 ans. Il rémunère les producteurs en fonction des coûts de production. Le prix payé au producteur est mutualisé et donc équitable entre les producteurs à qualité égale. Il ne coûte rien à l'Etat ; les producteurs ne reçoivent pas de primes et sont nettement mieux estimés par les consommateurs.

Les industriels valorisent leurs produits sans avoir des surproductions ou sous-productions à gérer. Peu d'exportations et donc pas d'arme alimentaire pour détruire les pays qui pourraient se développer si on ne les envahissait pas …

Bien sûr, le système a des lacunes mais il est faux de dire, comme le fait le document de la FNSEA, qu’il n’est pas adaptable en France. D’ailleurs, il faut le rapprocher de l’Europe, et non de la France.

De toute façon, la meilleure solution n'est pas de critiquer ou de copier mais de discuter et  de communiquer avec des acteurs de la filière canadienne.

 

Les Canadiens se déplacent à VIRE à l'hippodrome le 20 janvier 20h30. Venez les rencontrer pour vous faire votre propre opinion et pas celle que l'on vous impose depuis des années.

Faites suivre le message pour que tous ceux qui veulent un avenir dans leurs régions, et une agriculture respectueuse de l'environnementviennent s'informer et participer à cette réunion qui s'adresse aux consommateurs, aux élus, aux producteurs et à toute la filière.

 

En Mayenne

 

Par courriel, j’ai informé les maires, conseillers généraux, conseillers régionaux et parlementaires de la Mayenne. Voici le texte.

 

Je me permets d’attirer votre attention sur la réunion publique organisée par l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli) lundi 18 janvier 2010, à 13h30, salle polyvalente à Mayenne, en présence du maire, Michel Angot.

 

Le président de l’Apli, Pascal Massol, y accueillera deux producteurs de lait québécois qui présenteront le système de gestion des approvisionnements du lait au Canada.

 

Ce système a été mis en place au début des années 1970 afin de stabiliser le revenu des producteurs de lait, dans un contexte de marchés fluctuants.

 

L’Apli considère qu’il faut s’en inspirer en Europe dans le contexte de libéralisation décidée par les pouvoirs publics.

 

Au Canada, le prix du lait payé aux producteurs se maintient au-delà de 400 euros la tonne, alors qu’il est inférieur à 300 euros en Europe, ce qui conduit inexorablement à la suppression de nombreuses exploitations laitières.

 

Voici le message que le secrétaire départemental de l’Apli, Hervé Delogé, agriculteur à Commer, vous adresse :

 

« Suite à l’évolution catastrophique des revenus des producteurs de lait en 2009, nous devons modifier l’organisation de la filière laitière. Il est urgent d’agir pour éviter la disparition des exploitations, avec ses conséquences sur l’emploi local et sur l’économie française. En outre, la concentration des troupeaux laitiers, comme le souhaitent les industriels, aura un impact négatif sur l’environnement.

Cette réunion permettra de communiquer des informations sur l’organisation de la filière au Canada et sur les propositions de l’Apli ».

 

En tant que citoyen, conscient de la gravité de la situation économique des agriculteurs, j’appuie et relaie ce message de l’Apli. Je me suis déplacé à La Chapelle-Craonnaise et à La Chapelle-d’Andaine (Orne) pour entendre les interventions des dirigeants de l’Apli, notamment de Pascal Massol, qui apporte une démarche nouvelle dans le paysage agricole français.  Je vous invite à vous faire votre propre opinion en participant à cette réunion le 18 janvier à Mayenne.

 

Cet article est le 161ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

 

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 23:54

Fallait-il que l’Etat traite ce conflit par la voie pénale ?

 

Le procès en appel avait lieu ce 13 janvier au tribunal d’Amiens. Le secrétaire général du Syndicat de la magistrature soutient les salariés condamnés pour dégradation des bureaux de la sous-préfecture de Compiègne, alors qu’ils luttaient contre la fermeture de leur usine.

- Vous témoignerez aujourd’hui devant la cour d’appel d’Amiens. Pourquoi votre syndicat soutient-il les « Conti » ?

Matthieu Bonduelle. Ce n’est pas un procès comme les autres, en particulier vu la manière dont l’État s’est constitué partie civile. Le gouvernement négociait depuis des mois avec les « Conti ». Après le débordement à la sous-préfecture, il a finalement décidé de traiter ce conflit par la voie pénale, en multipliant les déclarations appelant à la sévérité. Comme celle de François Fillon qui a parlé d’une « minorité violente », alors qu’il n’y a pas eu de violence. L’objectif est devenu de punir les « Conti » pour l’exemple et d’intimider l’ensemble du mouvement ouvrier. Or, le droit pénal est un outil de régulation de la société. Faut-il y recourir dans le cas présent ? Nous ne le croyons pas. Il faut aussi rappeler que les dégradations commises par les agriculteurs l’année dernière n’ont donné lieu à aucune poursuite pénale. Sans oublier ce cynisme terrible qui veut que les patrons voyous s’en sortent en général très bien.

Entretien avec Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature, qui dénonce un procès partisan. A lire dans l’Humanité, 13 janvier : Les "Conti" jugés en appel mercredi.

 

L’édito du journal traite également de ce sujet : Pour l'exemple. Au delà du sort de six travailleurs de Continental, le procès d’Amiens revêt une importance majeure pour la démocratie.

 

Il est utile de se rafraîchir la mémoire en lisant la presse de la période des faits.

 

Les Continental saccagent la sous-préfecture de l'Oise (Le Monde, 21 avril 2009)

Les syndicats peinent à trouver leur place face aux violences sociales (Le M, 22 avril)

«Sarkozy a provoqué cette radicalité» (Libération, 23 avril)


Le Front syndical de classe en Mayenne
(FSC 53), animé par Marcel Collet, m’a transmis ce texte (12 janvier), qu’on trouve sur le site national :

 

EXIGEONS LA RELAXE POUR LES SIX CAMARADES DE CONTINENTAL

 

Engagés dans une lutte très offensive depuis plus d’un an pour défendre leurs emplois, nos camarades de CONTI poursuivent courageusement leur juste combat. Huit mois après la fermeture de leur usine (1120 licenciements) ils continuent d’agir pour la réouverture. Toutes les semaines ils se rassemblent devant l’usine de Clairoix (fermée depuis le printemps 2009) - Ouest-France du 4 janvier 2009.

La fermeture de cette entreprise mérite réflexion, l’utilisation des pneus n’est pas en régression, bien au contraire, les patrons de Conti ne peuvent pas utiliser le prétexte de surproduction pour justifier la fermeture. En réalité, c’est l’application de la loi du capitalisme le plus féroce qui n‘hésite pas à supprimer des milliers d’emplois pour améliorer les taux de profit. Ils se fichent éperdument des milliers de familles qui viennent s’ajouter aux millions de pauvres qui dans notre pays subissent la loi des patrons voyous !

Les patrons de Conti, comme des centaines d’autres, devraient être assignés devant la justice pour «non-assistance à familles en danger ». Mais, c’est le contraire qui se réalise en septembre 2009, Six camarades militants de la CGT-Conti ont été condamnés à des peines de prison de 3 à 5 mois. Leur crime c’est d’avoir agi pour combattre les licenciements. Tout naturellement, nos camarades ont fait appel contre ce jugement qui s’inscrit dans l’application de la JUSTICE DE CLASSE qui sévit dans notre pays. La cour d’appel d’Amiens se prononce sur ce jugement le mercredi 13 janvier.

 

UN SOUTIEN QUI PROGRESSE TOUS LES JOURS

 

La confirmation du jugement de septembre aurait des conséquences dramatiques pour les camarades de Conti, mais également pour l’ensemble du monde ouvrier, particulièrement pour les centaines de militants qui subissent la répression syndicale dans toutes les régions de France et de Navarre (notamment à EDF-ERDF et GDF-Suez). Si ces jugements étaient confirmés, le patron voyou  ne manquerait pas de le transformer en jurisprudence pour appliquer la loi anticasseurs.

Il n’est donc pas surprenant que ce soutien au Conti progresse en permanence, notamment dans les régions Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France et bien au-delà. Ce sont des centaines de syndicats qui se mobilisent : l'intersyndical CGT-CFTC-FO-CFDT-FSU-SOLIDAIRES de l’OISE. Au plan national seulement deux de ces organisations appellent à la manifestation devant le tribunal d’Amiens, la FSU et SOLIDAIRE, d’autres s'y sont joints, la Confédération Paysanne, la LDH (Ligue des droits de l’homme) et la CNT (Confédération Nationale du Travail). Il convient de rappeler également la présence à Amiens le 13 janvier de la Fédération CGT de La Chimie.

L’ensemble des organisations de Gauche sera présent à Amiens pour soutenir les Conti : LO, NPA, PC, PG, POI, PRCF, Vert, etc.… Même le PS  a annoncé sa participation.

 

En dernière minute nous apprenons que Bernard Thibaut a décliné l’invitation des Conti.

RAPPEL : En octobre 2008 nous avons obtenu la relaxe pour nos quatre camarades de La Rochelle après plus de 5 années d’actions, notamment les grandes manifs de La Rochelle et Poitiers.

TOUS ENSEMBLE NOUS IMPOSERONS LA RELAXE POUR NOS CAMARADES DE CONTI

Pour le Collectif FSC 53 : ARI Manuel, CADO Monique, COLLET Marcel, GROSSE Jacky, MARIEJEANNE Alain …


Cet article est le 68ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie
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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 23:47

Au Canada, le prix du lait rémunère les producteurs

 

La grève des livraisons de lait, en septembre, organisée par l’association des producteurs de lait indépendants (Apli) a permis de limiter les baisses de prix à la production, mais rien n’est réglé.

 

En décembre, en Mayenne, le prix payé était à 262 euros la tonne (-10 euros de flexibilité). Au premier trimestre 2010, il est prévu 294 euros en janvier, 284 en février, 274 en mars (selon Hervé Delogé*, joint par téléphone, ce jour). Le coût de production se situe autour de 330, en rémunérant le travail au SMIC et le capital à zéro.

 APLI-La-Chapelle-d-Andaine-201009-010.jpg

Hervé Delogé* (Apli 53) au côté de Pascal Massol 
Voir Producteurs de lait APLI, La Chapelle d'Andaine (61) : Massol satisfait - 25 octobre 2009


Au Canada, le prix de base est au-delà de 400 euros. Les producteurs se sont battus pendant 7 ans dans les années 1960 pour conserver la maîtrise de l’offre et la faire varier en fonction de la demande.

 

En Europe, les pouvoirs publics ont préféré une gestion assistée par l’administration, avant d’opter pour la libéralisation et la gestion par les marchés, ce qui a conduit à la catastrophe que l’on constate, mais sans faire d’autocritique au niveau des institutions européennes.

 

Le modèle canadien intéresse l’Apli. Voir La gestion de l’offre et le lait – L’histoire d’une réussite. Le système canadien de gestion repose sur trois piliers : le contrôle des importations afin de satisfaire la demande, un juste prix payé aux producteurs par le marché, la planification de la production afin d’équilibrer l’offre et la demande et garantir stabilité des prix.

 

(Extrait de Pascal Massol et l'APLI pour un office européen du lait qui gère l'offre - 31 décembre 2009).

 

L’Apli (Damien Legault, responsable Apli en Pays de la Loire) accueillera les 4 canadiens à Nantes le 18 janvier - ils se sépareront en 2X2 - les uns vers le nord (pour des réunions à Mayenne, puis à Châteaubriant à 20h30, le premier jour), les autres vers le sud (la Vendée). Il est prévu des réunions publiques jusqu’au 22 janvier.

 

Réunion à Mayenne pour présenter le système canadien

 

A Mayenne, lundi 18 janvier, à 13h30, en présence du maire, Michel Angot, Pascal Massol, président et fondateur de l’Apli, accueillera les deux producteurs de lait québécois. La présence des élus et des représentants des partis politiques est souhaitée. Si les conditions climatiques sont favorables, il y aura entre mille et deux mille personnes dans la salle.  

Voir le site Gestion de l'offre - Canadian Dairy Commission


Gestion de l'offre


Le système de gestion des approvisionnements de lait de transformation a été établi au début des années 1970 dans le but d'apporter une solution aux problèmes de l'instabilité des marchés, de l'offre incertaine et des fluctuations des revenus des producteurs qui étaient courants dans les années cinquante et soixante.

Les éléments actuels du système de gestion des approvisionnements ont évolué à partir d'initiatives d'offices provinciaux de commercialisation du secteur de l'agriculture au Canada. Au début, les producteurs agricoles se sont regroupés pour s'assurer d'une plus grande stabilité face aux marchés caractérisés par des cycles de production imprévisibles. Par exemple, ils ont établi des prix planchers communs, que leurs membres ne chercheraient pas à entraver.


Cependant, les premiers groupes de producteurs agricoles avaient peu d'influence et se sont tournés vers les gouvernements provinciaux pour la création d'offices de commercialisation. Ces offices étaient soit des groupes de producteurs sanctionnés par le gouvernement ou des organismes désignés par le gouvernement disposant de pouvoirs légaux provinciaux leur permettant de mener des activités de commercialisation, telles que l'établissement du prix et la gestion de la production, à la grandeur de leur territoire afin de subvenir à la demande au moyen de quotas de mise en marché.


Néanmoins, ces organismes ne pouvaient mettre en oeuvre des programmes qu'aux niveaux provincial ou régional. Leur efficacité était minée par un manque de contrôle régulateur au niveau du commerce au-delà des frontières interprovinciales et internationales. Dans bien des cas, malgré la gestion locale des approvisionnements, les surplus provenant d'autres régions pouvaient facilement perturber les modalités ordonnées de mise en marché et nuire aux tentatives de réglementation des prix. Cela a amené les producteurs à exiger des plans de commercialisation coordonnés et l'établissement d'offices nationaux de mise en marché.

En 1966, la Commission canadienne du lait a été créée. L'industrie laitière devenait ainsi, au début des années soixante-dix, la première au Canada à administrer un régime national de gestion des approvisionnements.


Qu'est-ce que la gestion de l'offre?

Toute industrie, de la fabrication automobile aux usines de chaussures, tente d'établir le meilleur équilibre possible entre l'offre et la demande. Les producteurs agricoles cherchent à faire de même par la gestion des approvisionnements. Ils gèrent leur production pendant une certaine période de sorte qu'elle coïncide avec les prévisions de la demande de leurs produits pendant cette même période. En exerçant un contrôle efficace de la production, on évite des excédents coûteux. Des excédents existent lorsque la demande totale du marché est inférieure à la production, ce qui se traduit par des coûts d'entreposage et d'écoulement.


La gestion des approvisionnements est plus complexe dans le secteur agricole que dans de nombreux autres secteurs, surtout en raison du très grand nombre d'unités de production. D'autre part, la température et d'autres facteurs imprévus affectent aussi les cycles de production. Néanmoins, la stabilité des marchés et des revenus provenant des ventes revêt une importance primordiale en raison de l'ampleur de la planification et de l'investissement requis pour assurer une production efficace.


Comment fonctionne le régime de gestion de l'offre dans le secteur laitier?

Dans le domaine des produits laitiers, l'équilibre entre l'offre et la demande suppose au départ un équilibre entre la production de toutes les fermes laitières et la consommation intérieure de produits laitiers. Le contrôle de la production nationale au niveau de la ferme se fait grâce aux quotas de mise en marché établis dans le cadre du Plan national de commercialisation de lait. La gestion des approvisionnements doit également tenir compte de certaines importations au Canada et d'une partie de la production qui est expédiée sur les marchés d'exportation.


Bientôt quarante ans

Au cours des ans, le régime de la gestion des approvisionnements a fourni un environnement stable au sein duquel l'industrie laitière a pu évoluer tout en faisant face aux défis provenant des conditions changeantes des marchés intérieurs et des règles du commerce international. Avec la mondialisation importante du marché et les nouveaux problèmes qui se posent, la Commission croit que la coopération et la collaboration qui ont caractérisé la création de la gestion de l'offre demeurent la plus grande force et les meilleurs garants de l'industrie laitière canadienne dans les années à venir.


Cet article est le 160ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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